Le Téléviseur cet intrus
158 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Le Téléviseur cet intrus , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
158 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Le téléviseur, est cet objet qui est introduit dans cet espace maghrébin au nom de la modernité, du bien-être, du droit à l’information et au divertissement, faisant preuve d’une grande présence au quotidien des populations et aussi d’une grande puissance de pénétration dans les foyers. Il peut être cet intrus à la fois angélique et diabolique qui laisserait les rues vides et silencieuses pendant la retransmission d’événements nationaux ou mondiaux. C’est aussi, cet objet qui nous projette vers l’imaginaire, l’irréel, la tromperie voire le mensonge, il est aussi cet ailleurs qui habite nos rêves, et nos attentes. Dans cette atmosphère du non-dit, où le flou s'entremêle avec le licite et l'illicite, l'imaginaire de l'image et de la représentation s'est construit. Un impact d'influence différentielle a marqué les sociétés africano-arabo-berbéro-musulmanes dans leur rapport à l'image. Vouloir comprendre cette relation assez ambiguë de l'audiovisuel et le monde arabo-musulman est complexe car tantôt l'image est maudite, tantôt tolérée, et parfois même glorifiée. Les lectures de spécialistes théologiens nous conduisent à appréhender ce sujet avec modestie et humilité. Le téléviseur, cet objet technique venu de l’occident s’est introduit dans chaque foyer maghrébin, sans résistance de la part des populations, en tant qu’élément anthropologique, objet de savoir, lien de culture, lieu de distraction et de conflit. Le téléviseur faisant désormais parti du quotidien des maghrébins, quelles conséquences engendre-t-il sur cet espace ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332885746
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
CopyrIght
Cet ouvrage a été composér Edilivre 175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50 Mail : client@edilivre.com www.edilivre.com
Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction, intégrale ou partielle réservés pour tous pays.
ISBN numérique : 978-2-332-88572-2
© Edilivre, 2016
Citation
Oh ma mère, je m’accroche, je ne regarde pas la télévision mais je la contourne comme tu me l’as toujours dit.
Dédicace Je dédie ce travail à toutes les personnes qui m’ont offert leur soutien intellectuel, moral et affectif entre autres ma famille, mes amis … Je remercie infiniment Jeanne, yannick, Aggar, Sylvie, Meryem, pour la relecture et le soutien moral, elles trouveront ici toute la gratitude. KENDZI KADDOUR
Le Maghreb est un espace géographique très particulier, il permet de voyager entre plusieurs cultures : africaine, berbère et arabo-musulmane, le tout en interaction avec la culture occidentale. Notre intérêt va porter notamment sur cette multi-culturalité dans un cadre communicationnel. Peu d’études ont jusqu’ici été consacrées au phénomène « téléviseur » qu’on qualifie ici « d’intrus » dans cet espace. Le téléviseur cet outil venu d’ailleurs dérange et bouleverse les frontières physiques et symboliques des espaces privés et publics. Il s’immisce dans tous les espaces : sociologiques, anthropologiques, culturels et religieux. Le téléviseur se généralise progressivement dans la culture maghrébine en induisant un nouveau mode de communication. Nous articulerons volontairement plusieurs points de vue théoriques. Une approche multi-référentielle, pour mieux comprendre les comportements propres au milieu maghrébin. Les attitudes qui se sont forgées dans des sociétés occidentales durant plusieurs décennies vont-elles se retrouver dans les pays du sud ? Cet outil de communication fabriqué par l’Occident, n’existait pas dans les espaces sociolinguistiques du milieu maghrébin. Avec une rapidité remarquable, il conquiert désormais les sphères sociales et culturelles. Si en Occident la télévision s’est lentement insérée dans le mode de vie quotidien, dans les sociétés maghrébines, le phénomène s’est installé en un temps très court. Les flux des images et des idées que véhiculent le téléviseur et la télévision se sont imposés dans une société où l’image et la figuration sont à peine tolérées. Quel avenir peut être réservé à cet « intrus » ? Quelles incidences ont le téléviseur et la télévision sur le quotidien des populations maghrébines ? Pour répondre à de telles questions, nous devons prendre en compte l’arrivée de ce nouveau média de communication dans une culture fortement marquée par la tradition orale : le Maghreb notamment les régions du sud sont par excellence des milieux où l’oralité prédomine. Nous nous limitons volontairement aux régions sud du Maghreb, une zone particulière, même au sein de l’espace maghrébin au sens large, par sa triple appartenance africaine négroïde, berbère et arabo-musulmane. Le but n’est pas de projeter sur ces sociétés des pratiques qui appartiennent au monde occidental mais de saisir leur pratique propre. Des mutations se dessinent lentement : – Des normes socio-économiques. – Des perceptions nouvelles de la donnée du temps. – D’organisation spatiale du milieu (aux niveaux micro spatial, et macro spatial), – Du quotidien des maghrébins (espace temporel domestique). – Le téléviseur a acquis le statut d’élément structurant le monde domestique ou est-il uniquement un meuble comme les autres dans l’espace semi-privé, privé ?
Les différentes implications et imbrications socio culturelles et cultuelles que peut engendrer le couple « Téléviseur-Télévision » dans le quotidien d’une société non occidentale. Toute réflexions sur les effets télévisuels dans une société ne peut être que partielle, si on n’envisage pas le système en sa globalité dans lequel évolue cette société. Le mode ethnographique les formes de réception et les usages, et l’environnement de ce médium. Je me suis longuement intéressé par le travail Richard HOGGART et Stuart HALL des « cultural studies », c’est une école de pensée qui analyse la réception dans une globalité en excluant tout déterminisme. La télévision est à la fois une technique qui diffuse le son et l’image, elle est considérée par les pouvoirs publics comme un système de communication et de transmission des connaissances par excellence, qui permet de maîtriser le territoire communicationnel et spatial et, par la même peut affecter les autres sous systèmes culturels et organisationnels déjà en place. C’est aussi un objet technique qui nous intéresse par la place qu’occupe dans l’environnement domestique, son rôle anthropologique, sa symbolique et la nouvelle conception de l’espace et du temps qu’il engendre. C’est cette intrusion dans le temps et l’espace des maghrébins dans leur histoire et leurs éventuelles mutations au plan imaginaires et du vécu des événements et des situations de partout dans le monde.
Les téléspectateurs qui butent sur certaines émissions, considèrent-ils la télévision comme un moyen de dépassement ou bien restent-ils à un niveau de compréhension imparfait qui ne leur procure que peu de satisfaction ? Quels sont les types d’obstacles rencontrés ? En langue arabe, le mot télévision n’existe pas. C’est un objet technique importé de l’occident pour lequel il n’y a pas de traduction fiable en arabe. On dit «telvez: ce mot ne veut rien dire en arabe, c’est du « » franarabe ». D’autres ont essayé de faire des efforts pour identifier cet objet en langue arabe : ils ont traduit carrément « le petit écran »El chacha el saghira, Chachaécran, c’est El saghrirapetit. On voit encore ici toute la c’est difficulté rencontrée pour traduire cet objet : même au plan sémantique ça présence est floue. Là commence l’étrangeté de cet « intrus », de cet objet nouveau qui provoque des comportements nouveaux. Une anecdote est tout à fait révélatrice. Dans un ksar (appellation qu’on donne au village fortifié traditionnel des zones du sud Maghreb) lorsque pour la première fois on a regardé les images de la télévision, mais encore plusieurs années plus tard les femmes se voilaient le visage dés qu’un homme apparaissait sur l’écran. L’image de l’autre provoquait plus qu’une gêne. Cette image était vécue comme une intrusion troublante dans l’espace semi privé. L’image télévisuelle nous épie, elle nous endort, elle perturbe notre temps, elle nous retient, même si on ne comprend pas grand-chose. Comment ces populations en viennent-elles à intégrer les changements provoqués par cet « intrus » ?
Que signifie pratiquementletéléviseur et la télévision dans la culture maghrébine, sachant qu’à la fois c’est une fenêtre sur le monde et qu’ils peuvent-être perçus comme une perte de temps, qu’ils appartiennent à une modernité technique et qu’ils viennent se positionner dans une tradition orgueilleuse. Cette chose qui vient de l’extérieur pour maîtriser le temps, le mouvement et orienter notre pensée. Installée dans le salon et parfois dans la cuisine, la télévision modifie les comportements ne serait-ce que par ce qu’elle nous apprend de la situation que l’on a ; qui n’est ni pire ni meilleure que celles des autres. La télévision apporte une sorte de consolation réflexive, dans un espace où il n’existe pratiquement aucun moyen de distraction matérielle. Il fournit une occupation en meublant le temps des ces populations, surtout celui des femmes qui, de manière générale, par leur position hiérarchique dans cette société, peuvent moins sortir de la maison familiale. Pour les Etats de la région, la télévision a pour rôle de prendre en charge les émotions, les espoirs, d’inciter à des voyages imaginaires et de fournir une éducation tant religieuse que civique. Le téléviseur est sensé créer un lien très affectif entre les individus, surtout entre les femmes et les enfants. Pour les petits enfants en bas âge, il a un rôle de « nounou » par le son qu’il diffuse continuellement, sa musique, et par ses images qui dansent à longueur de journée. Peut-on parler d’une « télé modélisation » de la vie socioculturelle dans cette société maghrébine ? Transpose-t-elle les comportements vus à la télévision dans le quotidien ? Excluant Un modèle de vision moniste portée par les télévisions nationales qui excluent tout esprit contradictoire, pouvant remettre en cause le statu quo du pouvoir en place, « La construction dominante » comme en parle Gérard GERBNER l’emportera-t-il. Les sociétés maghrébines se caractérisent par des valeurs sociales traditionnelles type africano-arabo-berbéro-islamiques, mais comme toute société, elle connaît des mutations grâce aux nouveaux moyens de communication et notamment avec le téléviseur. Quels rôles la solidarité et l’organisation socioculturelle joueront-elles dans le processus d’adaptation ou de rejet du couple « téléviseur-télévision », et du système de valeurs qu’il véhicule ? Y a-t-il confrontations des projets véhiculés par le couple « téléviseur télévision » et des fondements socio-culturels et cultuels de ces populations ? Le téléviseur est-il devenu une réalité de l’environnement maghrébin avec qui il faut compter ou sera-t-il exclu des espaces spatio-temporels et symboliques ? Sera-t-il l’« intrus » qu’il faut chasser par tous les moyens, en tant qu’instrument qui portera atteinte à la femme, et par l’intermédiaire de cette dernière à toute la société ? Sera-t-il l’arme redoutable des pouvoirs publics et des chaînes satellitaires pour fragiliser l’espace familial maghrébin et transformer la société en un espace de consommation ?
Le quotidien économique de ces populations se base de manière générale sur l’agriculture et l’élevage. L’éloignement des centres de décisions les handicape énormément parce que les frais de transport sont très importants. Le taux de fertilité de ces populations est très élevé. On compte par famille au moins 4 enfants. La femme est quasi absente des lieux publics, sauf au moment des souks et dans les périodes des fêtes culturo-religieuses plus spécialement le « Mawloud el nabaoui ». La culture traditionnelle et la dimension religieuse ont un fort impact sur le quotidien de ces populations Une bonne partie des femmes s’occupent des jardins, et l’élevage, souvent avec leurs maris. Les conflits sont généralement réglés au sein de la famille ou par la djamaa (réunion des sages du ksar) : ils font rarement appel à la justice de l’Etat. Malgré, les faibles revenus des ménages, presque tous les foyers possèdent un téléviseur et souvent en couleur. On chasse l’idée que tout est tromperie et que tout est mensonge dans la télévision. L’approche qui met l’accent sur l’interdépendance et qui met en lumière le jeu d’influence réciproque entre le système des médias et le système socio économico culturel est intéressante pour notre analyse. Par où commencer cet essai, j’ai pensé aller d’abord à cette opposition d’apparence contradictoire mais au fait ce n’est que continuité dans le sens de l’histoire. Je reviens volontairement sur ce thème qui sera mon introduction pour mon analyse.
Modernité-Tradition
Qu’est-ce que la modernité ? Qu’appelle-t-on « tradition » ? Cette opposition « modernité-tradition » a-t-elle du sens aujourd’hui où l’on parle de « Post traditionnel » ou de « postmoderne » ? Que veulent dire tous ces concepts ? La modernité est-elle synonyme d’occidentalisation et de standardisation ? La modernité veut-elle dire quelque chose dans un autre monde, autre que le monde occidental ? Le téléspectateur est considéré comme un acteur social, économique, politique voire un élément du marché audiovisuel, vendu aux publicitaires. La recherche actuelle, se penche sur deux grands types de processus qui se suivent chronologiquement en premier lieu pourquoi et comment le téléspectateur traite-t-il l’information télévisuelle, comment y réagit-il sur les plans cognitifs, affectifs et comportementaux, comment et quels types de représentations va-t-il mémoriser ? En second lieu les recherches s’intéressent aux réactions des différentes sphères culturelles en prenant en compte l’espace temporel et l’espace physique après l’intrusion du téléviseur dans un espace donné. La sphère de l’imaginaire télévisuel pourrait être caractérisée par une temporalité spécifique, un écoulement, une fluidité d’images qui génèreraient une mobilité incessante, des déplacements, des identifications, des interprétations, des transformations de toutes sortes. Tel serait l’entraînement propre de l’image télévisuelle capable parfois de provoquer des hallucinations ou le délire de reproduire ces images dans la réalité. L’oralité s’impose comme moyen de communication au Maghreb traditionnel ? Il existe bon nombre de définitions qui se rapportent à la tradition orale ; néanmoins, l’origine de cette notion de tradition orale viendrait du e mouvement romantique des intellectuels européens (XIX siècle) qui opposaient l’art populaire à l’art raffiné de la haute société. Ainsi, on considère l’art populaire comme la somme des traditions orales. Pour d’autres, c’est la propriété d’une communication réalisée sur la base privilégiée d’une perception auditive du message. Nous entendons par culture à tradition orale celle qui s’était épanouie avant la période précoloniale et qui n’avait pas encore fait l’objet de recherches sérieuses, sans idées préconçues, en raison de l’impérialisme culturel rampant. Cheikh ANTA DIOP écrivait dans un article en 1982 une mise en garde contre l’invasion des modes culturelles véhiculées du Nord vers le Sud : « L’identité culturelle d’un peuple est liée à trois grands facteurs ; historique, linguistique, psychologique ; agir sur eux revient à modifier la personnalité culturelle, qu’elle soit collective ou individuelle (…), ces modifications pouvant aller jusqu’à provoquer une crise de l’identité ».
Deux mondes différents, l’un traditionnel référent et l’autre qualifié de moderne grâce à des nouvelles technologies de l’information et la communication cohabitent dans cet espace maghrébin. Parfois ils s’affrontent, parfois ils se conjuguent. La culture moderne est apparentée aux influences occidentales ; c’est dans ce contexte d’ambiguïté que deux formes de civilisations se juxtaposent, s’interpénètrent, convergent ou divergent. Le système scolaire est marqué dans une large mesure par le système occidental, mais conserve les empreintes d’un enseignement de type traditionnel à travers les contes, les proverbes, les devinettes, les comportements vestimentaires et les fêtes traditionnelles, jeux et distractions qui renferment tous une symbolique traditionnelle. Le renouveau de la tradition orale a largement contribué à revaloriser les modes culturels hérités du passé, à redécouvrir des héros nationaux qui ont servi de norme référentielle et dont on célèbre désormais la mémoire. Jean MOUCHON et Jean Pierre SARRAZEC écrivent que : « L’oral est socialisation de l’expérience individuelle et, comme tel, ne se réduit pas à la fonction de communication ou à un ensemble de techniques d’expression ».L’oralité peut-être une source complémentaire pour l’histoire, car la tradition orale est liée à l’agriculture, l’hydraulique, la médecine, l’anthropologie, l’ethnographie, l’ethnologie, l’archéologie, la sociologie, les arts, la poésie, mais aussi à la légende et aux mythes. Ainsi la tradition orale contribue à valoriser les modes culturels hérités du passé et permet de redécouvrir des normes référentielles pour la population locale. Malheureusement, chaque fois qu’une personne âgée disparaît, un anneau de la chaîne de la tradition orale se perd. Une prise de conscience s’est installée dans les esprits et l’affirmation saharienne fait apparaître cette différence culturelle qui a passé toutes les épreuves de toutes les propagandes médiatique, de l’image, de la TSF, de la radio, jusqu’au téléviseur. Les coutumes et les traditions sont toujours là. L’oralité a joué un rôle déterminant en constituant d’une part une source de l’histoire locale et, d’autre part, en s’imposant comme une valeur refuge. Le départ des Européens, les différentes expériences de développement socio-économique subies par ce territoire et les effets du choc des cultures occidentales par l’intermédiaire des images télévisuelles ont poussé cet espace Nord africain vers des crises identitaires. Pour autant, ils ne rejettent pas la modernité mais cherchent une modernité arabisée, maghrebanisé ou même africanisée. La tradition orale est liée à l’ethnographie, l’ethnologie, l’archéologie, aux arts et à la culture matérielle en général. Elle a une étroite affinité avec le contenu de l’anthropologie. Toutefois, sachant que les témoignages oraux peuvent prendre la forme de récits, de poèmes, de traditions ésotériques, mnémoniques, de légendes, ou de mythes il est notoire que les mémoires puissent rendre ces méthodes de transmission incertaines voire défectueuses. Certes l’inventaire de ces traditions est un gage de non-
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents