Le Che de Banancabougou
156 pages
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Le Che de Banancabougou , livre ebook

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Description

Banacabougou est un quartier périphérique de Bamako où Helena, responsable d'une ONG, s'installe, entourée d'une équipe de jeunes artisans maliens spécialisés dans la confection du bogolan. Nous sommes dans la première décennie des années 2000. Une histoire romanesque (mais pas seulement) prend naissance entre l'héroïne et l'un des jeunes Maliens. Dans l'atmosphère trouble de la Françafrique, leur relation se verra vite confrontée au contexte géopolitique. Le récit évolue de la capitale du Mali vers les villes du grand fleuve Niger : Ségou, Mopti, jusqu'au pays dogon où les forces surnaturelles entrent en résonance avec celles, bien terrestres, des hommes des katibas. Un roman qui touche à la socio-économie du Mali, s'interroge sur la nature de l'aide au développement, mais illustre en même temps les rapports ambigus entre une Occidentale et un jeune Africain.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 novembre 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342044607
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0071€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le Che de Banancabougou
Nicole Malandain
Mon Petit Editeur

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Mon Petit Editeur
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Le Che de Banancabougou
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Première partie
 
 
 
 
Paris, le journal d’Helena
Curieux sentiment que celui de me sentir si bien, dans cette chambre de l’hôpital Necker, alors que je suis en isolement, au service des maladies tropicales, et de pouvoir décrire mon bien-être, si tranquillement, dans mon carnet de voyage. Peut-être est-ce à cause du défilé rassurant d’imminents spécialistes de ce genre de maladies, curieux de m’examiner et d’entendre mon histoire ?
Je me sens bien, parfaitement bien. Et pourtant, à chaque fois que la porte s’ouvre, mon rythme cardiaque s’accélère, jusqu’à ce que l’un de ces gentils professeurs me dise en souriant : « vos analyses ne sont pas prêtes, peut-être demain… ou plus tard, on doit contrôler plusieurs éléments ». Et très vite, le moment d’angoisse passé, je retrouve ce bien-être fœtal en parfaite harmonie avec mon corps car je ne souffre plus. Oui je suis comme un bébé dont tout le monde prend soin. Je n’ai même pas besoin de me rendre aux toilettes, une pochette en plastique se charge de recueillir le liquide jaunâtre.
Dans cet état de relaxation si parfait, les émotions d’Afrique me submergent. Quelle étrangeté de s’y replonger, de les revivre comme dans un rêve, ou comme au cinéma, d’y retourner avec la tranquillité du spectateur qui ne risque rien à se faire peur.
On avait bien ri avec Marine, une amie qui résidait à Brazzaville, quand elle m’avait parlé d’une poétesse dont le recueil de textes s’appelait « Afrique Pénétrante ». En effet, il y avait beaucoup à parier qu’elle s’exprimait autant au sens propre qu’au sens figuré ! Cette femme s’était transformée au moment même où elle avait mis les pieds sur le sol africain. Et elle s’était retrouvée du jour au lendemain en ménage avec un Congolais, oubliant et même rejetant tout de son passé français. Elle avait contacté Marine dans l’espoir de trouver auprès d’une grande compagnie pétrolière française (en effet, Marine était l’épouse du directeur) un sponsor pour l’aider à publier ses écrits. Ce n’est pas sans curiosité que mon amie était allée la voir chez elle. Elle avait voulu m’entraîner dans une nouvelle visite, alors que de passage au Congo Brazzaville, je venais créer un jumelage avec l’école des Enfants des Rues. Nous nous étions donc rendues chez cette femme qui vivait dans une modeste petite maison en dur, mais tout de même une des plus belles de ce quartier africain, où des baraques en tôles se répartissaient au hasard des ruelles défoncées.
Le bonheur de cette femme m’avait immédiatement frappée, laissant de côté mon envie de se moquer. Je lui avais pourtant posé la question : « Vous sentez-vous en sécurité ? », sans doute parce que, Marine et moi, venant des quartiers privilégiés où vivaient les expatriés, n’étions pas très rassurées ici… « Oh ! s’il y avait le moindre risque, je serais la première à être protégée par les voisins ! » Avait-elle répondu, jugeant notre question totalement inappropriée.
Curieux que cette anecdote me revienne alors que je reviens du Mali.
 
 
 
Alger, un an plus tôt
C’était Anne-Sophie, membre de l’association « Éducation et Solidarité Nord/Sud » qui avait organisé le trajet. « Prend la compagnie algérienne, moi je pars de Marseille et on se retrouve en transit à l’aéroport d’Alger, c’est le vol le moins cher pour se rendre à Bamako », avait-elle précisé à Helena, présidente, fondatrice de l’association. Cette dernière n’avait rien objecté étant donné que sa collègue avait déjà effectué une première intervention au Mali deux mois auparavant. De plus, comment ne pas faire confiance à cette femme qui avait plusieurs missions difficiles à son actif, dont deux années en Haïti, à s’acharner pour aider les jeunes de la Cité Soleil, le pire bidonville de Port-au-Prince. C’était donc avec joie et curiosité qu’Helena se préparait à cette rencontre pour un briefing aérien au-dessus du désert. Elle avait hâte de connaître les informations rapportées du Mali par Anne-Sophie.
L’avion de Paris, un peu en avance sur celui de Marseille, lui laissait le temps d’admirer les locaux apparemment neufs et d’une décoration agréable de la zone de transit de l’aéroport d’Alger. La salle d’embarquement lui paraissait bien déserte, en effet, elle était la seule à continuer vers le Sud. Très vite un employé zélé vint la délivrer de son bagage à main. « C’est la première fois ? » dit-il engageant la conversation avec sympathie. « Oui, mais malheureusement, je n’aurais visité que l’aéroport ». « Il faut revenir, l’Algérie, c’est magnifique ! ». « J’aimerais bien ». Et ce n’était pas complètement faux, l’Algérie est entrée dans l’imaginaire romanesque de nombreuses femmes occidentales… Helena se revoit petite fille, fascinée, observant avec attention ce tableau ramené du Maghreb par son grand-père, grand voyageur. Elle ne pouvait quitter du regard ces drôles de femmes, ou fillettes, comment savoir, recouvertes de draperies, et dont elle cherchait à découvrir le sourire derrière le voile.
 
« Helena ! »
Elles s’embrassent chaleureusement. Tellement de choses à se dire depuis leur dernière rencontre à Paris ! Par où commencer ?
Après s’être assurées que le rapport de mission d’Anne-Sophie se trouve bien dans son bagage à main, les deux compagnes décident de se donner le temps du trajet pour l’étudier et préparer leur séjour. Passé le décollage, le plateau-repas et quelques visions émerveillées du désert algérien, elles se lancent dans leur briefing avec beaucoup de sérieux et d’optimisme sur l’avenir de leur entreprise.
« Je sais que tu as rencontré Aminata Traoré, cette femme ancien ministre, et si je ne me trompe pas, renommée pour son engagement altermondialiste ? » lance Helena, curieuse d’entendre son amie.
Anne-Sophie acquiesce, attendant la suite.
« J’ai vu en regardant les guides touristiques qu’elle dirigeait un hôtel particulièrement attachant et authentique, poursuit Helena, avec entrain, j’ai donc réservé la première nuit chez elle. On aura peut-être la chance de la rencontrer et de lui parler de notre projet ?
— Tu as très bien fait, j’ai adoré cette femme, je suis sûre qu’elle va nous soutenir. »
Sur ces mots, elle sort son dossier et commence son exposé qu’Helena suit attentivement, attendant qu’elle ait terminé pour lui poser quelques questions, car elle ne manque pas de s’étonner à propos de ses contacts à Bamako…
« Tu parles de rastas, viennent-ils de la Jamaïque ? Sont-ils comme ces gens des Caraïbes qui reviennent en Afrique pour retrouver leurs racines, ou quoi ?
— Non Helena, ce sont des Africains et ici essentiellement des Maliens. Ils ont créé une sorte de communauté et sont installés sur les hauteurs de Bamako, un endroit qu’ils appellent la colline de Lassa, sûrement en référence au Tibet, bien que ce qui se passe là-bas n’ait rien à voir avec le rastafarisme. Quelques-uns sont un peu nomades. D’ailleurs j’ai rencontré l’un d’eux au Bénin, et, en principe, je dois le retrouver à Bamako… il n’a que dix-huit ans mais c’est déjà un musicien exceptionnel ! »
Anne-Sophie n’en est pas à sa première mission africaine ! Sa compagne comprend, à l’émotion de sa voix, qu’elle doit porter à ce jeune homme un très vif intérêt, dont Helena ne doute pas de l’innocence. À quatre-vingts ans passés et quelque soixante ans d’écart entre Anne-Sophie et ce jeune homme, comment peut-on concevoir un autre type de relation plutôt qu’une relation amicale ?
Émue au souvenir de ce jeune béninois et laissant le projet momentanément de côté, Anne-Sophie se met à parler chaleureusement du mouvement Rasta. Son amie l’écoute, admirative de ses connaissances et étonnée de tant de passion, elle qui ne connaît que Bob Marley et le reggae ! Anne-Sophie explique que les rastas puisaient leur culture dans l’histoire de l’Afrique à commencer par celle de l’Éthiopie et qu’il fallait carrément remonter aux Hébreux et aux pyramides d’Égypte pour comprendre l’ampleur du mouvement.
« La tradition éthiopienne considère que l’Arche mythique de la Bible est restée cachée au cœur des hauts plateaux éthiopiens. Sais-tu qu’Haïlé Sélassié est le descendant direct de Salomon et de la reine de Saba ?
— Non et tout cela m’étonne beaucoup, mais les dreadlocks dans tout ça ?
— Après le règne de Salomon, les juifs laissèrent pousser leurs cheveux et c’est pour suivre les vœux de ces Nazaréens que plus de deux millénaires plus tard les rastas forment ces nattes qui font peur, dread veut dire épouvante, donc dreadlocks  !
— Je vois ! Mais malgré leur volonté de faire peur, ils t’ont charmée, d’une certaine façon, mais explique-moi en quoi ils peuvent s’intégrer dans notre programme, je n’ai pas bien compris.
— Eh bien justement, dans la mesure où ils revendiquent leur africanité, le bogolan, technique ancestrale, colle bien à leur philosophie ou plus exactement leur religion. Du coup, ils sont particulièrement experts en ce qui concerne ce type de tissu ethnique. Toutes les photos de vêtements et de tentures que tu as vues dans mon rapport correspondent à ce qu’on appelle le bogolan. »
À son exemple, la présidente de l’association commence à trouver cette histoire passionnante et lui demande des précisions sur ce fameux procédé.
« En fait c’est un procédé de teinture qui s’effectue un peu à la manière d’un peintre sur un tissu de coton. Le tissu est d’abord plongé dans un bain de b

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