Le Ciel de tes yeux
54 pages
Français

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Le Ciel de tes yeux , livre ebook

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Description

«Vieillir, c’est donc ça,
Au fond d’un lit,
Avoir besoin des autres pour tout,
Être lent pour les mouvements comme pour la pensée,
Utiliser toute l’énergie juste pour se maintenir en vie...
Vieillir, c’est ça,
Avoir-être un corps,
Juste un corps.
Et la mémoire-fromage blanc !
Une expérience vraiment étrange dont il aimerait se souvenir plus tard, quand ce sera plus clair. Il n’est pas sûr que cela s’inscrive dans son cerveau déliquescent. Tout lui semble mou, pâteux et glissant, vrai savon, on ne peut se retenir à rien. La seule façon de ne pas se blesser, c’est de laisser tomber, mettre les mains en avant, accepter la chute. »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 23 août 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414113095
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-11307-1

© Edilivre, 2017
Exergue

Qu’est-ce que le bleu et que penser du bleu ? C’est la même difficulté pour la mort… De la mort et des couleurs, nous ne savons pas discuter.
A. Camus. Le vent à Djemila .


Dans la rumeur de la ville qui s’éloigne
Dans le bain sonore des cigales monotone
Dans le rythme de mon pas, dans l’escalier, 1, 2, 3
Clac, clac, clac
Dans l’effort de la montée, le crissement du sable sous mes pieds
Dans la rougeur de mes joues
Dans la morsure du soleil sur mon corps
Dans ma sueur
Dans l’odeur de ma sueur
Dans le parfum mêlé de pins et de figuiers chauds
Dans le vert des arbres qui claque contre le bleu
Soudain, face, je suis face à la mer et au ciel
– Rien que la mer et le ciel
S’emmêlent, s’enlacent – que la brume efface
– Rien que le soleil
L’air léger sèche ma peau et me parle d’autres saisons, de tempêtes et de vents violents
– Rien que la ville
S’offre à moi, entre mer et étang, dans le miroitement de ses eaux différentes
Ville trouée de canaux
Et le Canal Royal m’emporte vers mon enfance, vers le sourire de Bonne-Maman
– Rien que la ville, le môle et le phare
Ma main dans la main de Papa, mon pied accroche un pavé au sol et mon regard s’en va vers les bateaux en partance
– Rien que le sel de ma sueur sur mes lèvres… ou mes larmes ?
– Rien que le bercement assourdissant des cigales déchiré par le cri d’une mouette et l’anis du fenouil dans ma bouche.
Le père
Soins intensifs, monde feutré des soignants – pas glissés, voix chuchotées – monde clos de la surveillance médicale, entouré du bruit des scops, pousse-seringues et autres machines…
Sa main fatiguée tâtonne vers le froid métallique de la barrière – il ne tombera pas du lit ! Il sourit derrière ses paupières fermées. Barrières-limites. Une pensée fugitive l’emporte vers son fils, sa fille. Barrières-limites qu’on donne aux jeunes : ils cherchent à les franchir, à les faire sauter ! Ils se cognent et ainsi grandissent. Sans cadre les enfants partent à la dérive. Il a essayé, a-t-il réussi ? Connaît-on jamais ses proches ?
Un bip, bref et précis, l’entraîne ailleurs. Souvenir de garde. Son propre cœur de jeune médecin s’affolait devant le rythme irrégulier et déréglé des patients : quelle décision prendre ? Il sourit encore. Il ne saura jamais empêcher sa tête de réfléchir en médecin ! Sa respiration s’est bien calmée depuis cette nuit. Il a cru mourir. Souffle court, cœur emballé, battements fous… Assis dans son lit, il a connu l’essoufflement d’un effort terrible ! Pas le temps d’avoir peur. Juste lutter pour rester vivant. La crise est passée. Il peut profiter de l’accalmie pour glisser dans le sommeil. Somnole au fond de la salle chez ses grands-parents. Le feu s’éteint doucement… Les voix lointaines l’accompagnent. Bourdonnement vague, indistinct. Il n’essaie pas de comprendre, bercé par la présence familière des mots et des grandes personnes. Il s’enroule dans la couverture douillette, se niche au creux du matelas. Il dort.
Il a soif. A côté de lui, l’oncle Léonce chantonne un air d’opéra Salut, ô mon dernier matin.
Il déparle ! Tout se mélange…
Plonger au creux du sommeil… flotter dans les songes… glisser vers l’autre berge… Est-ce que c’est le moment ? Comment savoir ?… A l’aube, après une nuit de dur combat, la Chèvre de Monsieur Seguin s’offre au loup.
Elle
Aux soins intensifs, elle n’a vu que le ciel de ses yeux, nettoyé de tous les orages, lavé des nuages, ciel d’après la pluie, azur vide balayé par le vent du Nord, la Tramontane de son enfance l’a saisie, emportée vers l’ancien port de Sète, au milieu des futailles, acajou, ébène du Mozambique, bois de rose… noms précieux, bois exotiques, venus d’Afrique ou d’Asie… submergée de senteurs fortes, odeur âcre de mer, la main au creux de celle du père, ils se glissent à l’abri du froid, entre les murs de troncs, marchent dans les ruelles de containers, tu as entendu ta grand-mère, il paraît qu’un serpent dangereux a débarqué avec les fûts. Ne t’en fais pas il ne nous attaquera pas, mais je ne crois pas qu’on le reprenne, il est libre comme nous , comme eux se sentaient libres, à peine arrivés à Sète, les valises montées, d’un commun accord, ils se retrouvaient allant d’un même pas dans le port, de plus en plus fermé avec les années, protégé par des grillages de plus en plus hauts, ils découvraient toujours une ouverture, tandis que le ciel clair et frais s’assombrit doucement, le vent presque calmé dessine avec vigueur leur corps, ils observent le soir descendre sur les bateaux...

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