Dissident
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Français

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Description

Dissident
Sébastien Avril
Roman de 199 000 caractères, 34 600 mots, 166 pages en équivalent papier.
Futur proche. Une guerre intérieure a frappé notre pays. Il a du s'adapter. Le Président a pris toutes les mesures nécessaires à la restauration d'une paix durable et du bien être des citoyens.
Chacun vit tranquillement dans son Secteur sous contrôle et vit en sécurité, loin du Quartier qui protège les Dissidents, frappés d'une maladie génétique incurable...
Je vais avoir 18 ans et je vais bientôt découvrir que le monde n'est pas ce qu'il semble être.
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Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 22 mai 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9791029404085
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Dissident
 
Sébastien Avril
 
 
 
À mes parents,
qui m’ont appris que la plus grande richesse, la plus grande force est l’amour.
 
 
 
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2050. Le pays a subi tellement de changements depuis une cinquante d’années qu’aujourd’hui il est méconnaissable pour ceux qui en ont le souvenir. La Grande Guerre a laissé des séquelles et le pays a dû s’adapter. Il n’y a plus de régions, plus de départements, mais cinq zones distinctes : le Centre, le nord-est, le nord-ouest, le sud-est, le sud-ouest. C’est à peu près comme ceci que l’on peut nommer les Secteurs 1 à 5. Les villes restantes ont gardé leur nom, mais sont désormais sous la direction unilatérale du Secteur 1, le Centre. La République d’antan n’a plus rien à voir avec celle d’aujourd’hui; le pouvoir est concentré entre les mains du Président Clerc, qui régit tout depuis son « palais ». Ces changements ne furent que les prémices d’une radicalisation en matière de population. Des idées alléchantes du Parti Extrême, qui convainquirent une nation désespérée et perdue, seules quelques-unes furent tenues : la paix, la sécurité, la sauvegarde de l’identité nationale. Ces termes, qui semblaient rassembler tout un pays, ne furent que l’excuse à une guerre civile très vite étouffée. Seules les personnes portant un nom ou prénom sans consonance étrangère, ou de couleur de peau convenable, furent acceptées dans les cinq Secteurs ; les autres furent amenées à la frontière du territoire et interdite d’accès. Ce fut la Première Sélection. C’est à partir de ce moment que les frontières se fermèrent définitivement, tout comme l’accès à l’information internationale. Que ce soit internet, la télévision, ou tout autre média, rien n’échappa au contrôle rigoureux de l’État. Cependant l’action menée par le Président ne s’arrêta pas là. Le parti était connu pour être catholique, conservateur, mais innovateur, composé d’intellectuels, de scientifiques et autres personnes dont il était utile de s’entourer. La Deuxième Sélection vint dans la foulée avec la constitution de Quartiers pour ceux que l’on nomma les Dissidents : les gens qui ne pouvaient concevoir, aliénés par une forme de folie, une maladie inscrite dans l’ADN, et qu’on nommait autrefois homosexuels. Il n’y a plus aujourd’hui de trace de ce qu’était la vie de ces personnes avant la deuxième Sélection, et tout le monde ignore comment le gène fut identifié. Le pays ne connaît plus la guerre. Le Président Clerc a réussi à remettre le pays sur pieds, et à la pacifier.
C’est l’année de mes dix-huit ans ; celle où je recevrai ma carte d’identification et où je passerai le test qui confirmera, ou non, si j’ai besoin d’un traitement préventif contre la Dissidence. Cette maladie apparaît normalement à l’âge que je vais atteindre, mais je ne me sens pas malade ni fou. Personne ne sait encore si l’on doit parler de maladie génétique héréditaire, et les plus grands savants cherchent désespérément un traitement efficace dans le temps. À une époque il y avait une maladie qui s’appelait le SIDA, transmise uniquement par les Dissidents, mais qui fut vaincue grâce à la persévérance du Président.
— Attends-moi ! s’exclame derrière moi une voix familière.
Je me retourne et m’arrête.
— Que fais-tu ici ? demandé-je. Tu n’as pas cours ?
— J’ai séché. Mon petit frère a dix-huit ans ! Je ne pouvais pas rater ce jour !
— Papa ne sera pas content, tu sais.
— Je m’attends déjà à sa réaction. Mais ce n’est pas grave !
Nous rions ensemble et continuons notre chemin jusqu’à la mairie. C’est ici que je passerai le test et que je recevrai ma carte.
— Tu m’attends là, Jim, ordonné-je.
— Je ne peux pas t’accompagner ?
— Je préfère y aller seul. C’est un rituel de passage, plaisanté-je.
J’entre dans le bâtiment en gardant en mémoire ce dernier sourire de mon frère, avant que ma vie ne change.
 
*
* *
 
— Bonjour Jean ! Assieds-toi ! s’exclame le Docteur Morel, qui est un peu comme un médecin de famille puisqu’il nous a vus grandir, en me montrant un fauteuil dont l’ergonomie détonne avec ce que nous pouvons trouver dans nos foyers.
Je m’exécute sans poser de question. Il a l’air étonnamment froid, contrairement à son habitude, mais comme la décoration de la pièce. Tout est spartiate, minimaliste. Je soulève ma manche, comme à chaque prise de sang que j’ai faite jusqu’à maintenant.
— Je vais te prélever un peu de sang et je procéderai au test. Ensuite je te donnerai le résultat et ta carte d’identification. As-tu des questions ?
— Non, lâché-je, stressé par le ton froid et détaché de l’homme.
— Bien.
Il place un élastique autour de mon bras et je le vois approcher une seringue. Je détourne le regard. Je n’ai jamais supporté de voir pénétrer une aiguille dans ma chair. La suite ne me gêne pas : voir le sang couler dans le flacon m’amuse. Le docteur place un morceau de coton imbibé d’alcool à l’endroit où un point de sang se dessine.
— Garde le doigt appuyé dessus. Je reviens dans cinq minutes.
Je le regarde s’éloigner puis disparaître par la seule porte de la pièce. Maintenant que je suis seul, j’observe ce qui est autour de moi : il n’y a aucune fenêtre, aucun miroir, et seule une petite table en métal, posée entre le fauteuil et la chaise du docteur, vient contraster la blancheur des lieux. Combien de personnes viennent ici ? Combien y en a-t-il de malades ? Les questions commencent à affluer dans ma tête. Cela doit-être dû à ce faux air d’hôpital que me renvoie la salle.
Je me lève et fais quelques pas. Le temps semble passer si lentement. Soudain la porte s’ouvre et le docteur Michel, arborant un grand sourire, s’approche et me temps quelque chose.
— Bienvenue dans l’âge adulte, Jean !
Je prends l’objet qui n’est autre que ma carte d’identification. Elle est en plastique, une puce d’un côté, une piste de l’autre, un code barre sur la tranche. Mon billet pour une nouvelle vie, un nouveau début.
 
 
 
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— Que comptes-tu faire aujourd’hui ? me demande mon père.
— Je pense que je vais aller au Centre pour essayer de trouver un emploi, réponds-je en posant ma tasse de café.
— Pourquoi ne viendrais-tu pas au Parti avec moi ? Je te présenterai aux autres membres et tu pourras t’inscrire.
J’hésite un instant. Je ne connais le Parti que d’après ce que mon père a pu nous en relater : les réunions, les débats, les soirées… Personne ne parle jamais du Parti à part ses propres membres.
— Ne t’inquiète pas, reprend-il. Si tu n’es toujours pas décidé après cette visite tu n’auras aucune obligation.
— Très bien. Je peux bien t’accompagner, lui accordé-je.
Mon père est fier de son poste de Dirigeant du Secteur 2 et de l’uniforme blanc qui va avec. Ses croyances se résument à la religion, au Parti et à la famille. À vrai dire, je n’ai jamais vu mes parents fréquenter d’autres familles que celles que nous voyons tous les dimanches à la messe. Pour ma part j’avoue ne pas être très croyant, ni en la politique ni en la religion. Je me suis contenté de suivre mes parents jusqu’à maintenant. Cependant il est temps de découvrir la ville et de m’ouvrir l’esprit. Je n’oserai jamais dire les choses ainsi à voix haute dans la mesure où certains mots restent tabou dans notre société. Souvent, d’ailleurs, je m’interroge sur ce que pensent les gens. Comment étaient les choses avant la Grande Guerre ? J’ai tant de questions… Et les quelques livres en ma possession ne pourront jamais y répondre. Si seulement la Bibliothèque pouvait nous ouvrir ses portes et ainsi nous révéler plus d’informations.
Ma mère entre dans la pièce et dépose un baiser sur mon front avant de prendre une tasse et d’y verser du thé.
— Le temps passe si vite, dit-elle. Je te revois encore courir dans le parc. Et maintenant tu es un jeune homme.
— Tu peux dire un homme si tu veux, plaisanté-je.
— Tu as le temps de devenir un homme ! s’exclame mon père. Pour l’instant, va te préparer. Nous partons dans un quart d’heure.
— Où allez-vous ? interroge ma mère.
— Au Parti, lâche mon père sans la regarder.
Je vois ma mère blanchir. On dirait qu’elle aimerait ajouter un mot, mais aucun son ne sort de sa bouche. Peut-être réalise-t-elle vraiment que je suis majeur et que j’ai désormais ma propre vie…
 
*
* *
 
L’intérieur de l’hôtel de ville est bien plus grand et luxueux que ce que j’avais pu voir jusqu’alors. Il n’est en rien semblable aux pièces auxquelles les citoyens peuvent accéder lorsqu’ils viennent pour des questions administratives. J’ai les yeux grands ouverts et je scrute chaque détail.
— Impressionné mon fils ? fanfaronne mon père.
— Très.
Nous montons un escalier dont les rampes sont dorées et les marches recouvertes d’un tapis brodé à l’effigie du Président. Je me demande si cela n’est pas un peu choquant de marcher sur le visage du leader du pays. Enfin nous arrivons dans la salle de réunion : immense pièce remplie de lumière grâce aux huit grandes fenêtres qui donnent sur chaque partie de la ville. Quelques personnes sont déjà assises à leur place et nous saluons chacune d’entre elles avant de rejoindre nos chaises. J’ai l’honneur de me mettre juste à côté du Dirigeant. Je jette un œil à mon père qui affiche maintenant un visage froid et fermé.
— Aujourd’hui mon fils sera présent à cette réunion, à titre d’observateur. Tout ce qui sera dit dans cette pièce n’en sortira pas, je vous l’assure. Maintenant, commençons.
Sa façon de s’exprimer inspire un profond respect aux autres, je le vois. Tous semblent hypnotisés.
Un petit homme se lève et ouvre un cahier. Il le pose sur la table et se racle la gorge.
— Messieurs, il semblerait que nous ayons un problème avec les Dissidents. Plusieurs de nos agents ont disparu durant leur ronde.
— Sommes-nous sûrs de ces disparitions ? questionne mon père.
— Tout à fait. Nous avons attendu deux jours avant de les signaler comme le veut la procédure.

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