Le chef au bracelet d or
232 pages
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Le chef au bracelet d'or , livre ebook

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Description

Thomas Mayne Reid (1818-1883)



"C’est l’heure de la garde montante à l’École militaire de West-Point, par une belle matinée de juin.


Les élèves ou cadets, en uniforme gris, rangés en ligne et silencieux, regardent droit devant eux, à la distance réglementaire de quinze pas, tandis qu’un officier les passe en revue.


L’un après l’autre, ils présentent leur fusil à l’inspecteur, à mesure qu’il avance sur la ligne, et celui-ci, saisissant l’arme d’un mouvement brusque, l’examine avec des yeux furibonds. Quand il la rend à l’élève, on pourrait croire, à sa mine féroce, qu’il a quelque envie de la lui jeter à la tête.


À première vue, toutes ces tailles élancées et ces boutons étincelants au soleil semblent appartenir à un type unique.


Immobiles et impassibles, ces figures imberbes paraissent n’avoir pour but que d’effacer leur individualité.


Par instants, il arrive qu’un des élèves détourne furtivement les yeux de la fameuse distance réglementaire, pour les porter sur un groupe de jeunes filles qui assistent à la parade un peu en arrière de l’officier commandant. Pas une tête ne bouge, mais naturellement les regards sont plus malaisés à plier à l’obéissance passive.


– Voyez donc comme ils sont drôles, Juliette, dit à demi-voix l’une de ces gracieuses spectatrices à sa voisine. Ne dirait-on pas qu’ils ont avalé chacun une baguette de fusil ? Qui aurait pensé qu’ils pussent subir une telle métamorphose, à les voir au bal, la nuit dernière, chez le général ?"



Franck Armstrong et John Logan Mac Diarmid sont cadets, à l'école militaire de West-Point, et amis. Mais Mac Diarmid est renvoyé pour avoir été surpris en train de boire de l'alcool dans l'enceinte ; il a été dénoncé par le lieutenant Cornélius Van Dyck, le cousin de Juliette dont est amoureux Armstrong. Est-ce parce que Mac Diarmid est un "sang mêlé" (moitié écossais, moitié indien pied-noir) qu'il n'a eu aucune indulgence ?... Armstrong devient sous-lieutenant sous les ordres de Van Dick, un piètre militaire...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9782374638454
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0015€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Aventures de terre et de mer
 
 
Le chef au bracelet d'or
 
 
Thomas Mayne-Reid
 
Traduit et adapté par André Laurie
 
 
Janvier 2021
Stéphane le Mat
La Gibecière à Mots
ISBN : 978-2-37463-845-4
Couverture : pastel de STEPH'
lagibeciereamots@sfr.fr
N° 845
I
La garde montante
 
C’est l’heure de la garde montante à l’École militaire de West-Point (1) , par une belle matinée de juin.
Les élèves ou cadets, en uniforme gris, rangés en ligne et silencieux, regardent droit devant eux, à la distance réglementaire de quinze pas, tandis qu’un officier les passe en revue.
L’un après l’autre, ils présentent leur fusil à l’inspecteur, à mesure qu’il avance sur la ligne, et celui-ci, saisissant l’arme d’un mouvement brusque, l’examine avec des yeux furibonds. Quand il la rend à l’élève, on pourrait croire, à sa mine féroce, qu’il a quelque envie de la lui jeter à la tête.
À première vue, toutes ces tailles élancées et ces boutons étincelants au soleil semblent appartenir à un type unique.
Immobiles et impassibles, ces figures imberbes paraissent n’avoir pour but que d’effacer leur individualité.
Par instants, il arrive qu’un des élèves détourne furtivement les yeux de la fameuse distance réglementaire, pour les porter sur un groupe de jeunes filles qui assistent à la parade un peu en arrière de l’officier commandant. Pas une tête ne bouge, mais naturellement les regards sont plus malaisés à plier à l’obéissance passive.
– Voyez donc comme ils sont drôles, Juliette, dit à demi-voix l’une de ces gracieuses spectatrices à sa voisine. Ne dirait-on pas qu’ils ont avalé chacun une baguette de fusil ? Qui aurait pensé qu’ils pussent subir une telle métamorphose, à les voir au bal, la nuit dernière, chez le général ?
–  Que vous êtes enfant, ma chère ! Ils sont toujours ainsi à la parade, répond Juliette d’un ton de supériorité.
Il est tout naturel que cette jeune personne soit la mieux informée des deux, car il y a déjà trois semaines qu’elle est à West-Point, tandis que son amie n’est arrivée que d’hier et sort de pension.
– Et que dit-il maintenant ? reprend celle-ci en voyant l’officier à taille de guêpe s’arrêter court devant un des cadets et élever durement la voix.
Juliette serra le bras de sa compagne.
– Écoutez donc, et vous le saurez, Nettie.
–  Que signifie ceci, monsieur ? demande l’officier en désignant du doigt sur le plastron du jeune élève une place où un bouton de cuivre manque à l’appel.
Le cadet ainsi interpellé est un grand garçon à la taille mince et bien prise, aux cheveux blonds, à la figure ouverte et intelligente. Il rougit jusqu’aux yeux et regarde son plastron. Ce n’est que trop vrai ! Un bouton manque.
– Je l’aurai égaré, monsieur, dit-il tout confus.
–  Hors des rangs !... Oser se présenter ainsi à la garde montante !... Vous allez à l’instant vous rendre aux arrêts et dire au sergent de vous remplacer !
Sans répliquer un mot, le délinquant met son arme sur l’épaule et fait trois pas en arrière. Puis, pivotant sur ses talons, il fait demi-tour à droite et marche vers la caserne, aussi raide que s’il était encore au peloton d’exercice.
Cependant l’officier, tout rayonnant de vertueuse satisfaction, poursuit sa revue.
– Qu’y a-t-il donc, Juliette ? Qu’a donc fait ce pauvre jeune homme, et pourquoi l’autre le renvoie-t-il ainsi ? reprend la petite curieuse.
Juliette voudrait bien avoir l’air de savoir le fin mot de la scène ; mais le fait est qu’elle n’est pas sur ce point plus savante que son amie.
– Il l’aura sans doute chargé de quelque commission, répond-elle évasivement.
Mais il y a auprès d’elle un grand et gros gaillard à la face rouge, qui sourit de son erreur et se charge de la rectifier.
– Ce cadet a été envoyé aux arrêts, pour s’être présenté à la garde montante avec un bouton de moins à son plastron que ne l’exige l’ordonnance.
–  Un bouton de moins ! s’écrie Nettie ; comment ! on les punit pour si peu !... Mais, Cornélius, vous devez vous tromper... Puisque ces messieurs ont l’habitude d’offrir ainsi de leurs boutons d’uniforme en souvenir à leurs danseuses, comme on offre un bouquet... Juliette en a au moins une douzaine.
M. Cornélius Van Dyck est devenu encore plus rouge qu’à l’ordinaire et a jeté un regard assez dépité sur sa cousine Juliette.
– Une douzaine ? fait-il. Et il y a à peine trois semaines qu’elle est ici !
–  Tiens ! j’en ai bien un déjà, moi, qui ne suis ici que d’hier.
–  Vous êtes toutes les mêmes, dit le jeune homme à la face congestionnée. Toutes tant que vous êtes, vous verriez volontiers un héros dans chacun de ces blancs-becs ! Dieu merci, quant à moi, je n’aurai pas à subir quatre ans d’un esclavage pareil au leur pour entrer dans l’armée...
Nettie fit une petite moue malicieuse qui ne serait peut-être pas très convenable chez une grande personne ; mais, après tout, elle sort à peine de pension, et Cornélius est son cousin.
– Oh ! oh ! dit-elle, prenez garde que les raisins ne soient trop verts !... Il n’est pas encore si sûr que vous puissiez passer votre examen !...
–  Grand merci de votre aimable opinion ! Mais je l’ai passé pas plus tard qu’hier. Sans doute vous seriez fort aise que j’eusse échoué ?
–  Vous avez passé votre examen, – vraiment ? Ah ! par exemple, j’aurais voulu voir cela ! dit-elle d’un ton qui montre assez que c’est entre eux deux une guerre ouverte.
–  Je l’ai passé, – c’est le point capital ! – répond Cornélius d’un ton triomphant. Je vous demande un peu à quoi bon venir s’abêtir à West-Point, quand on peut entrer dans l’armée sans se donner tant de mal ? Une bonne poignée de dollars, voyez-vous ? il n’y a rien de tel !... Avec une poignée de dollars, vous pouvez acheter un cheval, une voiture, une place au congrès, n’importe quoi !
–  Excepté de la considération, excepté de l’esprit, pourtant !...
Cette fois, Cornélius est piqué au vif, et il se détourne en sifflotant. Quant à Nettie, elle paraît fort satisfaite d’elle-même, et, tandis que le bataillon défile, elle demande à Juliette :
– Qu’est-ce que cela signifie donc, aux arrêts ?
–  Eh bien, c’est la prison militaire, ma chère, un cachot, une espèce de cave, je crois, ou l’on jette ces pauvres cadets pour les punir... Mais ils s’en moquent joliment !
En dépit de cette assurance, Nettie est évidemment troublée de ce qu’elle vient d’apprendre, et il est aisé de voir qu’un petit remords pèse sur sa conscience.
 
-oOo-
 
Nous sommes à l’après-midi du lendemain, – un samedi, – jour de demi-congé pour l’Académie militaire, – et les terrains de manœuvres sont déserts. Le cadet qui a été puni hier monte mélancoliquement sa garde devant la porte. Son uniforme est en règle aujourd’hui. Le fameux bouton a été remplacé, la tunique est sans tache et le pantalon blanc resplendit au soleil.
Il est trois heures et le thermomètre marque 96 degrés (Fahrenheit) à l’ombre. Le cadet n’en est pas moins boutonné jusqu’au menton, et son cou est emprisonné dans un énorme col de crin. Il va et vient dans cette lumière aveuglante, sentinelle unique, perdue dans le vide de la place. Il est aisé de deviner qu’il est là par punition, – et, en effet, c’est un extra qu’il monte, comme on dit à West-Point, au lieu d’avoir sa demi-journée à lui et de s’amuser à sa guise.
La chaleur est si accablante qu’il faut véritablement, pour être dehors, ne pas pouvoir faire autrement. Le délinquant lui-même ne peut s’empêcher de s’arrêter un instant, à chaque tour de promenade, quand il arrive à l’ombre des grands ormeaux qui s’élèvent devant l’Académie. A

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