Le Labyrinthe du bonheur
228 pages
Français

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Le Labyrinthe du bonheur , livre ebook

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Description

À l'heure des crises identitaires et du repli communautaire, peut-on encore croire à l'amour entre chrétiens et musulmans ?
Au cœur de cette problématique, Loïc et Leïla, entre doutes et tâtonnements, cheminent sur cette voie difficile.

À travers les prismes de l'amour et de l'amitié, l'auteur aborde des thèmes sociétaux et accompagne, avec une pointe d'humour, ses personnages dans les méandres du labyrinthe du bonheur...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 31 août 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782334173391
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-17337-7

© Edilivre, 2016
Le labyrinthe du bonheur

La nuit étirait ses larges bandes noires dans l’aube naissante à Trinité. Soudain, le bruit d’un moteur asthmatique rompit la tranquillité du morne dans le quartier de la Crique. Loïc se réveilla en sursaut. Il entendit son père pester contre sa vieille Bentley. À la troisième tentative, l’engin daigna démarrer dans un ronronnement de mécanique bien huilée. Le jeune homme ne songea pas à se rendormir tout de suite. Le mauvais rêve qui l’avait pourchassé jusqu’au petit matin s’était évaporé dans les toussotements du véhicule.
Depuis son retour de métropole, l’animosité de Loïc à l’égard d’un de ses camarades le minait jour et nuit comme les termites tourmentent un plancher. Son circuit en Europe avec quatre de ses amis avait pourtant bien débuté. Ce projet de longue date, nourri de sacrifices et d’efforts, avait comme prélude leur réussite au baccalauréat. Chaque participant avait choisi une capitale européenne. Mais ce choix tenait davantage du fantasme que d’un attrait particulier pour l’histoire du pays ou de son patrimoine. Ils visitèrent ainsi Rome, Paris, Madrid, Stockholm et Prague. Ils furent émerveillés par l’Italie et séduits par la France. Même les retards répétés de Pedro n’altérèrent pas leur bel enthousiasme. En tout cas, au début. Car, à l’instar d’une falaise qui s’érode sous l’action des vagues, l’ambiance se dégrada de façon imperceptible. L’esprit de tolérance qui animait le groupe atteint ses limites quand ils ratèrent le train pour l’Espagne. L’onde sismique qui les frappa de plein fouet fendit la couche solide de leur amitié et la faille qui en résulta créa une scission entre le groupe et Pedro. Le jeune homme ne nia pas s’être rendu à un énième rendez-vous galant et l’excuse du téléphone déchargé ne convainquit personne. Si Olivier se montra compréhensif ce fut moins le cas d’Erwan, de Dylan et de Loïc. Comme il s’agissait du dernier train, ils durent passer une nuit supplémentaire à l’auberge de jeunesse, conscients des conséquences que cela aurait sur la suite du circuit…
Une ambiance aussi pesante qu’un ciel d’orage s’instaura progressivement. Pourtant, le lendemain, aucun incident particulier ne vint perturber leur voyage. Les tensions baissèrent même d’un cran. Mais cette allégresse qui au début les habitait avait à présent le goût d’un soda sans bulles.
Loïc avait choisi Barcelone comme ville coup de cœur. Tandis que ses camarades rêvaient de visiter le stade mythique du Barça , lui se réjouissait de découvrir les œuvres de Gaudi. Le programme débutait par la visite de la basilique de La Sagrada Familia . La bande des cinq avait loué les services d’un guide et Pedro, qui parlait couramment l’espagnol, faisait office de traducteur. Mais il s’acquitta de cette tâche avec désinvolture et de façon inconstante. Cette attitude peu coopérative eut le don d’agacer certains d’entre eux, en particulier Loïc qui dénonça avec véhémence le comportement égoïste et irresponsable de Pedro. Olivier joua le rôle de médiateur, mais il ne put empêcher le fossé de se creuser davantage entre Pedro et ses compagnons de voyage jusqu’à la fin du séjour.
* * *
Depuis son réveil, Loïc était resté là, allongé sur son lit, repassant en boucle des séquences de son séjour en Europe. La chaleur qui envahissait sa chambre commençait à l’incommoder. Il se leva, prit son portable et se dirigea vers la véranda située à l’étage. Il jeta un rapide regard vers le ciel. Un soleil orangé chassait les dernières traînées sombres à l’horizon. Il déroula le hamac et s’y installa. Tandis qu’il se balançait nonchalamment, les idées défilaient dans son esprit comme des passagers franchissant un tourniquet à l’heure de pointe. S’il s’était persuadé d’avoir bien agi vis-à-vis de Pedro, au fond de lui une voix sourde lui laissait entendre le contraire. Il resta un long moment dans cette impasse, cherchant vainement un confident parmi ses proches. Il parcourut la liste de ses contacts sur son portable en faisant une moue dubitative. Soudain, il arrêta de se balancer et se mit à sourire en chuchotant : « Morton, bien sûr ! » Il savait que l’ami de son père avait entamé ses congés le lundi, à la mi-juillet. Il s’occupa jusqu’à 10 heures puis composa son numéro. À la deuxième sonnerie, le contact s’établit.
– Salut, c’est Loïc.
– Je suis content de t’entendre. Comment vas-tu ?
– Pas trop mal.
– Ces dix jours passés en Europe n’étaient pas trop courts ?
– Tout dépend avec qui on voyage.
– Ça ne s’est pas bien passé ?
– Au début oui, puis les choses se sont dégradées à mi-parcours.
– Souhaites-tu m’en parler ?
– Je ne voudrais pas te déranger avec mes problèmes.
– Loïc, tu sais que tu peux compter sur moi. Mais si ça te gêne d’en parler, je n’insisterai pas.
– Non, non…
– Je t’écoute.
– À vrai dire, ça ne s’est pas très bien passé en Europe. À cause d’un ami, je devrais dire un ancien ami. Nous avons raté une fois le train par sa faute et il a gâché notre visite de la basilique de La Sagrada Familia . La mise au point a été tendue et le ton est monté. Heureusement qu’un ami a pu calmer les choses. Le voyage s’est poursuivi sans que je lui adresse la parole.
Morton ponctua ses propos par deux sons gutturaux rapprochés.
– Et tu crois que c’était la meilleure attitude à adopter ? lui demanda-t-il sur un ton affable.
– Oui !
– Continues-tu à le penser ?
– Bien sûr !
– Mais tu ne le vis pas très bien ?
– C’est ça.
– Hum… dans cette histoire, ton camarade a clairement sa part de responsabilité. Mais toi, penses-tu avoir la tienne ?
– Ce n’est tout de même pas moi qui ai mis le feu aux poudres.
– Non, mais le feu a besoin d’oxygène pour subsister.
– Où veux-tu en venir ? demanda le jeune homme, perplexe.
– Le Dalaï-lama disait que dans un différend il faut commencer par pointer le doigt vers soi.
– Mais ce n’est tout de même pas ma faute si nous avons raté le train !
– Plus on se concentre sur une chose, moins le monde sensible devient visible. Loïc, tu es persuadé d’avoir eu la juste attitude, mais si c’était le cas, alors pourquoi est-ce que je te sens troublé ?
– Tu penses que je me suis montré injuste ?
– C’est à toi de te poser la question… Considère l’autre comme étant le miroir de ton âme et vois ce qu’il te renvoie.
– …De la frustration… Et je dois reconnaître qu’elle était à la hauteur de ma colère.
– Était-ce la meilleure façon de gérer tes frustrations ?
– Peut-être pas.
– Le trouble qui t’envahit est, en réalité, une opportunité.
– Une opportunité de quoi ?
– D’évoluer, mon cher Loïc. Si, bien sûr, tu te poses les bonnes questions.
– Comme ?
– Qu’est-ce qui, dans tes paroles, a pu susciter en lui de la colère ?
– Je n’en sais rien.
– Prends le temps d’y réfléchir. Une fois que tu auras identifié ce qui chez toi a nourri son hostilité, tu devras ensuite chercher à corriger ce qui peut être nuisible pour l’autre à l’avenir.
– C’est loin d’être évident.
– C’est vrai ! Mais il t’appartient de devenir qui tu veux être.
– Merci pour tes conseils.
– Bon retour parmi nous et merci pour ta carte postale.
Loïc raccrocha. Il s’allongea de nouveau dans le hamac et se balança doucement. Les conseils de Morton lui paraissaient aussi difficiles à mettre en œuvre que d’effectuer un cinquante mètres sous l’eau. Mais il se promit d’essayer.
Vers la fin du mois de juillet, en Martinique, de fortes chaleurs tourmentaient les mercures sur les façades des maisons. En ce début d’après-midi, Étienne trouva une ombre bienfaitrice sous le manguier de sa propriété. Allongé sur un transat, il relisait la carte postale de son neveu Loïc en attendant la visite de son ami Saïd. En la retournant, il s’attarda sur l’image du pont Saint-Charles, à Prague. Des souvenirs de jeune marié remontèrent à la surface et dansèrent dans son esprit au rythme d’une valse viennoise. Il se remémora les balades romantiques sur ce célèbre pont, la visite des musées et les flâneries dans les boutiques de cristal de bohème, les concerts de musique classique dans les rues… Tout ce passé qui jaunissait au fond de sa mémoire trouva un nouvel éclat sur la fine pellicule de ses souvenirs.
Son sourire s’effaça brusquement quand il entendit deux coups de klaxon brefs. Étienne se redressa et vit la décapotable de son ami Saïd s’enfoncer dans l’allée. Il s’assit sur le rebord du transat, enfila ses sandales et partit le rejoindre.
– Sois le bienvenu, lança Étienne en lui donnant une poignée de main chaleureuse. Alors, quelles nouvelles ? poursuivit-il.
– Ça va tout doucement, répondit Saïd, sans entrain.
Étienne ne releva pas l’intonation triste dans sa voix, mais nota que sa chemise était mouillée à l’emplacement de sa ceinture de sécurité.
– Prends ces deux chaises, nous serons mieux sous le manguier.
Étienne prit la petite table du jardin. Quand il l’eut posée, il se dirigea vers la cuisine et revint avec un plateau chargé. Tandis qu’il faisait le service, Saïd s’épongea le front d’un air songeur.
– Je te vois en pleine réflexion, aurais-tu des pistes pour la nouvelle saison ?
Les deux amis avaient décidé de se rencontrer pour discuter du calendrier des randonnées pour la rentrée. Le club du Karacoli, dont ils avaient la responsabilité, avait vu le nombre de ses adhérents augmenter en cours d’année. L’attrait, selon les organisateurs, venait de ces nouveaux parcours qui permettaient de sortir des sentiers battus. Les explications d’Étienne, professeur d’histoire-géo, donnaient aussi plus de relief à ces sorties. Nommé président du club depuis l’année précédente, il entendait, avec son vice-président, créer l’événemen

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