Le Dit de Dajê Nin
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Français

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Le Dit de Dajê Nin , livre ebook

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Description


Dajê Nin aimait pêcher sur le Mékong. Qu’il fut le plus grand mathématicien de son temps ne semblait pas lui importer. A l’heure des premiers camps sur la planète Mars, Dajê Nin sortait tous les jours de la maison de bambou qu’il avait héritée de ses parents, il sifflait son cormoran apprivoisé et montait dans sa barque : le cormoran se posait sur le perchoir aménagé à la poupe, Dajê Nin lui caressait le cou et lui passait le muselet. Se redressant, Dajê Nin se saisissait de sa longue perche et, d'un coup, lançait sa barque à l'équilibre instable sur les eaux du Mékong.



La phrase préférée de Dajê Nin était :



- JE NE SAIS PAS.


Un dictateur sanguinaire rêve de s'acheter une conduite et de trouver le moyen de rétablir les voyages entre les planètes : ayant consacré sa vie à la guerre et l'établissement de son empire, il se sent impuissant pour restaurer la confiance et le besoin de liberté des voyageurs, aussi se tournera-t-il vers l'esprit le plus éclairé de son royaume mais dont le comportement lui est un mystère...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 avril 2022
Nombre de lectures 1
EAN13 9782958043544
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0011€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Bernard HENNINGER




Le Dit de
Dajê Nin


Nouvelle








Éditions BLOGGER DE LOIRE
 
Table des matières CYCLE DE DAJÊ NIN BIBLIOGRAPHIE I II
Points de repère Table des matières Couverture
Illustration de couverture : Béhache

© Bernard HENNINGER   2008
© Première publication :
    éditions Le Souffle du Rêve

Éditions BLOGGER DE LOIRE - 2022
3, rue Maurice-Berger
45000 ORLÉANS


ISBN 978-2-9580435-4-4  
CYCLE DE DAJÊ NIN



Le Dit de Dajê Nin                    2008
Mon cœur pleure Léda            2014
Les Sacrifiés                                 2016
Il qui prend des notes                    2009
Thalie des morts                         2010
Pluie de pierres sur Notreterre 2022
 


BIBLIOGRAPHIE



Le Souffle du rêve                 2000
La dernière volonté de Heike 2003
Le Censeur                                 2006
Ombres du fleuve                 2006
Impulsion                                 2014
Fantaisies                                 2016
Les Sacrifiés                                         2016
Résistances                                           2018
Plluie de pierres sur Notreterre            2022
 




« On est son propre refuge,  
qui d'autre pourrait être le refuge ? »
Bouddha
 


I



Quand la terre émergea de l’ère des Cataclysmes, les hommes voulurent partir à la conquête des planètes, mais les missions échouèrent. Quand ils se retrouvaient seuls dans l'espace, les hommes se battaient. Ils se battaient pour une femme, pour le pouvoir, pour le plaisir de se détruire et la jouissance que l'homme éprouve à démolir ceux qu'il aime, ceux dont il a besoin, ceux qui partagent sa destinée et ses rêves.
Pour faire partie d'une équipe spatiale, ils avaient prouvé qu'ils étaient des surdoués de la compétition. Ils s'étaient battus pour un strapontin et ne savaient plus penser le monde qu'en termes de domination et de soumission.
Quand ils ne se battaient pas, cela signifiait qu'un caïd s'était imposé. Au début, ils se taisaient, puis ils se cachaient, ils coupaient les lumières et se réfugiaient dans l'ombre, refusant d'agir, de bouger et de penser. Un jour, ils se suicidaient.
 


II



Dajê Nin aimait pêcher sur le Mékong. Qu’il fût le plus grand savant de son temps ne semblait pas lui importer. À l’heure des premiers camps sur la planète Mars, Dajê Nin sortait tous les jours de la maison de bambou qu’il avait héritée de ses parents, habillé d’un short de coton, il sifflait son cormoran apprivoisé et montait dans sa longue barque : le cormoran se posait sur le perchoir aménagé à la poupe, Dajê Nin lui caressait le cou et lui passait le muselet. Se redressant, Dajê Nin se saisissait de sa longue perche et, d'un coup, lançait sa barque à l'équilibre instable sur les eaux du Mékong.
La phrase préférée de Dajê Nin était :
— JE NE SAIS PAS.
A cinq ans, cela faisait rire. A dix ans, cela agaçait déjà un peu, mais quand il résolut à vingt ans une équation diophantienne, c'est-à-dire une chose monstrueuse vieille de deux mille ans, devant laquelle les plus grands mathématiciens s’étaient modestement prosternés, on demanda comment il avait fait. Dajê Nin sourit et dit d’une voix à la fois courtoise et timide :  
— JE NE SAIS PAS.
Sans attendre la réaction de ses interlocuteurs, Dajê Nin retourna pêcher sur le Mékong. La pêche au cormoran est une des choses les plus étonnantes qui soit, mais Dajê Nin étonna bien plus encore ses contemporains quand il s’amusa à inventer, suite à une correspondance avec le grand généticien Phum Kehm, la crevette au goût de chou. Les hommes d’affaires lui rirent au nez : une crevette au goût de chou !! Ah ah ah ! En voilà un savant, la tête dans les nuages ! La crevette au goût de chou se consomme vivante, grillée au laser, et la modeste échoppe de Phnom Penh qui accepta de la tester devint le lieder mondial en matière d’alimentation. Le maharadjah de Phnom Penh vit sa fortune multipliée par le nombre, toujours magique, de treize fois treize. Pourquoi les hommes aspirent-ils à manger des crevettes à goût de chou ? s’interrogèrent les experts.
Trois d’entre eux prirent la route de Cân Tho, puis le chemin de terre qui menait à Nandong, le village de Dajê Nin. La marche fut longue et laborieuse : à la mousson, les chemins étaient des rivières. En arrivant à Cân Tho, les experts étaient très en retard sur leur Plane-Nine , ils étaient trempés et ils étaient furieux. Quand ils parvinrent à Nandong, leur beau costume noir avait pris la belle couleur de la boue du Mékong. A leur vue, le maire s’alarma, se prosterna, s’excusa humblement de l’état des routes, proposa de les dédommager et les conduisit à la maison de bambou de Dajê Nin.
Ils le surprirent à son retour de pêche, il les accueillit dans sa hutte et dans le plus simple appareil, avec le sourire, tout en se frictionnant vigoureusement la tête avec une serviette pour se sécher. Sans s'offusquer de leurs regards étonnés, Dajê Nin les reçut avec la courtoisie naturelle qui était la sienne, et avec le plaisir de ceux qui passent de longues heures dans la solitude. C'était sans compter sur l'exaspération et l'importance de ses visiteurs. Les trois experts se virent contraints de dormir sur place, probablement dans cette demeure anhygiénique, les villageois ne connaissaient du mot hôtel que la désuète coutume de l'hospitalité. Il leur offrit un dîner composé de crevettes à goût de chou arrosées de l'atroce vin de palme qui fait la célébrité de Nandong et des trous dans l'estomac. Dans l'espoir d'échapper à ce crétin souriant, ils lui expliquèrent les impératifs de leur Plane-Nine et lui posèrent leur question. Dajê Nin sourit, leva les mains vers le ciel et il dit, avec un air de paysan atteint de crétinisme :
— JE NE SAIS PAS.
Dajê Nin hébergea les experts dans sa modeste demeure. Les dignes commerçants envahirent sans ménagement son logement propret avec leurs vêtements humides, ils le salirent avec leurs chausses boueuses, cassèrent deux assiettes, trois verres, avalèrent les crevettes à goût de chou que leur proposait le petit pêcheur, et ne purent sacrifier au rite de l'atroce vin de palme. En prime, Dajê Nin écouta leurs questions acerbes. Pour la nuit, ils durent s'allonger... côte à côte ! sur des... nattes ! Dajê Nin dormit mal, gêné de ne pouvoir offrir mieux à ses visiteurs. Ceux-ci ne dormirent pas du tout. À l'aube, ils se levèrent, bien décidé à le faire parler et ne le trouvèrent pas. De lui, ils n’aperçurent que sa silhouette tanguant dans la brume, courbée sur la longue perche, oscillant dangereusement sur les eaux du Mékong grossies par la mousson. Pour se nourrir, Dajê Nin dépendait de son labeur. Et pas de son talent en mathématiques.

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