La Traversée de la Nationale
168 pages
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La Traversée de la Nationale , livre ebook

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Description

« Beaucoup de vérités, des mensonges parfois, vengeances de jalouses. En tout cas, c'est bien au bras d'Augustine qu'il rentra dans l'église le jour de leur mariage, vêtu d'un costume qu'il avait acheté de moitié avec son frère qui se mariait la semaine suivante. Marcel ne prit plus jamais le bras d'une autre femme. Augustine a beau se dire qu'il lui en a fait voir, il reste définitivement son héros. Néanmoins, elle reste une femme libre et lui dira toujours ce qu'elle a sur le cœur. » À quatre-vingt-six ans, Augustine voit surgir du néant le fantôme de son mari Marcel, disparu depuis une trentaine d'années. Celui-ci lui propose de venir le rejoindre dans la mort pour «?vivre un bonheur éternel?». Cette incroyable apparition occasionne pour la vieille dame solitaire une intense introspection. Elle se souvient de son amour trop tôt envolé et se laisse progressivement convaincre de faire le dernier voyage. Gérard Grenier Barbedette conte une merveilleuse histoire d'amour qui défie les lois de la nature comme afin d'en prouver les pouvoirs insoupçonnés.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 20 avril 2018
Nombre de lectures 1
EAN13 9782342160734
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0056€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La Traversée de la Nationale
Gérard Grenier Barbedette
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
La Traversée de la Nationale
 
Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
« Il n’est plus grande gloire que de mourir d’amour. »
Gabriel Garcia Marquez
 
À mes parents, Augustine et Marcel
 
Augustine, vieille dame de quatre-vingt-six ans, rencontre, à quelques jours de la Toussaint, le fantôme de son mari Marcel, mort une trentaine d’années plus tôt. Assis sur une branche de la croix de sa propre tombe, il lui annonce simplement qu’il est venu la chercher.
Augustine va vivre des jours exceptionnels avec cette grande décision à prendre : est-elle vraiment prête pour accéder au désir de Marcel et rejoindre son seul amour, disparu trop vite, et vivre avec lui un bonheur éternel ?
1
Fin octobre 1998
Difficile de décrire la stupeur d’Augustine, vieille femme de quatre-vingt-six ans, occupée à frotter les petits cailloux d’une tombe dans le cimetière de son village, quand elle s’aperçoit qu’elle tient dans une main une chaussure noire, brillante, moulant un grand pied, et surtout entend cette voix reconnaissable entre toutes : « Attention ! Tu vas les rayer. »
Augustine, à genoux sur l’étroite allée qui longe quelques sépultures, serait tombée en arrière si elle n’avait pas été retenue par une pierre tombale. Marcel, son homme, en costume gris, légèrement moiré, cravate et belles chaussures noires, se tient devant elle, assis sur une des branches de la croix.
— Mon Dieu, rendez-moi mes yeux, implore Augustine.
Ce à quoi répond Marcel :
— Eh bien, moi, je vois une charmante petite bonne femme.
Son Marcel mal embouché, l’habitant de cette tombe qu’elle entretient amoureusement depuis plus de trente ans, Marcel, cinquante-trois ans à l’époque de sa mort, mélange de Gabin de La Grande Illusion et de Pépé le Moko , est bien là.
Il lui revient à quelques jours de la Toussaint, après bientôt trente-huit ans de séparation.
Augustine réussit à se relever et trottine vers la sortie en laissant ses outils de nettoyage.
Tout ce bouleversement n’a pas échappé à la vieille Amélie, quelques tombes plus loin. La vieille femme accourt.
— Augustine, vous vous trouvez mal ? Vous avez vu le diable ou quoi ?
Oh, non ! Augustine est restée trop longtemps à genoux et elle a la tête qui tourne. La vieille femme se sauve.
Amélie lui crie qu’elle lui rangera ses outils.
— Reposez-vous bien.
2
Allez dormir après cette épreuve ! Augustine commence à croire à l’explication donnée à Amélie.
La nuit est arrivée, la vieille femme se tourne et se retourne dans son lit. Le moindre bruit la fait sursauter, c’est souvent le vrombissement habituel d’une voiture qui passe sur la route devant sa maison.
Augustine se souvient : Marcel, avec ses yeux bleus, sa chevelure noire légèrement bouclée. Ah ça ! Les femmes se retournaient sur son passage, mais c’était le bras d’Augustine qu’il tenait fermement. Marcel, l’homme du peuple, magnifique, aux bras tatoués, souvenir des camps de prisonniers de la guerre 39-45, du stalag sept, camp de Moosburg près de Munich, pas très loin du camp de concentration de Dachau.
Augustine sourit à l’évocation du costume gris moiré qui prenait des teintes légèrement colorées en fonction de la direction du soleil. Un costume acheté pour le mariage d’un filleul. Quelle histoire pour convaincre son homme de posséder cette merveille.
Finalement Marcel a dû le porter deux ou trois fois, et on peut dire qu’il l’a emporté dans sa tombe.
Son mari préférait le bleu de travail, un pour la semaine et un autre pour le dimanche, plus bleu, plus propre, sans taches, qu’il revêtait après la messe. Cet homme était propre et il faut le signaler, surtout en cette fin d’année 50, où l’hygiène à la campagne n’était pas une priorité, c’est le moins qu’on puisse dire.
Minuit moins le quart, Augustine ne dort toujours pas. Elle se décide à rallumer la lumière et prendre le livre posé sur la table de chevet, le deuxième tome des Semailles et les Moissons d’Henry Troyat, car Augustine aime lire. Au club du troisième âge, situé au centre du village, elle épate ses copines par son savoir éclectique. Souvent, elle s’y sent bien seule, elle aimerait tant parler de ses trois auteurs préférés, qu’elle met au pinacle : Henri Troyat, Bernard Clavel et Claude Michelet.
Elle aime particulièrement Michelet, qui parle des paysans, des petites gens, c’est un ancien agriculteur quand même.
Tous ces livres viennent de la bibliothèque de la ville voisine. Sa fille Nicole, qui habite au bout du village, y est inscrite et rapporte régulièrement à sa mère ses livres préférés.
Elle s’ennuie un peu au club, elle s’en plaint souvent à sa fille.
« Toutes ces vieilles bonnes femmes, elles ne savent pas grand-chose. »
Par exemple, elle adorerait faire un scrabble mais elle ne trouve personne, heureusement qu’elle aime jouer à la belote.
Sur la table de nuit trônent aussi quelques Intimités et Nous Deux, ce sont les invendus que lui donne Micheline, l’épicière. Augustine dévore les romans-photos à l’intérieur de ces magazines, même si elle dit que c’est toujours la même chose.
Au moment d’allumer la lampe de chevet, le téléphone sonne. À presque minuit, ce n’est jamais bon. Il est arrivé quelque chose chez sa fille. Elle laisse sonner quelques instants mais le correspondant inconnu persiste. Répondre ou ne pas répondre, là est la question ! Augustine tremble un peu, sa fille a peut-être tout simplement oublié de lui dire quelque chose d’important.
Finalement, elle prend le combiné du gros téléphone gris. Une voix d’homme au bout du fil, un homme qui ne se présente même pas.
— Votre mari est là ?
Augustine n’en revient pas, qu’est-ce qui se passe en cette fin de journée ? Ce n’est pas la Saint Marcel, tout de même ! Sa réponse arrive sans qu’elle réfléchisse :
— Mon mari est au cimetière.
Elle a failli rajouter : « Je l’ai même vu aujourd’hui ».
La réponse au bout du fil ne se fait pas attendre.
— Super, vieille putain, prépare-toi, j’arrive !
Nicole lui a pourtant répété plusieurs fois de ne pas répondre la nuit à ces tarés qui viennent jusqu’en nos campagnes terroriser les femmes seules. Augustine vient de se souvenir que sa fille a un code pour l’appeler. Elle sonne une fois, s’arrête et rappelle.
La pauvre vieille se remet doucement de sa mésaventure, prend son courage à deux mains, sa lampe de poche qui n’est jamais très loin, et quitte la chambre.
Elle descend l’escalier abrupt, une main tenant fermement la rampe. Elle arrive dans la cuisine salle à manger. Près de la porte d’entrée se tient la chienne Tosca. Augustine aime bien le mot Tosca, c’est un mot musique, rien à voir avec l’opéra, mais elle connaît bien les aventures de Maria Callas qu’elle lit dans les revues de l’épicière.
Le petit animal qui, d’habitude, viendrait folâtrer à ses pieds, reste dans son coin, piteux. Augustine s’approche, la tache de lumière de la lampe de poche éclaire une petite crotte baignant dans une flaque d’urine.
Depuis bientôt deux ans, date de son arrivée chez Augustine, et bien que la maison ait une petite cour, cette chienne, toutes les nuits, offre à sa vieille maîtresse une petite crotte baignant dans une flaque d’urine. Tous les matins, vers sept heures, Augustine prend la serpillière, la pelle et ramasse les saloperies de sa chienne, qui reçoit sur le museau un coup de serpillière imbibée. L’animal émet un petit couinement et reste tapi dans sa couche.
Augustine nettoiera demain matin, le mal est fait.
Elle explore quelques instants la pièce, écoute les bruits de la nuit et ferme le verrou du haut de la porte d’entrée. Elle ne peut s’empêcher de penser à Marcel.
Elle remonte bientôt se coucher et ne dormira pas avant trois heures du matin.
3
Augustine sursaute et regarde le réveil : huit heures trente. Son sommeil a été très agité. Marcel ne l’a pas quittée, ni cet homme au téléphone qui va peut-être venir la violer, même à son âge. La vieille femme a lu, dans le journal Ouest France qu’elle reçoit tous les jours, ce genre de pénible histoire.
Mais ce qui l’a sûrement réveillée, ce sont les coups redoublés donnés sur la porte d’entrée.
Augustine saute du lit, enfile sa robe de chambre et descend l’escalier. Elle a complètement oublié Henriette, l’aide ménagère, une femme du village qu’elle a connu petite fille. Henriette tient beaucoup à l’appellation Auxiliaire de Vie. « Auxiliaire de l’éponge et du liquide vaisselle », ronchonne Augustine, les jours de mauvaise humeur.
Elle ne veut pas qu’Henriette voie les désastres de sa chienne. Devant la porte, elle crie « J’arrive », et nettoie vite, sans oublier de donner un coup de serpillière sur le museau de Tosca qui, pas rancunière, lui saute sur les jambes.
— Bah, alors, qu’est-ce que vous avez fait cette nuit ? Ça ne vous ressemble pas !
— Ne m’en parlez pas, figurez-vous…
Et Augustine raconte l’histoire de l’homme au téléphone, en s’abstenant bien sûr de parler de son Marcel, elle n’a pas envie d’être prise pour une vieille folle. Henriette réagit comme Nicole. Ne pas répondre, c’est tout. Elle avoue que ça lui est arrivé aussi, mais bon, son homme est là pour la protéger.
Henriette jauge la grande pièce : nettoyer la vaisselle et briquer les cuivres.
Augustine offre un caf

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