L Ombre du grenier
226 pages
Français

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L'Ombre du grenier , livre ebook

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Description

Début du siècle dernier... Au sein d'un hameau, Marie assiste, démunie, au vide qui se creuse entre son père et sa mère après que celle-ci ait mystérieusement gardé le lit pendant plusieurs jours, mais aussi au curieux ballet de cette dernière qui grimpe seule dans le grenier, un panier dans les bras... Plombée par le non-dit, la vie va ainsi dans cette région rurale, le temps semblant sceller les secrets. Il suffira pourtant d'une pichenette du destin pour que tout soit révélé... Victime d'un accident, son père Maurice ne pourra ainsi pas empêcher sa fille de chercher la source des curieux bruits qui se font entendre, de découvrir ce qui se dissimule derrière cette porte qui lui est interdite depuis longues années... Une révélation à en perdre le souffle, potentiellement dévastatrice pour la famille, mais face à laquelle Marie réagira déjà avec ce caractère féminin déterminé, courageux et compatissant qui la distinguera à jamais... Prenant pour cadre la Dordogne de la première moitié du XXe siècle, se déroulant jusqu'aux lendemains de la guerre de 39-45, A l'ombre du grenier a le souffle des sagas rurales où s'entrelacent grande et petite histoire, amour et haine, violences et misère, courages et mesquineries des hommes. Nous immergeant dans l'âpreté des campagnes françaises pour ne plus véritablement nous relâcher, l'écriture de Mireille Dalissier atteste de cette rare faculté de captiver que seuls possèdent les littérateurs inspirés.

Informations

Publié par
Date de parution 03 novembre 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342156973
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L'Ombre du grenier
Mireille Dalissier
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
L'Ombre du grenier
 
 
 
Je dédie ce livre à Martine et Serge disparus trop tôt, et à mes deux enfants Emérance et Guillaume pour qu’ils n’oublient jamais que le passé peut malheureusement se reproduire. À nous, à eux, de rester vigilants ; la tolérance et le respect nous aideront à garder notre liberté.
Et à la seule personne, qui a toujours su m’écouter, me comprendre, m’aider. À la seule personne, qui compte et qui comptera, à celui, qui partage ma vie depuis plus de vingt ans, mon ami, mon amant, mon mari, mon double, à toi Fred.
 
 
 
Avertissement
 
 
 
Ceci est un roman. Les personnages sont de pure invention. Si je fais allusion à des personnes, des organismes,
des lieux qui ont eu une existence réelle, c’est pour mieux intégrer mon roman dans la réalité. À travers lui, je rends hommage à mon village natal.
 
 
 
Chapitre 1
 
 
 
Le mois de février 1920 fut froid en Dordogne. À la ferme du hameau, Lucie Vialle attendait un heureux évènement ; le 14 février au soir, elle préparait la soupe près du cantou, quand elle sentit les premières douleurs dans les reins, et dans le bas du ventre. Son époux, Maurice, était dans l’étable où il s’occupait de ses vaches. Lucie s’assit en pensant que c’était une fausse alerte, mais les contractions étaient de plus en plus rapprochées, elle décida alors d’appeler son mari, elle était sur le point de se lever quand la porte d’entrée s’ouvrit, laissant rentrer une rafale de vent qui fit vaciller les flammes de la cheminée. Maurice eu du mal à la refermer, il regarda Lucie et sans un mot, il comprit que tout allait se passer cette nuit, il s’habilla chaudement et sortit en direction de Peyrillac pour aller chercher le docteur Dubois. Il marcha pendant trois quarts d’heure et arrivant devant le portail du docteur, il entendit du bruit derrière lui, c’était le docteur qui arrivait du bourg. Maurice alla à sa rencontre, lui expliqua rapidement. Il était plus de 22 heures, quand ils arrivèrent à Millac où était la ferme du hameau. Lucie était allongée sur le lit qui se trouvait dans la salle commune, le teint livide, elle avait maintenu le feu sous la marmite, l’eau bouillait, du linge propre était déposé près du berceau. Maurice disparut dans l’étable, il s’assit sur son tabouret pour la traite, et serra fort ses poings à chaque fois qu’il entendait Lucie crier… Au bout d’un long moment, des pleurs du bébé se firent entendre et le docteur vint le chercher.
— Maurice, tu as une belle petite fille, mais l’accouchement a été difficile, ta femme a perdu beaucoup de sang. Elle est faible, il lui faut du repos, et il serait plus prudent qu’elle n’ait pas d’autres enfants. Eh bien ! Viens, ces dames t’attendent.
Maurice rentra dans la pièce timidement, il s’approcha de sa femme, elle lui sourit, ses cheveux mouillés par la transpiration, les traits tirés pour la bonne cause, il l’embrassa sur le front. Le docteur l’amena vers le berceau, Maurice vit sa fille qui dormait, le visage bien rond. Elle est belle, mais Lucie savait qu’il était déçu que ce ne soit pas un garçon.
— Comment allez vous l’appeler ? demanda le docteur.
— Marie, dit faiblement Lucie.
Le docteur prit sa sacoche, et leur dit qu’il reviendrait demain. Maurice le raccompagna. Dehors, la neige avait recouvert le sol d’une fine couche blanche ; le docteur grimpa sur sa carriole, tout heureux d’avoir mis au monde son premier bébé de l’année 1920, le jour de la Saint-Valentin.
Il exerçait à Peyrillac depuis un an, et du haut de ses 26 ans, André Dubois était heureux d’avoir été aussi vite adopté par la population. Il serra la main à Maurice et tapa sur le flanc de son cheval, l’embarcation partit alors sous l’œil bienveillant de Maurice.
 
En mars 1930, Marie âgée de dix ans allait à pied à l’école de Peyrillac, et en chemin, elle retrouvait Pierre Malevergne, un garçon d’une ferme voisine, âgé de douze ans. Marie était une bonne élève, mais Pierre avait plus de difficultés alors Marie l’aidait pour ses devoirs tout en gardant les vaches. En dehors de l’école, elle participait aux travaux des champs et d’intérieur : elle savait coudre, faire la cuisine, le ménage, laver le linge, la maison était toujours propre. Après sa naissance, son père avait agrandi et elle avait désormais une petite chambre pour elle, à côté de sa porte se trouvait un escalier qui menait au grenier. Ses parents y montaient à tour de rôle, son père tous les matins de bonne heure, et sa mère plusieurs fois par jour. Marie n’avait pas le droit de rentrer dans le grenier, cette pièce lui était interdite, la ferme n’était pas très grande, et Marie en connaissait les moindres recoins par cœur, sauf le grenier. Un jour, Marie dit à sa mère.
— Maman, je voudrais aller au grenier.
À ses mots, Lucie sursauta.
— Non, ma fille, il ne faut pas que tu y montes, tu me le promets ?
Alors Marie promit, par amour pour sa mère. Mais, avec son père, tout était devenu différent ; jusqu’à l’âge de six ans, elle était sa reine, il lui fabriquait des jouets en bois, lui racontait des histoires, il passait beaucoup de temps ensemble.
Mais, la nuit du 18 novembre 1925 avait tout changé, souvent elle se la remémorait, elle fut réveillée en sursaut par son père, il lui dit de vite s’habiller, et d’aller l’attendre dans la cour. Marie sortit de sa chambre et aperçut sa mère allongée sur le lit, elle avait l’air malade. Elle donna la main à son père, de l’autre il tenait une lanterne, ils se dirigeaient vers la borie des châtaigniers, qui se trouvait à 200 mètres de leur ferme, il installa Marie sur un vieux matelas, la couvrit avec plusieurs couvertures, le vieux chien de la ferme se coucha près d’elle, et elle s’endormit. Au petit matin, son père la ramena chez elle, en rentrant elle appela sa mère, son père lui expliqua avec maladresse qu’elle était très fatiguée, qu’elle devait se reposer plusieurs jours et qu’il l’avait installée en haut, en lui montrant l’escalier du grenier. Il lui donna un bol de lait froid, et il sortit. Marie se mit à pleurer, en repoussant son bol violemment, elle voulait se blottir dans les bras de sa mère, sa douceur lui manquait.
Irène Labattut venait souvent préparer leurs repas, pour la grande joie d’Émile, son mari, qui en profitait pour jouer avec Marie. Le soir, elle se retrouvait seule avec son père qui lui parlait peu et il avait souvent le regard dans le vide. Après plusieurs mois passés dans le grenier, Lucie reprit sa place dans la maison, et Marie eut la surprise en rentrant de l’école de retrouver sa mère, qui lui préparait des crêpes.
Lucie avait maigri, ses longs cheveux blonds avaient perdu de leur splendeur et dans ses yeux bleus, la tristesse s’était installée. Marie lui sauta au cou en la serrant très fort, Lucie pleurait et l’embrassa avec tendresse.
— Tu n’as pas de leçons à apprendre, ma chérie ?
Marie s’installa sur le coin de la table, et elle apprit sa poésie par cœur.
— Maman, je la connais. Je peux te la réciter ?
— Je t’écoute, ma chérie.
Marie s’appliqua et pendant quelques minutes, la gaieté remplit la pièce. Puis son père rentra, elle rangea ses affaires, et mit la table. Maurice s’installa au bout de la table, le dos au cantou, et Lucie s’assit près de Marie pour manger en silence les crêpes avec du miel de leurs ruches. Les crêpes avalées, Marie aida sa mère à débarrasser la table et fit la vaisselle. Son père s’installa près du feu, bourra sa pipe et ses yeux étaient fixés sur les flammes. Il finit sa pipe et se mit à casser les noix. Lucie monta avec un panier, Marie regardait ses parents, si indifférents l’un à l’autre. Une demi-heure plus tard, Lucie redescendit.
— Marie, il est l’heure d’aller au lit.
Elle alla dire bonsoir à son père et entra dans sa chambre, se déshabilla, mit ses habits sur une vielle chaise. Sa mère rentra et passa le chauffe-lit dans ses draps. Marie se mit au lit, sa mère l’embrassa très fort, vérifia que le pot de chambre était bien sous le lit, puis sortit. Dans le coin de la pièce, une petite armoire calée par un morceau de bois, et près de son lit un chevet où elle mettait ses quelques livres : une chambrette très simple, qui berçait les rêves de Marie. Depuis cette nuit mystérieuse, ses parents n’allaient plus à la messe, Marie ne faisait plus sa prière le soir avant de se coucher. Pour ça aussi, Marie ne posa pas de questions, elle savait qu’elle n’obtiendrait pas de réponse, elle s’endormit avec le sentiment d’être bien seule.
Le mois d’avril arriva très vite et Marie n’allait plus à l’école depuis plusieurs jours. Un soir où elle rentrait les vaches dans l’étable, elle vit une bicyclette appuyée contre le puits au milieu de la cour, elle s’approcha et elle la reconnut, c’était celle de mademoiselle Laval, son institutrice. Elle continua son travail, elle donna le grain aux poules, elle ramassa les œufs, et se dirigea vers la porte d’entrée. Elle ouvrit et trouva sa mère et mademoiselle Laval en grande conversation. Mademoiselle Laval lui dit.
— Bonsoir, Marie. Enfin, je te vois !
— Bonsoir, mademoiselle, dit Marie en baissant la tête.
Sa mère lui fit signe de venir les rejoindre.
Marie déposa le panier avec les œufs sur le bord de l’évier en pierre, et alla s’asseoir près de sa mère. Mademoiselle Laval se trouvait en face d’elle, et la dévisagea.
— Marie, lui dit sa mère, Mademoiselle Laval s’inquiète de ne plus te voir en

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