L Ours et le Cygne, et autres nouvelles
75 pages
Français

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L'Ours et le Cygne, et autres nouvelles , livre ebook

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Description

L’Ours et le Cygne :
Dans le froid canadien, un jeune hockeyeur ayant perdu sa mère va devoir devenir l’homme de la maison, assumant ce que son père, détruit, n’a plus la force d’assumer. Va-t-il trouver la force de rester à ses côtés, d’autant plus lorsque son destin va croiser celui d’une patineuse étrangère, attisant sa curiosité ?
La Cigale et le Taureau :
Un journaliste haut en couleurs descend lors d’un chaud été dans la vielle maison de vacances de ses grands-parents, perdue en Camargue. Il est censé la vider et la vendre, mais il va se remémorer son enfance et découvrir par la même occasion que cette maison, et sa famille, cachent des cadavres dans les placards…
Le Corbeau et le Chien :
Une artiste londonienne déchue se retire dans sa maison de campagne afin d’avancer sur sa nouvelle toile, et de faire le bilan de sa vie. Elle va y rencontrer un homme mystérieux qui désire rédiger sa bibliographie.

Informations

Publié par
Date de parution 28 août 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9782312075884
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0012€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’Ours et le Cygne , et autres nouvelles
Théo Broussolle
L’Ours et le Cygne , et autres nouvelles
Un triptyque familial
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2020
ISBN : 978-2-312-07588-4
L’Ours et le Cygne
Chapitre I
Il faisait un froid polaire et pourtant on ne se trouvait qu’en Alberta. Bran et Abigaïl étaient des trappeurs expérimentés, ils étaient sur le chemin du retour à Fort Hill et allaient fêter Thanksgiving avec leur fils Chase. Ils allaient bien manger, non pas les bêtes qui alourdissaient leur traîneau dont principalement la fourrure les intéressait, mais une dinde farcie aux marrons achetée au supermarché de la petite ville. Ils allaient passer une bonne soirée et veiller au coin du feu avec les parents de Bran. Ils accéléraient, ne voulant pas manquer une miette des retrouvailles familiales. Leurs estomacs se faisaient entendre et leurs joues brûlaient des frimas qui claquaient leurs visages. La nuit tombait déjà et le brouillard se condensait.
« – Ralentis un petit peu, dit Bran.
– Je ne vois plus le chemin, attends va à droite, je vais regarder où on est. » Le couple sortit du sentier recouvert de neige et s’enfonça dans les herbes hautes. Soudain le traîneau à moteur se mit à glisser dangereusement. Ils s’y cramponnèrent avec frayeur et baissèrent la tête pour éviter les branches de pin qui passaient. Ils arrivèrent jusqu’en bas de la petite colline, avancèrent encore quelques mètres sur une surface lisse puis s’arrêtèrent.
« – J’ai eu une de ces peurs, soupira Abigaïl.
– Mais pourquoi t’as pas freiné ?
– Écoute, peu importe il faut trouver où on est, ils nous attendent et il n’y a aucun réseau ! – dit-elle en s’énervant sur son téléphone.
– Là, on est… » dit-il en sortant la carte. Mais des craquements se firent entendre sous leurs pieds. Bran regarda prudemment autour du traîneau puis s’écria :
« – On est sur un lac gelé !
– Merde ! Bouge plus !
– Il faut qu’on essaye de sortir avant que la glace rompe. Le traîneau est très lourd, c’est trop dangereux. – Les craquements s’étaient arrêtés. – Viens ! On sort, on s’occupera du traîneau après. » dit-il en s’exécutant. Il tendit la main à sa femme. Abigaïl commença d’enjamber à son tour le traîneau mais un craquement beaucoup plus fort que les précédents l’interrompit.
« – Vite, Abigaïl ! Dépêche-toi ! » Le traîneau se pencha et elle sentit le sol se dérober sous ses pieds. Elle fut entraînée par le traîneau dans les glaces.
« – Ahhh ! Bran ! Aide-moi !
– Donne-moi ta main ! » Elle essayait de se débattre pour sortir du piège de l’eau qui montait déjà jusqu’à sa ceinture. Bran attrapa sa main mais il glissait à son tour dans les glaces. Il essayait de reculer, de la tirer de là de toutes ses forces, mais elle était coincée dans le traîneau. Il tira un grand coup et la main de sa compagne glissa en dehors de son gant.
« – Naann ! Abigaïl ! »
Mais il était trop tard, elle criait en pataugeant dans l’eau glacée qui lui était arrivée jusqu’au visage. Bran essayait de la rattraper mais elle était trop loin et les glaces se fendaient sous ses pieds. Elle était entraînée par le traîneau dans les profondeurs du lac. Bran courut vers la terre, pour éviter d’être emprisonné avec elle, pendant que les fissures le suivaient précipitamment. Il se jeta sur la colline, à bout de souffle et observa le trou dans la glace duquel s’échappaient quelques dernières bulles. Il regarda le gant de sa femme puis se laissa tomber dans les hautes herbes et pleura de toutes ses forces : sa femme n’était plus en ce deuxième lundi d’octobre.
Chapitre II
Le décès d’Abigaïl avait fait souffrir énormément la famille Lockhart . C’était une femme forte, indépendante et très organisée qui menait ses proches à la baguette. Depuis ce jour, chaque soir ou presque, Bran buvait une infusion en regardant le vide de l’horizon par les fenêtres givrées de leur chalet, se balançant pour se rassurer sur son rocking-chair. Chase , lui n’avait que sept ans lorsque sa mère disparut, le changeant à jamais. Il se faisait suivre régulièrement par un psychologue et s’était réfugié dans sa seule passion : le hockey. Lorsqu’il allait chez des amis et qu’il les voyait rire aux éclats avec leur mère, il éprouvait une profonde jalousie qui le rongeait amèrement. Tous les matins, il déjeunait sans un bruit avec son père sur leur table rustique en érable massif. Il y régnait un silence de mort et Chase regrettait les matins ensoleillés où sa mère lui concoctait de délicieux pancakes au sirop d’érable.
Maintenant qu’il avait dix-sept ans et que l’accident de ses parents était devenu un sujet tabou, il devait pratiquement être l’homme de la maison. Il faisait les courses, les repas, et toutes autres corvées dont s’occupait généralement sa mère. Il avait essayé de trouver une nouvelle femme à son père mais sans succès, ce dernier gâchait chaque rendez-vous en grognant d’un air morose qu’il était l’homme d’une seule femme. Son père était bourru et têtu.
Le hockey sur glace était désormais la seule chose qui donnait à Chase de la joie de vivre. Il était doué, même sûrement le plus doué de l’équipe, mais n’était pas le capitaine, car l’entraîneur n’était autre que son père. En effet Bran s’était reconverti en coach sportif et était terriblement exigeant avec son fils. Ces dix dernières années l’avaient considérablement endurci et il voulait endurcir à son tour son fils.
On était en Septembre , le froid et les cours étaient revenus en même temps. Chase se sentait de nouveau déprimé après l’agréable été qu’il avait passé en camp de vacances avec des amis. Le premier match de la saison arriva et chacun des joueurs de l’équipe était fin prêt pour l’emporter contre l’équipe qui leur avait dérobé le titre l’année précédente. De plus ils jouaient à domicile. Ses grands-parents étaient dans les gradins, son père sur le banc de touche et lui rentrait avec ses amis et coéquipiers sur la glace. Ils levaient leurs bras comme des gladiateurs saluant la foule. L’acclamation provenant des sombres gradins procurait une bouffée de fierté à Chase . Les éblouissantes lumières étaient réverbérées par le sol immaculé et il avait l’impression de glisser sur un paradis terrestre au milieu du néant. Son meilleur ami Ned était le capitaine, il obtint le palet.
Le coup d’envoi fut sifflé, le rythme cardiaque de Chase subit une violente accélération et il fut porté en avant par une poussée d’adrénaline. Ses patins baptisèrent la glace avec brutalité. Il fit un appel de balle et se retrouva seul face à deux défenseurs, avec le palet devant lui. Feinte de passe, accélération, feinte à gauche, débordement, tir à pleine puissance. Le palet se souleva du sol et atterrit directement dans la jambière du gardien. « Chase ! Tire pas sur le gardien Bon Dieu ! » Chase avait l’habitude d’entendre les commentaires acerbes de son père depuis le banc de touche. Peu après, il manqua une passe qui aurait pu être décisive. « Chase , tu sors ! » Alors qu’il le pointait du doigt de son gros bras poilu, la voix de son père résonna dans sa tête comme le grondement du jugement dernier. Il sortit avec énervement de la glace pour laisser sa place d’ailier gauche à un remplaçant. Il transpirait abondamment sous son épaisse tenue. Il alla boire un demi-litre d’eau aux vestiaires et lorsqu’il revint, le premier tiers temps était fini et le score affichait un à zéro en faveur des adversaires.
Le briefing du coach dans les vestiaires consista essentiellement à faire des reproches aux joueurs qui étaient rentrés sur le terrain. Lors de la reprise, Chase rejoua et tenta de nouveau le coup du début de match. Au dernier moment, il vit que le gardien s’avançait et que Ned était seul derrière lui. Il lui passa le palet et Ned le poussa jusqu’au fond des filets. « Yes ! C’est ça Ned ! » En allant célébrer le but en frappant dans les mains de Ned , Chase entendit les paroles de son père qui n’avait apparemment d’yeux que pour Ned , et afficha

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