Les Pieds dans la boue, la tête dans les nuages
214 pages
Français

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Les Pieds dans la boue, la tête dans les nuages , livre ebook

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Description

Ce roman raconte l'histoire d'une petite Italienne qui s'est arrêtée pour un jour et est restée définitivement en Alsace. Elle y a trouvé son équilibre, dans cette vieille ferme restaurée, après avoir vagabondé de par le monde, sac au dos.

À quinze ans, elle avait décidé de bâtir : « Je serai architecte », avait-elle claironné à son père, un Italien de la fin des années cinquante, un peu macho malgré lui. « Ce n'est pas un métier pour une femme », lui avait-il répondu. « Une femme s'occupe de son foyer, de ses enfants, à la rigueur elle peut enseigner quelques heures par semaine ».

Mais quand on a une passion, on déplace des montagnes. Et voilà que la petite Italienne prend sa Fiat 500, la charge de tous ses livres et choses chères et part en France à la conquête du monde.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 12 novembre 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332996787
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
CopyrIght
Cet ouvrage a été composér Edilivre 175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50 Mail : client@edilivre.com www.edilivre.com
Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction, intégrale ou partielle réservés pour tous pays.
ISBN numérique : 978-2-332-99676-3
© Edilivre, 2015
Citation
homini nihil agenti dies est longus
Chapitre 1 Je quitte mon métier d’architecte
Ce que j’ai en moi doit m’obliger A rester la jeune fille que je suis encore aujourd’hui
Barbara Henrichs
Ce livre n’est pas l’écriture de souvenirs pour fixer le passé, chacun devrait pouvoir y trouver ses propres souvenirs. Je parcours un long tunnel, ça rassemble aux tunnels des mines de charbon, pas rassurant du tout, il y fait très froid ! Mes pieds sont nus et cet espace étroit et noir ne se termine jamais. J’ai froid partout maintenant et tremble dans tous mes membres. Des tas de mains m’enveloppent, me soutiennent me couvrent d’une couverture dorée, très jolie mais pas trop chaude. Le tunnel prend des tas de virages, mais où vont-ils me conduire ?
Et puis… plus rien, mais il y a une magnifique lumière blanche la bas au fond, il fait chaud, le soleil réchauffe mes pieds glacés, la douleur qui déchirait ma poitrine se termine dès l’apparition de cette lumière. Je crois que je suis arrivée au Paradis, mais je n’ai pu apercevoir ni Saint Pierre, ni les anges. On est en train de tapoter mon visage et même de me donner des gifles, je crois. « Réveillez vous, restez avec nous, restez avec nous ! » Mais il fait si beau là haut au soleil que je n’ai vraiment pas envie de redescendre. Je me rends compte que je suis sur un brancard, il y a un coup de frein, on me jette sur un lit qui entreprend une course effrénée le long de couloirs gris, je crois que le moment de partir n’est pas encore arrivé !
Voici ce qui est probablement la salle d’opération, les phares sont projetés sur moi. Des hommes et femmes en bleu avec masques, gants et instruments en main sont déjà prêts à intervenir. Ils plaisantent avec moi, mais je suis exténuée et ne les écoute pas. On ne veut pas m’anesthésier totalement, mais localement uniquement, parce que je dois me tenir éveillée,
Sur un écran je vois mon cœur et puis…… la grande fatigue prend le dessus.
Me voilà en chambre reliée à des tas d’appareils par les bras et le corps. Des écrans contrôlent le rythme et l’oxygénation du cœur, ça sonne sans arrêt je suis dans le pavillon des soins intensifs. Mais comment ai-je pu en arriver là, moi, toujours si pleine d’énergie et jamais malade ? Donc la fin d’une vie ça existe pour tout le monde ? Pour moi aussi ? Je n’ai jamais trop fait attention à moi, seulement les autres comptaient : ma famille, mes enfants, mes amis, mon métier d’architecte, ma passion pour la peinture. J’ai toujours cru être immortelle ou alors poursuivi ma route sans trop me soucier, emportée par mes enthousiasmes habituels. J’ai toujours pu raisonner en dehors de toute conscience verbale, en me servant de mon expérience, de mes cinq sens, de mes émotions. Le psychologues disent que ce type de personne utilise surtout son hémisphère droit, grand artificier de cette étincelle symbolisée par l’eureka d’Archimède. Alors pourquoi, quand une bonne idée me venait à l’improviste, mes interlocuteurs l’écartaient souvent, parce qu’ils la considéraient « non aboutie », la réussite sans effort apparent ayant toujours été jugée suspecte !
Je pense que mes intuitions ont toujours été le fruit de raisonnements inconscients, mais structurés et globaux, qui prennent en compte l’environnement ainsi que mes goûts, mes souhaits, ma personnalité.
Je me connais bien, donc je prends les bonnes décisions ! Je me suis égarée uniquement lorsque je n’ai pas voulu suivre et écouter mon propre ressenti, croyant bien faire.
C’est le cas aujourd’hui, je sentais que quelque chose de grave allait se passer, mais……… je n’ai pas voulu m’écouter.
Immortelle non, mais j’avais finalement réussi à retrouver un équilibre et une certaine sérénité après tant d’années de travail, passionnel certes, mais aussi de stress inavouable.
Et, me voici tel un lion en cage ; ici à l’hôpital ils ont bien compris mon caractère « dynamique » et ils ne me laisseront pas sortir de si tôt.
Comment pourrais-je retrouver l’indépendance de mon corps et l’énergie pour pouvoir, à nouveau, faire du sport, me donner à la peinture, voyager, croquer la vie, pour ce qu’il m’en reste ? Le muscle du cœur est mort en partie et malade pour le reste, il faudra qu’il se réhabitue à pulser encore pour quelques années et… plus d’émotions fortes… plus de battements hors mesure.
Ce n’est pas facile de partir quand personne n’attend votre retour.
Je me le répétais sans arrêt depuis que j’avais décidé de couper court et d’abandonner définitivement mon métier d’architecte.
Plus de téléphone, plus de courrier, plus de factures, plus de cadeaux de fin d’année, fini les foie gras, chocolat, vins fins, fini les sourires lorsqu’on a plutôt envie de crier de rage.
D’autres projets, un autre monde plus clément peut être, une envie de peindre, d’écrire, de reprendre un piano chez moi, de faire tout ce que je n’a pas pu faire, happée par un métier qui m’a dévorée. Une phrase prononcée par Philippe Bourguignon, chef d’entreprise, lors d’une émission radio, était restée encrée dans un coin de sa tête « lorsque on a le futur derrière soi, on n’a plus rien à offrir ».
Comment couper les ponts avec la passion de toute une vie tout en ayant devant soi mille projets autres ? Pourquoi ne pas le faire ? Le monde va continuer à tourner sans moi.
Est-ce qu’on fera semblant de ne plus me connaître, on ne me demandera plus un service, on m’oubliera à tel point que même mon ombre n’existera plus.
Une existence consacrée à son métier, même si accomplie, comporte toujours des hauts et des bas, sans nuances, des réussites et des échecs, un peu d’amertume, parfois de la fierté, souvent de la fierté.
La part des déceptions a parfois eu le dessus dans ma vie d’architecte, ces déceptions m’ont poussée à me dépasser et ont forgé ma personnalité, mon désir de faire toujours plus et mieux.
Les projets mis à concours sont un terrain miné ! Il ne faut pas aborder le sujet des concours perdus ! Claude Parent architecte l’a exprimé de façon magistrale :
« Le parfum véreux du concours obligatoire et permanent. La joie de survivre si l’on gagne Le doute qui vous gagne si l’on perd Difficile exercice d’obstacles. Dramatique remise en question ; Inquiétude du temps présent et… Malgré tout la foi demeure intacte »
Chaque fois je le répète : je jure de ne plus participer, le système a quelque chose de pervers, même pour le commanditaire qui obtient ainsi de la matière grise à bas prix ».
Des innombrables édifices exceptionnels ont été réalisés sans mise en concours.
L’architecture restera toujours un jeu d’équilibre entre imaginaire et réalité.
Mille approches différentes, pour arriver toujours au même but : BATIR ce qui veut dire « regarder sortir de terre et devenir tridimensionnel le dessin posé d’abord sur une simple feuille de papier ».
Construire jusqu’au bout, jusqu’à ce que le bâtiment prenne son autonomie et que l’architecte lui devienne étranger. C’est à ce stade la déchirure, ce n’est guère facile d’abandonner aux autres ce nouvel enfant, voilà combien il est difficile de se dessaisir de l’œuvre conçue.
Un des rares moments où mon métier et ma passion ne me tiennent sous leur joug, c’est le temps du voyage.
Je descends à Nîmes.
Beaucoup de déplacements à l’étranger effectués ces dernières années, mais je n’ai pas oublié mon pays d’adoption la France.
Est-ce ce petit coin d’Europe qui me fait courir ? Est-ce le DEFi,
Quel défi ? On dit que le défi c’est la force qui nous fait avancer, sauter les obstacles, atteindre des buts inespérés.
Un métier, une passion, un défi, mais d’où a pris naissance tout ça ?
Chapitre2 A Rome ville éternelle
ROME rien que son nom fait rêver. Pour son histoire, ses églises, ses fontaines, pour sa « dolce vita » et ses innombrables terrasses. Ruelles pavées, immeubles aux tons ocres et jaunes apportant une touche de chaleur à la ville éternelle, verdoyante et flamboyante ROME, où des siècles d’histoire cohabitent avec les pétarades des vespas, les klaxons des automobilistes, la mode, le design, la classe à l’italienne;
En 1962 je suis la deuxième fille d’une famille très bourgeoise de 3 enfants. Ma mère, de formation ingénieur chimiste et biologiste, à 23 ans, a sacrifié son vrai métier de recherche dans une des plus importantes industries chimiques de son époque à Milan, pour rester professeur dans notre petite ville de 10 000 habitants, là où mon père avait un emploi sûr, en banque depuis ses 18 ans. Mais il ne faut pas oublier son intermède de soldat volontaire en Afrique sous les armées du grand Benito, partis en Erythrée et Somalie. Nous n’avions pas de télé à l’époque et nos soirées étaient occupées par les récits et les exploits militaires de ce père en Somalie, et Albanie.
Pour moi, d’abord ce fut la bataille pour pouvoir me faire inscrire en Fac d’architecture une fois le baccalauréat obtenu. «Tu seras professeur » avait dit mon père en bon italien macho et père de famille. « C’est la seule profession que puisse exercer une femme, métier qui lui laisse suffisamment de temps libre pour élever ses enfants et s’occuper de la maison et de son époux… » ;
«Tu nepartiraspas de la maison et de ta ville natale à 18 ans pour aller étudier dans une grande ville » A l’époque la majorité était à 21 ans en Italie. « Tu resteras ici, en famille pour terminer tes études »
Encore en ces années là, mon père n’acceptait pas que les droits et la liberté de la femme soient les mêmes que pour l’homme, pourtant des campagnes courageuses avaient été menées par les mouvements des droits des femmes, dès le début du XX° siècle. Ma grand mère maternelle en faisait partie et elle avait notamment défilé par les rues dItalie avec les pieds enchainés. On les appelait les suffragettes. Je pensais que cela aurait été suffisant pour le garantir une vraie vie de liberté ! Comment modifier un tel comportement sexiste, surtout dans les médias, dans les manuels scolaires, dans les films, dans les milieux professionnels, et se refuser à abandonner la lutte pour obtenir des changements dans les attitudes de la société de l’époque. Je suis quand même partie étudier à Rome, chaperonnée par un oncle et en pension chez des sœurs, des « bonnes sœurs ». Chez moi il fallait se lever à 4h00 du matin, prendre le bus à 5h00 dans la nuit noire, et après des nombreux virages, dans la traversée des Apennins, me voici arrivée à Rome 5 heures plus tard. Chaque courbe, chaque pic montagneux, chaque pierre de village, chaque champs me sont familiers sur ce long parcours. Le pensionnat était situé dans une grande villa sur la via Cornelio Celso à Rome, non loin du Viale Regina Marguerita.
J’avais 18 ans.
Un tramway me conduisait chaque jour à Valle Giulia à la faculté d’architecture et, deux
fois par semaine devant un monument ou une église pour dessiner. Pas facile de grimper sur le tramway avec mon grand carton de dessins et mon tabouret bois, parfois ALI, jeune étudiant Iranien, prenait mon carton tout le long du trajet. Je pense souvent à ce qu’il a pu devenir aujourd’hui en tant qu’architecte en Iran.
Que la ville est belle en toute saison !
ème Un écrivain du début XX écrivait «Rome en automne: cette onde de bleu sur les murs, ombres languissantes sur fond brun, cette odeur impondérable de lauriers rose, ces bus ébranlant les grilles des ruines antiques, toutes ces portes ouvertes sur la chaude lumière des boutiques où travaillent les artisans de la via dei Coronari le flot du Tibre sous les ponts où se dressent des anges le pas pressé des gens prisonnières des ruelles tortueuses et continuer à marcher ainsi le long des rues où les nappes flottantes d’odeur de café vous donnent envie de le boire les commerces ouverts le soir aussi loin que s’étend la ville et puis des rangées de bâtiments boutonnés de haut en bas, chasse gardée, sièges d’administrations et de ministères et sur les larges promenades l’éclat des lumières accueille un nombre sans cesse croissant de voitures bruyantes la flânerie des gens que la vanité pousse à parader en public le long de la via Condotti, via del corso, piazza di Spagna et la curiosité avec la quelle ils s’épient
Rome, ville éternelle, ses rues, ses places, la petite église de Santa Maria della Pace, derrière piazza Navona était ma première expérience de dessin à l’extérieur
Le cloître de cette petite église, enfouie au fond d’une ruelle en impasse, a été dessiné par l’architecte de la Renaissance Brunelleschi.
C’est ici que j’ai a commencé à goûter à mon futur métier
En hiver il suffisait d’emmener un thermos de bon chocolat chaud et je pouvais rester dessiner, assise pendant 4 heures. Le climat romain est doux, même si au petit matin il arrivait de découvrir des stalactites pendre dans la fontaine de piazza Barberini.
Pas d’appareil photo, pas de mètre, pas de règle, tout doit être repris exactement à la main levée, avec les bonnes proportions. Le professeur Rossi arrivait à l’improvise par l’arrière et déchirait la grande feuille en morceaux si tout n’était pas parfait.
En fac les salles de cours étaient bondées, impossible de trouver une place assise dans l’amphithéâtre,. Tout au fond j’essaie de capter les discours, je ne voit pas le maître, le brouhaha autour de moi couvre la voix de maître FASOLO.
Et puis ce fut la grève pour protester contre la qualité de l’enseignement. C’est le printemps 1963. L’école d’architecture est la seule à faire grève pendant 60 jours où discours, réunions et affrontements n’en finissent plus.
Les batailles rangées les plus dangereuses se passent entre étudiants « missini » d’extrême droite et étudiants communistes, voire Trotskistes. Parmi les étudiants admis en fac, on trouve beaucoup de fils de VIP ou d’architectes C’est une faculté à la mode, très prisée par les enfants d’acteurs ou de producteurs qui deviendront ensuite metteurs en scène
Et pour moi… que de retard à rattraper par rapport à ces jeunes qui ont baigné depuis leur naissance dans le milieu artistique ! Toi tu sais : la colonne… Le chapiteau… Le fronton. Elle ne sait pas mais elle potasse elle veut s’en sortir, elle a soif d’apprendre, elle est
rattrapée par le DEFI.
Personne chez moi n’a jamais parlé d’art ou d’architecture, mais dès mon adolescence j’ai feuilleté les livres d’histoire d’art que mon père achetait en cachette de ma mère (trop chers !). Ces livres s’empilaient, grands, blancs, bien ordonnés dans un coin de la chapelle. La chapelle c’était le salon du rez de chaussée, immense, véritable caverne d’Ali Baba, poussiéreux et plein de vieux meubles, collections de monnaies, journaux, photos, cartes postales, timbres et, j’en passe. Interdit d’y entrer ! Interdit de nettoyer et d’y ôter la poussière ! Mais je m’y faufilais quand même.
J’avais pu obtenir de mes parents une table à dessin flambant neuf dès la première année de fac ; elle m’a suivie à Rome et elle est encore là aujourd’hui tant d’années après.
Je l’avais installée dans le grand salon du pensionnat, seule place disponible et passais mes jours et mes nuits à bosser pour essayer de rattraper le retard qui me séparait des autres, les enfants d’architectes. Ma copine grecque Aphrodite, n’avait pas cette chance Plus la fin de l’année approchait, plus il fallait potasser, les examens ayant lieu en juin et en septembre
Rome était bouillante et suffocante dès le mois de mai. Quelques âmes en peine et les touristes étrangers étaient les seuls à arpenter les rues La température montait allègrement à 40° Et puis ce furent les épreuves écrites et orales : chimie, dessin… résistance des matériaux. Ouf… elle passera les autres à l’automne.
Je me revois veiller 2 jours et 3 nuits de suite sans quitter la table à dessin, la télévision parle de l’assassinat de John Kennedy, on en pleure, il était si beau et gentil et ses enfants si beaux et sa femme si élégante ! Ils représentaient l’idéal rêvé par chacun. Je revois le Président s’effondrer touché par une première balle et ensuite une deuxième à la tête et un garde du corps grimper au dessus de sa voiture décapotée et Jacqueline grimper à sa rencontre désespérée. On retient le souffle, ce n’est pas possible, mais pourquoi ?
Des larmes descendent le long du visage, je suis fatiguée, épuisée D’autres sont dehors et s’amusent, je bosse.
La grève à la fac d’architecture a mis à la porte le doyen et la majeure partie des professeurs. Bruno ZEVI prend la direction de l’école, TAFURI, architecte et écrivain donnera des cours de théorie de l’architecture : extraordinaire ! Mais que de monde à ses cours ! Impossible d’accéder à l’amphithéâtre, devenu trop petit.
Et puis des nouvelles amitiés se tissent, je travaille de moins en moins……
Les retour en famille en bus sont fréquents, le trajet à travers les montagnes Apennins reste extraordinairement long.
La ville natale, au centre d’un territoire de montagne est le siège de la plus ancienne université d’Italie après celle de Bologne. Cette université existait déjà en 1321. Depuis les imposants bastions de ses murs et du château des Borgia, la ville domine un immense panorama couronné de « ciel frais si longuement bleu » (UGO BETTI)
La ville éblouit le touriste par ses ruelles pavées et étroites, par ses maisons de pierre et de briques mélangées, entourée par un paysage de montagne enchanté et de collines parsemées de lacs, Des larges places et des terrasses ouvertes vers l’infini, témoignent d’une histoire trois fois millénaire.
Malgré, ou à cause de ce poids de l’histoire, un sommeil doux a rendu ses habitants quasi fatalistes et le bonheur de vivoter au jour le jour et de ne pas trop se fatiguer, prédomine dans des nombreux esprits. Celui qui se donne les moyens de travailler et de faire carrière est pointé du doigts, c’est un arriviste qui ne vit que pour l’argent !
La ville somnole dans sa paresse. Ses habitants se laissent porter par la douceur et la beauté des lieux, ils vivent une vie paisible
Pourquoi courir ? Pour quel défi ? Serais-je une folle ambitieuse ? Non, j’ai envie de faire, j’ai soif de connaissance, je suis curieuse de tout et me pose mille questions et déjà le temps passe trop vite pour pouvoir tant découvrir.
Et à Rome on découvre, on apprend l’histoire et la culture artistique que depuis des siècle la ville a forgées. Rome est une ville merveilleuse à découvrir au fil des saisons, doucement ou rapidement, ensemble ou seule, à pieds. l Gabriele d’Annunzio écrivait : « ROME EN HIVER
« Lors des matins de soleil hivernal, le Tibre à Rome devient vraiment blond par les vapeurs et les brouillards qui montent vers les rivages. Les arbres nus cassent ici et là la ligne des maisons verdâtres ou couleur cendre Une somnolence malsaine et pourtant pleine de charme monte depuis cette tranquillité fluviale »
Déclaration d’amour lucide et passionnée à cette ville pleine de mauvais goût et néanmoins parfaitement belle. On rencontre ça et là un bel ocre orangé qui conserve, sous sa vieille patine, un éclat chaleureux, une densité sereine qui l’apparente, dans notre mémoire, à un mélange que nous faisions de la Rome impériale : – le pourpre dégradé, dilué et rependu comme une ombre, comme un voile léger sur le jaune dont il tempère et vieillit le brillant.
A Trastevere, à l’extrémité qui fait face à l’escalier, une plante grimpante développe un réseau de fins rameaux obliques qui s’étirent sur toute la partie du mur que le soleil éclaire le plus longtemps. A Trastevere la cour abandonnée d’un jardin négligé, l’enchantement d’une glorieuse lumière qui vous arrête un instant en fin de journée.
Lumière et couleurs sont les dons précieux que nous fait Rome tous les jours.
La beauté de Rome triomphe dans l’évocation des fontaines où l’eau anime la pierre : vieillards à la barbe de fleuves, dauphins, tritons, naïades,chevaux marins,tortues, hippocampes, s’ébrouant, recrachant, éclaboussés, arrosants et arrosés, mènent sur les places de Rome et dans chaque coin de la ville, un sabbat aquatique inopiné, dont les photographies de la ville et mes tableaux ne donnent qu’une piètre idée, faute du bruitage si décisif dès qu’il s’agit d’eau.
à coté de ce vif argent, de cette apothéose cascadant et profuse de d’eau dansante la gesticulation baroque ne s’accomplit vraiment que là où la roche liquide vient relayer, devant les églises et sur lesplaces, lemouvement figé de la pierre tourmentée.
Voici Rome
Et puis un jour, lors de ma rentrée au bercail dans ma famille, m’attend une minuscule FIAT 500 d’occasion, il y a même un toit ouvrant et 4 places assises, mais… il ne faut pas être trop grand ou trop gros ! Deux bandes rouges sur les cotés de la carrosserie signifient « voiture de sport », plutôt « voiture avec un moteur un peu trafiqué afin de rouler plus vite. » Ceci pousse les voitures voisines, arrêtées aux feux rouges, à rechercher la compétition à
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