L énigme de la malle rouge
325 pages
Français

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L'énigme de la malle rouge , livre ebook

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Description

H. J. Magog (1877-1647)



"Je venais tout juste de rentrer chez moi, quand on frappa à ma porte deux coups discrets. – Entrez ! criai-je, ainsi que j’avais coutume de le faire.


La porte s’entre-bâilla aussitôt et laissa paraître une silhouette placide de bureaucrate, tandis qu’une voix déférente demandait :


– M. Wellgone ?


– C’est ici, répondis-je avec assurance.


En réalité, j’affirmais une chose inexacte, et le souci de la vérité aurait dû me faire déclarer :


– M. Wellgone habite à côté et il est absent. Mais, moi Antonin Bonassou, son voisin de palier, je me suis chargé de répondre à ses visiteurs. Et c’est pourquoi vous avez trouvé sa carte sur ma porte.


Mais cela faisait bien des explications et je trouvais plus simple – plus agréable aussi pour mon amour-propre – de répondre tout bonnement :


– C’est ici."



Paddy Wellgone, célèbre détective, a loué l'appartement en face de celui d'Antonin Bonassou, commis aux Ponts-et-chaussées. Il n'arrivera pas avant quelques mois ; bien que ne le connaissant pas, Antonin, par amusement, s'improvise son secrétaire... un client arrive...

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Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9782374638621
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0015€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L ’énigme de la malle rouge
 
 
H. J. Magog
 
 
Février 2021
Stéphane le Mat
La Gibecière à Mots
ISBN : 978-2-37463-862-1
Couverture : pastel de STEPH'
lagibeciereamots@sfr.fr
N° 861
I
L’imposture d’Antonin Bonassou
 
Je venais tout juste de rentrer chez moi, quand on frappa à ma porte deux coups discrets.
–  Entrez ! criai-je, ainsi que j’avais coutume de le faire.
La porte s’entre-bâilla aussitôt et laissa paraître une silhouette placide de bureaucrate, tandis qu’une voix déférente demandait :
–  M. Wellgone ?
–  C’est ici, répondis-je avec assurance.
En réalité, j’affirmais une chose inexacte, et le souci de la vérité aurait dû me faire déclarer :
–  M. Wellgone habite à côté et il est absent. Mais, moi Antonin Bonassou, son voisin de palier, je me suis chargé de répondre à ses visiteurs. Et c’est pourquoi vous avez trouvé sa carte sur ma porte.
Mais cela faisait bien des explications et je trouvais plus simple – plus agréable aussi pour mon amour-propre – de répondre tout bonnement :
–  C’est ici.
On se demandera sans doute quel personnage important pouvait s’être logé à l’étage supérieur d’une maison de la rue de la Poissonnerie, dans le quartier pittoresque, mais peu élégant, du vieux Nice, et quelle vanité on pouvait tirer du fait de le représenter.
Pourtant, c’était bien une célébrité – à mes yeux surtout – qui habitait porte à porte avec moi, l’équivalent de mon modeste garni. Et je n’avais pas été peu surpris en déchiffrant un soir – il y avait de cela une quinzaine – le nom de mon nouveau voisin :
« Paddy Wellgone détective privé », annonçait la carte de visite qu’il avait clouée sur sa porte.
J’en étais demeuré pétrifié. N’avais-je pas lu vingt fois, dans les journaux, ce nom mêlé aux aventures les plus passionnantes ? Pour moi, qui ne me nourrissais que de cette littérature et qui avais souvent formé le vœu de devenir l’émule et le rival du grand détective, rien ne pouvait m’émouvoir davantage que la pensée de vivre auprès de mon héros.
Je rêvai aussitôt aux drames les plus compliqués. Seul, un mystère à élucider pouvait l’avoir décidé à venir se cacher en ce piètre logis. Dans mon exaltation, j’oubliais que la carte contredisait mon hypothèse. On ne se cache point en affichant son nom.
Quoi qu’il en fût, le mystère existait bel et bien. Car à peine installé, Paddy Wellgone s’était empressé de disparaître. À ma grande déception, j’appris son départ avant même d’avoir pu l’entrevoir.
–  Il est allé faire un tour en Amérique, m’apprit ma propriétaire. Il ne reviendra que dans deux mois. Mais il ne veut pas qu’on le sache. Si on le demande, je dois dire qu’il habite bien chez moi, mais que j’ignore à quelle heure il rentrera. Merci de la corvée ! Avec le métier qu’il fait, ça doit être un défilé, chez lui !
J’entrevis aussitôt la possibilité de gagner tout à la fois les bonnes grâces de ma propriétaire et celles du détective.
Insidieusement, je proposai à l’excellente dame de me charger de la corvée. Je répondrais quand j’y serais. Assurément les visiteurs ne pouvaient perdre au change, car elle demeurait rarement chez elle, aimant mieux courir le quartier en quête de commérages.
Pour simplifier, même, j’offris de déclouer la carte et de la placer sur ma propre porte. Cela me concéderait l’autorité nécessaire pour expédier les importuns, au nom du détective, tout en les laissant persuadés de sa présence à Nice.
Ma propriétaire accepta, avec des remerciements. Et j’escomptai, en mon for intérieur, ceux, plus appréciables, que Paddy Wellgone ne manquerait pas d’y joindre, lors de son retour.
Les premiers jours, ma complaisance ne fut nullement mise à l’épreuve. J’en conçus du dépit ; car, déjà, j’espérais quelque prestige de la mission que je m’étais arrogée.
Puis, le nom du détective ayant été mentionné par une feuille locale, dans une liste d’arrivées à Nice, quelques visiteurs se présentèrent. Je les congédiai, non sans m’être risqué à les questionner, en leur assurant que Paddy Wellgone s’occuperait fort prochainement de leur affaire et les convoquerait dès que besoin serait. Imperturbablement, je prenais, à cet effet, leur nom et leur adresse, en leur affirmant qu’il était inutile de verser une « provision ».
J’avoue que cette comédie me grisait. Parfois, je me figurais être moi-même le grand détective, et c’est peut-être pour l’espoir secret de le laisser croire aux gens que, lorsqu’on demandait Paddy Wellgone, je répondais par cette formule ambiguë :
–  C’est ici.
Et j’ajoutais, prenant les devants, pour éviter une question plus précise :
–  Que désirez-vous ?
Ce jour-là, quand fut entré le client, dont j’ai parlé au commencement de ce récit, je ne manquai point de l’accueillir par cette interrogation.
En même temps, je m’apprêtai à le dévisager. Mais, je vis que sa curiosité avait devancé la mienne et qu’à ma vue il manifestait un léger étonnement.
–  Oh !... oh ! fit-il, on me l’avait bien dit... Mais, certainement, je ne m’attendais pas à ce que ce fût à ce point... Si jeune !... On ne vous donnerait jamais votre âge !...
Jeune, je l’étais, en effet, ayant tout juste vingt-quatre ans ; mais je me flattais d’en paraître vingt-six ou vingt-sept, et la phrase de l’homme me blessa comme une injustice.
–  Que désirez-vous ? répétai-je, plus sèchement.
–  Vous consulter, naturellement. Je suis M. Cristini, représentant de la Compagnie d’assurances « The Universal Life ». Pardonnez-moi de ne pas m’être encore présenté, mister Wellgone.
Je faillis rougir d’orgueil. Il me prenait pour le détective. Je compris alors sa phrase sur mon âge et mon aspect.
J’aurais pu protester, déclarer que je n’étais point M. Wellgone, me reprendre, enfin. Il était encore temps. Mais, quand on a le doigt dans l’engrenage, il faut que le corps y passe tout entier.
Je savourai d’abord sa méprise, comme un gourmet déguste un nectar. Et, quand je songeai à la nécessité de le tirer d’erreur, il était trop tard, mon silence avait été enregistré comme un acquiescement ; pour l’expliquer, il m’eût fallu avouer la supercherie tout entière. Sans doute cette humiliation eût mieux valu que ce qui devait arriver. Mais je ne savais pas. Je ne savais pas !
Et puis, on ne dit pas volontiers à quelqu’un : « Je ne suis pas celui que vous croyez », quand la personnalité qu’il vous suppose vous flatte.
Et j’étais flatté, au fond, infiniment flatté. Pensez donc ! Cette supposition réalisait tous mes rêves ! Comme par un coup de baguette magique, je n’étais plus moi, Antonin Bonassou, pauvre petit employé des Ponts et Chaussées, je devenais, aux yeux d’un être humain, l’illustre détective Paddy Wellgone.
Ce n’était que pour quelques instants, une heure au plus ; je pouvais bien laisser ma vanité s’enivrer de ce leurre. N’étais-je pas mieux préparé que quiconque à tenir mon personnage ? Aisément, je m’en persuadai. Après tout, il ne s’agissait que d’une consultation.
Toutes ces pensées se succédèrent dans ma cervelle avec la rapidité de l’éclair. C’est ainsi qu’à vingt-quatre ans on prend les plus folles résolutions. Un instant démonté, j’avais baissé la tête ; quand je la relevai, mon parti était pris et ma destinée irrévocable.
Naturellement, M. Cristini ne s’était pas douté de mon émoi. Me voyant silencieux, il crut que je réfléchissais et que je dressais mes batteries.
Pour le confirmer dans cette opinion, je pris une pose méditative, ma figure dans une de mes mains, jusqu’aux yeux. C’était d’ailleurs un moyen d’empêcher mon interlocuteur de trop graver mes traits dans sa mémoire.
–  Ma qualité, dit l’assureur, vous indique l’objet de ma visite. Je vois, par le journal qui est sur votre bureau, que vous vous êtes déjà occupé de l’affaire.
Ce journal était le numéro du jour de l’ Éclaireur ; la manchette y annonçait une nouvelle sensationnelle, d’un intérêt tout local, qu’elle intitulait : Le crime du chemin de fer du Sud. Je l’avais naturellement parcouru ; mais comme il ne mentionnait que la découverte, sous le tunnel de la Mescla, d’un cadavre atrocement broyé et non encore identifié, j’attendais, p

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