Le Septième Oushebti
98 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Le Septième Oushebti , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
98 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Le Septième Oushebti est un recueil de dix contes ayant pour cadre l’Égypte, de l’Antiquité à nos jours, avec, dans les rôles principaux : un oushebti maléfique à l’effigie d’Horus, un embaumeur, une veuve éplorée, le dieu-crocodile Sobek, un pilleur de tombes, un sarcophage de musaraigne et les revenants de la cité des morts. Tous ne sont pas des contes fantastiques, mais le culte des anciennes divinités est le lien permettant de passer d’une histoire à l’autre, et d’une époque à l’autre, sans rupture de ton apparente.
Entrez dans cet univers hors du temps, et laissez la grande déesse Neith vous prendre par la main...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 juin 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414228027
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-22800-3

© Edilivre, 2018
Le septième oushebti
F rançois Simon Laplace avait obtenu toutes les autorisations nécessaires du gouvernement égyptien pour fouiller une étroite bande de terrain en lisière de la chaussée d’Ounas, à Saqqarah.
Ce site était dédaigné par ses confrères, et ce désintérêt s’expliquait aisément : renfermant des tombes de riches particuliers, il avait été méthodiquement pillé au cours des siècles passés. « Allez-y, fouillez ciel et terre si ça vous chante, lui avait-on dit avec condescendance. Vous ne trouverez plus là-bas que du sable et des fragments de poteries ».
Lors d’une expédition précédente, un mastaba avait attiré l’attention de Laplace ; malheureusement, la chapelle avait été pillée, le puits dégagé de son éboulis rocheux et le caveau souterrain vidé de son contenu. Mais, sur une paroi, un fragment de fresque à demi effacé avait révélé l’identité de son occupant : un architecte ayant participé activement à l’édification de temples et de pyramides. Il paraissait surprenant qu’il se fut contenté d’une si modeste sépulture. Tout semblait avoir été agencé selon le schéma traditionnel, mais la construction pouvait receler des surprises. Il y avait probablement un ou plusieurs caveaux adjacents soigneusement dissimulés. François S. Laplace avait argumenté, bataillé ferme, et enfin obtenu le précieux sésame lui permettant de commencer ses recherches.
Pour cette expédition, le jeune archéologue n’était pas seul. Véra Mariotti, une spécialiste des sépultures du moyen empire, était également du voyage. Il s’en félicitait, car l’attirance qu’il éprouvait pour elle n’avait fait que croitre depuis leur première rencontre, deux ans auparavant.
Pour augmenter leurs chances de succès, ils emportaient du matériel ultramoderne, du même type que celui avec lequel François s’était familiarisé lors de campagnes de fouilles menées au sein d’équipes prestigieuses. Il y avait là des géoradars et des détecteurs de densité fonctionnant selon le principe de l’émission et de la détection simultanée d’ondes électromagnétiques, une caméra infrarouge, ainsi que du matériel de forage et de déblaiement.
Les deux archéologues s’étaient donné rendez-vous à Roissy-Charles-de-Gaulle. Ils avaient réservé des places côte-à-côte sur un vol Egyptair sans escale qui se déroula sans incidents. Des terrassiers et des gardes armés, imposés par le département des antiquités égyptiennes, les attendaient à l’aéroport international du Caire pour les conduire sur le site de fouilles. L’équipement lourd était arrivé la veille par fret aérien.
Les premiers jours, les sondages des murs de la chapelle et du sol environnant le mastaba s’avérèrent décevants. Ils se poursuivirent à l’intérieur du caveau. À mi-hauteur, sur un des murs latéraux, les relevés des écrans radars suggérèrent la présence d’une cavité de petites dimensions. Les foreuses entrèrent alors en action, et la caméra confirma la présence d’un espace vide de l’autre côté du mur. L’entrée d’un tunnel, d’environ un mètre de haut sur soixante centimètres de large fut alors dégagée. Une pente douce menait à un cul-de-sac. Il fallut encore une journée de sondages pour découvrir que l’entrée du deuxième caveau était dissimulée dans la paroi du tunnel, aux deux tiers de sa longueur, et non à son extrémité. Une salle de moyennes dimensions fut ainsi mise à jour, à la lumière des torches électriques.
Le caveau semblait être resté dans l’état dans lequel il se trouvait quand son entrée avait été murée, plusieurs millénaires auparavant. Quand ils en franchirent le seuil pour la première fois, un lundi après-midi, l’émotion submergea les deux archéologues :
– Nous avons réussi ! Tu te rends compte, Véra ? Nous étions pratiquement les seuls à y croire ! Et voilà le résultat, aujourd’hui, sous nos yeux !
– Tu as eu mille fois raison de t’obstiner, répondit-elle, très émue.
Leurs aides égyptiens entrèrent à leur tour, équipés de lampes halogènes sur batteries qu’ils posèrent au sol, révélant ainsi le contenu de la pièce. Ils restèrent silencieux, impressionnés par la majesté du lieu.
– As-tu vu le sarcophage ? S’exclama Véra.
Un coffre parallélépipédique de la taille d’un homme était dressé verticalement contre le mur le plus éloigné. Sur sa face antérieure, deux yeux Oudjat symétriques étaient peints au-dessus d’une porte en trompe-l’œil. À sa droite était entreposé le mobilier funéraire, dont une table d’offrandes en albâtre creusée d’une gouttière pour les libations et une banquette en bois stuqué couverte de hiéroglyphes. À sa gauche, quatre vases canopes étaient soigneusement alignés, fermés par des bouchons en terre cuite tous identiques reproduisant la tête d’un jeune homme à la peau mate et à la chevelure noir de jais.
– un portrait idéalisé du défunt, aux traits éternellement jeunes, commenta Véra. Cette représentation est caractéristique du moyen empire. Les vases canopes plus récents sont aux effigies des quatre fils d’Horus. Cependant, je n’ai vu nulle part d’allusion au pharaon régnant à l’époque de la construction de ce mastaba, et la nécropole de Saqqarah a été délaissée en faveur de Thèbes au cours de la première période intermédiaire. Nous nous trouvons donc probablement à la fin de l’ancien empire, sous le règne de Pépi II ou de l’un de ses successeurs… sans certitude toutefois. Il y avait bien un cartouche à l’entrée de la chapelle funéraire, mais il a été martelé.
Au centre de la pièce, dans un espace délimité par quatre colonnes papyriformes, sept statuettes d’une grande qualité d’exécution formaient un cercle parfait autour d’une pierre noire en saillie sur le sol. Elles n’étaient pas en terre cuite émaillée, comme les productions bon marché, mais en bois sculpté et peint. Les six premiers oushebtis étaient de proportions identiques :
Le premier, et le seul représenté de profil, tenait fermement des deux mains un long bâton brisé à son extrémité. Il pouvait s’agir originellement d’une pagaie, ou, plus prosaïquement, d’un manche à balai.
Le second soutenait un plateau chargé de victuailles sculptées et peintes, l’ensemble étant réalisé avec un grand souci du détail.
Le troisième, penché en avant, transvasait un liquide – probablement du vin – d’une amphore plaquée contre son bras droit à une coupe tenue dans sa main gauche.
Le quatrième, ou plutôt la quatrième, car il s’agissait d’une statuette de femme, représentait une jeune concubine à la poitrine découverte, d’une grande sensualité.
Le cinquième soufflait dans un instrument allongé, une sorte de hautbois antique à double corps, appelé aulos.
Le sixième était agenouillé dans une attitude de dévotion.
Le septième, à l’effigie du dieu Horus, était complètement différent des autres oushebtis : par sa taille, une fois et demie supérieure, et par sa teinte, uniformément noire, qui contrastait avec la blancheur nacrée de ses yeux aux pupilles évidées. Selon la source lumineuse, et l’angle d’incidence de celle-ci, l’intensité de son regard variait ostensiblement. Inexpressif au premier abord, il pouvait paraitre franchement inquiétant d’un instant à l’autre.
Ses bras formaient un cercle à hauteur d’épaule, et ses doigts, crochus mais musculeux, étaient recourbés vers des paumes se faisant face sans se toucher. La moitié gauche de son corps, en retrait, était paradoxalement hypertrophiée. Un renflement de chaque côté de la colonne vertébrale semblait correspondre à des ailes vestigiales. Une forte impression de malaise se dégageait de l’ensemble. Laplace leva les yeux, pour se soustraire à cette vision dérangeante, et reprit son exploration de chaque pan de mur, à la recherche d’inscriptions. Il en repéra une au-dessus de l’entrée du caveau, qu’il déchiffra à vue :
« Chaque homme qui détruirait une pierre ou une brique de ce tombeau, qui effacerait les inscriptions, serait jugé à cause de cela par le grand dieu, maître du jugement. Quiconque entrerait dans ce tombeau après avoir mangé ce qui est exécrable, je m’en emparerais comme un oiseau »
– Nous nous garderons bien d’endommager quoi que ce soit, dit Laplace en plaisantant, à moins que le déplacement de quelques pierres pour s’introduire ici soit considéré comme du vandalisme par des esprits chagrins. Par contre, en ce qui concerne la nourriture… Je te soupçonne d’avoir des goûts exécrables, ma pauvre Véra. Oserais-tu avouer ce que tu as mangé ce midi ?
– Un Big Mac avec une canette de coca… Je ne pense pas que celui qui a conçu cet avertissement ait imaginé un instant que les habitudes alimentaires changeraient à ce point.
– Leurs interdits alimentaires concernaient plus le mouton que le porc ; quant à la viande contenue dans ton hamburger… disons prudemment qu’elle est d’origine indéterminée !
– Donc, si tu dis vrai, je n’aurai pas à affronter le courroux de Khnoum, le dieu à tête de bélier. Avertissons quand même nos gardes qu’ils risquent d’être privés de méchoui !
– Je les préviendrai, et ils nous diront s’ils acceptent toujours de descendre dans le caveau. Mais est-ce vraiment indispensable ? Nous aurons besoin de bras pour remonter nos découvertes à la surface.
Véra ne répondit pas. Elle avait saisi la petite statuette de courtisane qu’elle examinait attentivement.
– Regarde, François ! Elle est en bois polychrome, mais sa parure a été réalisée à la feuille d’or !
– Elle ne cache pas grand-chose, ils ne se sont pas ruinés !
Véra reposa la statuette en soupirant. Ce genre de réflexion lui semblait déplacé. Elle excusa toutefois son ami, car elle n’oubliait pas que son avenir professionnel était étroitement lié au bon déroulement de cette expédition. Plaisant

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents