Apprivoisé
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Description

Apprivoisé
Aurore Kopec
Roman de 445 000 caractères, 78 200 mots, 370 pages en équivalent papier.
Un ranch dans les rigueurs du Montana, USA. De grands enclos, des chevaux en semi-liberté dans la plaine avec les collines à l’horizon.
Un cowboy un peu sauvage et un jeune homme fragile, deux chiens... et deux femmes dans leurs vies, pour veiller sur ces deux grands idiots qui ne voient pas l’essentiel...


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: Éditions Textes Gais

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 09 février 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9791029402593
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Apprivoisé
 
Dinhall ranch #1
 
 
Aurore Kopec
 
 
 
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Un grand merci à Marie, Valérie et Amanda pour leur relecture qui m’a permis de mettre un point final à cette histoire, de la lâcher et de lui donner une deuxième vie.
 
 
 
S'adapter et avancer. Continuer à vivre, à rêver, à espérer. À aimer.
 
 
 
1
 
 
Evan se réveilla en sursaut. Ses halètements résonnaient dans la petite chambre de motel. Le lampadaire sur le parking projetait ses lueurs blafardes dans la chambre, lui permettant de distinguer son environnement. Non, il n'était plus dans sa cambrousse natale. Le nouveau mec de sa mère ne rôdait pas derrière la porte de sa chambre. Ses cauchemars lui rappelaient sans cesse ce qu'il avait quitté. La vie à la ville n'était pas plus facile, mais au moins, il était libre.
Evan se leva et gagna la petite salle de bain attenante, s'y passant de l'eau sur le visage. Elle ne payait pas de mine, mais au moins, elle était propre et l’eau était chaude. Il frissonna et se frictionna les bras en regagnant son lit. Le gérant du motel était avare sur le chauffage. Il regarda l'heure et se recoucha. Il lui restait une heure avant de se lever et il comptait bien en profiter.
Les couvertures remontées jusqu’au nez, il essaya de se rendormir, en vain. Son cerveau était bien réveillé et recommençait à le tourmenter. Il allait avoir dix-neuf ans et n'avait rien, hormis son travail de serveur. Trois semaines auparavant, il avait encore un petit ami. Enfin, ce qu'il pensait être un petit ami, car ses sentiments n'étaient pas réciproques et il s'était fait manipuler. Ils partageaient un appartement alors ; depuis Evan louait une chambre dans un motel au bord de l'autoroute et avait perdu ses illusions. Son premier s'était moqué de lui, avait abusé de sa naïveté et de sa vulnérabilité pour le mettre dans son lit et partager les dépenses. Il n'avait été qu'un colocataire avec avantages. Il avait tourné le dos à sa famille, n'avait pas de petit-copain et pas vraiment d'amis. Que lui restait-il ? Certains jours, comme celui-ci, il se sentait réellement découragé et se demandait pourquoi il se levait.
Lorsque l'alarme de son portable sonna, Evan se prépara, s'habillant chaudement pour affronter le froid du Montana au mois de décembre. Il devait faire moins dix degrés dehors. Il verrouilla la porte de sa chambre et courut jusqu'à sa voiture, garée sur le parking, ses pieds crissant sur le sel jeté sur l'asphalte. En fait, si, il possédait quelque chose : sa vieille Ford grise, cabossée de partout qui, depuis quelques jours, faisait un bruit bizarre. Il n'avait pas les moyens de la réparer. C'était la chambre ou sa voiture, et il ne se voyait pas vivre dans sa voiture.
Evan fit démarrer le moteur et attendit que la voiture chauffe un peu. Sa respiration forma un petit nuage de buée devant sa bouche quand il souffla sur ses doigts gelés. Au bout de quelques minutes, il quitta le parking et se dirigea vers l'autoroute. Il faisait encore nuit. Evan prenait son service à six heures du matin, et il n'était pas le seul au vu de la circulation. Il contourna une partie de l'agglomération et emprunta la sortie vers le centre-ville. Il trouva une place de stationnement dans une rue près du café puis se dirigea à pied vers l'avenue.
Les trottoirs étaient déserts. Il acheta un journal, pour les petites annonces. Il devait trouver une chambre ou un studio à louer. Il ne pouvait pas rester au motel. Il ne s'y sentait pas en sécurité. Il avait été assez malmené dans sa courte existence pour connaître la méchanceté et la perversité humaine. Les motels et les abords de l'autoroute pullulaient de gens peu recommandables. Du genre qui s'en prendraient à un garçon comme lui, faible, soumis. Il avait fugué juste avant ses dix-huit ans pour échapper au nouveau copain de sa mère, qui était de cette espèce-là : prêt à tout pour satisfaire ses envies, même les plus vicieuses.
Il cherchait à se loger depuis trois semaines, mais toutes ses recherches s'étaient révélées infructueuses. À cause de son physique. Oh, il était blanc, châtain avec des yeux gris, un physique assez classique, mais il avait trop de cicatrices sur le visage. Il cachait celle, verticale, qui barrait sa tempe droite et celle de son arcade sourcilière sous une frange un peu trop longue, en revanche rien ne cachait celle sur son menton, ni celles de ses mains. On aurait dit un habitué des bagarres, un garçon à problème. Or seule la petite bosse sur l'arête de son nez était due à une bagarre. Il avait douze ans à l'époque et il avait littéralement été écrabouillée par son adversaire. La rage qui l'habitait n'avait pas suffi à le rendre assez bagarreur pour gagner l'affrontement.
Depuis, Evan avait grandi, il mesurait un mètre quatre-vingt, mais n'était ni musclé ni assez agressif pour faire face. On l'avait façonné ainsi au cours des années. Depuis qu'il avait quitté sa campagne, il avait mis en pratique ce qu'il avait durement appris là-bas : ne pas attirer l'attention afin de ne pas s'attirer d'ennuis. Les membres de sa famille, à force de coups et d'humiliations, l'avaient rendu craintif, fuyant. Il n'inspirait pas confiance. Aucun propriétaire ni agence immobilière n'avait voulu lui louer une chambre.
Evan marqua une pause devant le Broadwater Coffee. C'était un café de quartier, pas très loin du campus universitaire, avec une petite salle afin de consommer sur place boissons chaudes, sandwiches et pâtisseries. La plupart des gens prenaient à emporter, surtout le matin, sur le chemin du travail. La devanture était noire et dorée, très chic. Le nom du café, en lettres d'or sur la vitrine, était entouré de décorations à la neige. L'intérieur tenait la même promesse : faux branchages de sapin, gros nœuds rouges, guirlandes de petites lumières le long du comptoir et lumières tamisées pour une ambiance intimiste. Noël laissait Evan indifférent. Il n'arrivait même pas à en vouloir aux gens qui allaient le fêter en famille et s'empiffrer pour l'occasion alors qu'il grignoterait des chips dans sa chambre de motel.
Le manager le vit à travers la vitre et lui ouvrit la porte.
— Salut Evan ! le salua-t-il joyeusement.
— Salut, répondit le jeune homme avant de se diriger vers l'espace réservé au personnel.
La porte était ouverte. D'autres serveurs, garçons et filles, à peu près tous du même âge, se préparaient. Evan troqua son anorak contre le tablier noir et or, aux couleurs de l'enseigne, et ses boots fourrées contre des baskets souples. Il allait passer la journée debout, à piétiner derrière le comptoir.
Le vestiaire se vida. Evan referma son casier, qui contenait presque toutes ses possessions. Ses affaires y étaient plus en sécurité qu'au motel ou dans sa voiture. Il appuya le front contre le métal lisse et froid, prenant quelques minutes pour se mettre en condition. Il aimait ce travail pour les cafés, les pâtisseries gratuites et l'équipe sympathique dont il faisait partie. Il aimait moins la proximité des clients. Trop de gens avaient levé la main sur lui. Des gens qui auraient dû le protéger. Il avait toujours peur des étrangers, surtout des hommes, et encore plus s'ils étaient grands et costauds, parce qu'il savait qu'il ne ferait pas le poids. Derrière le comptoir, il se sentait à peu près en sécurité et le manager veillait à ce que les clients ne manquent pas de respect au personnel. Lorsqu'il allait nettoyer les tables, il faisait vite et évitait tout contact physique. Les contacts le mettaient extrêmement mal à l'aise.
Evan souffla un grand coup et quitta les vestiaires. Dans le couloir, il croisa un retardataire essoufflé. Ils échangèrent un signe de la tête et Evan alla prendre son poste derrière le comptoir.
— Un petit sourire ! l'encouragea gentiment son manager. Tiens, prends un café, ça te réveillera.
Difficile de cacher qu'il manquait de sommeil avec des cernes pareils. Il avait vraiment une sale tête. Le manager était plutôt gentil, il ne l'avait pas encore viré pour avoir fait peur à des clients. Il lui permettait aussi de piocher dans les pâtisseries invendables, à la fermeture, car il avait compris qu'Evan ne mangeait pas à sa faim depuis quelques semaines. Perte de poids, cernes, fatigue s'étaient ajoutés à son stress permanent. Il s'était enquis des raisons de ce changement, mais Evan refusait de dire à qui que ce soit qu'il n'avait plus que sa voiture et vivait dans une chambre de motel en attendant un meilleur moment qui ne se présentait jamais.
Evan accepta le café et le beignet avec reconnaissance. Lorsqu'il eut fini, il essuya le sucre glace sur ses doigts, afficha un sourire aimable et fit le vide dans sa tête. Le comptoir le séparait des clients. Il était en sécurité de son côté. Ils ne pouvaient pas lui faire de mal.
 
Du moins, le crut-il jusqu'à la fin de la matinée. La clochette de la porte tintinnabula, un groupe de jeunes pénétra bruyamment dans le café. Ils avaient la vingtaine, comprenant plus de garçons que de filles. Des étudiants. Ils firent la queue. Quand vint leur tour, Evan se retrouva face à un visage familier.
— Hey, Evan ! fit le jeune homme avec un sourire en coin, la voix traînante. Comment ça va ?
— Cela ne te regarde plus Gavin, rétorqua le serveur à voix basse.
— Tu devrais voir un médecin, chéri. Je t'ai peut-être refilé une MST, ajouta-t-il avec un air mauvais.
Evan blêmit.
— Tu te moques encore de moi.
— Je ne crois pas, non. Je suis sérieux, chéri.
— Arrête de m'appeler comme ça. Tu m'as foutu dehors.
Evan serrait les dents, jetant des regards à sa collègue qui servait la première moitié du groupe. Il ne tenait pas à mêler ses collègues à sa vie privée. À cause de Gavin, le charmant client devant lui, ils savaient déjà qu'il était gay, il l'avait révélé contre son gré. Cela n'avait eu aucune conséquence, mais Evan aurait tout aussi bien pu tout perdre. Et tomber encore p

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