La Silhouette
84 pages
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La Silhouette , livre ebook

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Description

« Je t'ai regardé vivre ta vie, et j'ai attendu. Attendu que tu sois la plus vulnérable. Et ce moment est venu. »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 28 septembre 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342056167
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La Silhouette
Améko Kaïs
Mon Petit Editeur

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Mon Petit Editeur
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
La Silhouette
 
 
 
 
« Comment oublier ce visage  ?  »
C’est ce que Bianca n’arrêtait pas de se répéter depuis ce jour où tout a basculé.
« Je le vois partout, se dit-elle. Dans mes rêves, dans les miroirs, jusque dans le reflet des verres. »
Cela faisait maintenant trois jours que Bianca n’avait pas dormi. Elle somnolait une heure, ici ou là, mais pour revivre à chaque fois ce terrible moment.
« Qui est tu ? Disait-elle dans ses rêves. »
Mais la silhouette ne lui répondait jamais.
 
 
 
Quelques jours plus tard, Bianca s’était assoupie brièvement après avoir déjeuné seule, comme tous les jours. Alors qu’elle était bonne cuisinière, Bianca avait cessé de mitonner de bons petits plats, d’en faire mijoter d’autres, le jour où Charles est décédé. C’était en 1984. Comme elle avait été heureuse avec Charles. Ils vécurent simplement, dans la ferme familiale de Bianca, isolée au milieu des champs. Mais il y a bien longtemps que toute activité agricole avait cessé. Charles avait vendu les champs qui leur appartenaient, ainsi que le vieux tracteur, même les bêtes avaient été vendues. Ils vivaient de leurs maigres retraites, l’argent reçu par la vente des biens ne leur servait qu’à arriver à la fin du mois. Loin d’eux, de leurs principes, de leur mode de vie était l’envie de vivre de manière fastueuse. Ils n’avaient même pas la télévision. Ils se contentaient de vivre leur vie, sans enfant, car Charles n’en a jamais voulu. Les premiers voisins étaient à cinq cents mètres. Marguerite et Jean habitaient une petite maison. Marguerite, malgré ses soixante-seize ans, venait toujours à vélo en empruntant le chemin escarpé qui menait jusqu’à la ferme de Charles et Bianca, pour rendre visite à son amie. Les deux femmes s’étaient rencontrées lorsque Marguerite et Jean avaient acheté leur maison en 1947. Bianca était venue leur souhaiter la bienvenue, et les deux femmes, qui avaient le même âge, s’étaient tout de suite bien entendues. Et très vite, le mercredi après-midi était devenu leur rendez-vous hebdomadaire.
 
Bianca se réveilla en sursaut, elle tremblait de peur. Cette fois, la silhouette qui lui apparaissait se déplaçait. Alors qu’elle était toujours immobile, calme et sereine, cette silhouette lointaine se mit à bouger. Elle avançait doucement, comme flottant dans l’air. Elle se déplaçait sans bouger les bras et les jambes. Bianca ressentait le calme et la sérénité, malgré la manière dont bougeait la silhouette. Lorsqu’elle fut à sa hauteur, d’un seul coup, tout devint glacial, et la silhouette se mit à hurler. Le son était strident. Bianca fut si paniquée par ce rêve, qu’elle marcha, bien que péniblement, jusqu’au téléphone pour appeler Marguerite. Nous n’étions que lundi et elle ne viendrait pas avant mercredi. Mais Bianca avait eu si peur, qu’elle ne put faire autrement que de parler de ce rêve, pour se rassurer. Mais le téléphone sonna dans le vide, Marguerite ne décrocha pas.
« Elle est peut-être partie à la boucherie, pensa Bianca. »
Comme le printemps commençait à montrer les premiers signes des beaux jours, Bianca alla dehors, s’asseoir sur le banc qui était juste à droite de la porte d’entrée, pour boire son café en admirant la nature et la vie suivre son cours sans se soucier du lendemain. Cette vision l’a toujours apaisé. Depuis la mort de Charles, dans les moments de tristesse, de morosité, c’était-là la seule chose qui l’apaisait, regarder la nature vivre.
 
Arriva le moment qu’elle redoutait le plus de la journée, le moment de se coucher. Elle savait pertinemment que, soit elle s’endormirait et rêverait de cette silhouette, soit la peur allait l’emporter et la maintenir éveillée. Mais avec déjà trois jours d’insomnie, malgré les petites somnolences ici ou là, la fatigue commençait à faire ressentir ses effets néfastes. Parfois, Bianca manquait de chuter, ou avait des vertiges. Elle savait qu’il fallait qu’elle dorme. Le sommeil avait fini par l’emporter. Bianca s’en rendit compte lorsqu’elle se réveilla en larmes. Dans ce rêve, la silhouette apparaissait heureuse, elle était appuyée contre un grand chêne, au sommet d’une colline, et un écureuil avait fini par venir vers elle et regardait le livre qu’elle lisait. Bianca assistait à la scène depuis le bas de la colline, la silhouette ne remarqua même pas l’écureuil. Bianca ressentait le même calme et la même sérénité que lorsqu’elle était assise sur son banc à contempler la nature. Mais le ciel s’assombrit brusquement, de gros nuages noirs couvrirent le ciel azur, et un orage éclata. La silhouette ne sembla pas remarquer le changement de météo tant elle était plongée dans son livre. La foudre s’abattit sur le chêne centenaire, et une énorme branche se brisa et écrasa la silhouette. Bianca se mit à hurler, puis couru vers la silhouette pour lui venir en aide, mais malgré cela, la distance entre elle et la silhouette restait la même. Bianca pleurait, angoissée par ce qui venait de se produire et par son incapacité à pouvoir venir en aide à cette silhouette. Elle parvenait à bouger sans pour autant se déplacer. C’est alors qu’un autre coup de foudre éclata et réveilla Bianca. C’est au réveil qu’elle pleurait encore. Elle ne comprenait pas le sens de tout cela.
Qui est cette silhouette ? Pourquoi est-ce que je ressens toutes ces émotions ? Elle me fait peur, rire, pleurer, m’apaise, m’angoisse. Bianca ne cessait de se poser ces questions. Parfois, elle se disait qu’après tout, ce ne sont que des rêves, et les rêves ne sont pas réels. Mais pourquoi avaient-ils des conséquences à son réveil ? Pourquoi ressentait-elle encore de la peur, pourquoi pleurait-elle encore au réveil ?
« Marguerite va venir demain après-midi, je vais lui raconter ces rêves. Mais il faut encore que je passe cette nuit, pensa Bianca. »
Il n’était que quatorze heures et Bianca angoissait déjà la prochaine nuit. Elle décida d’aller s’asseoir sur le banc, près de l’étang situé derrière la ferme. Il y avait des années qu’elle n’y était pas allée.
« Voilà bien longtemps que ce terrain n’a pas été entretenu, se dit-elle. »
Les herbes étaient hautes, on distinguait à peine le chemin en pierre qui menait de la maison à l’étang. Bianca se rappela alors qu’il fut un temps où il y avait des poissons dans cet étang, et se demanda s’ils étaient toujours là ou pas. Elle se dit alors qu’elle allait scruter la surface de l’eau, pour voir si un poisson remontait, ou s’il allait nager assez près de la surface pour créer un remous. Tout en regardant la surface de l’eau, Bianca se mit à penser à Charles, lorsqu’il venait parfois pêcher au petit matin. Elle se mit à sourire en repensant au petit rituel de Charles. Il avait pris pour habitude de porter une veste à carreaux, avec un bleu de travail tenu par des bretelles, ses bottes en caoutchouc, et son chapeau de paille. Mais ce qui amusait Bianca, c’est qu’il mettait toujours sa chemise à l’envers. Il n’attrapait pas toujours de poissons, mais quand cela arrivait, il le relâchait :
« C’est ça, être un vrai pêcheur, disait-il. »
 
 
 
Cette nuit-là, Bianca ne rêva pas de la silhouette, elle n’avait pas fermé l’œil de la nuit. Aujourd’hui, la fatigue n’avait que peu d’importance car Marguerite allait venir pour leur traditionnel rendez-vous du mercredi après-midi. Elle arrivait toujours vers quatorze heures trente, Bianca l’entendait venir, car la sonnette de son vélo tintait toute seule à cause du chemin cahoteux. Elle allait enfin pouvoir raconter à son amie ce qui lui arrivait, ces rêves, cette silhouette.
« Marguerite, je suis heureuse de te voir, se réjouit Bianca.
— Qu’est-ce qu’il t’arrive, tu as l’air épuisée ?
— Viens, il faut que je te raconte. »
Les deux amies s’installaient d’habitude autour de la table, dans la cuisine, mais cette fois, Bianca souhaita qu’elles s’installent sur le banc, devant la maison.
« Que se passe-t-il ? Demanda Marguerite, inquiète devant l’état de fatigue évident de son amie.
— Je ne dors plus depuis jeudi dernier.
— Comment ça, tu ne dors plus ?
— Soit je m’endors et fais des rêves étranges, et me réveille apeurée, ou en larmes, soit la peur de faire ces rêves m’empêche de dormir.
— Raconte-moi, de quoi rêves-tu ? »
Bianca raconta alors ses rêves. Elle parla à Marguerite de la silhouette, de sa sérénité mais aussi de ses cris, du côté angoissant qu’elle a. Elle lui décrivit ce qui se passe durant ces rêves.
 
« Mais qui est-elle ? À quoi ressemble-t-elle ?
— Je ne sais pas qui est-ce. C’est justement ça qui me tracasse le plus. J’ai de la tendresse pour elle, mais à chaque fois, quelque chose d’horrible se passe, soit elle me fait peur, soit elle est victime d’un accident, et je ne peux l’aider.
— Mais, elle a l’air de quoi cette silhouette ?
— Et bien, elle est assez grande, mais je ne vois pas bien ses traits. Elle ressemble plutôt à une fumée noire, à forme humaine.
— Et dans le rêve où à la fin elle est près de toi et hurle, tu ne vois pas son visage ?
— Non, dit Bianca angoissée, elle a toujours cet aspect de fumée noire. Mais quand elle a ouvert la bouche pour crier, l’intérieur était d’un noir complet, opaque, qui n’avait rien à voir avec l’aspect fumé qu’elle a.
— Et pourquoi ressens-tu de la tendresse pour elle ?
— Je ne sais pas, elle a l’air si sereine.
— Tu m’inquiètes Bianca, tu devrais peut-être aller chez un médecin ?
— Non   ! Répondit brusquement Bianca, tu sais à quel point je déteste ces cha

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