L'Écrivacadémie

Nigel Van Vooren

Description

« Sous la houlette d'un animateur de télévision en perte de vitesse et de cinq célèbres maisons d'édition naquit l'idée d'une nouvelle téléréalité, se voulant nettement plus intellectuelle que celles qui envahissent actuellement notre paysage audiovisuel. Durant cinq semaines, cinq jeunes gens issus de la diversité sociale et culturelle française vont devoir écrire des livres. Cinq écrivains connus vont les aider. Les maisons d'édition fournissent plans, maquettes, documents pour les guider dans cette mission. Tout est disponible sur le site pour que les téléspectateurs puissent participer à l'émission. À chaque fin de semaine un vote collégial (téléspectateurs, écrivains, maisons d'édition) primera le meilleur apprenti écrivain. Le plus primé des cinq touchera un chèque de 10 000 € et obtiendra un contrat auprès d'une maison d'édition pour la rédaction de son premier livre. Cette bonne mécanique audiovisuelle paraît parfaite. Une suite d'événements va perturber une si belle téléréalité... » Une téléréalité digne d'intérêt ? Lorsque la mécanique s'enraye, l'émission passe vite du rêve au cauchemar : l'un des écrivains s'avère un ancien détective privé, l'un de ses jeunes collègues ne supporte pas son comportement odieux, quand le présentateur de l'émission, lui, entend bien faire déraper le show vers autre chose, tandis que l'un des candidats trouve bientôt la mort... À travers ce thriller acide et efficace, Nigel Van Vooren livre une satire réjouissante des médias, fustigeant par la même occasion l'éloge de la superficialité de l'ère moderne.

Sujets

• Television
• Écriture
• Société
• Téléréalité
• Écrivain

Informations

• Publié par: Société des écrivains
• Date de parution: 21 octobre 2016
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9782342057171
• Langue: Français

Extrait

L'Écrivacadémie
Nigel Van Vooren
Société des écrivains

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Tél. : [phone]
L'Écrivacadémie

Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
À Maryse Israël, ma professeure de français du cours Marcel Proust du cinquième arrondissement de Paris, qui a su me donner le goût de la lecture.
 
Mes remerciements à Nicole Manuello de Dactylhome pour les nombreuses corrections des fautes d’orthographe et de style. Sans elle, je n’aurais pas osé proposer ce manuscrit.
Introduction
Sous la houlette d’un animateur de télévision en perte de vitesse et de cinq célèbres maisons d’édition naquit l’idée d’une nouvelle téléréalité, se voulant nettement plus intellectuelle que celles qui envahissent actuellement notre paysage audiovisuel.
Durant cinq semaines cinq jeunes gens issus de la diversité sociale et culturelle française vont devoir écrire des livres. Cinq écrivains connus vont les aider. Les maisons d’édition fournissent plans, maquettes, documents pour les guider dans cette mission. Tout est disponible sur le site pour que les téléspectateurs puissent participer à l’émission. À chaque fin de semaine un vote collégial (téléspectateurs, écrivains, maisons d’édition) primera le meilleur apprenti écrivain. Le plus primé des cinq touchera un chèque de 10 000 € et obtiendra un contrat auprès d’une maison d’édition pour la rédaction de son premier livre.
Cette bonne mécanique audiovisuelle paraît parfaite. Une suite d’événements va perturber une si belle téléréalité.
Chapitre I Lancement de l’écrivacadémie
Ce samedi soir, à 20 h 50 sur France 1 débute une nouvelle téléréalité. Le public blasé par toutes ces émissions est peu nombreux à suivre ce programme.
Le générique est un plagiat de la vieille série « Châteauvallon » qui avait ému bien des téléspectateurs en son temps. Un joli manoir percheron se dévoile à l’écran. Bientôt apparaît sur le perron de cette demeure : Nicky Wolf, le présentateur adulé et craint du paysage audiovisuel français. Il semble avoir encore rajeuni. On ne l’a pas vu depuis un moment.
Nicky, avec son habituel sourire carnassier, de vraies dents de piranha, salue l’auditoire et entre rapidement dans le sujet :
— Chers téléspectateurs, l’Écrivacadémie va bouleverser votre quotidien. Cinq jeunes gens vont, sous vos yeux, durant cinq semaines, apprendre le métier d’écrivain. Nos cinq grands écrivains vont les épauler dans cette nouvelle aventure télévisuelle. Venez sur notre site afin de participer vous aussi. Vous aurez les mêmes documents que nos participants et vous pourrez vous aussi vivre cette expérience.
Nous sommes maintenant dans le grand salon du manoir où nous attendent nos jeunes participants. Ils se présentent au fur et à mesure :
— Je suis Lucy Mayline, j’ai vingt-deux ans, je suis d’origine chinoise et je prépare une licence de droit.
— Je m’appelle Abdel Moorphy, mes parents sont d’origine tunisienne, j’ai vingt-trois ans et je suis à la recherche d’un emploi dans la restauration.
— Sarah Soussan, j’ai vingt-quatre ans et je prépare ma pharmacie.
— Je me prénomme Charles de Cazier, j’ai vingt-six ans et je suis stagiaire dans une étude de commissaire-priseur avant de passer mon examen final.
— Omar Babou, je viens du Congo. J’ai vingt-cinq ans et je travaille à la RATP.
Tout sourire, Nicky reprend la main et nous entraîne dans la bibliothèque pour nous présenter les écrivains. Ils sont confortablement installés dans les profonds canapés Chesterfield et semblent très à l’aise.
— Mylène Joubert, l’ancienne actrice populaire, a renoncé au cinéma pour se consacrer à une brillante carrière d’écrivaine de contes pour enfants.
— Adeline Moncomble, quarante-six ans, a déjà publié vingt-deux romans et bénéficie d’un véritable culte auprès de ses lecteurs dont le nombre ne cesse d’augmenter.
— Axelle Dupont, ancienne antiquaire, jouant de son air de ressemblance avec Néfertiti, est devenue une célèbre écrivaine de romans historiques. Certains de ses livres furent adaptés à la télévision.
— Étienne Lubac, après une fructueuse carrière au sein de son agence de détective privé, a entrepris la rédaction de ses plus brillantes affaires. Une série de feuilletons policiers a déjà séduit de nombreux téléspectateurs.
— Jacques des Marais, ancien professeur d’histoire, a écrit de nombreuses biographies de rois et de personnalités célèbres. Il participe aussi à de grandes émissions historiques à la télévision.
— Maintenant, chers téléspectateurs, nous allons avec la présence de son heureux propriétaire, visiter ce ravissant manoir de Bellême sis dans le Perche ornais que nous vous ferons aussi découvrir dans nos futures émissions. Monsieur Marc Bellemont, nous vous suivons pour la visite. »
 
 
 
 
Ce même soir, Léon Lechevallier regarde le lancement de l’Écrivacadémie. Il a vingt-cinq ans ; il est le bras droit d’Étienne Lubac. Il travaille à l’agence Lubac & Compagnie depuis cinq ans et, grâce à ses compétences, a vite gravi tous les échelons.
Au fur et à mesure du déroulement de l’émission, Léon se pose la question : pourquoi le patron se commet-il dans ce genre d’émission de si mauvaise réputation ? Nicky Wolf est une personne douteuse. Il fut un gros client de l’agence. Il aimait savoir tous les petits secrets peu ragoutants des personnalités qu’il recevait dans ses émissions racoleuses.
Chapitre 2 Les équipes se forment
Dimanche soir, 20 h 50, l’huissier remet, en direct, à chaque concurrent une enveloppe contenant le nom du professeur-écrivain ainsi que le sujet, le plan et les différents documents pour la rédaction du livre de la semaine.
— Lucy Mayline avec Jacques de Marais pour une biographie.
— Abdel Morphy avec Axelle Dupont pour un roman historique.
— Sarah Soussan avec Etienne Lubac pour un roman policier.
— Charles de Cazier avec Mylène Joubert pour un livre de contes pour enfants.
— Omar Babou avec Adeline Moncomble pour un nouveau roman français.
Les cinq nouvelles équipes ainsi formées passent dans la salle à manger pour le dîner inaugural. Cinq tables y sont dressées pour l’occasion.
Nicky Wolf va interviewer les participants pendant le dîner. Il s’approche d’Axelle Dupont et d’Abdel Morphy. Axelle prend la pose, telle une vamp hollywoodienne des années 50. Elle porte une robe fourreau de satin noir qui révèle sa superbe silhouette. Abdel, très brun, lui aussi tout de noir vêtu, fait l’alter ego parfait
— Quelles sont vos premières impressions, à tous deux ?
— Je suis ravie de participer à cette aventure et d’aider ces gens d’univers différents, voire de susciter des vocations.
— L’ambiance est vachement sympa, la baraque est cool, je sens que je vais me faire des potes ici et apprendre plein de choses !
— Aucune appréhension de vous retrouver tous pendant cinq semaines dans une maison isolée ?
— Ce nouveau mode de vie va permettre à ces jeunes de se dépasser et de s’investir dans une mission culturelle.
Nicky passe à la table suivante. Sarah Soussan crève l’écran. Le cameraman n’hésite pas à mettre en valeur son décolleté plongeant. Étienne Lubac, à côté d’elle, ressemble à un vieux beau pervers dont le regard se perd dans la poitrine de la bimbo qui l’accompagne.
— Je suis enchantée de tant d’attentions, de pouvoir fréquenter des stars de l’écriture, de devenir célèbre.
— Je suis sûr, belle enfant, que vous allez réussir à vous faire connaître et pas uniquement avec votre grâce naturelle.
— Je sens que vous allez former une super équipe cette semaine.
Nicky se dirige vers une nouvelle table, le beau gosse de la téléréalité prend la pose devant la caméra. Mylène Joubert fait mine de rien en n’essayant pas de lui voler la vedette.
— Je suis sous le charme d’avoir pour professeur une ancienne star de cinéma qui a autant d’expérience.
— Mon ancien statut de vedette est loin derrière moi, je me sens ici en véritable enseignante pour faire partager mon expérience de la rédaction des textes en aidant ces jeunes à s’accomplir à travers l’écriture.
— Chère Mylène, vous nous prévoyez un programme d’enfer, mais qu’en pense notre dernière équipe ?
Omar Babou se fait de plus en plus petit. Il est intimidé à la fois par la présence de la caméra et de sa professeur de la semaine, Adeline Moncomble. Toujours de noir vêtue avec un chapeau haut-de-forme, c’est vrai qu’elle impressionne.
— Comme l’a si bien rappelé Mylène, nous ne sommes pas ici pour faire de la figuration. Je prends très au sérieux la mission que vous avez bien voulu nous confier. Nous allons aider ces jeunes à construire et à écrire des livres du début à la fin, leur faire connaître le plaisir de se documenter, d’établir le plan, de faire glisser en cascades les pages des différents dictionnaires afin de concevoir un livre.
— Nos téléspectateurs ont bien compris votre message, chère Adeline. Omar, un mot pour conclure ?
— Je suis conscient de la chance que j’ai d’être ici et je vais faire de mon mieux pour être à la hauteur de la confiance que vous avez mise en moi.
Nicky clôture l’émission en rappelant le fonctionnement de l’Écrivacadémie : du lundi au vendredi à 19 h 45, un résumé des temps forts de la journée. Après, chaque équipe sera confessée sur l’évolution de son travail, de la vie au quotidien avec les autres participants à l’émission. L’invitation est à nouveau faite auprès des téléspectateurs pour qu’ils s’investissent dans le