Les Enfants de Cartouche - Tome 2
184 pages
Français

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Les Enfants de Cartouche - Tome 2 , livre ebook

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Description

« L'heure de rejoindre les autres est arrivée. Toute la nuit, j'ai rêvé de faire partie d'un corps expéditionnaire en partance pour le fort de Brescou, sous les armes du roi de France Louis XIII, pour faire la guerre aux corsaires qui pourraient menacer la paix de notre plage du Môle depuis les côtes africaines. L'an passé j'étais plutôt du côté des gentils pirates. En retrouvant notre bande, je vais, à n'en pas douter, encore changer de bord et repasser du côté des aventuriers et des brigands. Mon imagination est nourrie par tous les récits sérieux que j'ai dévorés cet hiver dans mon livre d'histoire, mais ici, en lisant mes bandes dessinées tous les après-midi, j'entretiens avec tout autant de passion, durant la sieste imposée, mon goût pour les aventures tumultueuses de personnages, réels ou imaginaires, tel Cartouche. » Avec ce second volet de la trilogie des Enfants de Cartouche, Alain Boixados continue à explorer l'univers de son enfance au cours des années soixante et soixante-dix. Des joyeux étés passés au Cap d'Agde aux vendanges en famille, ce roman nostalgique met en scène les aventures d'une bande de jeunes gens évoluant au milieu de personnages hauts en couleur et de paysages pittoresques. À l'école de Molière et de Boby Lapointe, il apporte un témoignage et une vision marqués du sceau unique de Pézenas.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 23 septembre 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342055887
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les Enfants de Cartouche - Tome 2
Alain Boixados
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Les Enfants de Cartouche - Tome 2

Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
 
 
Récit dédié à mon père Fernand et à mon oncle Alexandre.
 
« Comme une main tendue, qui ferait l’aumône,
Ô pierre plate, coulée de lave épaisse,
Lisse, entourée de mille anémones,
Tu reçois de la mer ta part de richesse.
 
Partons à la conquête de la Grande Conque,
L’unique perle noire de la côte bleue
Gardée par trois frères. Ce n’est pas quelconque !
Le dernier est Boby, un poète, parbleu ! »
 
Préambule
J’ai volontairement changé, d’une manière générale, par souci de respecter leur anonymat, le prénom des personnes mentionnées dans ce récit autobiographique. En revanche, pour certaines d’entre elles, j’ai voulu conserver leur véritable prénom, ou surnom, afin de servir de repère pour ceux qui ont vécu cette période ou pour leur rendre un hommage particulier. D’autres, des familiers, ont donné avec plaisir leur autorisation verbale.
Lorsque ma mémoire fut défaillante et que je ne pus ni retrouver les témoins oculaires encore en vie ni interroger des proches, ou à défaut consulter des sources écrites fiables, mon imagination a pris le relais. Cependant, comme la fiction fait nécessairement partie du travail mémoriel, lorsqu’il s’agit de souvenirs lointains, je demande au lecteur de ne pas systématiquement prendre à la lettre ce qui est écrit dans cet ouvrage. Toutefois, je me suis efforcé, dans la mesure du possible, de rester le plus fidèle possible à ma mémoire et aux divers témoignages. Si j’ai déformé involontairement certains faits, ou confondu des personnes, par manque d’informations précises, je demande l’indulgence du lecteur concerné dans la mesure où mon récit est avant tout romanesque et n’a pas d’autre prétention. C’est en adolescent que je me suis exprimé, pour conserver la fraîcheur des sentiments, des sensations et toute l’innocence de l’âge.
Le patronyme des personnes est rarement utilisé. Le contexte, l’usage ou la forme ont déterminé le recours parfois nécessaire au nom de famille.
 
Cette note préliminaire s’applique à l’ensemble de la trilogie Les Enfants de Cartouche .
L’auteur.
 
Chapitre I. Les clés du royaume
Nous sommes enfin de retour à la plage du Môle. Avec mon frère Raphaël, nous nous précipitons vers la porte de notre baraque dont la serrure, enfermée dans un gros boîtier en fer rouillé en surface, résiste à toutes nos tentatives pour essayer de l’ouvrir avec la longue clé brillante que Papa a sortie de sa poche :
— Doucement, les enfants, vous voyez bien que je ne suis pas parvenu à l’ouvrir ! C’est pas méchant, le trou de la serrure a dû se remplir de sable.
Patiemment, avec un morceau de fil de fer galvanisé qu’il est allé décrocher sur un des montants en bois de la terrasse, mon père revient vers nous et se met à curer le trou de la serrure jusqu’à ce qu’il en sorte un petit morceau de graisse sèche semblable à du savon noir. Encore un petit effort et voilà que de la graisse verdâtre, luisante comme un gros escargot sorti de sa coquille, s’est enroulée autour du fil de fer :
— Cette fois, elle va s’ouvrir du premier coup, j’en suis sûr.
Mon père est satisfait d’avoir pris la précaution en partant, à la fin de l’été dernier, de remplir le fond du trou de bonne graisse visqueuse avec le graisseur, toujours dans la cabine du camion.
La porte s’ouvre sans résistance. Je lis sur son visage la fierté d’y être enfin parvenu. Cette première porte donne accès à la terrasse couverte ; face à la mer, elle protège l’arrière de la baraque, sa seule partie habitable.
Pour mon frère et moi, c’est le signal qu’une première étape vient d’être franchie, avant l’ouverture d’une nouvelle saison de mer.
Nous sommes un dimanche matin, au début du mois de juin 1964, il fait très beau, la mer a revêtu sa belle toilette de danseuse andalouse ; sa robe de fête à paillettes brille sous les mille feux des rayons du soleil, d’un bleu de cobalt au niveau de l’horizon, elle vire au turquoise en se rapprochant de la côte, puis finit en fines dentelles blanches, vaporeuses, au contact de la grève. Un léger vent d’est souffle délicatement sur cette immense robe qui ondule gracieusement, tandis que sur ses pieds invisibles, elle danse gracieusement sur le sable mouillé d’où retentit un son de claquettes au rythme des vagues qui s’échouent. L’eau est fraîche, la plage déserte. Nous sommes les seuls à assister aux premières répétitions de cette chorégraphie qui sera donnée gratuitement chaque jour d’été. Toute la famille est venue en reconnaissance avec la camionnette bleu gris de l’entreprise de maçonnerie de Papa pour préparer l’installation prochaine du foyer dès le début des vacances.
Le plancher en bois de la terrasse, couvert de sable gris, ressemble au pelage d’une souris, car l’étanchéité des auvents n’est pas parfaite. Derrière nous, Maman et mes deux sœurs s’impatientent déjà, équipées d’un balai en coco, d’un seau en plastique jaune vif et d’une petite pelle de ménage, prêtes à commencer le toilettage du sol, planche par planche.
À présent, il faut ouvrir la serrure de la porte qui donne accès à la grande pièce arrière qui sert de chambre commune. Papa, tel saint Pierre, a sorti de sa poche la deuxième clé de notre paradis, elle est tout aussi étincelante que la première. Va-t-il réussir à ouvrir la deuxième porte ? Il glisse la clé dans la serrure et réussit à faire un tour, puis un deuxième. Mais la porte résiste, je vois cette fois son visage s’allonger et grimacer. Il essaye de la forcer avec son épaule mais rien n’y fait :
— Elle a dû gonfler, la coquine !
Avec mon frère, on se regarde en essayant de comprendre ce qu’il veut dire :
— Ça gonfle, une porte ? C’est pas une éponge de mer, dis-je naïvement.
— Tais-toi, idiot !
Mon père marmonne entre ses dents, il accuse maintenant les paumelles :
— C’est quoi les paumelles ?
— Chut ! tu vas énerver Papa avec tes questions à la noix !
— Pourquoi me cherches-tu des noix ?
— On ne dit pas chercher des noix, mais chercher des noises à quelqu’un.
— C’est quoi des noises ? des noisettes ?
— Tu m’agaces à la fin !
— Au lieu de vous chamailler, vous feriez mieux de m’aider, les petits ; on ne va pas y passer la journée ! Allez chercher le marteau et la burette dans ma caisse à outils, elle est sous le siège dans la camionnette.
— Raphaël ! c’est quoi la burette ?
— Décidément, tu le fais exprès, Papa va se mettre en colère.
Raphaël revient tenant un marteau d’une main et une petite boîte ronde à bec de l’autre.
— Je veux pas que Papa démolisse la porte !
— Alors, ça vient cette burette !
— Tu vas mettre de l’huile où ? questionne Raphaël.
N’osant plus parler, je reste derrière mon frère, qui lui-même est accroché à la chemise de mon père par crainte de découvrir quelque étrange créature hostile enfermée depuis notre départ dans cette grande pièce sombre. La porte cède enfin, en grinçant fortement, au troisième coup de marteau sur le montant en bois portant la serrure. Un rai de lumière éclaire aussitôt le plancher, j’aperçois de suite, dans le fond de la pièce, la silhouette informe du pauvre pédalo rose qui a été écartelé au moment du départ, pour pouvoir rentrer par la porte étroite de la chambre. Ses deux flotteurs paraissent deux torpilles parées pour un lancement ; la partie centrale, la roue à aubes, est revêtue d’un antirouille couleur corail. Le capot arrondi, posé à l’envers sur le plancher, bascule au contact de ma main tel un rocking-chair :
— Cet après-midi, avec l’oncle Sandrou, nous allons le sortir de là pour commencer à le remonter. Il ne risquera rien car le coiffeur a accepté gentiment de le surveiller depuis sa tente marabout. Il va l’installer en début de semaine prochaine.
— Cette année, est-ce qu’on pourra le mettre à l’eau avec Alain, même si tu n’es pas là ? ose demander Raphaël.
— Si vous êtes sages, je vous donnerai peut-être l’autorisation ! répond mon père pris au dépourvu par cette demande inattendue.
— Regarde, on est grands et forts maintenant, ajoute Raphaël en montrant fièrement ses biceps.
Ma mère, qui a tout entendu, fait aussitôt les gros yeux à mon père en hochant la tête :
— Vous attendrez le dimanche que je sois là pour vous surveiller, précise Papa.
En semaine, mon père et mon oncle font chaque jour le va-et-vient entre la mer et Pézenas à cause du travail. Ils prennent seulement trois semaines de congé, en août en général.
Après avoir fait le tour complet de la baraque comme des démineurs, nous l’aidons à ouvrir une à une toutes les fenêtres, y compris les auvents qui sont lourds à soulever.
Ouf ! Avec Raphaël, nous poussons, dans le dos de notre père, un grand soupir de soulagement. Les mains de Papa viennent de passer à côté de notre trésor : la troisième clé, celle qui doit ouvrir vraiment la porte secrète de notre paradis, est cachée avec le trésor.
— Il n’a pas bougé, répète mon père, mais…
« De quoi parle-t-il maintenant ? De notre coffre peut-être ? » me dis-je en moi-même, tout affolé.
Avec son regard de professionnel avisé, il a vu tout de suite qu’il était urgent de renforcer un des angles du plancher de la terrasse en y ajoutant quelques gros cailloux de basalte, car la mer monte haut sur la plage en hiver lors des coups

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