L Arôme des territoires
186 pages
Français

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L'Arôme des territoires , livre ebook

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Description

« Vendredi 12 juillet. Solstice estival. Je me souviendrai. Échelle de Beaufort : une tempête en vue ? Pas la moindre. Qu'importe la saison, accrochée en bleu très sensible au linteau de l'atelier, l'aiguille du baromètre maritime reste à jamais aimantée sur l'orientation décisive. Je me réveille d'un rêve parfait, les voyages extérieurs rejoignent le chemin intérieur. »

Informations

Publié par
Date de parution 28 avril 2016
Nombre de lectures 2
EAN13 9782312043432
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0015€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’Arôme des territoires
Francis Donskoï
L’Arôme des territoires
Journal














LES ÉDITIONS DU NET 126, rue du Landy 93400 St Ouen
Du m ême auteur

Carnets atlantiques, Les Éditions du Net, 2013

Évocation des rivages, Les Éditions du Net, 2014































© Les Éditions du Net, 2016 ISBN : 978-2-312-04343-2

Aux esprits qui essaient et commencent...

« Il y a des hommes océan en effet. »
Victor Hugo, William Shakespeare

« Quelles sont les contrées qui réjouissent durablement ? »
Friedrich Nietzsche, Le Voyageur et son ombre

« Ce que tu veux, c’est un monde. »
Novalis, Hypérion

« Je voudrais parcourir le monde entier. »
Arthur Rimbaud, Correspondance

« Si ton ermitage est au fond des montagnes, la lune, les érables et les fleurs, c’est sûr, deviendront tes amis. »
Ryôkan, Anthologie

« Je connais un monde où la terre et l’eau se rencontrent. »
Henry David Thoreau, Journal

« Toujours notre vieux feuillage, toujours l’espace libre, la diversité. »
Walt Whitman, Feuilles d’herbe

Préface
Ce nouvel opus s’inscrit, en cohérence et en clarté, dans l’archipel qui émerge et que constituent désormais, d’îlots en îlots, mes livres d’essais dont l’évolution dans l’ouvert prend, la plupart du temps, le tour d’un vaste journal à escales.
Son titre salue, comme en passant, les sentiers du sentir qu’évoque aux territoires extrêmes, parmi les pins, les estives et les sources, Han Shan, littéralement « Montagne froide », l’un des meilleurs poètes insermentés de la Chine séculaire.
Au firmament des caractères les plus vifs et les plus sagaces tracés sur la roche élémentaire ou l’écorce sylvestre par le facétieux ermite érudit et Shih Te, son drôlatique compagnon, toujours un balai de paille à la main dans la bourrasque ou le bel aujourd’hui, dialoguent les quatre saisons naturelles plus une, celle, dans ma lecture, de l’esprit qui s’en va s’élargissant vers les confins limpides de sa plénitude.
Expressive, cette image morphologique initiale et non moins intellectuelle d’un paysage, maritime sans trop appuyer, qui se développe à partir d’un locus focal : la possibilité, hors de tout optimisme facile, d’un art de vivre aujourd’hui sur cette planète.
Voici une étendue, écartée des cadastres, parsemée de lieux, parfois de lieux-dits et de terrains vagues, en constante fluctuation, chacun montrant à qui sait voir et entendre sa singularité autochtone, espaces polymorphes, odorants aux mille couleurs, grammaire de granit, de calcaire ou de basalte, qui, à un moment donné, s’appellent en marge de l’Histoire dont les soubresauts vont s’aggravant de la base au sommet, et des histoires ordinairement morbides, puis s’accordent à se reconnaître aux signes sauvages par delà le corral de l’humain, déterminément trop humain.
Quelle est donc cette conception de mon style de vie, une conception hors des avenues ultramodernes du nul culturel vers les prolégomènes du néant existentiel ? Celle, inactuelle par nature, de m’essayer, en degrés, à développer le plus loin possible et le plus longtemps souhaitable mes potentielles latitudes et longitudes. Dans le contexte d’un tel projet qui exige énergie, robustesse et ténacité, si Virgile déambule, lui aussi, dans ces parages, je cite tant volontiers que d’abondance l’adresse du poète Horace à Leuconoé, son interlocuteur : Carpe diem quam minimum credula postero . Autrement dit : « Cueille le jour qui vient sans te soucier (exagérément, ajouté-je) du lendemain. Car tu es clairvoyant. » La postérité aux plus instructives pages du dictionnaire aura retenu le premier membre de ce vers entendu comme une manifestation majeure de l’épicurisme. Donc, qui est de bon augure : le sel de ce roboratif plaidoyer ne s’est pas à la longue évanoui.
Qu’il faille, par imitation, me suivre en toutes circonstances n’est pas mon vœu : j’indique simplement, dans les lignes d’horizons et entre les lignes, du local vers le global, à qui se poserait la question nécessaire du bien agir au contact de la Terre, des chemins – des chemins de traverse, exactement extravagants, aux individuelles vigueurs aventureuses.
Cet archipel qui transcende sans les négliger les aspects purement biographiques ne porte encore pas de nom. Un jour, qui sait ? Et c’est très bien ainsi. Je travaille au long cours. L’humain, l’a-t-on remarqué ?, a une tendance native et finalement contre-productive qui s’ingénie à classer, découper, tordre, ordonner, estampiller, que sais-je ? Pour preuve, si vous me permettez, l’inscription « taxinomique » qui n’en est pas une de mes ouvrages dans telle ou telle bibliothèque, voire « médiathèque » – vocabulaire tendance : jamais à l’endroit où l’on – « on », l’ami lecteur –, se figurerait me trouver.
Je n’ai rien contre l’ordre, bien au contraire, et relis Aristote, mais, dans mon existence immédiate ainsi qu’aux méridiens de mon propre itinéraire terrestre, je cherche, depuis mes premiers pas, surtout et avant-tout un ordre supérieur des choses qui oblitère les cloisonnements cognitifs consensuels, sans parler des schémas convenus, voire « recyclés ». Et sait, si l’on y est prêt, procurer une bonne, belle et longue vie. Ces compartimentages, fruits d’une certaine logique qui remonte loin, s’ils ont encore, ici ou là, sur le plan pratique, leur valable raison d’être, confortent en la rétrécissant la vie de l’esprit et rendent le monde aujourd’hui, troisième millénaire !, passablement irrespirable. Sur le plan de l’écologie, à l’instar d’autres « exemples » – « lieux de discours » –, explicites, mais celui-ci s’avère radicalement primordial, il est à présent loisible d’en toucher les résultats – si « résultats » il peut y avoir.
S’évader de l’ennuyeux formatage collectiviste contemporain. Lâcher prise. Sortir au puissant réel. Un programme stimulant que je me suis offert dès le berceau – sans pour autant me bercer d’illusions. Avec pour alliés les flux, cultiver son idiome, ainsi soit-il.
Enfant, grâce à des relations intelligentes, délaissant les folles artificialités vitrinaires de la grande ville qui grandissaient au début des années 1960 – on est allé depuis du gag aux gadgets, lesquels procurent dorénavant aux médiocres incultes le sentiment de toute-puissance infantile et narcissique –, je passais beaucoup de temps à arpenter la Baie de Somme. Les prémices de la construction. Une contrée à l’abri sous le sceau du secret que le premier quidam venu situe malaisément sur la carte. Mon grand-père, ornithologue curieux de tout, une espèce de Professeur Tournesol la tête à l’endroit, qui, parmi ses nombreuses activités, a écrit de bons livres scientifiques sur les oiseaux chanteurs, avait œuvré à la création de ce qui deviendra en 1973, lors du premier et soudain « choc pétrolier », le conservatoire naturel du Marquenterre.
Diadème remarquable pour l’individu en progrès que j’étais alors que ce lieu stratégique de la « vraie vie » : la terre mobile, l’eau brumeuse, des navigateurs aériens en nuées époustouflantes qui me parlaient dans un langage parfaitement intelligible. Conjugaisons élémentaires au pouvoir magnétique fort. Les fondamentales impressions sensorielles. Une chose entraînant une autre, je rôdai le long des Côtes-du-Nord redevenues entre-temps – et, faut-il encore s’en étonner ?, à mauvais escient sous l’impulsion d’édiles bien intentionnés –, « Côtes-d’Armor », et musardai tout autant aux massives rives de l’Estérel.
Tenez, histoire de se plonger le temps élastique d’un whisky des Hébrides extérieures dans le climat général dont je me délecte : justement, à propos des Côtes-du-Nord, ces jours-ci, je relisais la préface évocatrice qu’Anatole Le Braz avait composée pour un atlas d’autrefois : « La Bretagne, dans notre organisme géographique, symbolise l’élan suprême de la France, et l’on pourrait autant dire : de l

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