Le Miroir du passé
76 pages
Français

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Le Miroir du passé , livre ebook

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Description

Ça vous tombe dessus et vous foudroie net: vous croisez un homme et déjà, vous êtes totalement envahie par lui – même pas conquise, car il n’a qu’à être là, sans chercher à vous séduire, pour s’emparer de vous. Et quand bien même vous partagez votre existence avec un autre, vous forcez les rencontres, le guetter, oser tout… Aussi, quand toute relation semble condamnée, vous commencez à suffoquer, à vivre comme dans du coton, plus vraiment vous-même… Et pourtant, quand cet être convoité revient vers vous et vous adresse quelques signes éloquents, vous ne tergiversez pas et espérez voir l’amour se concrétiser… C’est que les sentiments, incontrôlables, ne desserrent pas si facilement leur emprise sur vous. Entre une bibliothèque londonienne et les rues parisiennes, "Le Miroir du passé" ausculte une relation amoureuse qui se vit en pointillés, en absences, en silences, en renoncements, en impossibilités… Suivant les pas d’une femme éprise qui se voit entièrement possédée par une inclinaison impérieuse, ce roman évoque, pudiquement, sans fracas, les chavirements de l’âme prise de passion.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 12
EAN13 9782748358650
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0038€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le Miroir du passé
Du même auteur
Figures de proueEditions Publibook, 2001 Epitaphes pour les humbles 1915-2002Editions Publibook, 2003 EscapadesEditions Publibook, 2005 Album d’enfancesEditions Publibook, 2006 Album, après trois ans…Editions Publibook, 2008
Liliane Hammès Le Miroir du passé
Publibook
Retrouvez notre catalogue sur le site des Éditions Publibook : http://www.publibook.com Ce texte publié par les Éditions Publibook est protégé par les lois et traités internationaux relatifs aux droits d’auteur. Son impression sur papier est strictement réservée à l’acquéreur et limitée à son usage personnel. Toute autre reproduction ou copie, par quelque procédé que ce soit, constituerait une contrefaçon et serait passible des sanctions prévues par les textes susvisés et notamment le Code français de la propriété intellectuelle et les conventions internationales en vigueur sur la protection des droits d’auteur. Éditions Publibook 14, rue des Volontaires 75015 PARIS – France Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55 IDDN.FR.010.0115540.000.R.P.2010.030.31500 Cet ouvrage a fait l’objet d’une première publication aux Éditions Publibook en 2010
La rue de la Folie Regnault avait déposé au cœur du onzième arrondissement de Paris son équerre gigantesque. Le petit côté de l’instrument descendait en pente douce vers le boulevard Voltaire, passait devant la clinique de Montlouis et s’arrêtait brusquement, sectionné par la rue de la Croix Faubin. C’est la rue de Belfort qui prenait le relais dans ce quartier de l’Est parisien. Le grand côté de l’équerre, par contre, filait loin, paral-lèlement au Boulevard de Ménilmontant et au cimetière du Père Lachaise. Il longeait des boutiques de quartier : pres-sing, quincaillier, coiffeur asiatique au coup de ciseaux d’une précision parfaite, boulanger, épicier arabe toujours présent en cas de petit creux. Il traversait la rue de la Ro-quette, séparant deux commerces très fréquentés,le bar des Artistesà droite, envahi dès le matin pour l’excellence de son café crème et la boulangerie vis à vis aux vitrines peintes de paysages bucoliques, par laquelle, bien entendu, il convenait de passer pour acheter son sachet de crois-sants avant se s’installer au bistrot. A l’angle opposé, un Franprix. En face, le square de la Roquette, riant îlot de verdure et de massifs floraux. Cette promenade très prisée dans le quartier avait avantageusement remplacé la maison d’arrêt de la Roquette devant laquelle on amenait autrefois la guillotine, entreposée non loin de là, lorsque l’heure était venue d’envoyer dans l’autre monde une des malheu-reuses créatures détenues dans cette prison. Le long côté de l’équerre continuait à filer droit et pointait le bout de son angle vif quelque cinq cents mètres plus loin sur la rue du Chemin Vert, entre un antiquaire et un Hôtel Ibis. Au-delà, s’étendait le quartier Oberkampf, récemment mis à la mode par une population jeune venue s’y installer.
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L’hypoténuse imaginaire du triangle ainsi formé, pour peu qu’on la prolongeât mentalement était plaisante à se représenter. Elle emmenait davantage vers l’est, se proje-tant vers le quartier de Charonne. Elle devait traverser sans e doute le bureau de poste du XI , ainsi qu’une ancienne librairie,Dans la gueule du loupinvariablement fermée, et l’échoppe du joaillier, restaurateur de bijoux anciens de la rue Faidherbe. Un promeneur doté d’une âme de géomètre pouvait s’amuser à prolonger cette ligne et, pourquoi pas, à lui emboîter le pas. Ce faisant, il aboutissait au cœur de la station de métro du Père Lachaise au nord, et au sud, à l’angle de la rue de Charonne et de la rue Richard Lenoir, vers Le Palais de la Femme, vaste édifice de L’Armée du Salut, destiné autrefois à recevoir les jeunes filles seules « montées à la capitale », afin qu’aucune d’entre elles ne s’égare. Mais ne laissons pas trop loin vagabonder le pié-ton de Paris qui sommeille en nous, nous nous retrouverions à La Villette ou au Bois de Vincennes ! Re-venons à l’angle droit de notre équerre : un endroit paisible, un pâté de maisons qui jouit du calme de cet en-droit. Perpendiculairement, des impasses où subsistent quelques ateliers : un ancien garage qui, à présent, loue des places de parking, une fabrique de cartons, une mo-diste qui crée également des bijoux fantaisie. Un petit théâtre aussi qui s’est niché dans un créneau vide. Plus haut, vers le boulevard, une pharmacie et un revendeur d’électroménager. En face, un bel immeuble de style haussmannien : balcon de fer forgé au second et au cin-quième, médaillons polychromes émaillés ornant les frontons des fenêtres. Juste dans l’angle droit de notre ou-til d’arpenteur, un vieil immeuble de charme, centenaire au moins, classé, en tout état de cause. Une vigne vierge l’escalade et va jusqu’à entrer par effraction chez les loca-taires négligents. Au rez-de-chaussée, un restaurant, repérable à sa marquise d’un bleu des mers du sud. Il est surmonté de trois étages. C’est là qu’elle vit. Au troisième. Le digicode, le cliquetis de la porte autorisant le pas-sage. Elle entre. La clé sans hésitation s’introduit dans la serrure de la boîte métallique. C’est raté pour le courrier
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tant attendu. Un coup d’œil à la courette où un paravent de canisses dissimule les poubelles, serrées les unes contre les autres : verre, papier, recyclables, ordures ménagères. Le gardien ne plaisante pas, tout est impeccable. Il a même planté un pied de clématite qui embellit avec l’âge. Elle gravit l’escalier à rampe ancienne, dont la main courante en noyer a été lustrée par sa main droite pour la mille et unième fois. La clé de sécurité débloque en douceur les trois points, pendant qu’elle tente de faire le point en elle-même. La chute du cartable en cuir et du sac Galeries La-fayette sur le tapis de l’entrée. Les escarpins atterrissent au même endroit. Plus que deux pas, elle pousse la porte du salon et le doux halo de lumière rose du couchant de prin-temps la surprend en ce jour de grisaille dans son cœur. La pièce baigne dans cette lumière, suave comme une pâte de guimauve, à laquelle les voilages confèrent un caractère irréel. S’approchant de la fenêtre pour tirer le cordon du rideau qui ouvrira l’espace, elle se dit qu’elle aussi, est à la frange du réel et de la galaxie rêvée. Là-bas, discernable en observant tout à fait à gauche, depuis la fenêtre du sa-lon, le disque du soleil prêt d’abdiquer, capturé par la margelle coiffant l’Opéra Bastille. C’est là qu’elle vit. C’est là qu’elle était heureuse. Elle y avait été heureuse. Elle autorise le canapé à recevoir dans ses bras son corps las qui aspire à d’autres bras qu’aussitôt elle ima-gine. La cuisine, pas envie d’en ouvrir la porte, le quotidien passe à la trappe. Elle ferme les yeux, sa nuque recherche le soutien… d’un coussin, par défaut, et la lon-gue silhouette appelée et combattue, désirée et congédiée se tient devant elle. Les contours du visage deviennent nets derrière l’écran de ses paupières et à ce moment pré-cis, elle reçoit dans l’estomac, le coup de poing qu’elle encaisse à chaque rencontre fictive.
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