Bi Live In Me
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Description

Bi Live In Me

Tan Hagmann

Roman de 61 900 mots, 366 500 caractères

« Dire qu’au début, ce n’était que par jeu ! Un pari qu’il s’était lancé à lui-même de rendre fou de lui ce garçon qui, dès le premier regard, était tombé sous son charme. Sauf qu’il n’avait pas prévu que le piège allait se refermer sur lui. [...] L’arôme d’une peau à la douceur traîtresse lui était monté à la tête. Et, aujourd'hui, ses nuits elles aussi revenaient avec leur lot de rêves érotiques. De cauchemars... »

Entre muses et musique, l’histoire de la longue valse-hésitation d’un jeune saxophoniste qui, confronté brutalement à la beauté, a peur de confondre émotion amoureuse et émotion artistique.

Par l’auteur de Sage comme une image

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Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9791029400780
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Bi live in me
 
 
Tan Hagmann
 
 
 
 
 
roman
 
 
Du même auteur :
Sage comme une image
 
 
Si la musique nous est si chère,
c’est qu’elle est la parole la plus profonde de l’âme,
le cri harmonieux de sa joie et de sa douleur.
Romain Rolland
 
 
 
 
 
 
1. Un charme léger et ambigu
 
 
La nuit tombait sur la pinède à la lisière d'Antibes et de Juan-les-Pins. De manière imperceptible, on sentait monter chez les festivaliers une sorte d'effervescence. Il faut dire qu’au programme de cette année se succédaient les têtes d'affiche les plus prestigieuses. Et ce soir, en particulier, la plus grosse d’entre elles censée d'un moment à l'autre se produire sur scène.
Otis Carrylin Parker. La légende vivante de la basse électrique. Le seul héritier véritable de Jaco Pastorius comme le désignait la presse spécialisée. D'un bout à l'autre de la plage couraient les rumeurs les plus folles. Les plus variées. On l'aurait reconnu, il y a peu, sirotant un whisky à la terrasse d'un hôtel. D'autres encore l'auraient vu en compagnie de femmes chaque fois différentes. Un homme plus observateur enfin se prononça.
— Otis n'est pas venu avec une femme. Et, il a beau avoir les cheveux longs, celui qui l'accompagne est quand même un mec ! Un jeune saxophoniste français qu'il a repéré, lors d'une jam , à Paris.
— C'est vrai ! confirma une autre personne. J'en ai entendu parler moi aussi. Un authentique prodige, à ce qui se dit…
— Son nom ?
— Je ne m’en souviens plus… Je me rappelle seulement qu'il s'agissait d'un nom composé.
— Ducon-Lajoie ?
— Ah-ah-ah, très drôle ! grommela le premier. Vraiment très fin ! Non, pas un nom composé comme ça… Un nom en « De ».
— Un nom en deux morceaux, c'est bien ce qu'on appelle un nom composé ?
— Mais non ! Un nom à… Aaah, comment on dit déjà ?
L'homme se gratta la tête, ennuyé de perdre son public.
— Je sais ! s'écria-t-il. Un nom à particule !
— De Bethman ? De Wilde ? De Preissac ? ricana quelqu'un d'autre.
— Vous citez, là, les noms de trois pianistes, soupira le connaisseur. Je vous ai pourtant dit qu'il s'agissait d'un saxophoniste. Je sais son nom, mais je ne vous le dirai pas. De toute manière, après qu'il aura joué ce soir aux côtés de Carrylin Parker et que ce dernier l'aura présenté, son nom restera à jamais gravé dans vos mémoires de moineau !
 
*
* *
 
Cela ne servait à rien de toute façon. Le début du set était dans trois minutes, il n’aurait jamais le temps d’apprécier l’effet désaltérant de la boisson mousseuse et ambrée. Pourtant Andréa quand même commanda au barman une autre bière. À vrai dire, il avait besoin de quelque chose de plus fort. Ses doigts devenaient moites à force de trac. D’énervement. Trop tard. Le serveur venait de poser devant lui le bock plein.
— Merci… grommela-t-il en le saisissant.
— Alors, c’est vous le fameux de Royer ?
Il leva vers l’employé du bar un regard surpris.
— C’est vous que Monsieur Carrylin Parker cherche partout ! Je crois que votre concert commence dans pas longtemps…
Le jeune musicien, comme chaque fois qu’on le dérangeait dans ses pensées, s’en irrita en silence. Bien sûr, Carrylin Parker était une star planétaire. Immense. Mais qui l’était assez pour se permettre de faire rappeler à l’ordre par de vulgaires larbins ses collaborateurs ?
— Alors, dites à ce monsieur que je viens tout juste de me commander une bière. Et qu’il ne s’en fasse pas pour moi, je le rejoindrai directement sur scène !
Le barman reconnut en cette réponse l’insolence de la vingtaine. L’arrogance aussi, peut-être, de ceux bénis par les dieux. Dire qu’on disait, de ce voyou blond aux manières inciviles, qu’il formait la relève de monstres sacrés tels que Coltrane ou Shorter ! Qu’il en était une sorte de fils spirituel. C’était, là, chose étonnante. Car, vu de l’extérieur, il paraissait seulement un gosse mal élevé.
Andréa passa la main dans ses boucles et, après un regard au serveur, but d’une traite le contenu de son verre. L’alcool aussitôt fit son effet. Maintenant il était chaud. Il était prêt.
 
*
* *
 
Le piano d’abord égrena quelques accords qui semblaient disparates. Les derniers bruissements de spectateurs encore mal installés s’atténuèrent. Enfin, dans le silence recueilli de ce kiosque en plein air au cœur de la pinède s’éleva le souffle d’Andréa, aussitôt salué par les ovations du public. La nuit brusquement parut s’éclairer d’une intense lumière. Comme si l’on venait d’allumer, au beau milieu de la scène, un brasier ardent.
Otis reçut en pleine face ces quelques notes brillantes comme des pierres précieuses. Aussi douces que la caresse du vent. Subjugué, il fixait le musicien qui soufflait les yeux clos, comme rentré à l’intérieur de lui-même. De cette seconde à la fin du morceau, ses yeux plus jamais ne dévièrent du jeune saxophoniste. La langueur infinie qu’avait mise Andréa dans son intro lui inspira une répartie d’une rare intensité sensuelle. Le son de sa basse mythique aussitôt s'envola dans les airs, pour exposer le thème, avec cette retenue particulière qui présageait à l'avance l'explosion de la passion la plus effrénée.
La musique et Andréa, c’était une grande histoire d’amour. Et cet homme qui, en quelques pincements de ses doigts sur les cordes de son instrument, arrivait à lui tirer des larmes, il l’aimait à nouveau. À la fin de son chorus, le jeune soufflant eut à cœur de lui répondre avec un son vibrant d'une douceur, d’une émotion, qu'on eût presque dit amoureuse.
Puis leurs notes se rejoignirent à l’unisson. Avant qu’Andréa, dans une nouvelle envolée, s’échappât au-dessus des sonorités du piano. Et qu’Otis, comme on atteignait une étoile, le rattrapât pendant que le clavier les enrobait tous les deux d’une nappe de sons mélancoliques. Enfin dans une communion d’esprit entremêlant avec art le timbre de leurs trois instruments, les musiciens achevèrent le morceau.
La nuit scintillait à présent de mille étoiles et la plage entière pendant quelques secondes resta comme pétrifiée. Puis crépitèrent les premiers applaudissements accompagnés de cris et de sifflements attestant d’un triomphe. Enfin le batteur se leva et les artistes saluèrent bien bas leur public, emplis d’une mutuelle reconnaissance.
Mais lorsque avant cela Otis avait serré Andréa contre son cœur, pour lui témoigner le plaisir qu’il avait eu à jouer avec lui sur scène, le saxophoniste avait plongé dans son regard, dans l’espoir d’y découvrir peut-être le secret de sa grâce musicale. Andréa alors avait été déçu de n’y trouver qu’une vague lueur de tendresse. Un charme léger et ambigu.
 
*
* *
 
Après le succès fracassant de ce premier concert nocturne, le jeune musicien encore inconnu la veille tous les soirs de la semaine donna la réplique sur scène à l’immense vedette. Et parce qu’Andréa vivait un rêve éveillé, de même, tous les soirs, il renouvela le miracle.
Comme dans ce petit club à Paris du quartier Saint-Germain, il partagea chaque nuit, avec l’un des meilleurs bassistes du monde, le plaisir de jouer ensemble une musique tour à tour joyeuse ou triste. Lumineuse ou sombre. Riche ou dépouillée. Mais toujours généreuse. Vivante. Passionnée.
Bien sûr, ce n’était pas la première fois qu’il faisait de la scène. Andréa depuis un moment tournait dans différentes formations qui requéraient ses compétences et sa sensibilité, le plus souvent au piano – son premier instrument – mais, depuis peu, également au saxophone. Son vrai coup de foudre instrumental.
Le premier jour de sa vie où Andréa avait soufflé dans un saxophone, quelque chose de décisif et totalement inattendu s’était produit dans son corps. Il avait écouté, tremblant, ce son naissant devant lui dans le pavillon. D’abord timide puis, au fur et à mesure qu’il apprivoisait le nouvel instrument, de plus en plus ferme et décidé.
Il avait alors ressenti un bonheur indescriptible. Une sorte de révélation. Andréa ce jour-là sut qu’il avait trouvé sa Voix. De ce jour, il n’eut de cesse d’en explorer toutes les teintes. Les plus infimes nuances. Les plus belles expressions. Andréa, qui avait en lui tant de mots prisonniers, comprit qu’avec un saxophone, il pourrait tout dire.
Les journalistes étaient accourus des quatre coins du monde, afin de couvrir l’ouverture de cette énième saison du premier Festival Européen de Jazz. Ils se bousculaient ce matin pour pouvoir approcher le nouveau prodige. Et depuis cette nuit où il était apparu sur les planches, aux côtés d’Otis Carrylin Parker, Andréa dans le petit village de Juan-les-Pins ne connaissait plus un instant de répit.
Or, pour quelqu'un comme lui, qui aimait l’intimité et la discrétion, devenir célèbre du jour au lendemain était loin d’être une expérience facile ou plaisante. Alors quand Stella lui avait téléphoné pour se plaindre qu’il lui manquait, et savoir quand il revenait, il avait sauté sur l’occasion.
Ce fut avec soulagement qu’à l’heure du petit-déjeuner, il avait annoncé au jazzman américain son intention de lui fausser compagnie pour la conférence de presse clôturant le festival.
— Tu sauras mieux leur dire que moi ce que tu as pensé de cette tournée française et de notre collaboration… se défila-t-il.
— You’re incredible, Andréa… soupira le bassiste.
— Je suis désolé, je suis attendu à Paris… je ne peux pas faire autrement.
De toute façon, chacun sait que « Ce que femme veut… » finit toujours par se réaliser. Et Stella, c’était sa bonne étoile. L’être, dans sa vie, qui l’écoutait et le comprenait le mieux.
L’attachée de presse de Carrylin Parker était atterrée.
— Non, mais tu te rends compte de ce que tu dis ? Que peux-tu avoir à faire d’autre que te prosterner bien bas devant Otis, pour le remercier d’avoir bien voulu de toi ?
Le jeune musicien n’en crut pas ses oreilles. Il regarda l’Américain, déçu et ulcéré.
— Jenny… commença Otis, embarrassé. Ne parle pas comme ça à Andréa, il est quelqu'un de… spécial.
— De spécialement con, oui ! Tu lui offres sur un plateau d’argent une promo gratuite c

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