Le bonheur en bouquet
246 pages
Français

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Le bonheur en bouquet , livre ebook

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Description

De nouvelle en nouvelle, comme s’il égrainait les douze mois d’une année décisive, le lecteur s’immerge dans douze tranches de vie. S’écoulant entre 2012 et 2016, elles présentent d’étonnantes similitudes… La densité et la convergence des trajectoires individuelles atteignent un point d’orgue à l’occasion d’une chaude soirée de juin 2016 dans l’est parisien. Ce soir-là, à l’occasion d’une fête des voisins, toutes ces vies se croisent aux quatre coins d’une cour foisonnante de verdure qui les retranche de l’agitation alentour. Leur vérité se fait jour. Elle éclate comme le bouquet final d’un feu d’artifice qui crépite tout au long des 1200 pages d’histoires riches en émotion. Leur quête de bonheur a le parfum des fleurs, la forme d’un bouquet et une recette bien particulière que deux des protagonistes veulent livrer au plus grand nombre. Les ingrédients de cette recette, c’était impératif : il fallait les nommer, les écrire à deux mains, les chanter…

Informations

Publié par
Date de parution 24 octobre 2019
Nombre de lectures 2
EAN13 9782312069302
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Le bonheur en bouquet
Sabine de Romance
Le bonheur en bouquet
Tome 1
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2019
ISBN : 978-2-312-06930-2
Le bonheur, c’est l’art de composer un beau bouquet avec les fleurs qui sont à notre portée.
« Le même désir veille,
là tout au fond des cœurs,
tout changer en douceur,
changer les âmes,
changer les cœurs avec des bouquets de fleurs.
Ah ! Sur la terre il y a des choses à faire !
Moi, pour te donner du cœur,
je t’envoie des fleurs. »

Alain Souchon et Laurent Voulzy
Être , ou ne pas être : telle est la question. Y a-t-il pour l’âme plus de noblesse à endurer les coups et les revers d’une injurieuse fortune, ou à s’armer contre elle pour mettre frein à une marée de douleurs ? Mourir … dormir, c’est tout… Calmer enfin, dit-on, dans le sommeil les affreux battements du cœur ; quelle conclusion des maux héréditaires serait plus dévotement souhaitée ? Mourir … dormir, dormir ! Rêver peut-être !
William Shakespeare, Hamlet – Acte III, scène 1
À tous ceux que j’aime.
À mes enfants particulièrement, Apolline, Pierre, Constance, Maxime.
Prologue
Rien n’échappe au destin, pas même le hasard. Ni les rencontres, ni les événements heureux ou tragiques, ni les lieux où se trament les existences, ni le surgissement de la vie, ni la mort ne s’affranchissent du destin, ou plus exactement de la destinée humaine. Cela ne se démontre pas, cela s’expérimente. Le hasard ne suffit pas à réfuter l’idée d’un ordre du monde, il ne la rend que plus passionnante, ou désespérante, selon les événements qui adviennent… D’ailleurs, sans le hasard, on peut même affirmer qu’il n’y aurait pas de rencontres véritables, pas de recommencement possible après l’échec, pas d’aventure en somme. Pas de suspens, pas de rebondissements… Le destin, souvent, se joue à rien. Parfois une minute suffit pour faire une rencontre décisive, ou bien la rater de façon définitive. Cette minute, précisément, est trop précieuse pour être le fruit du hasard. Le temps n’est pas assujetti au hasard, il joue avec lui, il tisse ainsi des projets qui nous dépassent. Il faut juste de la patience, et une certaine sagesse, pour comprendre toute cette logique complexe…
C’était en substance le résumé de la thèse qu’élaborait Isabelle en secret dans l’ombre de son esprit troublé, au fil de ses occupations futiles et de ses déambulations sans but où elle tentait en vain de dissoudre son angoisse existentielle. Elle venait de lire dans les rayons papeterie des Galeries Lafayette , sur une carte joliment illustrée, que le hasard, c’était peut-être le pseudonyme de Dieu quand il ne veut pas signer. C’était Théophile Gautier qui avait écrit cela dans La Croix de Berny . Et si c’était vrai ? Si le hasard c’était Dieu incognito qui passe parmi nous et qui traverse tous les jours notre quotidien ? Sur une autre carte, elle avait lu du même auteur que les âmes sœurs finissent par se trouver quand elles savent attendre. Et si c’était vrai aussi, ce destin amoureux plein de clémence qui demande juste de la patience car il écrit droit avec des lignes courbes ?
Tout comme elle, depuis l’automne, l’année 2013 n’en finissait plus de se languir comme un agonisant que la vie retient encore par quelques fils ; chaque journée qui parvenait à s’achever selon la règle édictée par les lois de la nature lui donnait raison. À la fin du mois d’octobre, la nuit du vingt-six au vingt-sept très précisément, on était passé à cette lugubre heure d’hiver ; elle venait clôturer une semaine particulièrement éprouvante pour Isabelle . Depuis lors, plus rien ne semblait se passer dans sa vie. Elle était une sorte de nuit sans lune ni étoiles. Elle était exsangue, suspendue dans l’attente d’un événement fatal comme le dernier souffle dans les narines d’un mourant ou le fracas cosmique qui marquerait la fin du monde. Elle attendait confusément une immense déflagration puis le néant qui l’absorberait, puis peut-être une renaissance. Le vingt-quatre octobre, c’était la date anniversaire de la séparation de ses parents. Elle ne l’oubliait jamais ; elle voyait comme si elle y était sa mère quittant la maison en claquant la porte et ne revenant plus. Toute la nuit, elle avait été absente. Puis la journée suivante, et cela pour la vie entière… Et comme par une malédiction du sort, cette année-là, la treizième du troisième millénaire – et cela n’était sûrement pas le hasard que cela tombât cette année-là précisément –, le vingt-quatre octobre, elle avait compris que l’histoire se répétait dans les familles, qu’on avait beau espérer une situation meilleure que celle de ses parents, le poids de l’hérédité, ou celui du destin, pesait plus lourd que toutes les espérances. Un texto lu sur le portable de son mari lui avait suffi pour comprendre que la fin était imminente. C’était trop ambigu pour ne pas susciter de soupçons. C’était un message de sa secrétaire ; or il fallait toujours se méfier des secrétaires, sa mère l’avait suffisamment dit et répété. Jessica avait écrit : « Sébastien , n’oublie pas notre rendez-vous de demain matin. Bisous ». Bisous … Au pluriel en plus ! Avec un smiley qui envoyait un bisou. C’était trop familier pour ne pas révéler au grand jour tout ce que cela cachait dans le secret. Elle voyait Jessica appliquant sa bouche charnue partout sur le visage de Sébastien et cette vision l’horrifiait, la hantait, la désespérait… Quand les images de l’adultère avaient fini d’envahir tous les interstices de son imagination, alors la bande son prenait impitoyablement le relai et les cruelles réparties d’une dispute monumentale bondissaient dans son esprit fébrile, celle qui consommerait la rupture et qui ne tarderait pas à éclater. Tout partait toujours de la même phrase que Sébastien avait marmonnée quelques jours auparavant, après qu’elle lui eût adressé un reproche : « Depuis que je suis marié, je suis un homme mort »… Ils étaient tous deux comme morts, finalement, asphyxiés, enterrés sous les décombres pesants de leur vie conjugale ratée.
Rien ne semblait se passer non plus dans la vie des parisiens. C’était tout au moins ce que pensait Isabelle qui, à cette heure-ci, déambulait parmi eux devant les vitrines de Noël des Galeries Lafayette , frigorifiée, transpercée par l’humidité de la bruine qui suintait sans répit du ciel grisâtre de novembre. Une horde de consommateurs avançait boulevard Haussmann , au niveau des grands magasins. Ils avaient l’expression renfrognée de ceux qui accomplissent une tâche nécessaire et ennuyeuse, l’air blasé, fatigué ; ils paraissaient défraîchis et déracinés, hagards comme des brebis avançant tête baissée vers l’abattoir. Ils se pressaient tous sur les trottoirs, agrégés les uns aux autres dans une foule compacte mais plongés dans la plus profonde indifférence au sujet de ce qui se passait autour d’eux. L’égoïsme et la consommation étaient les liens qui les attachaient ensemble autour des grands magasins, songeait Isabelle . Paris est-il vraiment une fête, même à l’approche de Noël ? Cette grosse peluche rose grimaçante, placardée en affiche publicitaire au-dessus de la porte d’entrée, ne parvenait pas à faire diversion dans cette ambiance morose. Elle était hideuse. Tout comme la fin de cette année. Bientôt une nouvelle année s’ouvrirait pour tous ces gens. Pour elle aussi peut-être. Qu’allait-elle donner celle-là ? Elle espérait un changement, en bien. Une vie meilleure, plus belle. Mais tout, pourtant, semblait indiquer exactement l’inverse. Elle venait de fêter ses quarante ans, le jour de la fête des morts. Quelle plaie d’être née un deux novembre ! Chaque année, cette date la poursuivait. Elle soufflait ses bougies comme on les souffle la nuit venue au chevet d’un lit de mort, après l’avoir veillé dans l’obscurité. La dispersion du petit nuage de fumée au-dessus du gâteau lui faisait penser à celle des cendres après la crémation. Cette fois-ci, ça avait été encore pire que d’habitude. Elle avait ouvert les yeux le matin en songeant à sa sépulture, imaginant le parterre de ses proches pressé autour du cercueil, ou du columbarium peut-être… Elle s’était couchée tôt le soir, déprimée d’avoir déjà quarante ans et d’attendre toujours le bonheur, refusant d’aller au restaurant en famille comme l’avait proposé Sébastien qui s’était tout à coup souvenu qu’elle passait une dizaine.
Un silence paisible enveloppait toute chose, et la dernière nuit de l’année était au bout de son cours rapide. Le mercredi 1 er janvier 2014, alors que le petit matin surgissait péniblement dans une pâleur mal assuré

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