Le bonheur en bouquet
261 pages
Français

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Le bonheur en bouquet , livre ebook

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Description

De nouvelle en nouvelle, comme s’il égrainait les douze mois d’une année décisive, le lecteur s’immerge dans douze tranches de vie. S’écoulant entre 2012 et 2016, elles présentent d’étonnantes similitudes… La densité et la convergence des trajectoires individuelles atteignent un point d’orgue à l’occasion d’une chaude soirée de juin 2016 dans l’est parisien. Ce soir-là, à l’occasion d’une fête des voisins, toutes ces vies se croisent aux quatre coins d’une cour foisonnante de verdure qui les retranche de l’agitation alentour. Leur vérité se fait jour. Elle éclate comme le bouquet final d’un feu d’artifice qui crépite tout au long des 1200 pages d’histoires riches en émotion. Leur quête de bonheur a le parfum des fleurs, la forme d’un bouquet et une recette bien particulière que deux des protagonistes veulent livrer au plus grand nombre. Les ingrédients de cette recette, c’était impératif : il fallait les nommer, les écrire à deux mains, les chanter…

Informations

Publié par
Date de parution 24 octobre 2019
Nombre de lectures 35
EAN13 9782312070117
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Le bonheur en bouquet
Sabine de Romance
Le bonheur en bouquet
Tome 2
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2019
ISBN : 978-2-312-07011-7
Le bonheur, c’est l’art de composer un beau bouquet avec les fleurs qui sont à notre portée.
« Le même désir veille,
là tout au fond des cœurs,
tout changer en douceur,
changer les âmes,
changer les cœurs avec des bouquets de fleurs.
Ah ! Sur la terre il y a des choses à faire !
Moi, pour te donner du cœur,
je t’envoie des fleurs. »

Alain Souchon et Laurent Voulzy
Être , ou ne pas être : telle est la question. Y a-t-il pour l’âme plus de noblesse à endurer les coups et les revers d’une injurieuse fortune, ou à s’armer contre elle pour mettre frein à une marée de douleurs ? Mourir … dormir, c’est tout… Calmer enfin, dit-on, dans le sommeil les affreux battements du cœur ; quelle conclusion des maux héréditaires serait plus dévotement souhaitée ? Mourir … dormir, dormir ! Rêver peut-être !
William Shakespeare, Hamlet – Acte III, scène 1
À tous ceux que j’aime.
À mes enfants particulièrement, Apolline, Pierre, Constance, Maxime.
Tendresse
Sa voix se mêlait désagréablement aux bruits de la vaisselle et de la radio mise en sourdine. L’eau coulait et giclait sur cette foutue cocotte-minute impossible à récurer. Avec un peu de paille de fer, on devrait y arriver. J’aimerais arrêter de l’entendre discourir sur un ton docte et faire la pluie et le beau temps à sa sauce, parler comme une diva hypnotique, comme une manipulatrice de bas-étage. Un bon petit coup de paille de fer sur le crâne… La réduire enfin au silence, pour toute la vie. Récupérer Maxime , le récurer aussi, le sortir de cet état de torpeur. Bon sang, il n’a rien de mieux à faire que de l’écouter ? Allez , le reste, je le mets dans la machine. Une heure là-dedans et ça ressort propre et sec. Une heure devant l’autre qui se prend pour je ne sais qui et ça ressort flasque et abruti. Lénifié . Lubrifié . Graissé par sa pommade de bonimenteuse. Travailler , la regarder, l’écouter et dormir. Il n’y a rien d’autre dans sa vie. Et moi, alors ? Il ne me regarde jamais comme il la regarde. Il ne m’écoute jamais comme il l’écoute. Et au lieu de ça, je reste en carafe dans la cuisine à déblayer la table après le dîner. Une vraie boniche. On est loin d’en avoir fini avec l’asservissement des femmes aux tâches ménagères. Tant que l’autre sera à la maison à monopoliser le salon toute la soirée, il n’y a rien à espérer de mieux malheureusement. Je la passerais bien par la fenêtre. Qu’elle arrête un peu de m’accaparer Maxime …
Diane regarda l’effet produit par la sauce béchamel sur le reste de chou-fleur dans le plat à gratin qui traînait dans un coin du frigo depuis deux jours. Évidemment, je lui avais demandé de mettre ça au frais et il n’a pas mis de film par-dessus, ça l’aurait retardé pour son rencard de vingt heures. Il la branche, il l’allume et après ça fricote, ça se bécote dans la plus grande monotonie. Un automatisme. Il est conquis, il est soumis. Et c’est parti pour la soirée… Sa cervelle doit à peu près ressembler à ça avec tous ces lavages de cerveau à répétition. Racornie, flapie, jaunie. Merde alors, quand est-ce qu’il va se rendre compte qu’il régresse, qu’il est aliéné, vampirisé, tyrannisé ? Qu’il vit par procuration ?
Après avoir retiré ses gants roses, Diane se lava les mains avec une formidable énergie en faisant mousser autant que possible le savon entre ses doigts. Elle alluma brusquement l’eau pour se rincer. Le même réflexe que Maxime , pensa-t-elle. J’ouvre le robinet et je le laisse couler… Elle entreprit de passer au chiffon ce qui restait sur le séchoir. Elle frottait si fort que son cœur s’emballait.
Le grand tribunal de l’inquisition de la République, le nouveau clergé de l’Ancien Régime, le Saint Siège de la pensée unique, le ferment de la destruction d’une démocratie plurielle et respectueuse de la diversité, la Kommandantur de l’intolérance ou du voyeurisme. Voilà tout ce qu’elle est. Je vais lui faire lire Pierre Bourdieu et Daniel Bougnoux. Elle saisit son Iphone et fit une petite recherche sur Internet. Voilà, j’ai retrouvé ce passage. Il va être obligé de le lire et de le méditer s’il veut que je reste avec lui : « Nous demandons à la télé de nous mettre dans un état de relaxation qui permet sans bouger de chez nous et sans avoir à faire face à l’horrible monde et aux horribles « autres », de vivre ensemble séparément, d’avoir le monde chez soi. Cette vitrification de tout ce qui peut arriver (la télé est d’abord une vitre) permet d’avoir la jouissance de la stimulation sensorielle, mais de façon filtrée et amortie. » Il va encore me dire que c’est un délire de sociologue. Ce soir, ça ne se passera pas comme ça.
France Gall, sur les ondes de Chante France , semblait mettre tout son cœur à l’inciter à la rébellion : « Résiste ! Prouve que tu existes ! Refuse ce monde égoïste ! » Elle comprenait tout à coup pourquoi elle adorait cette chanson.
Diane fit irruption devant Maxime et se mit devant l’écran, les bras repliés sur les hanches, le torchon encore à la main.
– Arrête ! s’écria-t-il. C’est une émission passionnante sur la théorie du genre.
– Effectivement, ce doit être passionnant d’entendre des « spécialistes » s’exprimer d’un ton docte et inspiré sur l’embrigadement des enfants qu’on oblige à entrer dans les stéréotypes du garçon et de la fille alors qu’il n’y a pas de sexe biologique mais un sexe choisi librement, idéologique ou psychologique. Franchement, tu ne te rends pas compte que la télé hypnotise, lave les cerveaux, détricote le bon sens et, à la longue, manipule tout un peuple avec des opinions plus que hasardeuses, qui feraient sourire un singe un peu plus intelligent que ses compères ? À l’âge adulte, ça va faire des femmes qui vont jouer aux hommes et des hommes qui ne vont plus savoir qui ils sont. Déjà, aujourd’hui, il y a assez de femmes qui ont été sacrifiées sur l’autel d’un féminisme radicalisé. Maintenant, ce sont les enfants qui vont être sacrifiés sur l’autel d’une nouvelle idéologie qui veut qu’on doit être soustrait à tout type de déterminisme : sexuel, social, familial… Elle est où la liberté d’être ce qu’on est ? On ne peut pas s’arquebouter contre la réalité, y résister de toutes nos forces parce qu’on voudrait lui donner la forme de nos idées ou de nos désirs ! On se fait mal à ce jeu-là, elle nous revient forcément en boomerang dans la figure et alors on renforce sa cuirasse pour mieux se protéger des coups, et l’on devient encore plus hermétique à la vraie vie, encore plus enfermé dans notre moi, nos théories, nos souffrances. Alors, on s’enferme comme toi, tous les soirs, avec la télé. On la mate, elle nous cause et il ne se passe rien d’autre.
Elle s’arrêta net comme traversée par une émotion.
– On est bien placés pour savoir qu’il faut une gamète femelle et une gamète mâle pour faire un enfant, que la recette est vieille comme le monde et qu’on n’en trouvera pas d’autre. Il y a deux sexes sur terre, c’est comme ça ! Et ils sont complémentaires, on n’y peut rien. On sait mieux que quiconque que, parfois, ça ne marche pas, ce miracle de la fécondation, comme tant de choses qui ne tournent pas comme on le voudrait dans la vraie vie. Bon , alors, qu’est-ce qu’on fait ? On se sépare, on essaie autrement qu’en faisant l’amour, on adopte ou on se résigne mais sans mauvaise humeur s’il te plaît ?
Elle marqua une brève pause.
– Bon , et puis, sans être une féministe primaire, j’aimerais que tu viennes m’aider à ranger la cuisine au lieu de rester vautré sur ce canapé parce que j’imagine qu’après, tu comptes enchaîner avec Koh - Lanta ou une série stupide… Les séries télévisées, c’est le panem et circences du XXI e siècle ! Les gens prennent leur dose de catharsis pour pimenter leur vie avec des histoires de maris cocus, d’épouses trompées, de maîtresses débusquées, de meurtres, de perversions diverses et variées… On passe déjà suffisamment de temps à dormir, à travailler, à nous laver, à aller aux toilettes, à nous vêtir et nous dévêtir, à faire et à défaire notre lit, à mettre le couvert et à ranger la cuisine, à remplir son frigo puis à le vider, pour ne pas sacrifier notre rare temps libre à regarder la télévision ou à surfer sur Internet . Un peu, oui. Mais point trop n’en faut ! Sinon , ça n’est pas une vie. Il est où, après, le temps gratuit pour les autres, pour la tendresse, le dialogue, les projets exaltants ? Quand on a le loisir de s’éloigner 

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