Ce que le backroom révélait de lui…
56 pages
Français

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Ce que le backroom révélait de lui… , livre ebook

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Description

D'une timidité maladive, Nicolas n'envisage pas d'autre relation amoureuse que dans le cadre d'un sex-club. Conscient du caractère artificiel de ce lieu qui facilite les rencontres avec des partenaires sexuels, aucune autre alternative ne lui semble pourtant possible. Il continue de rêver d'une histoire d'amour véritable, espérant un jour avoir le courage de vivre pleinement ses émotions. Cédric Ronnoc dresse le portrait d'un homme meurtri, dont les barrages psychologiques entrent en contradiction avec les besoins essentiels de son corps. Il ne peut trouver encore longtemps de satisfactions dans une sexualité dénuée de tout sentiment.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 11 mai 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414227129
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-22710-5

© Edilivre, 2018
Avant-propos
Trouvant plus facile de s’agenouiller que d’entamer une conversation, Nicolas n’envisageait pas faire la rencontre qui changerait sa vie ailleurs que dans un sex-club. C’était, là, le seul terrain de rencontre qu’il ait osé investir lorsqu’il débuta tardivement sa vie intime. S’il avait, au départ, essayé des lieux moins marqués, tels que des bars ou des boites de nuit classiques, mais spécialisés tout de même, cela n’avait, du fait de son isolement et de sa difficulté à aller vers les autres, jamais engendré quoi que ce soit. Il s’était, alors, reporté vers ces lieux où le superflu, pourtant ô combien essentiel, n’était guère de mise et où les rapports, parce que beaucoup plus directs, lui apparaissaient bien plus aisés.
Il n’y avait, là, point de choix aussi peu judicieux pour un être dont la seule motivation n’était autre que de trouver l’âme sœur. Certes, son inexpérience en la matière pouvait expliquer le manque de discernement qui avait pu être le sien lorsqu’il avait, initialement, fait ce choix stratégique. Mais, il s’était, depuis, écoulé de nombreuses années. Or, loin de tirer toutes les leçons de la longue, mais si pauvre expérience qu’il avait pu y acquérir, il persistait, tel un malade se rendant à Lourdes, dans la croyance en un miracle qui ne pouvait, pensait-il, que lui être promis. Pire, il ne se contentait pas d’être la victime de ce mirage, mais s’en faisait, bien plus, le complice de par ses innombrables sauts dans l’imaginaire qui le voyaient être le héros, au cœur de cet écrin si incertain, d’interminables soap sentimentaux tous plus improbables les uns que les autres.
S’il perpétuait, ce faisant, le penchant qui était le sien depuis sa plus tendre enfance, il faut bien reconnaitre qu’il n’en faisait plus du tout le même usage : ces rêveries n’apparaissaient à présent que comme un subterfuge destiné à lui permettre de fuir la réalité du monde et de son être, alors qu’il n’était question, les premières années, que d’évasion.
Il faut dire qu’il n’avait guère été aidé à ce qu’il en aille autrement. En plus d’éprouver les plus grandes difficultés à aller vers les autres, la vie l’avait, en effet, doté de cette caractéristique qu’il est, encore aujourd’hui, si difficile à accepter et sur laquelle il avait, faute de certitude, mis de longues années à mettre un terme. Il n’avait pas, ainsi, adolescent, bénéficié du tremplin que la vie offre à tout un chacun pour affirmer sa personnalité et s’était, alors, tourné vers cette vie parallèle pour vivre, sans exclusive aucune, ce qu’il ne pouvait exprimer aux yeux de tous.
Ce n’est qu’une fois abrité sous cet anonymat qu’offrent les grandes villes, comme celle où il résidait dans le cadre de ses études, qu’il avait enfin pu admettre ce qui relevait de l’évidence. Si c’était, là, un poids en moins, du lundi au vendredi en tout cas, demeurait le problème de sa personnalité que cette situation n’avait pu rendre que plus introvertie qu’elle ne l’était déjà. De quoi être une nouvelle fois étonné de le voir choisir un sex-club comme théâtre de son ambition amoureuse.
Surprenant ? Seulement en apparence, dans la mesure où, par certains côtés, un tel lieu pouvait se révéler tout à fait adapté à une personne aussi timide. Il n’y était, en effet, jamais question de grands discours et encore moins de parler de soi. Il n’avait même pas à endurer, ou alors beaucoup moins qu’ailleurs, les exigences inhérentes à tout travail d’approche, le simple fait de franchir la porte de l’établissement valant, à lui seul, expression, à l’égard de tous, de sa disponibilité. Ainsi, s’explique peut-être qu’il mit de longues soirées pour oser y entrer, comme s’il savait intimement les conséquences que ce geste impliquait.
Aujourd’hui, cette crainte était bel et bien loin. Nicolas s’y rendait, au contraire, de manière quasi mécanique, probablement rassuré par l’intangible cérémonial à quatre temps qui rythmait chacune de ses virées nocturnes. Ses angoisses n’avaient pas disparues pour autant. Elles s’exprimaient simplement à un autre moment. En effet, si ces sorties étaient toujours des bouffées d’air frais, telles des parenthèses dans sa vie quasi monacale, leur pratique n’avait, cependant, eu de cesse que de dévoiler le caractère vicié de sa démarche et la voie sans issue dans laquelle il s’était enfermé. Et, cela, il ne pouvait l’ignorer lorsque, refermant derrière lui la porte du sex-club, il retrouvait la cellule qui lui servait d’appartement.
Chapitre 1 La préparation
Bien qu’âgé de seulement 28 ans, Nicolas était de ces jeunes qui mènent une vie de petits vieux. Comme eux, il ne sortait guère et ne recevait que peu de visites. Comme eux, c’est avec impatience qu’il attendait les rares moments de vie en société, principalement l’Église le dimanche pour les uns, le sex club deux ou trois soirs par semaine pour lui. Et, de la même façon qu’un petit vieux tente avec insistance de se défaire de son odeur de renfermé pour ne pas faire fuir le cheptel de veuves présent à la messe, Nicolas accordait une attention toute particulière à son hygiène à chacune de ses virées nocturnes.
Afin de s’assurer de sa perfection, sa toilette suivait un rituel immuable. Elle le conduisait à guetter le signal de départ. Dans son cas, ce n’était pas le passage de la voisine allant chercher les croissants à 9 heures lors de chaque matinée dominicale, mais la fin du journal télévisé. A ce moment, tel un robot dont l’action a été programmée pour se déclencher à un moment précis, il se levait, jetait rapidement ses vêtements à terre et se dirigeait vers la salle de bains, la seule autre pièce de son appartement.
Nicolas appréhendait toujours ce moment. Outre qu’il lui fallait effacer les traces de son laisser aller quotidien, il redoutait particulièrement le passage du gant de toilette sur les parties érogènes de son corps. La pauvreté de sa vie sexuelle avait, en effet, rendu les capteurs de ces zones extrêmement sensibles à tout, de sorte que ceux-ci interprétaient le moindre frottement, même à but hygiénique, comme la caresse tant désirée. Il s’agissait, là, de minutes à haut risque dans la mesure où, lorsqu’il ne trouvait pas en lui la force de résister à ses pulsions, il abandonnait définitivement son projet de sortie. Il terminait, alors, la soirée sous une pluie de regrets, comme acculé à ruminer, jusqu’à ce que le sommeil ne vienne, ce à quoi sa faiblesse l’avait, peut-être, conduit à renoncer.
Il y avait, là, quelque chose d’assez étonnant pour un être soi-disant en quête du grand amour et qui ne voyait ces excursions que comme autant d’occasions d’en faire la rencontre. Comment pouvait-il prétendre poursuivre ce dessein et renoncer quasi-systématiquement à sa soirée une fois privé de toute tension sexuelle ?
Beaucoup pourraient être tentés de dire qu’il se trompait sur la nature réelle de ses intentions. Et, ils n’auraient pas complètement tort. D’abord, parce que certains soirs ses velléités sentimentales se voyaient reléguées, sans d’ailleurs qu’il ne s’en alarme, au second plan. Ensuite, parce qu’une ambition amoureuse qui ne peut, quelle que soit l’importance que l’on accorde au désir charnel, se suffire à elle-même n’a probablement pas toute la pureté que celui qui la porte lui attribue.
S’en tenir à ce constat ne traduirait, cependant, que très imparfaitement la personnalité de Nicolas, dont les ressorts apparaissaient bien plus complexes. Non, si le sexe était si important, c’est qu’il occupait dans sa stratégie de conquête amoureuse une fonction bien précise. Il n’était pas une fin en soi, mais bien plutôt, aussi surprenant...

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