Le Violon de Charles
192 pages
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Le Violon de Charles , livre ebook

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Description

Dans le recueil de brèves nouvelles imaginées par Bernard Leblanc, les rêves des personnages esthètes se confondent souvent avec la réalité. Les fantômes du passé ressurgissent au contact de l'art, qu'il s'agisse de peinture, de musique, de littérature ou encore de cinéma. Le violon occupe une bonne place dans l'imaginaire poétique de l'auteur. Tour à tour, l'instrument ancien retrouvé dans une armoire raconte sa fabuleuse histoire ou vibre sous les doigts de talentueux musiciens. Il entraîne aussi son lecteur sur la côte amalfitaine, suivre une procession populaire pour la fête de Saint-Antoine, puis au musée d'Orsay, où un gardien éprouve une passion dévorante pour l'Olympia de Manet. Contemplatif, le regard sensible de l'auteur met en évidence la beauté fugitive qui se cache derrière la banalité du quotidien.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 18 mai 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414057153
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-05713-9

© Edilivre, 2017
Exergue

Le violon… C’est la voix féminine de l’orchestre, voix passionnée et chaste en même temps déchirante et douce, qui pleure et crie et se lamente, ou chante et prie et rêve, ou éclate en accents joyeux comme nulle autre pourrait le faire…
Hector Berlioz. Traité d’instrumentation
Amalfi
En cette fin d’après-midi, dans un ciel d’azur, les oiseaux marins voletaient, égrenant leurs cris, plongeaient vers les flots puis remontaient en blanches arabesques. J’étais accoudé avec Hélène, sur le muret qui bordait, à cet endroit, une petite terrasse sur le roc qui s’avançait sur la mer. Nous séjournions à Amalfi depuis quelques jours, visitant cette côte merveilleuse après un rappel du passé, dans les ruines de Pompéi. Les promenades, dans cette ville nous avaient menés dans la voie Genova, rue principale avec ses boutiques installées au fond de le gorge rocheuse et, au dédale des ruelles, nous avions découvert une chapelle où on préparait, nous avait-on dit, la statue de ce bon Saint-Antoine pour célébrer sa fête. Ce jour-là, sur notre promontoire, nous apercevions déjà nombre de barques de pêcheurs dont la couleur bleutée se mêlait à celle de la mer dans une variation de tons, et qui voguaient vers ce promontoire. Mais à cet instant, attirés par une certaine agitation, nous tournâmes le dos à cette scène marine et, dans la tiédeur de ce mois de juin, nous regardâmes se préparer une procession pour la fête de Saint-Antoine de Padoue. Devant nous se dressaient sur le rocher, de l’autre côté de la rue, les ruines d’une vieille tour sarrasine et le Luna Convento , ancien couvent devenu hôtel et dont une plaque commémorative témoignait du passage, en résidence, au fil du temps de personnages célèbres venus chercher l’inspiration, Ibsen ou Wagner, de même qu’André Gide.
Bien au-dessus, nous apercevions, au sommet de cette falaise rocheuse, le balcon comme suspendu entre ciel et mer, arboré et fleuri, de Ravello. La veille, à cet endroit, nous dominions la baie magnifique et nos yeux espéraient découvrir l’île de Capri, ce que l’horizon nous refusa.
La nature ainsi c’était mise à la fête. Joie ironique car au moment où le jour déclinait, une vie semblait renaître dans cette petite ville. La rue était pleine de monde, garçons et filles costumés allaient et venaient dans un mouvement qui commençait à faire écho aux marins qui se hélaient d’une barque à l’autre ; certains déjà chantaient, l’un manœuvrait pour être en tête. Nous laissions courir dans l’espace. Le bonheur semblait suspendu sur la terre et dans les yeux des Anciens qui arrivaient lentement avec des fleurs, des gamins et gamines qui profitaient de ce moment de liberté pour courir entre les groupes, se cachaient puis se mêlaient, se poursuivant, se heurtaient dans cette rue sans menace. A côté de nous, un bambin souriait, babillait dans les bras de sa mère. Il lui tirait les cheveux, les oreilles pour son plus grand plaisir…
– Tu as passé, je crois, avec ton épouse, un sacré moment ! intervint mon copain Guy
– Sacré ! Tu peux le dire, c’est la bonne réponse. Attends ! Le meilleur est pour la fin… Tu n’es pas pressé ?
– Non, bien sûr ! répondit, sans entrain, Guy… mais allons nous asseoir !
Alors, je continuai. « Sur ce mélange de zones d’ombre et de lumière, de jeux et de cris juvéniles, de sagesse ancestrale, un groupe d’hommes venait d’apporter et d’installer notre Saint-Antoine sur un brancard surélevé de telle sorte que son regard nous dominait. Il régnait sur ce bord de mer et dans les venelles avoisinantes un bruissement continu. On percevait les murmures sans les comprendre. Le soleil continuait sa course descendante. Il éclairait encore le rocher où nous étions, jouait sur les ors figés des vêtements du Saint et teintait d’un ruban pourpre, dans ce ciel marial, les sommets de la gorge, promettant une douce soirée. Puis la rue, les maisons, la façade rocheuse s’assombrirent, contrastant avec le luminosité des cimes et ce jour déjà palissant annonçait une heure douce et sereine. Les conversations cessèrent quand l’évêque et le clergé prirent place et, soudain, un silence s’installa, non pas sans bruit, mais comme celui d’une forêt où on ne perçoit que le vol des insectes et des oiseaux, le craquement des feuilles.
J’avais l’impression qu’il allait se passer quelque chose. Mon regard refusait de se laisser détourner présentement par de simples faits, mais sollicitait une vision plus poétique. L’atmosphère incitait à la recherche d’un temps spirituel retrouvé. Je levai la tête vers celui pour qui cette foule était venue pour le suivre. A cet instant, le soleil se cachait derrière la cime de la gorge, ses rayons diffractaient sur la crête et descendaient envelopper la statue dans une représentation d’image sulpicienne. La lumière était tamisée et diffusait vers le visage de Saint-Antoine qui baignait ainsi dans une clarté qui contrastait avec l’ombre environnante. Ce chatoiement et cette luminosité aux rayons ondulants donnait l’impression que ses cheveux remuaient sous le souffle léger du vent marin, que son visage bienveillant s’inclinait vers moi et que si quelqu’un, à cet instant, avait prononcé mon prénom, j’aurai cru qu’il m’appelait. Combien de temps cette image tremblante, paraissant animée s’est inscrite dans mes yeux ? Je ne sais… L’instant était suspendu. Le souvenir que j’en ai gardé est que j’étais immobile, subjugué par le silence. Mon regard était soumis à ce visage, j’avais l’impression que nos yeux se fixaient. Une cloche sonna, puis deux entraînant un carillon joyeux et effréné qui marqua le départ de la procession et l’effacement de la vision sans doute imaginée. Je revins sur terre au son du premier cantique entonné par une foule pieusement disciplinée.
Je fus surpris par le visage étonné de mon épouse qui, de son côté, trouvait le mien étrangement bizarre. Elle me conta l’intuition qu’elle avait ressentie, comme moi, au début jusqu’à la représentation séduisante et poétique du visage que je viens de vous narrer. Certes, nous ne croyions pas à une quelconque apparition, mais nous étions troublés, ravis comme deux santons. Mais pourquoi cet émerveillement nous avait-il touchés, mon épouse et moi ? Nous ressentions une certaine ivresse ; la notion de béatitude serait trop spirituelle pour cette vision que nous analysions de façon bien raisonnée. Ce flou optique provoqué par une lumière diffuse a souvent été reprise en peinture et plus souvent encore en art photographique pour donner au sujet ou à l’œuvre une dimension surnaturelle et capter l’œil du spectateur pour l’amener à une réflexion imaginative. Surpris de suivre la procession, nous ne chantions pas mais nous écoutions ces voix surtout féminines qui se répercutaient sur le rocher et faisait écho à celles des marins sur la mer comme un antiphonaire. Ces instants retrouvés étaient propices à la prière sinon à la méditation. Ces scènes vécues intensément par les pèlerins dans ce magnifique paysage étaient belles et nous rappelaient certains Pardons bretons. Que pouvais espérer cette ferveur religieuse ? Nous posions la question. Accorder le pardon à leurs cousins de Naples, ceux-là mêmes qui, cinq jours plus tôt nous avaient délestés d’un sac contenant l’appareil photo, dès la descente de l’avion ; ou bien solliciter une grâce pour qu’il y ait davantage de touristes afin de mieux rentabiliser ce « petit boulot » ?
Ayant ralenti le pas, Saint-Antoine ne tarda pas à nous rattraper et passa devant nous sans nous regarder. Il avait l’air mécontent. Que nous reprochait-il ?… Bien sûr… il devait penser… « Touristes de peu de foi, n’avez-vous rien à me demander ? Pas même de vous aider à retrouver les objets de ce larcin… Contre un ex-voto ! ».
Olympia
J’étais surveillant au Musée d’Orsay, à Paris, depuis deux années. Dès mon entrée en fonction, j’avais continué d’étudier et les tableaux n’avaient plus de secret pour moi, je connaissais la collection permanente sur le bout du doigt, ou plutôt le bout de mes cils. Ce jour, j’étais de garde dans la salle où était exposée « Madame Olympia », comme je l’appelais quand on me demandait des renseignements. Jeune surveillant, j’étais tombé quasiment amoureux de cette jeune femme allongée, belle, gracieuse, cherchant à se cacher d’une main gauche pudique. Ce n’est pas, pensais-je, comme la Vénus d’Urbino, venue en exposition temporaire, dénudée évidemment mais qui gardait sa main entre ses cuisses ; « Albert, cela fait égrillard » avait dit un jour, mon chef. Bref, en imagination, je venais souvent conter fleurette à cette Olympia, la nuit j’en rêvais. Et lors d’une de mes approches, je remarquai une jeune fille seule, en extase devant le tableau. Mon regard se fixa, comme étonné, au sens propre du terme, sur ce visage clair, tranquille, surmonté d’une chevelure noire, sur ces yeux exprimant un certain vague à l’âme, et, fait curieux du hasard, un fin ruban de soie se bouclait sur son cou. Un sentiment de langueur reflété en miroir avec celui du tableau diffusa dans mon cœur. Nos regards se rencontrèrent, se fixèrent et s’interrogèrent quelques instants. Visiblement, cette jeune femme était fascinée par le tableau et celle-ci rougissant subitement, se sentait comme dénudée devant moi, j’avais peut-être découvert son secret. Elle disparut, mais les deux jours suivants, je l’aperçus dans la même posture. Toute la soirée, mes pensées ne parvenaient pas à se fixer, elles rebondissaient du tableau au visage humain de cette jeune passionnée. Je ne parvenais pas à maîtriser mes sentiments, j’étais comme ivre sous le charme des deux. Je me sentais per

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