Le noir comme couleurs
338 pages
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Le noir comme couleurs , livre ebook

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Description

Le noir en couleurs décrit la rencontre d’un jeune informaticien désabusé et contemplatif avec un ancien chercheur du CERN très doué, mais trop sensible, émotif éjecté du monde de la recherche. Cette rencontre, d’abord professionnelle, se déroule au sein d’une unité administrative du CERN dans laquelle le chercheur a été recyclé. L’histoire se déroule sur quinze années pendant lesquelles le monde technologique et économique est en restructuration complète. Le chercheur est atteint d’un handicap qu’il compense par sa capacité à percevoir des couleurs inédites. Il va notamment bouleverser les sciences cognitives par la simple observation des fourmis. Ses découvertes déboucheront sur la mise en place d’un système d’information qui va rendre obsolète tous les autres.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 28 juillet 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332953148
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-95312-4

© Edilivre, 2015
Ce roman est une pure fiction. La référence à des organismes comme le CERN, à des sociétés comme Microsoft ou à des personnes réelles n’est que le fruit de l’imagination de l’auteur.
Première partie : Le travail alimentaire
Mission ordinaire au CERN
Lundi 31 Octobre 2011
Serré comme une sardine en boîte, dans cet avion d’EasyJet, je termine la lecture du rapport de mon prédécesseur sur le projet du CERN. Je ne rejoins pas cette institution scientifique européenne en tant que ponte de la physique de la matière, ni même en tant qu’ingénieur chargé de mettre en œuvre son célèbre accélérateur de particules. Non, je pars travailler au CERN comme simple analyste en informatique. Ma mission a pour but de régler de nombreux problèmes sur le logiciel qu’a vendu ma petite SSII (société de services et d’ingénierie en informatique) dont l’ambition est vraiment plusieurs crans en dessous de celle qui consiste à percer les secrets de la matière. Le logiciel dont je suis spécialiste n’exploite aucune des lois de la mécanique quantique, ni même une seule loi de la physique apprise au lycée.
En vérité, mon logiciel s’occupe de bien gérer les notes de frais des salariés, qu’il s’agisse de salariés d’entreprises privées ou de fonctionnaires de l’Administration. Les notes de frais, vous savez, c’est important. C’est ce qui permet aux salariés d’être indemnisés des frais qu’ils engagent à titre personnel pour bien accomplir leur travail. Même au CERN, chercheurs, ingénieurs, techniciens et ouvriers sont susceptibles de se déplacer, de découcher ou de manger loin de leur foyer. Les notes de frais, ça permet aussi de mettre un petit peu de beurre dans les épinards. Avec un peu d’ingéniosité on peut s’inventer des frais tout à fait légitimes, mais qui n’ont aucune réalité concrète. Dans le jargon du travail, on dit « gratter ». Certains salariés récupèrent des notes de restaurant et vont manger dans un Kebab. Bah ! On vole la société, mais juste un peu. A grande échelle cela s’appelle de l’abus de biens sociaux. La gratte, ce n’est pas méchant, d’autant plus que l’administration fiscale veille au grain pour détecter les notes de frais exagérées. Faut faire gaffe quand-même. Contraintes par des contrôles d’ayatollahs du ministère des finances, les entreprises sont obligées d’imposer à leurs salariés des procédures de plus en plus lourdes pour limiter ces petits vols. Ainsi, un ingénieur obligé de se déplacer, devra, pour justifier ses frais, sacrifier une demi-journée de travail par mois pour expliquer à l’Administration, ce qu’il a mangé, combien de fois il a dormi à l’hôtel, le confort du taxi qu’il a commandé. Au rythme des approfondissements de telles vérifications, on demandera bientôt aux salariés des entreprises s’ils peuvent apporter la preuve qu’ils ont bien tout mangé ce qu’on leur a servi et si c’est compatible avec leur régime alimentaire, leur activité sportive et leur poids déclaré.
Le bon sens étant une vertu de plus en plus rare dans ces administrations de contrôle de l’Etat, le logiciel, dont je suis spécialiste, se propose de rendre ces procédures un peu moins kafkaïennes. En attendant que l’Administration forfaitise les déplacements avec des per diem, dont l’intégralité serait librement utilisée par les ayant-droits, on essaye d’automatiser l’enregistrement des frais avec des applications sur smartphone intégrant un petit appareil photo, connecté à un système de comptabilité centralisé.
L’avion commence sa descente vers Genève. L’approche se fait au-dessus du Lac Léman. J’observe avec intérêt cette grande étendue bleue rayée par les courts sillons des bateaux de plaisance. Mes voyages fréquents avec EasyJet m’octroient un petit avantage : je peux choisir mon siège, bien que tous soient de 3 ème classe. J’ai donc eu la bonne idée de demander un siège numéroté A. Les places A sont à bâbord, à côté des hublots, ce qui me permet de contempler la ronde magnificence du Mont-Blanc. Le Mont-Blanc, voilà une montagne qui porte bien son nom. Le blanc, on ne voit que ça, sur son dessus immaculé. J’essaye de retrouver l’émotion qui avait été la mienne la première fois que je fus mis en présence de ce monstre de sérénité, coiffant des alpages d’un vert irréel. Hélas, il ne reste plus grand-chose de ma vision d’enfant face à cette impressionnante montagne.
La sortie de l’aéroport de Genève-Cointrin est très fluide. Tout s’enchaîne à merveille : bagages, douanes, contrôles de police. Ces Suisses sont bien des champions de l’organisation.
Me voilà déjà dans le taxi qui file en direction des monts Jura. En route, je vérifie que j’ai bien réuni tous mes papiers ainsi que mon ordre de mission et les questionnaires préremplis nécessaires à l’entrée du CERN. Tout est bien rangé dans la plaquette commerciale cartonnée de mon entreprise dont la page de garde brille comme un sou neuf.
Ma société s’appelle Solatium. Ben oui ! Cédant à la grande mode de la conversion des acronymes barbares en mots savants, elle a voulu faire comme les grandes et s’est choisie un mot antique comme nouvelle appellation. Solatium voulant dire confort en latin, ce choix veut signifier à ses clients et à ses prospects, le confort qu’elle peut apporter avec ses outils de gestion administrative.
Personnellement, je trouve cette mode un peu pédante. Solatium a quand-même eu le nez creux d’abandonner son ancienne appellation, SILVA (société informatique de logiciels à vocation administrative) qui la faisait confondre avec une entreprise forestière. Au dos de la plaquette, les logos des sociétés clientes ou partenaires semblent accrochés comme des boules au sapin de Noël. Les logos du CERN et de la DGA associés à celui de mon modeste employeur peuvent véhiculer l’illusion que Solatium est une entreprise qui, comme le CERN, fait aussi des tas de tests et de calculs savants. Le logo du CERN figure de la même manière sur la plaquette de la société qui gère sa cantine ou bien sur celle de ses jardiniers. Ces autres fournisseurs, ont tous le même besoin de reconnaissance, que cette proximité avec le CERN favorise.
Nous arrivons presque au pied des montagnes et je découvre enfin le CERN. Une espèce de grosse usine avec des immeubles de bureaux à son entrée. La seule originalité du site consiste en un bâtiment posé en dehors de l’enceinte en forme de sphère, couleur rouille. La sphère, constituée de strates ajourées, laisse deviner un noyau sphérique au cœur. Référence à l’atome sans doute.
Le taxi me dépose devant le poste de sécurité. Une fois entré, je suis mis en présence de charmantes jeunes filles s’affairant à joindre les correspondants des fournisseurs, des représentants de commerce ou des consultants ayant rendez-vous ce lundi matin. Certaines personnes soupirent ou attendent calmement en sirotant l’infâme café du distributeur proposé pour trop cher. Je reconnais très rapidement la pagaille de la plupart des organisations publiques où chaque contretemps dans la mise en relation avec les interlocuteurs est mis sur le compte de procédures aussi intangibles que pénibles, mais dont tout le monde est responsable mais non coupable.
J’entends enfin héler mon nom, restitué de façon très approximative. Un sexagénaire, l’air jovial, me sourit et m’accueille chaleureusement. Après quelques échanges sur mon voyage et sur le temps froid dans le genevois, mon cornac essaye de devancer mes questions sur le site en fonction des orientations de mon regard.
Admirant le magnifique bâtiment en acier et en verre, Monsieur Bercovian, salarié du CERN et chef-comptable de la cellule « Notes de frais », semble s’excuser en me dirigeant vers un autre bâtiment.
Je me doute bien que la cellule administrative que je vais rejoindre, n’est certainement pas un service phare du CERN et qu’on ne lui a pas choisi ce beau bâtiment. Et effectivement, on a trouvé un lieu d’accueil pour le service que je vais rejoindre, d’une facture en cohérence avec son rôle.
Après une petite trotte à travers des allées bien arborées nous arrivons finalement devant un bâtiment très moche. Le bureau de Monsieur Bercovian est au premier étage. On y accède par un escalier extérieur en métal très sonore. Il s’agit d’une salle vieillotte, bordélique, avec des vieilles armoires et des bureaux en bois qui ressemblent au mobilier de mon école primaire. La seule touche de modernité réside dans les ordinateurs de bureau flambants neufs avec leur écran plat. Trois femmes s’activent avec une certaine fébrilité, deux au téléphone, une autre investie dans la saisie d’une pile impressionnante de paperasse.
Monsieur Bercovian et moi, nous isolons du bruit dans une salle de réunion de la taille d’une petite salle de bain. Il me réexplique tout ce que nous nous étions déjà dit au téléphone avec mon patron sur les attendus de ma mission. C’est son équipe qui procèdera à la recette de mes travaux mais au quotidien, je travaillerai sous l’autorité de la SDIAC (Sous-Direction Informatique pour l’Administration Comptable). Bercovian est apparemment un brave homme sans grande envergure ni charisme, mais très chaleureux avec un regard mêlant nostalgie et renoncement. Je l’écoute poliment en me gardant bien de lui poser des questions supplémentaires pour accélérer mon installation.
« Le temps est venu de vous montrer votre poste de travail » dit-il avec un air satisfait. Nous redescendons le bruyant escalier, marchons quelques dizaines de mètres pour rejoindre une rampe d’accès qui, elle, descend.
« Vous travaillerez en salle K8. Les bureaux sont sous l’imprimerie, mais ne vous inquiétez pas, les bureaux sont très bien

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