Coupée au montage
128 pages
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Coupée au montage , livre ebook

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Description

Ils ont la quarantaine. Ils aiment. Souffrent. Culpabilisent. Se vengent. Rêvent. Regrettent. Philosophent. Baisent. Intensément.
Comme dans du cinéma réalité, le mari, la femme et la maîtresse sont ici réunis sur un même plateau de tournage. Emportés par l’urgence de vivre qui se fait plus insistante au mitan de leur vie, poussés par leur besoin d’amour, de tendresse et de sexe, tous trois révéleront à tour de rôle, sans pudeur, leurs désirs et leurs peurs. Leur humanité. Qui osera leur jeter la première pierre ?
Dans ce roman aussi percutant que poétique, l’auteure puise dans la géométrie amoureuse du cinéma et découpe en une vingtaine de prises de vues le destin de ses personnages. Ceux-ci obéiront-ils aux indications du cinéaste ? Les angles aigus de leur triangle amoureux se laisseront-ils deviner ? Et quelle part d’eux-mêmes, de leur histoire, sera impitoyablement coupée au montage ?
Deux vieux fous, sauf que moi, je ne sentais pas ce poids de l’âge. Je ne me sentais pas vieille. Pas quand j’étais dans tes bras, quand tu plongeais ta langue dans ma bouche, dans mon sexe. Pas quand ton regard s’embuait de désir et que je délirais dans l’orgasme en entendant le râle de ta jouissance. J’avais de nouveau vingt ans, l’âge de tous les égarements, de toutes les délinquances assumées. Tu devenais enfin le jeune homme que tu avais rêvé d’être : aimé, désiré, inspiré, amant, complice, l’esprit en communion et le sexe en érection. Plus jeune, tu avais souffert d’aimer sans l’être en retour, puis tu avais connu un amour sans ressac, lisse et bienveillant, et tu avais alors résolu de vivre cet amour tranquille dénué de passion et de tourment. Après tout, il fallait bien se construire une vie adulte, avoir une famille, un compte en banque, une maison, une pension pour les vieux jours. Cette vie normale et normée à laquelle tu n’étais pas prêt à renoncer malgré ses lacunes, que tu avais gagnée à la dure. Tu avais réussi et tu en étais fier. Tu n’allais quand même pas courir le risque de tout voir s’effondrer pour un coup de queue, fût-il doublé d’un coup de cœur, d’un coup de chaleur : surtout pas à ton âge ! Tu devais même souhaiter que ça te passerait. Que ça me passerait à moi aussi : tu n’es pas un salaud. Tu ne voulais surtout pas que je souffre. Autre mantra fallacieux de l’amour adultère.
Ne voyais-tu pas combien me devenait de plus en plus douloureux le moment où tu t’extirpais de mes bras, de mes draps, pour sauter dans la douche chaude et savonneuse qui allait faire disparaître toute trace de moi afin de retourner intact à ta vie d’avant ? « Est-ce que je sens encore toi ? » me demandais-tu, inquiet. Je te humais de la tête aux pieds, m’attardant avec humour ou tendresse sur ton sexe en berne jusqu’à la prochaine rencontre.
Il m’avait alors semblé que c’était mon cœur qui se mettait en berne. Ce ne serait donc jamais assez ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 27 août 2014
Nombre de lectures 5
EAN13 9782764427316
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Projet dirigé par Marie-Noëlle Gagnon, éditrice
Conception graphique : Sara Tétreault
Mise en pages : André Vallée – Atelier typo Jane
Révision linguistique : Diane-Monique Daviau et Annie Pronovost
En couverture : © balono / istockphoto.com
Conversion au format ePub : Studio C1C4

Québec Amérique
329, rue de la Commune Ouest, 3 e étage
Montréal (Québec) Canada H2Y 2E1
Téléphone : 514 499-3000, télécopieur : 514 499-3010

Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada pour nos activités d’édition.
Nous remercions le Conseil des arts du Canada de son soutien. L’an dernier, le Conseil a investi 157 millions de dollars pour mettre de l’art dans la vie des Canadiennes et des Canadiens de tout le pays.
Nous tenons également à remercier la SODEC pour son appui financier. Gouvernement du Québec–Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres–Gestion SODEC.



Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Ar chives Canada

Laurin, Laurette
Coupée au montage
(Tous continents)
ISBN 978-2-7644-2728-6 (Version imprimée)
ISBN 978-2-7644-2730-9 (PDF)
ISBN 978-2-7644-2731-6 (ePub)
I. Titre. II. Collection : Tous continents.
PS8623.A826C68 2014 C843’.6 C2014-941384-X
PS9623.A826C68 2014

Dépôt légal : 3 e trimestre 2014
Bibliothèque nationale du Québec
Bibliothèque nationale du Canada

Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés
© Éditions Québec Amérique inc., 2014.
quebec-amerique.com
Laurette Laurin




Québec Amérique est fière d’offrir un espace de création aux auteurs émergents ; avec la mention « Première Impression », elle souligne la parution de leur premier livre.
À Èvemimi
Préface
Je croyais la connaître. Je croyais connaître ma sœur par cœur.
L’aînée de la famille. Celle qui veillait sur la marmaille le soir, l’oreille tendue vers les craquements suspects de la maison, guettant les rôdeurs ou voleurs potentiels avec, à portée de main, le gros couteau de cuisine. Celle qui m’obligeait à demeurer éveillée devant les films de peur à la télé, jusqu’à ce que nos parents rentrent du travail au milieu de la nuit.
Ma grande sœur. Celle qui m’a fait découvrir la romancière Colette. Celle qui m’a montré, debout devant le miroir de notre chambre au sous-sol, à donner des baisers mouillés, à réciter de la poésie, à répéter des rôles pour le théâtre au collège.
Celle avec qui je dansais le ya ya dans le salon. Celle avec qui je chantais en chœur Quand le film est triste , par-dessus la voix de Michèle Richard sur le pick-up.
Celle avec qui j’ai tant pleuré devant Love Story au cinéma.
Ma sœur, première de classe. Avocate. Femme de tête, femme de carrière, comme disent fièrement nos parents. Gestionnaire dans les hautes sphères qui vise toujours plus loin, qui s’engage à fond, qui court tout le temps.
Ma sœur, l’éloquente. La curieuse, l’allumée. La généreuse. La jouissive. La magasineuse, la coquette, la charmeuse. L’amoureuse, la romantique. La nostalgique. La théâtrale. La raconteuse d’histoires, la tragédienne de la famille, après grand-maman Delvina, tout le monde s’entend là-dessus.
Ma sœur, ses secrets et les miens partagés au fil des années. Nos fous rires. Nos voyages ensemble. Nos bords de mer en famille. Nos escapades entre filles.
Ma sœur, romancière ?
Un soir, entre deux verres de vin rouge, elle m’a présenté un cartable blanc contenant l’ébauche de ce qui deviendrait Coupée au montage .
Ma sœur, que j’ai découverte. Ou plutôt, redécouverte.
Au-delà de la trame narrative, de l’intrigue, des personnages.
Au-delà du triangle amoureux.
Au-delà de la maîtresse insatiable aux cheveux rouge danger. De l’amant assailli par la culpabilité. De leur amour à tous les deux, absolu. De leurs ébats emportés, à faire rougir.
Au-delà de l’épouse trompée, la légitime, l’insubmersible.
Au-delà de ces regards multiples qui s’entremêlent, de tout ce beau monde qui se joue son cinéma.
Au-delà de l’imaginaire qui se déploie, du fantasme qui s’assume. Bien au-delà des quelques anecdotes puisées dans notre enfance, croisées ici et là.
Ou plutôt, derrière.
Derrière Coupée au montage , ce que j’entends, c’est une voix. La voix de ma sœur, reconnaissable et nouvelle. C’est tellement elle dans son intensité, ce roman, et en même temps, tellement différent, surprenant.
C’est la voix de ma sœur que j’entends, mais pas seulement. C’est une voix littéraire.
La sienne.
Quand j’ai levé les yeux du cartable blanc pour le refermer, ce soir-là, j’ai choqué mon verre de vin contre le sien. Quand est-ce que tu publies ?
Elle a osé, enfin.

Danielle Laurin
Danielle Laurin est journaliste littéraire. Elle écrit notamment dans les pages du journal Le Devoir et du magazine Elle Québec . Elle tient également une chronique littéraire à Radio-Canada. Elle est aussi auteure.
Distribution des rôles

Or, d’après un principe de géométrie, un triangle quelconque est entièrement « connu », quand on connaît un de ses côtés et deux de ses angles, car on peut conclure immédiatement la valeur du troisième angle et la longueur des deux autres côtés.
Jules Verne
Un triangle amoureux n’est jamais quelconque. Quels qu’en soient les angles. Peu importent les côtés inconnus de ces amours à géométrie variable.
Généralement beaucoup de sexe, trop d’émotions. Et puis, tellement de sentiments contradictoires, entre la crainte d’être découvert et le plaisir de l’interdit, la douleur de découvrir et le désir de vengeance.
Il suffit que l’amour, dans toute sa rare splendeur, s’invite dans cette relation clandestine pour qu’on ne puisse jamais se résoudre à la conclure tout à fait.
Les histoires d’amours infidèles, même les plus banales, suscitent toujours la curiosité, l’intérêt parfois. Quand ce n’est pas carrément le dégoût. Rarement l’indifférence. On ne s’étonnera pas que les scénarios de films s’en inspirent pour émailler la trame dramatique du récit et mettre en scène des personnages qui nous interpellent dans leur humanité. Ils aiment. Souffrent. Culpabilisent. Se vengent. Rêvent. Regrettent. Philosophent. Baisent. Intensément.
Cela pourrait être le rôle de votre vie. Entrez dans la peau des personnages. Donnez tout ce que vous avez. Pas de censure.
Au besoin, on coupera au montage.
Je vous en ferai, moi, du cinéma.
Moteur.
Attention, ça tourne. Action !
Acte I
SUR LE PONT DU TITANIC
Ce qui ne me tue pas me rend plus fort.
Friedrich Nietzsche
Scène 1
Les amours imaginaires
Ce n’est pas assez. Assez avec un Z. Assez comme un verbe à l’impératif, comme une supplique au présent, un ordre imposé à l’autre. Ou à soi-même, va savoir.
Va savoir pourquoi je t’ai dit : c’est assez. Assez avec un grand A parce que l’amour n’est pas assez grand. Assez de t’attendre. De ne pas trouver d’issue à ton Amour interdit. De ne pas me sentir suffisamment aimée. Ce n’est pas assez.
Peut-être que je t’aimais trop. Ou pas assez ? Suffisamment en tout cas pour te libérer de moi, de ce tourment qui nouait ta joie quand tout devenait trop intense, trop exigeant. Tu as bien essayé de renoncer. Mais c’était plus fort que toi. Tu voulais tout : ta femme et moi ; ta vie tranquille et le tourbillon des sens ; des intervalles pour retrouver la raison et des moments clandestins pour la passion. Tu voulais tout, mais pas cette culpabilité qui te tenaillait, que je ne connaissais pas, parce que libre, moi.
Une banale histoire de triangle amoureux comme il y en a tant. Un autre homme marié dont la vie conjugale s’étiole en une amitié construite au fil de la vie commune. Tu ne faisais plus l’amour à ta femme depuis des lunes. Comme tant d’hommes, si j’en crois mes innombrables copines prises dans l’engrenage d’une aventure adultère dont elles apprennent à se contenter, parfois, à défaut de l’amour partagé en plein jour. Un amour piégé, déjà impossible au départ, parce qu’en déséquilibre, l’un qui ne peut donner qu’à la becquée, l’autre s’offrant telle une fleur qui n’en finit pas d’éclore avant de se faner à son tour.
Malgré ce vide vital dans ta vie d’homme, tu étais resté là, fidèle depuis toujours à ta femme dépendante et vulnérable, fidèle jusqu’à moi. Moi que tu voyais magnifiquement libre et indépendante. J’aurais dû savoir, alors, que les hommes, s’ils s’envolent parfois avec des femmes libres, resteront toujours ancrés à celles plus fragiles qui en font des héros.
Puisque je ne savais pas, je me suis dit que je devais forcément être spéciale, que tu ne pourrais faire autrement que de venir à moi un jour, au grand jour. Comme toutes celles qui se racontent les mêmes bobards et qui finissent par y croire, à cause de certains hommes qui les choisissent, elles, les maîtresses. Ces hommes à qui il arrive, dans les films français souvent, dans la vie aussi parfois, de quitter les chaînes du confort pour courir le risque de la vie devant soi.
Comme cet homme dont on m’a raconté l’épilogue amoureux, cet homme qui, au retour d’un voyage organisé avec d’autres mordus de plongée sous-marine, est rentré à la maison le temps de faire une autre valise, la valise du grand départ. « Je te quitte », a-t-il simplement annoncé à sa femme abasourdie. Il y a deux semaines, son mari parfait partait en vacances pour vivre sa grande passion pour la plongée, et il revenait étranger, dévoré par une passion plus profonde encore. Il avait rencontré cette femme-grenouille complice, celle qui savait tout de lui sans le connaître, celle qui partageait sa joie de vivre, son humour, ses profondeurs abyssales. Son amour maintenant. Et voilà qu’il plaquait tout pour cette femme palmée : femme, enfants, vingt ans de routine confortable et même heureuse, souvent. Qu’avait-il donc découvert au fond de l’océan, dans les récifs de son âme pour laisser l’apesanteur de l’amour écraser tout le reste ?
Pourquoi ne me choisirais-tu pas, toi aussi ? Pourquoi ne déciderais-tu pas de te choisir avant d

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