L Etrangère, chroniques d une blanche
136 pages
Français

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L'Etrangère, chroniques d'une blanche , livre ebook

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Description

L’Afrique hante ses souvenirs d’enfance, l’Afrique la fait rêver... et puis le rêve devient réalité. Mais qui rêve encore de partir en Afrique autrement qu’en safari-photo bien encadré ? Quelle femme envisage sereinement de troquer sa carrière pour découvrir le plus beau métier du monde : celui de Femme d’Expat ? Une vie de luxe et d’exotisme ? Pas si sûr ! A travers les péripéties bien terre à terre, le ton alerte et souvent moqueur devient grave quand il s’agit de décrypter le mode de vie et le fonctionnement d’une société si éloignée de nos conforts et conformismes occidentaux ... Trouver les gestes et les mots qui font que l’on est accepté ou pas, plus difficile encore, trouver les interstices qui permettent de glisser un regard sur cette société autant que sur la nôtre. Et si, au bout du compte, on partait à la rencontre d’une Afrique ... d’un des derniers bastions de la résistance à la société de consommation mondialisée ?

Informations

Publié par
Date de parution 04 novembre 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782312026367
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0012€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’Etrangère

Laure Wybo
L’Etrangère
Chroniques d’une blanche















LES ÉDITIONS DU NET 22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
© Les Éditions du Net, 2014 ISBN : 978-2-312-02636-7
Avant-Propos
Discours d’Abdou Diouf à l’Élysée, le 20 mars 2011, pour les journées de la Francophonie.
« Quel courage politique il aura fallu aux pères fondateurs, au lendemain des indépendances, pour faire triompher l’idée d’une communauté construite sur le partage de la langue française, héritage linguistique colonial, ne porterait aucunement atteinte à la souveraineté récemment acquise des États, qu’elle ne trahirait ni les intérêts de l’Afrique, ni les langues et les cultures de ce continent », a noté l’ancien chef d’État sénégalais, poursuivant : « promesse d’ouverture au monde, d’intégration régionale, continentale, mondiale, promesse d’un langage universel qui parle de l’Homme aux hommes ». « Qu’avons-nous fait, durant quarante ans, si ce n’est libérer toutes les potentialités de cette entreprise avant-gardiste, si ce n’est donner corps et substance, étape après étape, à cette ambition si exigeante qu’elle ne pouvait prendre sa pleine mesure qu’à l’aune du temps et de l’engagement des bâtisseurs qui l’ont servie depuis lors », s’est interrogé Abdou Diouf. Il a ajouté : « nous avons pris la mesure des promesses, mais aussi des effets pervers de la mondialisation ».

Préambule
Il est 5 heures 30 du matin, sous l’impulsion d’une hôtesse de l’air impeccable, malgré sa nuit blanche passée au service des passagers, la grosse porte avant gauche du Bœing 747 coulisse et s’ouvre sur une terre nouvelle. Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours rêvé d’aventures et de découvertes. Mais, je n’appréhende pas ce qui va se jouer et à quel point cette réalité va aller au-delà de mon imaginaire de petite fille.
Tout le monde est sorti, il ne reste plus que moi et ma pochette UM { * } autour du cou dans la carlingue. C’est enfin mon tour. Je me lance. Après avoir traversé une rangée interminable de fauteuils dont les gros accoudoirs m’agrippent et freinent mon élan d’impatience, j’arrive enfin sur la passerelle. Là, cette même charmante hôtesse et son chignon parfait m’attendent. Elle me sourit, me prend la main, et nous entamons notre dernière descente. Il fait à peine jour. J’ai du mal à distinguer les formes. À l’inverse, la chaleur et l’humidité s’imposent et me collent immédiatement à la peau. Mes vêtements semblent instantanément humidifiés. Tout aussi intensément, l’odeur de kérosène imprègne mes narines. Je quitte cette dernière partie de sol français pour faire mon premier pas en terre africaine, à Dar es Salam capitale de la Tanzanie. Après douze heures d’avion, c’est le bout du monde. Comme envoutée, j’avance dans la torpeur sombre des premiers moments de l’aube. Je respire profondément. Dans cette moiteur chargée des essences qui composent la faune et la flore de ce continent encore sauvage, je découvre, je m’abandonne. Cette senteur est là, intense, poignante. J’ai dix ans, c’est charnel ! Et je ne l’oublierai jamais.

Partir
Chérie, fais tes valises !
Où allons-nous ? Je prends, mes affaires d’hiver ou mes affaires d’été ?
Les deux, tu te casses !
C’est sur le thème de cette blague douteuse que j’ai appris que nous partions pour une tranche de vie à l’africaine. Il est 21 heures, Romaric vient de rentrer du bureau. Il m’annonce de but en blanc notre expatriation imminente. Moment d’arrêt pendant lequel je scrute les moindres détails de son expression. Dans la profondeur de ses yeux verts, l’immensité de cette vérité, insondable en cet instant, s’impose. J’éclate de rire, je saute de joie. Hortense, notre bébé, dort, sinon je l’aurais volontiers entraînée dans une ronde tourbillonnante. Dans l’excitation, je laisse à peine le temps à Romaric de se défaire. Heureusement, nous sommes au mois de septembre et il n’a qu’un imperméable à ôter. On fonce sur le réfrigérateur. On ouvre une bouteille de champagne. Un atavisme familial, on a toujours une bouteille au frais au cas où. Un lundi ? Peu importe quel jour nous sommes. On s’assoit sur les tabourets de la cuisine. Le salon est trop loin tant notre impatience à échanger est forte, et on se raconte. On s’imagine pendant des heures ce grand départ, oubliant de dîner.
On va chercher notre dictionnaire – Internet et le wi-fi n’ont pas encore fait leur incursion dans nos foyers. Alors, où allons nous exactement ? Le Gabon ne nous est pas totalement inconnu. Le hasard de nos histoires familiales fait que nos deux familles y ont passé un moment. À la fin des années quarante, mon grand-père a travaillé à Libreville pour le transitaire Delmas-Vieljeux. Le transport maritime des billes de bois y était déjà une grosse activité portuaire et économique. Alors que l’exploitation du pétrole n’en était pas encore à sa phase d’exploration. Quant à mes beaux-parents, ils ont vécu à Port-Gentil à la fin des années soixante. Mon beau-père œuvrant à la création de la marine nationale gabonaise. Le Petit Larousse est ouvert à la bonne page : « État de l’Afrique Centrale sur l’Atlantique, deux cent soixante-huit mille kilomètres carrés, moins d’un million d’habitants », la description y est très encyclopédique, avec l’essentiel et sans fioritures. Ce n’est pas grave, j’ai quand même une petite idée de ce qu’est l’Afrique Equatoriale. Je plane complètement. Non, non, ce n’est pas le champagne, c’est un rêve qui devient réalité.
Origines
Pourtant, on l’aime notre vie de Courbevoisiens. On l’aime notre appartement en rez-de-jardin, clair et bien agencé, à l’angle de la rue piétonne commerçante et de son excellente boulangerie. Il est plutôt grand pour le jeune couple avec un enfant que nous sommes. Soixante-dix mètres carrés, deux chambres, un salon et un parking en sous-sol. Des parquets dans l’entrée et le salon, de la moquette dans le couloir et les chambres. On y est bien avec notre poupette. Pendant ma grossesse, ma grand-mère est venue pour m’aider à faire mes rideaux. J’étais tellement fière de mes petites mains, le jour où je les ai enfin accrochés ! Le maxi-plus de cet appart, c’est son jardin de trente mètres carrés. Royal pour des parisiens ! Nous pouvons jouer aux jardiniers, lézarder sur une chaise longue, déjeuner, dîner et parfois même petit-déjeûner dehors. Mais le luxe, le vrai luxe, c’est que Romaric est à dix minutes à pied de son bureau et moi à cinq minutes du mien en voiture. Enfin, à partir de demain je pourrais dire « j’étais à cinq minutes en voiture ». Oui, à partir de demain, je ne travaille plus. Ce n’est pas une blague ! C’est un heureux concours de circonstances. Je ne ferai pas partie de ces épouses qui ont sacrifié leur carrière pour celle de leur mari. J’ai donné ma démission, il y a un mois, pour rester à la maison et m’occuper de ma fille chérie. Eh oui ! C’est comme ça, personne ne peut s’occuper de mon enfant aussi bien que moi.
En vain, j’ai essayé de trouver une nounou, pour faire comme tout le monde, comme les autres, comme mes copines. Mais le problème, c’est que je ne suis pas comme tout le monde. Et au bout de la troisième horrible tentative, j’ai décidé d’arrêter les dégâts et d’élever mon enfant moi-même. Ne souriez pas en coin les pros du process-com (une grille de classement des comportements des individus sous stress à but managérial, encore un truc des Américains). Je sais que toutes ces attitudes ressemblent étonnamment à une base persévérante en phase travaillomane. Ou plus simplement comment un clone de Bree VandeKamp couplé d’une Lynette Scavo réagirait-il dans de telles circonstances ? À ma décharge, il faut dire qu’à cette époque j’ai eu le don d’attirer les cas. À croire que je le faisais exprès ! J’ai commencé par suivre les bons conseils des copines, toujours elles. Je suis allée au kiosque de Neuilly-sur-Seine, un kiosque à journaux à la sortie du métro Pont de Neuilly. C’est là qu’elles collent toutes leur offre de service, femmes de ménage, repasseuses, nounous, etc. En un co

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