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Description

« Il y avait ce genre de souvenirs, ceux qui ressemblent à des films de vacances, crépitant dans le noir. Les bruits de la ville semblaient à des années-lumière d'eux à présent. Tout était absorbé dans un silence épais et lourd. Le ciel gris gondolait, il avait sur son visage des reflets verts ou blancs. Il plut sur la Tamise. Et il tenait sa main. » Rachel est serveuse à Londres, infirmière au Mexique, écrivaine à Paris. Elle aime Eli, Lionel, Alejandro et bien d'autres. À travers sept vies et sept passions, retrouvera-t-elle seulement celui par qui tout a commencé ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 17 février 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342048810
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L
Marie Fleurant
Mon Petit Editeur

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Mon Petit Editeur
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
L
 
 
 
Retrouvez l’auteur sur son site Internet :
http://mariefleurant.com
 
 
 
 
« On a plus perdu, quand on perd sa passion que lorsqu’on s’est perdu dans sa passion »
Sören Kierkegaard
 
 
 
 
 
 
 
Il y avait ce genre de souvenirs, ceux qui ressemblent à des films de vacances, crépitant dans le noir. Les bruits de la ville semblaient à des années lumière d’eux à présent. Tout était absorbé dans un silence épais et lourd. Le ciel gris gondolait, il avait sur son visage des reflets verts ou blancs. Il plut sur la Tamise. Et il tenait sa main.
* * *
J’ai marché longtemps jusqu’à ce qu’un endroit me semble familier. Je croyais que je sentirais quelque chose en moi, que je reconnaîtrais ce lieu sans même le connaître. Mais toutes les rues se ressemblent, elles sont vides même lorsqu’elles sont noires de monde. Je me suis perdue dans la foule, immobile, absente, bousculée par les touristes pressés. Un millier d’étrangers jusqu’à…
* * *
Il y a des choses que l’on n’oublie pas. Le bruit de l’eau, lent et immuable. La chaleur moite d’un baiser dans le cou. Et les vagues qui roulent encore, exactement comme une pendule qui murmure que le temps s’en va. La chaleur de ses mains sur mon visage. Comment respirer. Le vent léger dans les branches des noyers. Ce battement sourd contre ma poitrine.
Je ne peux plus cesser de répéter son nom, il roule dans ma tête comme les vagues sur le sable, comme autant de battements de paupières, comme autant de souffles. Comme chaque pulsation de mon cœur.
 
 
 
I
 
 
 
« Mambo ! » cria le chanteur. La salle était pleine à craquer, il faisait incroyablement chaud. Ces musiciens étaient dingues ! On aurait dit que dès qu’ils avaient commencé à jouer le thermomètre avait atrocement grimpé, comme s’ils avaient une influence occulte sur la température. Ou bien était-ce peut-être à cause de tous ces couples qui s’étaient levés pour danser sur les quelques mètres carrés de piste, dans cette minuscule salle des fêtes du fond du Mexique. Si les musiciens n’étaient pas magiciens de la chaleur, ils devaient quand même être de bons sorciers car à peine ce mot jeté dans l’air telle une incantation, tout le monde s’était empressé de venir se trémousser. Mambo !
J’étais restée assise. Je jouais vaguement des épaules pour faire croire aux gens qui me lançaient des regards et des sourires que je m’amusais, et surtout que j’appréciais la musique endiablée. Un sourire crispé à droite, un autre à gauche… Je saluai vivement Ricardo qui faisait se déhancher sa nouvelle fiancée et retombai dans mon ennui presque mortel. Sur la scène, les trompettes donnaient et le batteur avait l’air complètement transporté. Tout le monde semblait bien s’amuser. C’était étrange cette manie que j’avais de ne jamais savoir faire la fête… Pourtant la musique était bonne.
Je sentis comme un regard sur moi. Je tournai les yeux. Il était en face. Il apparaissait et disparaissait entre les Arenalez et les Piamar comme le soleil que les nuages s’amusent à cacher. Et chaque fois que revenait ce visage à la mâchoire bien trop anguleuse et avancée, son regard vert était toujours dans le mien. J’ignore pourquoi cela me faisait sourire. Peut-être parce que lui et moi étions les seuls à ne pas danser ? Ce sacré mambo était interminable !
C’est amusant tout ce que l’on peut imaginer en un seul coup-d’oeil. Était-il avec quelqu’un ? Que faisait-il ? Il avait l’air mutin des gamins d’ici. Il semblait éduqué mais pas pincé, c’était plaisant. Et il y avait dans son attitude quelque chose de piquant. Je souris en pensant qu’il devait sans doute se poser les mêmes questions à mon sujet. Il sourit à son tour. Je détournai les yeux.
La musique s’arrêta enfin… Et je ressentis cette étrange douleur qui descend dans le corps en serrant la colonne et l’estomac de ses mains glacée. Cette douleur cruelle qui vous dit que vous êtes réveillés.
* * *
— Oh, mère, gémis-je en me tournant dans mon lit pour empêcher que les rayons du soleil ne viennent brûler mon visage endormi.
— Il est l’heure de vous lever jeune fille ! dit sa voix perçante.
J’essayai de lutter encore, de retomber dans la douce blancheur de mes draps mais le soleil tirait mes épaules de ses mains griffues et je sentais déjà l’horrible journée qui s’étalait au pied de mon lit. Les servantes se pressaient, j’entendais l’eau chaude couler dans la vasque de porcelaine, le bruit du satin de cette robe sortie de sa boîte, le claquement des talons des souliers neufs. Et même si je ne les avais pas entendus, j’aurais pu les deviner, les prédire, car ils revenaient chaque matin dans leur valse interminable. J’ouvris les yeux.
 
— Avez-vous bien dormi, princesse ? me demanda Sonia de ce sourire qui illuminait si joliment son jeune visage.
Je ne savais que répondre. Je ne faisais jamais qu’un seul rêve. Un rêve que je devais garder secret… Finalement, je hochai la tête, comme chaque matin, et esquissai un timide sourire en remettant une mèche de mes longs cheveux derrière mon oreille. Elle sourit encore et me dit de me dépêcher d’aller faire ma toilette. J’avais encore trop dormi. « C’est que le jour sera long », dit-elle, « avec le bal de ce soir où monsieur Du Valloire doit venir ». Avec ou sans Du Valloire, pensai-je, comment les jours pouvaient-ils être plus longs qu’ils ne l’étaient déjà ?
Cette question me hanta pendant toute cette toilette que l’on faisait à ma place. Quelle splendide métaphore de ma vie. On choisissait mes vêtements, mon mari, on choisirait les noms de mes enfants, mes amants, la façon dont je devrais mourir. Mais tout cela n’avait pas vraiment d’importance.
Sonia me trouvait belle dans cette robe que l’on avait conçue pour moi. C’était une belle robe en effet. Faite d’étoffes légères, elle était d’un jaune nostalgique, ni pétillant ni fané, rappelant la couleur des blés qui mûrissent dans un reflet rosé. Il y avait des fleurs brodées dessus, des fleurs dorées, qui ornaient le corsage avec délicatesse. La dentelle de ses manches époustouflantes était d’une rare finesse, et les bijoux qui l’accompagnent tout à fait ravissants. Tout était toujours « tout à fait ravissant ».
On m’avait coiffée comme d’habitude, de ces anglaises mornes qui tombaient, lasses, sur mes épaules nues. Pourtant dans les couloirs la cour s’étonnait, se pâmait encore et toujours. A croire qu’ils ne m’avaient jamais vue. Peut-être n’avaient-ils d’ailleurs aucun souvenir de moi ? Ces gens oubliaient ceux qu’ils rencontraient aussi vite que la lionne oublie le lion qui l’a aimée.
« Vous êtes radieuse votre altesse » s’écria le duc de Saint-Julien en accompagnant cela d’une révérence théâtrale. Quel dommage que monsieur Molière n’eut pas été là, il l’aurait engagé sur le champ. Je souris et allais continuer mon chemin lorsque je croisai son regard.
Il portait la cruche d’eau destinée à la toilette du prince Philippe, mon frère cadet. Lionel. Un des jeunes valets personnels de Louis. Mon seul ami. Mon seul amour. Le soir il venait par le passage sous le tableau de grand-père et m’amenait du chocolat qu’il volait aux cuisines ainsi que des bijoux, ou toutes sortes de choses adorables qu’il fabriquait de ses mains pour me les offrir. Il m’apprenait les choses de la campagne, je lui enseignais quelques règles de la vie de cour et me moquais avec lui de ces princes qui faisaient la roue devant moi. Il disait qu’un jour il m’enlèverait. J’aimais le croire.
— Princesse, dit-il poliment en abaissant sa tête en signe de salut.
— Bonjour Lionel, dis-je avec ce ton haut, à la limite de la froideur, que m’avait appris à employer ma mère. Elle voulait que nous rappelions toujours aux gens que nous n’étions pas du même rang qu’eux.
— Sa majesté votre frère vous attend pour le petit déjeuner, annonça-t-il puis il essaya de me faire un sourire invisible.
— Merci.
Arrivée au bout du couloir, je ne pus que me retourner et regarder sa silhouette adorable s’éloigner avec cette cruche à la main. Comme j’aurais aimé que mon mari lui ressemble.
 
— Allons chère sœur ! Vous qui êtes toujours d’agréable humeur, n’avez-vous rien de mieux pour le petit déjeuner que cette soupe à la grimace ? s’écria Louis puis il mordit avec manière dans son petit pain.
— Avant tu me tutoyais, lui répondis-je avec tristesse.
— Avant je n’étais pas roi.
— Cela a-t-il fait de toi une autre personne ? Une personne qui ne me connaît plus ?
Il soupira.
— Vous ne savez pas ce que c’est qu’être roi, dit-il enfin.
— Tu as raison, murmurai-je avec déception. Je suis navrée, mon seigneur, repris-je de ce ton où l’hypocrisie s’entendait comme un hurlement. Mes ennuis sont si dérisoires face aux vôtres que j’ai honte d’en être si profondément affectée. Que faire pour votre bon plaisir, mon ami ?
Il esquissa une moue étrange tout en prenant ma main. Je sentis l’or froid de ses bagues qui piquait ma peau blanche.
— Votre présence me suffit, murmura-t-il.
Alors je vis dans ses yeux le reflet de cette solitude qui enlaçait mon âme.
Ô comme les larmes coulèrent longtemps sur mon visage au souvenir de cette image. J’ai couru à m’en rompre les jambes dans ce labyrinthe où nous jouions enfants, je poursuivais ce petit garçon rieur qui se cachait derrière les haies de buis. Parfois je m’arrêtais au détour d’un chemin et, à genoux, je pleurais de ne plus le retrouver, je l’appelais pour qu’il me trouve dans les m

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