La Rose de Monteverdi
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Description

« Qui sait si la musique la sauverait, qui sait si dans la musique, elle se rencontrerait enfin, qui sait si Monteverdi, dans la tendresse et la force de son message musical, la libérerait de son tourment ! » Chez Claudio Monteverdi, la musique sublime le texte et se met au service des sentiments des personnages pour exprimer avec subtilité leurs joies et leurs peines. Gabriella Bianco, spécialiste de l'époque baroque, retrace le parcours artistique du musicien vénitien, célèbre pour avoir inventé l'opéra et composé des œuvres magistrales du répertoire. L'auteur mêle fiction et réalité, en insérant dans cette biographie romancée les étapes de la sublime histoire des amours contrariées d'Ariadna et de Levon. L'amante abandonnée se lamente dans un aria inoubliable, nous conviant à la suivre dans son voyage intérieur plein de passion et de mélodrame.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 mars 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342159981
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La Rose de Monteverdi
Gabriella Bianco
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
La Rose de Monteverdi
 
Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
Retrouvez l’auteur sur son site Internet :
http://gabriella-bianco.societedesecrivains.com
 
Ce livre est un livre de fiction. Tandis que noms et places sont réels, toute référence à des personnes ou événements est le produit de l’interprétation littéraire et poétique de l’auteur.
 
À Lévon
 
À Monteverdi
 
À Ana María González

«  Il faut glorifier le plus grand des innovateurs, que la passion et la mort consacrèrent vénitien, celui dont le sépulcre se trouve dans l’église des Frari, digne d’un pèlerinage : le divin Claudio Monteverdi, âme héroïque de pure essence italienne.  »
“Bisogna glorificare il più grande degli innovatori, che la passione e la morte consacrarono veneziano, colui che ha il sepolcro nella chiesa dei Frari, degno d’un pellegrinaggio ; il divino Claudio Monteverdi, anima eroica di pura essenza italiana”.
Gabriele D’Annunzio, Il fuoco, août 1900
 
 
 
Le poète Catulle dans le Poème 64, donne voix au désespoir d’Arianna :
« Toi, perfide, toi, Thésée, tu m’as arrachée à mon foyer pour m’abandonner sur une plage déserte. Tu fuis, oubliant les serments et méprisant les dieux. Rien n’a-t-il pu te détourner d’une décision si cruelle ? Aucune douceur, qui n’instille dans ton cœur féroce un peu de pitié pour moi ? Non, ce n’est pas ce qu’un jour tu m’as promis avec les caresses de ta voix, ce n’est pas l’espoir que je nourrissais, des noces heureuses et l’amour rêvé. Maintenant, tout cela est perdu dans le vent. Aucune femme ne croit aux serments d’un homme, personne n’est dupe quand il parle, même s’il semble sincère. Si dans son cœur il héberge l’envie de posséder, après l’avoir éteinte, il oubliera impassiblement toutes ses promesses. » (Catulle, Poème 64)
Monteverdi , dans une lettre du 22 octobre 1633, déclare :
“ Quando fui per scrivere il pianto del Arianna, non trovando libro che mi aprisse la via naturale alla imitatione né meno che mi illuminasse che dovessi essere imitatore, altri che Platone per via di un suo lume rinchiuso così che appena potevo di lontano con la mia debil vista quel poco che mi mostrasse ; ho provato dicco la gran fatica che sia bisogno fare in far quel poco ch’io feci d’imitatione (…)”.
Ce sont des mots d’une immense valeur, pour la compréhension de l’art de Monteverdi, des mots qui ne sont pas isolés dans l’épistolaire de Monteverdi, comme on peut lire dans une autre citation d’une lettre du 2 février 1634, qui clarifie le credo philosophique et esthétique du divin Claudio :
“(…) rivoltai gli miei studi per altra via appagandoli sopra a fondamenti de migliori filosofi scrutatori de la natura, et perché secondo ch’io leggo, veggo che s’incontrano gli affetti con le dette ragioni et con la sodisfatione de la natura (…) et provo realmente che non ha che fare queste presenti regole, con le dette sodisfationi, per tal fondamento ho posto quel nome di seconda pratica, (…) perché la mia intenzione è di mostrare con il mezzo della nostra pratica quanto ho potuto trarre da la mente de’ quei filosofi a servitio de la bona arte, et non a principii de la prima pratica, armonica solamente”.
Gian Francesco Malipiero, qui considérait Gabriele D’Annunzio comme le plus illustre des troubadours, écrit :
«  J’apportais à D’Annunzio – manuscrit réservé pour lui – la première réduction du troisième livre des madrigaux de Claudio Monteverdi, pour quatre violes et un violoncelle. L’édition splendide de toutes les œuvres du divin Claudio – honneur perpétuel au maître vénitien – n’était pas encore venue à la lumière. Je lui apportais, à lui seul, la nouveauté, contre beaucoup d’ignorance et contre beaucoup d’oubli. »
Gian Francesco Malipiero, le grand réalisateur de l’ Opera Omnia de Monteverdi, rédigé au Vittoriale des Italiens, entre 1926 et 1940.

“Lasciatemi morire.
E chi volete voi che mi conforti
In così dura sorte,
In così gran martire ?
Lasciatemi morire”.

« Laissez-moi mourir !
Que voulez-vous qui me réconforte
Dans un si rude sort
Dans un si grand martyre ?
Laissez-moi mourir !  »
Claudio Monteverdi Lamento di Arianna
Première partie. À la recherche du jardin secret – Ahi sciocco mondo e cieco…
 
 
“Lasciatemi morire.
E chi volete voi che mi conforti
In così dura sorte,
In così gran martire ?
Lasciatemi morire”.
Claudio Monteverdi, Lamento di Arianna
 
 
« L’amour est une toile qui borde l’imagination. »
Voltaire
 
 
“Qui sunt a Monteverdio, longiora intervalla et quasi percussiones inter canendum requierunt. Insistendo tantisper, indulgendo tarditati, aliquando etiam festinandum. Ipse moderator eris. In iis mira sane vis commovendorum affectuum”.
« Les compositions de Monteverdi requièrent, dans l’exécution, de plus amples respirations et des mesures qui ne soient pas régulières, parfois en pressant, parfois s’abandonnant à des ralentissements, parfois aussi accélérant. Toi-même, tu établiras le tempo. En cela, on trouve une capacité absolument prodigieuse pour susciter l’émotion. »
(Aquilino Coppini indique ces éléments comme spécifiques du langage de Monteverdi, 1609)
 
 
« (…) Je changeais mes études, choisissant un autre chemin, les satisfaisant au-dessus des fondations des meilleurs philosophes qui observent la nature. Selon ce que je lis, je vois qu’ils répondent aux affections avec les raisons données et par la satisfaction de la nature (…) je sens vraiment que les règles actuelles n’ont rien à faire avec les satisfactions nommées ; à cette fondation, j’ai donné le nom de seconde pratique (…) parce que mon intention est de montrer, par cette pratique, ce que je pouvais tirer de l’esprit de ces philosophes au service du bon art, pas des principes de la première pratique, qui est seulement harmonique.  »
(Dans l’Épistolaire de Monteverdi, on trouve ce passage dans la lettre du 2 février 1634, qui clarifie la foi philosophique et esthétique du divin Claudio) .
 
 
“(…) rivoltai gli miei studi per altra via appagandoli sopra a fondamenti de migliori filosofi scrutatori de la natura, et perché secondo ch’io leggo, veggo che s’incontrano gli affetti con le dette ragioni et con la sodisfatione de la natura (…) et provo realmente che non ha che fare queste presenti regole, con le dette sodisfationi, per tal fondamento ho posto quel nome di seconda pratica, (…) perché la mia intenzione è di mostrare con il mezzo della nostra pratica quanto ho potuto trarre da la mente de’ quei filosofi a servitio de la bona arte, et non a principii de la prima pratica, armonica solamente ”.
Chapitre I. Chi vuol vedere un bosco
Bercé par le bateau qui, de Mantoue, l’amenait à Venise, sa nouvelle patrie, Claudio avait fermé les yeux. La chaleur du jour était épuisante, au cours de ce mois d’août 1613. Il laissait derrière lui sa vie passée, mais il ne la regrettait pas. Le Duc de Mantoue l’avait exploité sans cesse. Il allait à Venise pour trouver un peu de repos, de silence, même s’il savait bien qu’à la fin, il ne s’épargnerait pas. Il suivrait son inspiration et sa fureur créatrice, sans jamais se demander si cela était le chemin juste. Son instinct le lui suggérait, son instinct ne l’avait jamais trahi ; il savait qu’il suivrait toujours sa propre oreille et sa raison. Grâce à sa naturelle propension à la recherche de nouveaux parcours de composition, et grâce à son expérience, il savait qu’il avait toujours eu raison.
Il n’avait jamais suivi le raisonnement, mais sa splendide barbarie l’amenait à donner libre cours à la tension qui se dégageait dans son âme. Et la tension révélait une passion qu’il savait exprimer seulement dans la musique. Il allait à Venise comme maître de chapelle, mais il ne se limiterait pas à écrire uniquement de la musique sacrée : Venise était une ville de fortes passions, une ville libre et libertaire. L’accord avec les prieurs lui permettrait de respecter les commanditaires qu’il recevrait.
Il ne renoncerait jamais à raconter ses histoires, lui, le drame en musique , le théâtre, il l’avait en lui ! Il regardait le monde comme si tout était un grand drame, classique et moderne, il n’y avait aucune différence : il aimait raconter les sentiments, les passions, surtout celles qui étaient héroïques, plutôt que les histoires !
Mais il n’y avait rien d’héroïque dans ce parcours agacé à travers la plaine du fleuve Pô, dans la fatigue d’août, dans la pesanteur du jour, à travers les paysages brumeux d’hiver et ardents d’été. Tenant les yeux fermés et s’essuyant la sueur qui coulait abondamment, Claudio pouvait percevoir la respiration de la campagne, observer la pauvreté des paysans malgré leur travail laborieux, dans la cruelle exploitation des seigneurs, comme ceux de Mantoue, qui avaient exigé sa totale disponibilité, sans jamais le rémunérer comme il le méritait. Il avait été exploité par les seigneurs de Mantoue, qui finalement l’avaient congédié, après avoir pris toutes ses énergies, sa force et son invention créative. Peut-être, à Venise, trouverait-il un milieu différent, la liberté à laquelle il aspirait !
Il avait choisi un parcours plus long, pour ne pas arriver trop tôt, pour ne pas quitter son fleuve sans surveillance. C’était le Pô, son fleuve, fort et solennel, qui

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