L Évadé de Fleury-Mérogis
162 pages
Français

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L'Évadé de Fleury-Mérogis , livre ebook

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Description

Une bagarre éclate à la sortie d'un bar, et l'un des deux protagonistes est assassiné à deux kilomètres de l'endroit où avait eu lieu ce pugilat. Franck est accusé du meurtre mais crie son innocence. Il est malgré tout condamné à treize ans de réclusion et incarcéré à Fleury-Mérogis. Se suicider ou s'évader, telle est son obsession. Dans cet univers carcéral, il partage sa cellule avec un codétenu, un homme fascinant, ce père qui lui a tant manqué. Cette rencontre extraordinaire place face à face deux hommes qui vont tisser des liens profonds. Ils vont métamorphoser la destinée de Franck, en lui ouvrant un sentier singulier de la liberté. Un huis clos, stupéfiant, entre deux loups solitaires.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 juillet 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342053418
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L'Évadé de Fleury-Mérogis
Philippe Fuzellier
Mon Petit Editeur

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Mon Petit Editeur
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
L'Évadé de Fleury-Mérogis
 
 
 
L’écriture est un rempart contre les agressions du corps et de l’esprit. Une thérapie, qui devient vite une passion.
Philippe Fuzellier
 
 
 
À mon père,
1
Nous sommes toujours préoccupés de perdre notre jeunesse. Mais le bien le plus précieux que nous ayons possédé, c’est l’enfance ; et elle est toujours perdue.
René Tardiveau
Aulnay-sous-Bois le 14 janvier 1989,
 
J’habitais à cette époque dans le département de Seine-Saint-Denis, à Aulnay-sous-Bois.
Je logeais dans un appartement de 50 mètres carrés, environ, au dernier étage d’un grand immeuble relativement désaffecté, pas très bien fréquenté, sans ascenseur, bien entendu. Il avait été construit de ces briques rouges, qu’on trouve habituellement plutôt dans la région du Nord de la France, les vestiges d’une ville essentiellement industrielle au XIX e  siècle.
J’étais sans boulot depuis plus d’un an. Il est vrai que je ne me défonçais pas pour en trouver, un peu bohème, un peu poète à mes heures, mais hélas sans talent. Je traversais ma crise d’adolescent, un peu sur le tard, et j’avais quitté le domicile familial, en raison d’un climat détestable. J’allais pouvoir enfin m’assumer, en pleine autonomie.
Résultat…
… Relativement désastreux, puisque je n’avais réalisé aucun parcours diplômant, ni acquis aucune expérience. Je n’étais bon à rien, qu’à picoler le soir, à mon quartier général, avec des types absolument inintéressants. Il semblait assez évident que je filais un mauvais coton dans mon désœuvrement, stérile, sans avenir ni projet ambitieux.
J’allais bien de temps en temps, tôt le matin à Rungis, pour aider des fournisseurs qui me payaient au black. Histoire de pouvoir régler mon loyer, mes clopes, mes bières nocturnes, et une nourriture très peu équilibrée. Le spleen m’accompagnait dans mon quotidien, et je peinais à me fixer.
Au bord de mes 20 ans, je n’avais pas encore rencontré l’âme sœur qui m’aurait un peu aidé à me secouer et à m’inciter à me construire.
Aux environs de 22 h 30, de ce 14 janvier 1989, légèrement défoncé par deux joints, j’avais décidé de me finir sur le zinc du café du stade, à proximité du canal de l’Ourcq. Le genre de bar où tous les ratés refont le monde en version nocturne, après avoir consommé quatre ou cinq bières. Autant dire des types un peu paumés, comme ce gars, ce soir-là, qui m’avait rejoint au coin du bar, en me proposant de m’offrir un double whisky. Il s’appelait Francis. Je n’en savais guère plus sur lui, puisque je le voyais pour ainsi dire la première fois, à mon quartier général. Au cours d’une vive discussion, le ton commença à monter entre nous, et ce sale type commença à me prendre le col de chemise en me menaçant de me faire une tête au carré.
Le patron du bar, Fred, un ancien rugbyman ayant suivi l’évolution du match depuis le début, s’extirpa de son tabouret et nous prit par la chemise en nous éjectant violemment de son établissement. On se retrouva à terre tous les deux, le nez dans la poussière. Des coups violents furent échangés, à tel point que je finis par le prendre par la gorge en le menaçant de l’achever. Dans mon souvenir, je ne l’avais pas ménagé. Ayant repris le dessus, Francis fit un signe explicite qu’il jetait l’éponge, parce que je le serrais de plus en plus fort. Notre pugilat s’arrêta à ce stade. On saignait abondamment tous les deux, et le moment était venu de nous séparer.
De retour à mon appartement, j’entrepris péniblement de bien me nettoyer. J’avais tout de même quelques ecchymoses. Sonné par cette bagarre, et tout l’alcool que j’avais ingurgité, je m’écroulai sur mon lit, sans même avoir eu pris le réflexe de me déshabiller.
Le lendemain matin, vers 7 h 30, il me fallut prendre une douche froide pour sortir d’une bonne gueule de bois, suivie d’un bol de café bien serré. Environ trois quarts d’heure plus tard, on tambourinait à ma porte, aux cris de « police ». Elle exigea sans tergiversation l’ouverture immédiate de ma porte. Je n’opposai aucune résistance.
— Vous êtes bien Franck Davenne ?
— C’est bien moi, pourquoi tout ce tapage, et que me voulez-vous d’abord ?
— Je suis le lieutenant Christophe Montagne, je suis chargé de l’enquête concernant un meurtre commis hier soir à 2 kilomètres du café du stade sur la personne de Francis Manteau. Et vous êtes la dernière personne à l’avoir vu vivant en sortant de ce bar.
— Je ne connais pas de type portant ce nom et je n’ai rien à voir avec ce meurtre. J’ai quitté ce bar vers une 1 h 15, pour rejoindre mon appartement, c’est tout ce que j’ai à déclarer.
— Le patron du bar nous a alertés qu’une bagarre avait eu lieu entre vous et la victime et qu’il avait dû vous expulser, mais il ignorait totalement la suite des événements.
— Ce n’est pas tout à fait faux, on a continué à se taper dessus, à l’extérieur du bar, mais nous nous sommes séparés. J’ai suivi ensuite la route, à pied, en direction de mon logement, et mon agresseur a pris le chemin inverse. Il était certes un peu tuméfié et marchait en titubant, mais il était bien vivant, je vous le certifie.
— Nous l’avons retrouvé le long du canal, derrière un bosquet, mort d’un coup de couteau dans le ventre, et il laissait apparaître une marque de strangulation, autour du cou. L’avez-vous étranglé ?
— Oui je me souviens vaguement l’avoir saisi à la gorge pour l’obliger à cesser de me frapper aussi violemment. Il était complètement déchaîné. Mais nous en sommes restés là. Je l’avais maîtrisé.
— Avez-vous vu un témoin qui aurait pu assister à la scène ?
— Je m’en souviendrais, l’endroit est peu éclairé et nous étions tous les deux passablement bourrés.
— Le médecin légiste et la brigade criminelle vont rapidement nous prouver si vous mentez ou pas. Après la batterie habituelle des prélèvements, mais nous allons très vite savoir à qui appartiennent les traces qui ont été laissées. A vez-vous déjà eu affaire à la police pour des faits similaires ?
— Oui, à l’occasion d’une agression physique dans laquelle j’avais agi pour défendre ma peau.
— Vous avait-on pratiqué des prélèvements ?
— Affirmatif.
— Dès lors où vous êtes le suspect numéro un, nous allons devoir vous embarquer au poste, pour un interrogatoire plus serré. Je vous incite à prendre un minimum d’affaires personnelles.
Galère…
… J’avais un mauvais pressentiment, celui qu’un étau allait se resserrer sur moi. J’allais pénétrer dans une spirale infernale. Une galère. Apr ès tant d’autres . Qu’est-ce que j’étais allé foutre dans ce piège à rat, pourquoi avais-je engagé la conversation avec ce type, qui au premier coup d’œil, ne m’avait inspiré rien qui vaille ?
J’aurais dû poursuivre ma première intuition, son tatouage, son piercing m’avaient déjà jeté un doute, qui n’avait fait que m’effleurer. Il était sûrement un dealer, et je m’étais jeté dans la gueule du loup. J’avais l’art de collectionner ce genre de conneries, et de m’engouffrer dans des coups aussi foireux. J’étais bourré certes mais pas au point d’avoir un tel trou de mémoire.
Le trou noir…
… En réalité, je ne me souvenais de rien après la bagarre. J’avais été également sonné par la violence des coups durs de mon adversaire, et les quelques whiskies m’avaient littéralement achevé. Je ne pouvais pas avoir emprunté un chemin contraire à celui de mon logement, me répétai-je. Pourquoi l’aurais-je suivi et dans quel but ? Et puis s’il s’était fait transpercer, cet acte ne pouvait venir de moi, je ne portais jamais de couteau. Ce n’était pas mon genre, ou alors il avait ce tranchant que je lui aurais subtilisé. Je m’en serais servi pour me débarrasser de ce type complètement déchaîné, une sorte de légitime défense.
J’étais mal, dans un malaise confus, oppressé par ce que je venais d’apprendre, et je vivais péniblement cette situation. Celle où vous seriez tout seul à pouvoir essayer de vous en sortir. L’air devenait irrespirable, j’avais des maux de crâne à me jeter la tête contre les murs. Le résultat d’une gueule de bois mélangée avec un stress indescriptible, et cette tension qui n’en finissait pas de m’envahir.
La peur m’avait déjà bien entamé. Coincé dans un guêpier dans lequel je m’étais infiltré. Et toujours cette idée fixe de me culpabiliser d’être allé dans ce bar maudit qui allait peut-être faire basculer ma vie.
La trouille…
… Ouais, elle commençait à bien me gagner, en me rendant à cet interrogatoire. J’étais blotti au fond de mon siège, dans cette voiture de police qui puait le tabac froid. Et avec ces types en uniforme et leurs mines patibulaires. Je révisais dans ma tête ce que j’allais bien pouvoir leur déclarer.
 
L’idée me vint brusquement. Je ne devais pas leur avouer mon trou noir, car c’était m’enfermer dans une incapacité de me défendre. Après tout, c’était aux flics de prouver que j’étais l’auteur de ce crime crapuleux. Me connaissant, je ne pouvais pas être un assassin, je n’étais pas de la graine de mon adversaire. Certes, je n’avais pas un passé reluisant, mais de là à tuer un type que je voyais pour la première fois, pour de la came ? Non, je n’étais pas défoncé à ce point, j’étais parfois en manque, mais pas au point de m’en prendre à quelqu’un pour assouvir mon état dépravé. La seule raison qui me passait par la tête était une séquence de danger immédiat, pour sauver ma peau. Je ne me souvenais pas d’un canal, ni d’un couteau ou d’une tuerie. Non, ce n’était pas moi, si j’étais passé à l’a

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