Les Aventures d'Atrébatix le barde

Daniel Lambert

Description

Il y a des siècles de cela, le Bon Dieu nomma douze elfes et lutins afin de réguler le temps. Chacun d’entre eux disposait d’un mois et pouvait agir à sa guise. Le premier, Janvi, tout de blanc vêtu, s’est habillé de pelisses bien chaudes pour affronter le froid. Il s’amuse à chevaucher le vent pour faire tomber la pluie et la neige comme il l’entend. Apercevant deux enfants égarés, il se sert de sa baguette magique et fait scintiller les cristaux de neige afin de leur montrer le chemin du retour. La lune elle-même s’y met en apportant sa bienveillante et douce clarté. Ouf, voici la maison, et comme seuls les enfants ont le pouvoir de voir les petits elfes, ils placent sur le rebord de la fenêtre une brioche et un bol de lait chaud pour remercier Janvi. Le deuxième lutin, Févri, est plus discret. C’est lui qui a la charge d’annoncer par petites touches les prémices du printemps. Il lâche ainsi quelques perce-neige pour rasséréner les humains qui n’en peuvent plus de l’hiver. Distrait, il oublie souvent de mettre sa main devant sa bouche lorsqu’il tousse et ses postillons se mélangeant à la pluie provoquent des épidémies de rhumes. Vingt-huit jours, c’est vite passé, et voici Marsi qui montre le bout de son nez !

Sujets

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Informations

• Publié par: Edilivre
• Date de parution: 21 novembre 2017
• Nombre de lectures: 1
• EAN13: 9782414140435
• Langue: Français

Extrait

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ISBN numérique : 978-2-414-14041-1

© Edilivre, 2017
Après un mois d’absence, ils étaient accourus. Impatients de connaître la suite des histoires extraordinaires du vieil homme, ils s’étaient blottis dans le chalet. Cache-cols haussés, cagoules ceinturées de chaudes écharpes, mains dans des gants de laine, ils se pressaient les uns contre les autres, attendant que le feu d’appoint fasse son office. Soudain, un éclair lumineux embrasa le devant du chalet et fit miroiter des ondes d’or à la surface du bassin. Un Ooooh général surgit de toutes les lèvres.
– Oh ! Le soleil s’est réveillé ! s’exclama une petite fille dont les yeux fouillaient les moindres recoins de la scène.
– Oui, c’est l’elfe de février qui vient d’arriver. Ne voyez-vous pas sa monture ? Là, entre les osiers ! reprit tout naturellement le vieil homme pour qui tout ce qui passait pour être féérique était normal.
– Elfe de février, s’étonna un des petits garçons, mais ça n’existe pas !
– Fi !!! Mais si : cela existe ! Je vais vous en révéler leurs secrets. Mais, bouches cousues ! Car ces petits Êtres n’aiment pas que l’on parle d’eux. Boudeurs, ils feraient pleuvoir toute l’année.
– Ooooh, plus de soleil ! Ce serait triste. Oui, on ne dira rien, reprirent en cœur les enfants.
Et tous : d’être suspendus aux lèvres du vieux bonhomme qui prit un malin plaisir à les faire frémir de peur et à les faire rire à en pleurer de ses bêtises-chocolat.
– Il y a bien longtemps de cela. Le Bon Dieu s’était rendu compte que la Terre était triste. Le ciel avait ses nuages qui étaient toujours au même endroit. La mer était plate comme un miroir. Le sol, bien que plein de vie, était toujours le même. Pas de vent. Pas de pluie. Pas de neige. Toujours la même température. Cela rendait les animaux tristes. Alors, il inventa le Temps. Mais le vent, la pluie et la neige, longtemps sans bouger n’en faisaient qu’à leur tête. La Terre était chamboulée. Le Bon Dieu se fâcha et convoqua douze Êtres, principalement des elfes et des lutins, et leur donna le pouvoir de faire le temps d’un mois et d’un seul. Comme cela était juste, les éléments applaudirent et se plièrent aux désirs des Êtres des mois…
– OOOooooohhhh !
– Chut ! écoutez bien ! D’abord, il me faut vous dire comment l’évènement arriva. Alors que j’étais assis en paradis, entouré de mes amis pour passer le quatre heures (mon briquet comme j’aime à le dire). Il m’arriva une drôle histoire. Elle fut suivie d’une grande découverte que même les savants, les conteurs et les Êtres magiques ne connaissent pas… Oui, je me souviens de cette merveilleuse journée. Là-haut, les nuages blancs voyageaient dans ce grand ciel bleu alors que rien ne bougeait en ce bas monde. Les feuilles, les phasmes et même les trembles étaient en arrêt. C’est tout dire ! Enfin, un peu de silence n’était que bienfait sur cette planète où l’humain s’était entouré de nuisances en tout genre. Je profitais de ce bien inaliénable que l’homme avait rejeté. Je déambulais dans mon fief, appréciant le calme. Force est de dire que je ne pouvais empêcher mes pensées qui s’interrogeaient sur ce fait. Mère Terre ne tournait-elle plus ? Quel calme ! Les hommes s’étaient-ils assagis ? Mais bien sûr que non ! Les bruits caractéristiques des soupapes et culbuteurs interrompirent le charme. Apeuré par cette incursion maléfique, un veau appela sa mère. Dégoutée, mère Nature reprit sa course. Les trembles s’agitèrent. Les feuilles tremblèrent et les phasmes en profitèrent pour… passer inaperçus. L’instant de paix n’était plus. Ainsi allait la vie !
Le vieil homme claqua des doigts. L’air se fendit et une sorte d’écran s’ouvrit sur une scène étrange qui changera au fur et à mesure de l’avancement dans l’année.
Janvier
V oyez, l’elfe de janvier vient d’arriver. Vêtu d’une fourrure blanche et d’un chapeau en laine bleue, il peut affronter la neige. L’hiver n’est-il pas roi en ce mois ? Tout le monde grelote et se serre afin de se tenir chaud. Heureusement, nos vêtements affrontent des températures polaires et nos corps s’en réjouissent.
C’est un minuscule nain pas plus haut qu’un bouchon, chaussé de bottes noires bien lustrées. Il ne semble pas craindre le froid. Écoutez, sa clochette sonne : ding, dong ! Les nuages, le vent et… monsieur Hiver redoublent de force. Par-delà la forêt, il semble que deux compères-sorciers se sont retrouvés et rient de leurs méfaits. Le cerveau empli de tant de rosseries et de tours pendables, ils décident de refaire le chemin ensemble. Dur sera le mois de janvier. Notre ami saura-t-il déjouer leurs mauvais tours ?
Notre brave nain sort sa pelle. Il fait un bonhomme et des boules de neige. C’est qu’il n’a pas froid, car il est emmitouflé de pelisses et de bonnes mitaines de laine.
Oh, il vient d’attraper le vent par la queue ! Le voici qui le chevauche. Il rit à grands éclats ; il secoue sa monture invisible qui souffle, souffle… Avec son aide, il fait tomber la neige ou la pluie : c’est comme il le sent.
Ah, il s’est enfin posé sur un jonc qui plie au gré du vent. Voyez comme il est gracieux : ventre rondelet, joufflu, barbe blanche bien frisée. Hi ! Hi ! Ses yeux rieurs font sauter ses jolies lunettes blanches toutes rondes sur ses joues.
Ses deux montures préférées arrivent : un chat à quatre ailes et un chien à deux ailes. C’est à celui qui aura été monté le premier pour aider à envoyer la neige ou la pluie partout sur la Terre. Bah, chacun son tour ! Ne se trouve-t-il pas trente et un jours, durant ce rude mois ?
Les jours passent, passent. Janvi (c’est son nom) ne ménage pas sa peine à faire de ce premier mois ce qu’il est : de pluie, triste, morne. Les couleurs de la vie ont revêtu les couleurs de deuils. Même les cieux ne sont plus que bourrasques. Les nuages fantomatiques déversent leurs lots quotidiens de morosités sur les vivants. Seul le bouleau, que l’on appelle Beth, illumine les paysages de la blancheur de son tronc.
L’air est si froid que le soleil n’est plus qu’une boule jaune sans chaleur. Haut dans le ciel, les corbeaux sont à la peine et croassent leurs malheurs. Nul n’en fait cas ; à cela, ne vous offusquez pas s’ils cherchent à crever les yeux ; ils pensent béqueter votre savoir.
Seul ou en groupe, il nous faudra prendre garde en allant en forêt. Les yeux de sang des loups attendent le malade ou l’imprudent qui servira de repas. Au bruit d’une branche qui craque, ou d’arbres qui tombent, n’hésitez pas à rebrousser chemin ; Janvi vous a mis en garde ; l’horreur vous attend en ces lieux. Mais, l’entendrez-vous assez tôt ?
Voyez, notre ami poursuit son travail, mais sans attendre la fin, il s’en va en forêt. Suivons-le sans un bruit. C’est la troisième journée du mois. Le vieil ermite qui habite le tronc du hêtre centenaire va accomplir son œuvre. Entre la tombée de trois heures et la levée de quatre heures, il ordonnera le ciel de chaque jour du mois. Une nuée de colombes de glace s’envolera au faîte de la forêt, franchira le miroir de l’air pour offrir le ciel de chaque matin. Mais plus que cela, à l’instant où il lèvera les mains, la réponse à votre vœu vous sera dévoilée. Pour Janvi qui est célibataire : verra-t-il sa mie désirée ? Il semble si joyeux que l’ermite ne pourra pas cette année y faire obstacle. Néanmoins, Janvi possède un pouvoir que tout être vivant aimerait avoir. Il a le pouvoir de connaitre le passé et l’avenir, mais il n’en use pas. Bien qu’il laisse au quémandeur, le temps d’un éclair, passer une image du futur ou un souvenir qui ne devait être plus ouvert.
Les heures passent, passent… Janvi, tout à sa joie est attiré par les pleurs de deux enfants. Jaugeant leur détresse, bien vite, il laisse des traces légères sur le chemin du retour pour qu’ils les suivent. Ce qui ne plaît pas aux éléments qui sont devenus enragés ; ils sont devenus fous et la neige s’est transformée en bourrasque ; les enfants courbent le dos, se tiennent par la main ; l’un relève l’autre ; le second rassure le premier. Janvi ne s’avoue pas vaincu. Il est le maître de ce mois ; il jalonne le chemin de coups de baguette magique qui font scintiller les cristaux de neige pour guider les deux enfants. La lune s’en mêle et elle offre sa lumière-bienfaitrice qui offre une éclaircie salvatrice aux yeux effarés des deux petits. Janvi est tout heureux ; il fait sonner sa clochette. Les petits l’aperçoivent et soufflent leur soulagement, car leur protecteur leur montre le chemin. Bien vite, la maisonnée est en vue ; les enfants courent se blottir auprès de l’âtre bienveillant. Se tournant vers la fenêtre, ils aperçoivent un Janvi ravi ; ils le remercient en plaçant un bol de lait chaud sur le rebord et un morceau de brioche en y ajoutant un grand sourire. Eh ! il est de connaissance que seuls les enfants voient le petit peuple. Ils entrouvriront leur fenêtre pour faire entrer Janvi pour qu’il puisse passer une bonne nuit au chaud entre deux chaussettes de laine.
Les jours passent, mais ils sont si froids et la bise mord si rudement que Janvi vous poussera à faire des crêpes pour vous réchauffer. Cependant, il a une requête : mettez-vous en devoir d’en laisser une à votre porte pour qu’il puisse en manger un morceau. Le reste il l’offrira au petit Peuple qui grelote au fond des bois ; celui-ci ne l’oubliera pas et, chemin faisant, il vous le rendra au centuple.
Au cours de ce mois des enfers, un conteur terrifiant, un joueur de flûte, un meneur de meutes infernales suivies d’un rebouteux viendront vers vous pour emporter votre âme. Ne craignez rien, car une elfe légère veille sur vous ; aidés de Janvi : ils déjoueront l’affaire en offrant un morceau de pain, du vin et une éc