Le Oui du Non
64 pages
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Description

« Tu n'as pas de morale à me faire. Ton pardon ? Je ne suis pas Dieu, donc je n'en ai pas besoin. Ma décision est souveraine, c'est moi le D.G. D'ailleurs, je n'ai pas à me justifier devant un étourdi comme toi. De toutes les façons, ton contrat avec la société n'avait été que verbal, donc à n'importe quel instant je pouvais te mettre dehors sans aucune contrainte. Maintenant, il ne me reste plus qu'à te dire de débarrasser le plancher. Allez ! dégage ! dégage ! » Jusqu'où va la malchance ? Comment le destin se manifeste-t-il ? Licencié, renversé par une voiture, plongé dans le coma, quitté par sa femme, la vie de Pembé s'effondre en peu de temps. Pourtant, un concours de circonstances va l'amener à faire une rencontre décisive... En entremêlant conte et chronique sociale, Habib Luc René Mitsingou dépeint la pauvreté et dénonce les travers d'une certaine Afrique, tout en choisissant de garder espoir grâce à la naissance d'un duo père-fils, lesquels apprennent à se réinventer en même temps que leur pays.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 25 novembre 2016
Nombre de lectures 1
EAN13 9782342058291
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0049€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le Oui du Non
Habib Luc René Mitsingou
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Le Oui du Non

Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
I
La cloche sonne au grand matin. Les élèves retardataires arpentent les grandes artères de Dimani pour échapper aux coups du fouet du maitre, pendant que Pembé dort encore.
— Pembé, mon chéri, pourquoi tu te laisses aujourd’hui dominer par la fatigue, n’as-tu pas entendu sonner la cloche ? lui dit tendrement son épouse Ondongo.
— Bien sûr que si, ma belle, mais s’il te plaît, je t’en prie, laisse-moi dormir encore trente minutes. Hier, j’ai travaillé comme une vraie machine. Je devais travailler sans cesse, surtout sous le regard insistant de mon superviseur, répliqua son mari avec un regard morne.
— Non ! mon chéri, s’il te plaît, évite d’être réprimandé, du courage, va au boulot : c’est pour la survie de ta petite famille, tu le sais bien, lui dit encore son épouse avec un ton encourageant.
— Oui ! ça, je le sais, en plus, tu as bien raison, ma chérie, j’ai le devoir de travailler pour la survie de ma petite famille, mais si tu savais combien de fois je suis torturé pour ce boulot avec une rémunération médiocre, tu n’aurais pas pu dire ça…
— Peu importe la forme, la qualité, le fond de ce boulot, ça m’est égal. Ce qui m’importe pour l’instant, c’est notre survie, tu n’es pas sans savoir que beaucoup n’en trouvent pas, donc tu ne dois plus te lamenter, je suis bien consciente que ton boulot est pénible et que ton gain est minable, que faire ? Je le sais bien que Dieu tout-puissant qui t’a fait grâce de te laisser terminer tes études en fera autant pour que ton emploi se fasse dans les meilleures conditions.
— Écoute ! Ondongo, arrête avec ce Dieu, il est soi-disant omniprésent, ne connait-il pas mes souffrances ?
— Non, mon vieux ! il y a un temps pour toute chose, le moment viendra où coulera le miel et tu oublieras toutes tes souffrances crois-moi.
— Continue à rêver avec tes croyances aveugles. Crois-tu que mon âge s’arrêtera d’accroître pour attendre ton fameux jour de gloire ? Détrompe-toi, ma chère.
Ondongo apprêta quand même l’eau dans la douche, supplia son mari d’aller se laver. Pembé malgré un moral abattu, tête basse, jambe lourde, front fermé, alla prendre son bain. Tout le monde dans la parcelle où il louait son petit studio était étonné de le voir pour la première fois à cette heure tardive à la maison. D’aucuns se demandaient au fond de leur cœur pourquoi ! A-t-il un souci ? Il doit certainement être malade. Mais leurs questionnements s’arrêtaient juste sur les lèvres. Un coup de souffle suffisait pour exposer leur pensée au vu et au su de tout le monde.
Le matin, très ensoleillé, on assistait au défilé routinier des travailleurs et des élèves qui partaient pour accomplir leur devoir. Il ne restait plus que Pembé pour boucler le fil. Chaque jour, Pembé pourtant prenait le soin de se lever tôt le matin, il devait marcher pour arriver à temps au service. Maintenant qu’il avait pris ce retard, que ferait-il alors ? Irait-il à pied comme d’habitude ? Une question très difficile à résoudre d’autant plus que l’argent faisait défaut. Avec cette prime de trente mille francs qu’il percevait chaque fin du mois en guise de salaire, il n’était pas en mesure d’introduire le transport dans son budget mensuel. Il était donc obligé de tout consacrer pour le loyer et enfin nourrir sa petite famille, qui d’ailleurs avant la fin du mois crevait déjà de faim. Les trente mille francs ne suffisaient pas au train de vie qui ne cessait d’augmenter du jour au lendemain.
Ni un blâme ni un avertissement ou d’ailleurs même, une mise à pied, n’avaient gâché sa bonne conduite à son service. Il s’arrangeait à se conformer aux lois et principes du service. Maintenant qu’il en est ainsi, que va-t-il lui arriver ?
Deux kilomètres et demi le séparaient de l’aéroport où il travaillait dur et il fallait au moins une heure de marche pour arriver au boulot…
— Ondongo !
— Mon chéri, je t’écoute.
— Je sens comme un mauvais vent, mais je m’en vais quand même, j’ose croire que pour une fois ils me pardonneront.
Pembé mit en mouvement ses jambes chétives avec lesquelles il avait l’assurance de parcourir de longues distances à pied. Les rues boueuses et pleines de flaques d’eau, il n’était pas facile d’y accéder sans enlever les chaussures et replier les pantalons. Toute la nuit, la pluie a empêché la lune d’apparaître. Les jeunes garçons se placèrent au bord des trous d’eau pour faire le transport sur leur dos des hommes et des femmes bien vêtus dans l’espoir d’avoir un peu d’argent. Dans les gîtes d’eau, les gamins nus s’amusaient joyeusement. D’autre part, les propriétaires des parcelles avoisinantes refoulèrent par les seaux l’eau qui les avait envahis la nuit pendant la pluie.
Dans certains quartiers de la ville, comme au quartier DIBODO, la pluie n’est pas la bienvenue et paraît être un porte-malheur. Dès qu’ils sentent les nuages étendus par une couche sombre qui annonce la pluie, les cœurs palpitent comme s’ils étaient coupables d’un délit. Les hommes tout comme les femmes accompagnées de leurs gosses prennent leurs précautions et attendent le malheur qui leur arrive. Des pelles, des houes, des pioches, des râteaux sont en exercice. Les caniveaux se creusent, les pentes se font devant les parcelles pour désorienter et éviter la pénétration massive des eaux dans leurs parcelles. Les vieilles toitures se font réparer à l’instant. Malgré toutes ces précautions prises, quand arrive la pluie, les parcelles s’inondent quand même.
Par ailleurs, dans les quartiers sud de DIMANI, l’apparition de l’eau qui tombe en goutte des nuages fait le bonheur de nombreuses familles. L’eau est une denrée rare. La pluie tombe non pas seulement pour une bonne fertilité de la terre, mais aussi pour désaltérer ces habitants, car la ville connaît un grave problème de distribution d’eau potable. Quand arrive la pluie, les habitants disposent leurs récipients au bord de leurs toitures pour recueillir cette eau. Ils s’en servent pour divers travaux ménagers et enfin pour boire. Ne courent-ils pas un danger ? Ne sont-ils pas exposés aux microbes ? Ils n’y prêtent pas attention, mais comme pour dire, ils sont obligés d’en consommer en dépit de quelques impuretés que leur présente cette eau. En effet l’affaire « eau » les préoccupe en premier, disent-ils : l’eau est un facteur déterminant de la vie.
Tous les jours, l’eau ne coule des robinets que très tard dans la nuit et cesse de couler très tôt le matin. Donc pour espérer avoir de l’eau, il faut veiller toute la nuit pour ne pas manquer sa distribution hasardeuse, chose qui n’est pas facile. Pendant toute la journée, les robinets ne sont que de véritables monuments qui ornent les parcelles. Tout le monde n’a pas la possibilité d’avoir une pompe à eau chez lui. Puisqu’il faut bien de l’eau pour vivre, les habitants sont contraints de parcourir des kilomètres et des kilomètres pour chercher l’eau. Faut-il encore qu’ils aient des sous pour en acheter, cette eau ne leur est pas donnée. Il arrive des moments où l’eau ne coule pas des robinets dans toute la ville pour une cause qu’ils ignorent ; pendant beaucoup de jours, la pluie ne tombe pas. Que font-ils alors à ce moment-là ?
Pendant les pénuries d’eau, toute la population se ressource auprès du forage de monsieur Nagabin de Marie Josée. Celui-là avait bien pensé réaliser un forage chez lui pour des raisons domestiques dans un premier temps, mais face aux réalités, il avait été obligé d’ouvrir son forage pour le bien de la population qui devait faire de longues distances pour s’approvisionner en eau. Dès quatre heures du matin, il y avait déjà des habitants au forage. Les travailleurs et les élèves étaient toujours les premiers à arriver. À longueur de journée, les bidons serpentent devant la parcelle de monsieur Nagabin de Marie Josée. Les gens se bousculent, les femmes se disputent les places, parfois les enfants pleurent la famine, c’est vraiment la galère et un vrai marché du vacarme. Les femmes préfèrent apporter leurs habits sales pour les laver au forage, parfois même leurs enfants, le soir. Le forage devenait pour les uns un lieu de rencontre, et pour les autres un lieu de détente.
Pembé, étant donné qu’il n’avait même pas un centime de pièce de monnaie, était obligé d’enlever tranquillement sa paire de chaussures et de replier calmement son pantalon pour traverser la flaque d’eau. Chaque avancée correspondait à des pensées multiples.
— Ha ! quand j’essaie d’imaginer le comportement féroce de mon chef, j’ai comme une douleur atroce dans mon cœur. De toutes les façons, je le mérite bien : j’ai été dominé par la faiblesse, donc c’est le fruit de ma paresse. Ainsi, je dois assumer les conséquences.
Pembé arrive quand même au boulot avec une heure et demie de retard. Malgré son aspect désolant, son chef Ibarra qui l’attendait presque devant le portail ne tarda pas à lui demander de passer au bureau pour des explications. Des explications qu’il n’a pas jugées fondées vont le pousser à le foutre dehors.
— Tu es licencié, monsieur, j’ai compris que tu n’aimes pas ton boulot.
— S’il vous plaît, chef, je n’ai jamais eu d’avertissement, ni blâmé ni même écopé d’une sanction quelconque. Pourquoi est-ce que vous voulez directement me mettre à la porte

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