Les pommiers fleurissent aussi en hiver
166 pages
Français

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Les pommiers fleurissent aussi en hiver , livre ebook

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Description

« Poussé par une incontrôlable frénésie, il s'empara du pli pour le décacheter fiévreusement. Un ouvrage jauni et corné surgit entre ses doigts. Il caressa doucement le recueil, laissant glisser sous ses phalanges les multiples nervures qui parsemaient la couverture craquelée. La gorge serrée par l'émotion, il lut lentement le titre du volume qui se détachait en lettres grises sur fond beige. Il savoura avec délice le moment où, sous son regard, se dévoilèrent son prénom et son nom. Il ouvrit le livre à peu près en son milieu, confiant au hasard le soin de décider de la page qui allait s'offrir à lui. Le papier râpeux et de médiocre qualité produisit un froissement, et André s’absorba dans la lecture d'un extrait. »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 21 décembre 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782334056717
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-05669-4

© Edilivre, 2016
Citations


« Que si quelqu’un me blâme de t’avoir choisi un théâtre si peu renommé en l’Europe, t’ayant élu le Forez, petite contrée et peu connue parmi les Gaules, réponds-leur ma bergère, que c’est le lieu de ta naissance. Que ce nom de Forez sonne je ne sais quoi de champêtre, et que le pays est tellement composé, et même le long de la délectable rivière de Lignon, qu’il semble qu’il convie chacun à y vouloir passer une vie semblable. »
Extrait de l’Astrée Honoré d’Urfé (1567-1625)
« Tu es libre ! Pas d’entraves ! Tu n’as plus à subir le poids de ton nom ! Tu as effacé ce numéro matricule que la société avait imprimé sur toi comme un fer rouge sur l’épaule. Tu es libre ! Dans ce monde d’esclaves où chacun porte son étiquette, toi tu peux, ou bien aller et venir inconnu, invisible, comme si tu possédais l’anneau de Gygès… ou bien choisir ton étiquette, celle qui te plaît ! Comprends-tu ?… comprends-tu le trésor magnifique que tu représentes pour un artiste, pour toi si tu le veux ? Une vie vierge, toute neuve ! Ta vie, c’est de la cire que tu as le droit de modeler à ta guise, selon les fantaisies de ton imagination ou les conseils de ta raison. »
Extrait de 813 (Arsène Lupin) Maurice Leblanc (1864-1941)
Chapitre 1
La Citroën C4 glissait sur le bitume telle une goutte d’eau dévalant un carreau de salle de bains. La voix suave de Norah Jones emplissait le cockpit et rendait pratiquement imperceptible le bourdonnement du moteur. Le véhicule, qui roulait à vive allure, semblait vouloir fuir la nuit glaciale et sans lune qui l’encerclait.
André était en « pilotage automatique », ses yeux voyaient la route, ses mains, posées sur le volant, sentaient chacune des aspérités et des irrégularités du goudron, il percevait la musique et l’écho, presque lointain, de la mécanique en action, mais son esprit était ailleurs. Cette ambiance ouatée et hermétique mais aussi le fait qu’il connaissait bien le parcours avaient facilité cette « évasion ». De temps en temps, les phares d’une voiture circulant en sens inverse, zébraient l’obscurité et tiraient fugitivement André de son introspection. Autour de lui, invisible et tapie dans l’ombre, la plaine du Forez défilait de part et d’autre de la voie rapide. Assoupie mais sur le point de se réveiller, elle guettait les premières lueurs du soleil pour dévoiler son plat paysage. Mais, nous étions en décembre et l’aube se faisait cruellement désirer.
André s’arracha à sa rêverie et bascula le clignotant à droite en vue de prendre la prochaine sortie. Il vit, au loin, le halo d’aveuglante clarté qui entourait l’aérodrome. Les puissants projecteurs qui éclairaient le tarmac donnaient l’impression à l’arrivant ébloui, d’aborder une oasis de lumière après la longue traversée d’un désert ténébreux.
Tandis qu’il se rapprochait de l’aérogare, André aperçut, émergeant de derrière le bâtiment, la dérive d’un ATR 42. Le bimoteur à hélices, ventripotent et trapu, semblait attendre paisiblement sa « cargaison ». Après avoir pris un ticket à l’entrée, André pénétra dans le parking, et se gara à proximité du local métallique à ciel ouvert qui servait d’abri à d’immobiles processions de chariots à valises. Prenant une profonde inspiration, il coupa le contact et ferma les paupières quelques secondes, enfoncé dans son siège, pendant que la belle Norah égrenait les paroles de « Come away with me ».
L’aéroport de Saint-Étienne Bouthéon était de dimensions modestes et André, en le fréquentant une fois par trimestre environ, avait fini par en connaître les moindres recoins. Il se dirigea avec assurance vers le comptoir d’enregistrement. Comme d’habitude, il était en avance et souvent d’ailleurs, il était le premier passager à être enregistré. La pimpante employée qui se tenait généralement derrière la banque, lui faisait volontiers remarquer, avec amusement : « Ah, Monsieur Bernard, je veux être là le jour où vous serez en retard ! ». Mais, ce n’était pas elle qui occupait le poste ce matin-ci, mais un trentenaire amorphe qui paraissait se demander ce qu’il fichait là. André n’ayant pour tout bagage qu’un attaché-case, les formalités d’usage furent vite expédiées. Il prit donc le parti de s’acheter un journal ou un magazine auprès de l’unique boutique du complexe aéroportuaire. Son choix se porta sur une édition du jour qui titrait « Crise au Proche-Orient ». « Ça change » se dit André avec ironie. Il n’avait pas le souvenir d’avoir pu lire un jour, en cinq colonnes à la une, « Calme au Proche-Orient » mais il est vrai que c’eût été moins vendeur. Il s’installa dans un siège en salle d’embarquement et se lança dans la lecture du quotidien. Autour de lui, le vide se comblait au fur et à mesure et une quinzaine de personnes se répartissaient désormais dans l’espace. Le silence qui régnait était déconcertant. Les gens discutaient en chuchotant, et seuls les éclats de rire d’un petit garçon venaient régulièrement troubler cette ascèse sonore, quasi-monacale. Se lever tôt avait eu un effet anesthésiant sur tout un chacun et comme au sortir d’un bloc opératoire, il fallait attendre que les brumes qui enserraient l’esprit et le corps daignent se dissiper.
André gardait en bouche le goût de l’expresso qu’il s’était concocté ce matin-là avant de partir. Il aimait beaucoup cette sensation. Un bon café se dégustait sur le moment mais pouvait aussi encore s’apprécier plusieurs instants après. Ses yeux passaient d’un entrefilet à l’autre sans véritablement se fixer. Autour de lui, la salle se garnissait doucement et un brouhaha naissant faisait à présent office de bruit de fond.
André ne remarqua pas, de prime abord, que la place située en face de la sienne, n’était plus vacante. Il restait encore près de vingt minutes avant l’embarquement et André ne quitta des yeux son journal que pour jeter un bref regard à l’extérieur à travers une ample baie vitrée. Des techniciens s’affairaient au pied de l’avion. Deux hôtesses, les bras chargés, gravirent l’étroit escalier rétractable qui menait à l’intérieur de la carlingue. Ce fut alors qu’André regarda droit devant lui.
Sur le siège opposé, était assise une jeune femme. D’aspect plutôt frêle, elle ne devait pas avoir bien plus de vingt ans. De longs et fins cheveux roux se répandaient en pluie sur ses épaules. Sa peau paraissait très blanche presque diaphane mais parsemée de milliers de taches de rousseur. De grands yeux verts en amande, un nez aquilin et une large bouche aux lèvres minces complétaient l’ensemble et donnaient à cet être une beauté singulière, voire même effrayante. On aurait dit qu’elle s’était échappée d’une légende kymrique ou d’un roman de Tolkien, sorte d’elfe gracile dont la sublime mais sournoise fragilité apparente eût dissimulé une implacable amazone.
« Chouette fille ! » pensa André avant de se replonger dans la consultation d’un encart publicitaire vantant les mérites d’un organisme de crédit. Mais, en baissant les yeux pour retourner à l’article qu’il avait entamé, son regard fut attiré par quelque chose. La jeune femme était, elle aussi, en pleine lecture et se montrait particulièrement captivée par celle-ci. L’ouvrage qu’elle tenait d’une main solide, entre le pouce et l’index, semblait provenir d’une brocante ou d’un vide-grenier. La tranche du livre était truffée de traces de mouillures, un peu à l’exemple de ces faux-plafonds qui ont subi des infiltrations d’eau. La couverture, souple et autrefois plastifiée, ressemblait désormais à un antique papyrus sillonné de veines et de ridules. La reliure résistait encore par on ne savait quel miracle. Il ne s’agissait pourtant pas d’un grimoire ancien, mais d’un objet fabriqué à l’économie, quelques années auparavant, et dont on aurait pu imaginer qu’il avait accompagné un marin dans une expédition autour du monde.
André ne parvenait pas à détourner les yeux du livre, dont il ne distinguait cependant pas entièrement la couverture, la jeune femme la faisant reposer sur un de ses genoux. Soudain, ramenant machinalement en arrière une mèche de cheveux, elle redressa l’opuscule et André en aperçut la face l’espace d’une fraction de seconde.
« C’est impossible » songea-t-il stupéfait. Il était livide, et ses mains commençaient à trembler. Un témoin de la scène aurait raconté qu’il avait l’épouvantable masque des gens qui pensent avoir croisé un fantôme. La gorge nouée, le cœur serré, André essayait de se raisonner. Il avait furtivement pu déchiffrer le titre de l’œuvre. En fait, il n’en était plus vraiment sûr. Pétrifié, il n’osait lever les yeux de son journal, craignant d’être repéré par la jeune femme. Retrouvant ses esprits, André estima, qu’après tout, il n’avait qu’un pas à faire pour demander à la fille ce qu’elle lisait. A cette différence près qu’il était convaincu, à quatre-vingt dix neuf pour cent, de se tromper sur l’intitulé du volume qui absorbait la jeune personne. Que lui dirait-il alors ?
Au prix d’un effort conséquent, André replia l’amas de pages désormais froissées qui lui encombrait les mains et le posa délicatement sur le siège d’à-côté. Il reprit discrètement son observation, feignant de regarder dans le vague et glissant ponctuellement un coup d’œil, au dehors, par les vastes ouvertures de verre du bâtiment. La jeune lectrice ne semblait pas perturbée par l’atmosphère qui se faisait de plus en plus bruyante au fil des minutes tandis qu’une quarantaine de personnes occupaient maintenant l’antichambre de l’aéronef. Elle tenait toujours l’ouvrage d’une main, la couverture dorénavant appuyée sur le haut de sa cuisse. André était en plein dilemme, mais néanmoins sur le po

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