Correspondance d Eulalie ou Tableau du libertinage de Paris
96 pages
Français

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Correspondance d'Eulalie ou Tableau du libertinage de Paris , livre ebook

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Description

Correspondance fictive d'une prostituée parue en 1785 qui donne une excellente image du Paris débauché de la fin du XVIIIe siècle.

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2012
Nombre de lectures 93
EAN13 9782820622242
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0019€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Correspondance d'Eulalie
ou Tableau du libertinage
de Paris
Collection
Érotique



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ISBN : 9782820622242
Sommaire


CORRESPONDANCE D’EULALIE

CORRESPONDANCE D’EULALIE
Lettre de Mlle Julie
Paris , ce 12 avril 1782
J’ai appris, ma chère amie, avec bien du plaisir, ton arrivée à Bordeaux. Tu as été fort heureuse de trouver dans la diligence un officier d’infanterie qui t’ait défrayée et donné dix louis. C’est un de ces événements qui n’arrivent qu’une fois dans la vie, car, ordinairement, ces messieurs ne sont pas riches.
Croiras-tu que, depuis ton départ, la Lebrun a trouvé le moyen de me faire passer pour pucelle et de vendre cinquante louis ma prétendue virginité à un jeune homme usé de débauches, qui a la manie des pucelages. Je lui fus présentée comme une petite paysanne nouvellement arrivée de son village. Dès qu’on m’eut livrée à sa discrétion, je n’omis aucune des simagrées d’usage dans pareilles occasions ; je poussai des cris perçants, je pleurai, j’égratignai : en un mot, j’ai joué mon rôle d’un air si naturel qu’il m’a crue aussi vierge que l’enfant qui vient de naître. Quoique son priape pliât à chaque instant et fût si faible qu’à peine en sentais-je les coups, je gémissais profondément, je le suppliais d’avoir pitié de moi, de ne pas me déchirer davantage, que j’en mourrais s’il continuait. L’amour-propre, qui aveugle toujours les hommes sur cet article, lui fit croire qu’il avait fait des efforts héroïques. Il était si content, enfin, qu’il me donna cinq louis pour mes rubans. Que nous savons bien tromper les hommes quand ils veulent l’être, et qu’ils sont assez sots de payer pour cela ! Donne-moi souvent de tes nouvelles. Ton amie pour la vie.
Lettre de Mlle Felmé
Paris, ce 21 avril 1782
J’ai appris avec bien du plaisir, mon cœur, ton arrivée à Bordeaux. Tu as été bien heureuse en route. Il paraît que la fortune t’accorde ses faveurs. Tâche d’en profiter, afin de jouir dans ta vieillesse du fruit de ton libertinage, et ne pas mourir à l’hôpital, comme quantité de nos consœurs.
J’ai eu depuis ton départ quelques bonnes passades et j’ai fait plusieurs parties chez la comtesse. L’été sera dur à passer : point d’étrangers, et tous les militaires à leurs régiments.
Je quitte vite ma lettre, voici une visite qu’on m’annonce.
En vérité, cela n’était pas la peine de me tant presser de quitter de m’entretenir avec toi : c’était un vieux qui m’a patinée pendant deux heures et de qui je n’ai pu faire dresser le priape, quoique j’aie usé trois poignées de verges à le fustiger. Que je plains l’état de ces vieux impotents ! ils ont le diable au corps pour courir chez les filles. Et qu’y font-ils ? rien que les ennuyer et leur faire gagner avec beaucoup de peine ce qu’ils donnent.
Ce vieux m’a conté que la Duverger est à Saint-Martin pour une dispute qu’elle a eue avec Le Duc, chez Nicolet. Elle aurait peut-être évité la prison mais elle a manqué à Vaugieu. Et voici comment. Il l’avait mandée et la Le Duc aussi. La Duverger voulut prendre un ton et s’emporter en propos. Vaugieu lui ordonna de se taire, ajoutant que si elle ne finissait, il la foutrait en prison. « Ah ! répliqua-t-elle, si vous voulez, monsieur, vous me ferez mettre en prison, mais pour m’y foutre c’est autre chose ; vous êtes un trop vilain bougre. » Le proverbe que « toutes vérités ne sont pas bonnes à dire » est vrai. Adieu, mon cœur, donne-moi quelquefois de tes nouvelles.
Lettre de Mlle Victorine
Paris, ce 15 mai 1782
Tu as été bien longtemps, ma bonne amie, à me donner de tes nouvelles ; je craignais qu’il ne te fut arrivé quelque accident ou que tu ne fusses malade. Ne sois plus si paresseuse, dérobe quelques instants à tes plaisirs pour t’entretenir avec des personnes qui pensent à toi et à qui tu es chère.
C’est toujours mon vieux qui est Milord pot-au-feu ; il ne me gêne guère, je peux faire des passades et j’ai mes nuits libres, car il n’ose découcher à cause de sa femme.
Mlle de ***, fille de condition, croyant que le comte de ***, son amant, l’épouserait, a eu le malheur d’écouter son cœur. Mais ce monstre, quoiqu’elle porte dans son sein le fruit de son amour, vient de l’abandonner pour épouser une riche financière. Mlle de *** l’ayant appris s’est noyée. Avant, elle avait écrit à son père :
« Quand cette lettre vous parviendra, mon père, je ne serai plus. Je n’ai pu supporter l’idée du déshonneur. J’ai immolé mon amour pour vous et la malheureuse victime qui est dans mon sein. Il est inutile de vous dire le nom du séducteur qui m’a trompée. Il s’était annoncé comme un époux, et j’ai eu assez d’égarement pour ne pas voir le précipice où je me jetais : c’est un malheureux qu’il faut abandonner à ses remords ; il est impossible qu’il n’en ait pas ; ils déchireront son cœur ! J’étais de si bonne foi ! Je l’aimais si tendrement ! Ah ! mon père, puissiez-vous m’oublier et ne pas maudire la mémoire de votre pauvre fille. »
Depuis la mort de sa fille, M. de *** est à toute extrémité ; il ne tardera pas à la rejoindre. Ah ! ma bonne amie, si l’amour cause bien des plaisirs, il cause aussi bien des peines. Si j’avais été à la place de Mlle de ***, résolue à me donner la mort, devant j’aurais brûlé la cervelle à mon perfide. Adieu !
Lettre de Mlle Julie
Ce vendredi 17 mai 1782
J’ai été, ma chère amie, d’une partie de plaisir à la maison de campagne du duc de C***, à Monceau. Nous étions huit, quatre hommes et quatre femmes. Après le souper nous avons passé dans un charmant boudoir entouré de glaces. Tout le monde s’est mis in naturalibus (c’est ainsi que ces messieurs appellent se mettre nu). Ensuite, nous étant groupés deux par deux, chacun dans une posture différente, nous nous sommes donné réciproquement un spectacle charmant. Jamais je n’ai eu tant de plaisir. Après nos libations, nous avons dansé et fait mille folies jusqu’à cinq heures du matin. Jeudi nous devons recommencer une pareille scène. Je serai charmée que tu puisses être des nôtres ; comme ton beau corps y figurerait bien !
La femme de chambre que tu avais et qui était entrée chez la Urbain , vient de la quitter ; elle est venue me voir ce matin et m’a dit que souvent chez cette insolente il n’y avait pas de quoi dîner, depuis que le petit B*** est retenu à son régiment par ordre du roi. Je verrai à la placer. Elle m’a chargée de t’assurer de son respect, elle te regrette beaucoup. Je finis, mon coiffeur entre et je ne puis le renvoyer. Je dois me rendre à quatre heures chez la Présidente ; tu devines assez pourquoi. Je t’en dirai davantage une autre fois. Ta chère amie pour la vie.
Lettre de Mlle Rosalie
Paris, ce 20 mai 1782
Si je ne t’ai pas écrit plus tôt, ma chère amie, c’est que j’ai été très malade. Je ne suis pas encore bien remise. Ce vilain Américain m’a donné une cruelle maladie. Prends garde à eux, je t’en avertis. Algironi prétend que dans peu je serai totalement rétablie. Je le désire mais je n’ose m’en flatter. Moi qui n’avais jamais employé l’art pour relever l’éclat de mes charmes, je vois qu’il faudra le faire. Cela me fait tant de peine que, quoique j’aie beaucoup gagné avec l’Américain, je voudrais ne l’avoir jamais connu.
Je te souhaite beaucoup de bonheur à Bordeaux. Tâche d’avoir un armateur pour entreteneur : ces gens-là gagnent prodigieusement, l’argent ne leur coûte guère : c’est comme à un joueur dont la fortune rit. On dit que maintenant les demoiselles ne sont plus si soutenues que du temps du maréchal de Richelieu : c’est un homme qui a bien aimé les femmes et qui en a aussi été bien aimé. Il peut bien dire aux lauriers de mars avoir joint les myrtes de l’amour. Je désire, ma bonne amie, que ta santé soit meilleure que la mienne.
Lettre de Mlle Julie
Ce lundi 20 mai 1782
Que les hommes, ma chère amie, ont des goûts bizarres ! Hier, chez la Présidente, il m’a fallu fouetter pendant plus de deux heures un vieux président, tandis qu’à genoux devant moi il me gamahuchait. À peine était-il parti qu’il vint un abbé dont lé goût était aussi singulier, quoique plus plaisant. Après nous être mis nus tous deux, il m’a fallu marcher à quatre pattes par la chambre, pendant que l’abbé me suivait dans la même attitude. Étant entré en rut après quelques tournées, ce nouvel Adonis se mit en devoir de m’enfiler en levrette, hennissant comme un cheval qui va saillir sa jument. J’allais éclater de rire, quand son instrument, des plus longs et d’une

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