Les Visages de Lucifer
118 pages
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Les Visages de Lucifer , livre ebook

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Description

Akli est un jeune Kabyle, universitaire major de sa promo. Embauché dans une entreprise publique d’Alger, il se trouve être le plus jeune et le plus instruit parmi ses collègues et dut subir bassesses, humiliations et remise en cause de ses compétences de la part de ceux qui le jalousaient.
Lorsqu’il reçut l’ordre d’appel au service militaire, il décida de quitter le pays pour reprendre des études. Il entreprit alors les démarches pour étudier en France et fut accepté dans une université parisienne. Pourtant, le visa d’étude lui fut refusé, mais Akli se risqua malgré tout à partir, conscient que son avenir n’était pas dans son pays.
Commence alors pour Akli un vrai parcours du combattant. Face aux difficultés du quotidien, à la trahison d’un soi-disant ami et à la froide administration, son optimisme et sa confiance en l’autre sont mis à rude épreuve et il comprend rapidement qu’il ne peut compter que sur lui-même.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 16 février 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414209644
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-20965-1

© Edilivre, 2018
Les Visages de Lucifer
 
 
Akli, jeune mirliflore kabyle, universitaire et ingénieur en biologie, était Major de promo. Il avait été embauché directement par une entreprise publique située à Alger, était le plus jeune parmi ses collègues de travail, et même on pouvait dire le plus instruit, ses derniers n’ayant même pas leur bac car ils étaient, en général, des brevetés. Cela lui avait causé beaucoup de problèmes avec ses collègues, ceux-ci mettant en cause ses connaissances et ses compétences en lui faisant croire que les études de l’époque avaient un niveau plus élevé que celles d’aujourd’hui, que le brevet de l’époque était de niveau plus élevé que le diplôme universitaire actuel, or ils comparaient l’incomparable. En effet, à l’époque, ils avaient certes un bon niveau en langue française, c’est-à-dire un niveau linguistique. Comme ils avaient imposé la langue arabe au peuple, elle avait en quelque sorte pris la place de la langue française, si bien que l’ancienne génération maîtrisait parfaitement le français par rapport à la nouvelle génération, mais les filières scientifiques, intraduisibles d’ailleurs, sont toujours en français et en anglais. Loin d’être un argument pour remettre en cause le diplôme d’Akli, c’était hélas un problème que beaucoup de nouveaux diplômés rencontraient dès leur première embauche. Ce conflit avait créé un climat tendu entre les deux générations, surtout dans le domaine professionnel. Akli ne parvenait pas à assimiler cette idée, il défendait farouchement ses connaissances et son niveau, et souvent il s’accrochait verbalement avec quelques collègues jaloux, ces derniers ne lui donnant jamais raison. Ils se défendaient bien entre eux, et à leurs yeux le petit Akli avait toujours tort, car tout simplement, c’était le plus jeune.
La situation devint insupportable et pathétique pour Akli, surtout lorsqu’il avait reçu un ordre d’appel au service militaire, obligatoire en Algérie. Il en avait déjà reçu deux, c’était donc le troisième, et au-delà, il risquait d’être recherché par la gendarmerie. En aucun cas il ne voulait faire son service. La seule option pour y échapper, c’était de quitter le pays et partir à l’étranger, mais où ? Face à ce problème, il tergiversait.
Une matinée, par hasard, il passa à coté de centre culturel français à Alger. Il lisait par curiosité les affiches collées à côté de la porte d’entrée et tomba sur l’une d’entre elles où étaient expliquées toutes les démarches aux personnes et étudiants désireux de poursuivre leurs études en France. Dès lors Akli voulut tenter sa chance en passant le Rubicon. C’était d’une pierre deux coups. Premièrement, quitter le pays et fuir le service militaire. Deuxièmement, poursuivre ses études afin d’évoluer dans la vie. Pour gagner du temps, Akli entra directement dans le centre afin d’en savoir davantage, L’hôtesse d’accueil lui avait bien tout expliqué. Il fallait passer d’abord le TCF (test de connaissance du français), obligatoire dans de telles démarches. Pour le passer il fallait prendre rendez-vous par internet. A ce point décidé en sortant du centre, il entra dans un cybercafé situé juste à côté et ouvrait une boite électronique chez le CCF. Akli ne voulait pas perdre une minute. Sur place, il avait eu le calendrier des rendez-vous et heureusement les dates n’étaient pas trop lointaines. Il choisissait la date de l’épreuve, elle aurait lieu dans une semaine. En imprimant la feuille d’inscription, il retourna au centre pour valider le rendez-vous et payer les 6000 dinars de frais.
Deux jours avant le test, Akli tombait gravement malade, terrassé par une grippe accompagnée d’une forte fièvre. Il était cependant allé au travail, avec difficulté, tellement il avait des vertiges et ne pouvait pas se tenir debout bien longtemps. Affalé sur une chaise et la tête posée sur la table, la chef de service l’avait remarqué et lui avait conseillé de rentrer chez lui. Akli ne pensait pas à l’état de sa santé, mais, obnubilé par le test qu’il allait passer dans deux jours, il décidait de se rendre chez son ami médecin urgentiste qui travaillait à l’hôpital Mustapha Bacha. Ce dernier lui avait prescrit un traitement en lui assurant que ce n’était rien d’autre qu’une grippe saisonnière.
Akli voulait rentrer chez lui pour se reposer un peu, mais pour cela il devait prendre un bus car il habitait dans la banlieue d’Alger. Rentrer chez lui était un vrai casse-tête, les bus étant toujours saturés de voyageurs, et dans la station la loi en vigueur était celle de la jungle. Les transporteurs imposaient la leur, considéraient les passagers comme des pièces de monnaies, tous les bus prenaient les passagers en surcharge, le receveur s’occupait de placer les passagers dans le couloir de bus entre les sièges comme dans une boite de sardines, et cela pour charger au maximum. Ils se fichaient bien du confort des passagers. Ce qui comptait pour eux, c’était les 10 dinars de plus en caisse, et si un passager sur dix se plaignait de la situation, souvent humiliante, le receveur l’agressait et l’intimidait sauvagement par des mots à haute voix devant l’assistance. Il l’enjoignait à descendre du bus si cela ne l’arrangeait pas, bien que le règlement interdise strictement d’être en surcharge, pour d’évidentes mesures de sécurité. Il n’y avait, hélas, pas de contrôle, et même s’il en existait, un contrôle des contrôleurs aurait été nécessaire.
Akli n’aimait pas pousser les autres pour entrer dans le bus comme faisait la majorité des passagers, et bien qu’ayant payé son billet comme tout le monde, il préférait attendre la montée sauvage de toute cette foule pour ensuite y monter tranquillement le dernier. Il s’accrochait en général à un siège derrière le chauffeur tellement le bus était bondé, et même s’il souffrait d’une forte fièvre, il n’osait pas demander une place, devinant par avance que personne n’allait lui céder la sienne. Il était de plus un peu timide, et ne parlait pas bien l’arabe. Il s’exprimait mal, son accent kabyle dominait et cela lui causait souvent des problèmes parce que certaines personnes étaient racistes. Lorsqu’elles entendaient quelqu’un parler kabyle, elles se moquaient de lui en la provoquant avec des mots racistes comme par exemple « va vivre chez toi en montagne », « prends ta valise et retourne chez toi », etc, comme si eux-mêmes étaient plus civilisés que les kabyles, alors que c’était justement un complexe que tentait de cacher cette attitude supérieure. Après dix minutes de route, une vieille dame kabyle qui, en partie à cause de son âge, la pauvre, s’était trompée du bus, s’alarmait. De plus, elle ne connaissait aucun mot d’arabe pour se renseigner. La faute incombait au receveur qui l’avait mal orientée juste pour encaisser son argent, et quand la vieille dame demandait en kabyle au chauffeur l’arrêt où elle voulait descendre pour changer de bus, lui et le receveur, ne comprenant pas le kabyle, l’ignoraient. Entre temps, deux jeunes à côté se mettaient à rire de la vieille dame en lui disant n’importe-quoi en arabe, se moquaient d’elle, et comme la vieille dame ne comprenait rien à leurs propos, elle répondit juste par « oui » de sa tête. Cette situation avait indigné une autre dame assise juste derrière la vielle dame. Elle n’appréciait pas le comportement de ces deux jeunes, et en montant le ton, elle les interpellait :
– Taisez-vous, arrêtez de vous moquez de cette vieille, vous ne voyez pas qu’elle a l’âge de vos grand-mères, honte à vous !
– Ne t’en mêle pas, en plus c’est une vielle kabyle, et les kabyles sont des juifs et des mécréants, donc tout est permis, répondit l’un des deux jeunes.
– Arrêtez vos conneries et votre racisme ! J’ai vécu presque dix ans en Kabylie, ils savaient bien que je suis une arabe, mais j’étais toujours respectée, ils sont bien plus respectueux et civilisés que vous.
La dame avait réussi à faire taire les deux jeunes. Le manque d’arguments les rendait muets. Il existait réellement un profond racisme anti-kabyle, et ce, depuis toujours. Bref, une heure et demie de route pour 10 kilomètres dans une gigantesque circulation quotidienne, ce n’était pas le travail qui fatiguait, mais le trajet et le transport. Le travailleur, quand il se levait le matin, n’avait comme objectif que de se rendre au boulot le plus vite possible, pareillement le soir pour rentrer à la maison, un vrai casse-tête. Enfin, Akli rentra chez lui très affaibli par la grippe et par la route, et commença son traitement immédiatement.
Le lendemain, la fièvre avait diminué, les vertiges disparu, mais le nez et les oreilles encore bouchés, ce n’était pas bien pour lui, car son test TCF avait lieu dans les 24 heures suivantes. Cette situation l’angoissait.
Ces heures qui le séparaient du test, il les comptait minute par minute tout en espérant que son état de santé s’améliore.
Le jour J, il se présentait à l’école des affaires aux Pins Maritimes, où se déroulait le test. Ses nom et prénom étaient affichés dans une liste placardée sur la porte du premier amphithéâtre. On donnait à chaque candidat qui entrait un petit livre plein de réponses à cocher, les questions seraient posées plus tard à l’aide d’un enregistrement accompagné d’images ou de vidéos projetées sur un tableau, des enceintes avaient été installées, tout ce matériel disposé avec précision afin que les candidats puissent voir et entendre au mieux car l’amphithéâtre était très vaste.
Le stress avait dépassé son seuil de tolérance pour Akli, car d’après les instructions, chaque question posée par l’enregistrement ne l’était qu’une fois seulement, sans répéti

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