Elle et moi
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Elle et moi , livre ebook

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Description

Au bout d’un moment, je devins presque insensible à la rudesse et la brutalité des clients. Jour après jour, ma soumission nourrissait le sentiment de dégoût que j’entretenais face à moi-même. La sévérité du regard que je posais sur mes comportements me laissait croire que j’avais mérité la totalité des mauvais traitements qu’on m’avait infligés.
Au bout d’un certain temps ou peut-être d’un certain nombre, je vins à en jouir tellement l’aspect punitif que je leur conférais était grand. Jamais je n’aurais pu tolérer autant d’abus sans d’abord leur avoir donné le pouvoir de laver mes péchés. Qu’importe ce qu’il en avait été, ma putasserie avait anéanti le peu d’amour-propre qu’il me restait.
À elle seule, la prostitution avait assuré ma survie et, jusqu’à maintenant, garantissait ma mort...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 12 août 2020
Nombre de lectures 19
EAN13 9782925014676
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0015€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Roman
 
 
 
 


 
 
 
 
 
Humblement, En hommage à Isabelle Fortier (1973-2009).

 
Très chers lecteurs,
J’espère que vous prendrez plaisir à découvrir le caractère attachant d’Amy, cette femme à la fois forte et sensible dont le cœur et l’esprit ont été rudement mis à l’épreuve par la vie.
Bien que son récit soit fictif, il traite de véritables enjeux moraux et sociaux et se réfère à de vraies émotions qui tentent d’exposer le vécu et la réalité psychologique de certaines femmes trop souvent confrontées au jugement et à l’incompréhension des autres.
Le courage et la persévérance dont fait preuve l’héroïne de cette histoire vous invitent à croire en vous et à vous accrocher à vos rêves.
En appui aux travailleurs et travailleuses du sexe, aux âmes troubles et à tous ceux et celles qui osent livrer leur combat.
En espérant que vous puissiez tous un jour accéder au bonheur et à l’amour auxquels vous avez droit.
 
Anna Rose
 


 
Prologue
 
Au bout d’un moment, je devins presque insensible à la rudesse et la brutalité des clients. Jour après jour, ma soumission nourrissait le sentiment de dégoût que j’entretenais face à moi-même. La sévérité du regard que je posais sur mes comportements me laissait croire que j’avais mérité la totalité des mauvais traitements qu’on m’infligeait. Au bout d’un certain temps ou peut-être d’un certain nombre, je vins à n’en jouir tellement l’aspect punitif que je leur conférais était grand. Jamais je n’aurais pu tolérer autant d’abus sans d’abord leur avoir octroyé le pouvoir de laver mes péchés. Qu’importe ce qu’il en avait été, ma putasserie avait anéanti le peu d’amour propre qu’il me restait. À elle seule, la prostitution avait assuré ma survie et, jusqu’à maintenant, garantissait ma mort...
Depuis mon arrivée au pays, j’étais devenue l’esclave sexuelle de Patricio, un Dominicain d’origine arabe apparemment bien connu des gens d’ici. On m’avait dit qu’il était de Santo Domingo, la capitale. Je lui donnais la fin trentaine. Physiquement, il était un grand mince au corps mou. Il avait le teint basané, le crâne rasé, des yeux bruns tombants et un nez busqué qui le rendait laid. C’était ce type qui nous avait offert, à moi et Sue, notre premier job de serveuse dans l’un des bars clandestins qui lui appartenait dans la métropole. À cette époque, j’ignorais tout des activités illégales dans lesquelles il était impliqué. Je ne savais rien de ses intentions crapuleuses, encore moins de sa volonté à faire de moi sa prochaine victime. Comme les autres femmes vulnérables qui gravitaient autour de moi, je ne m’étais pas rendu compte des risques que j’avais pris, jusqu’à ce qu’il soit trop tard...
Il avait fallu à Patricio et ses hommes à peine six mois pour organiser mon rapt en vue de me faire traverser les cinq mille kilomètres qui séparaient le Canada de la République dominicaine. J’avais été amenée de force jusqu’à cette île dans un avion d’affaires clandestin chargé de ballots de cocaïne. L’engin, phares éteints, s’était posé tout doucement sur une allée de terre se fondant au paysage nocturne constellé de palmiers.
Des bribes d’une conversation entre les membres à bord, j’avais compris qu’il était non seulement question de ma vente, mais aussi d’un fly fast soit d’une passe de stupéfiants qu’ils avaient déjà largués au large avant notre arrivée.
Avant même de poser un pied à terre, mes tortionnaires m’avaient ligotée les mains et les pieds avant de me recouvrir la tête d’un sac de toile opaque en vue de me conduir e en voiture jusqu’à la maison de passe où j’étais attendue.
Le regard satisfait qu’avait affiché Patricio lorsqu’il m’avait vue pour la première fois me laissait présumer qu’il avait prévu le coup dès que Sue nous avait présenté l’un à l’autre. Comme tout trafiquant aguerri, il s’était occupé des faux papiers, de la sécurité, de la liaison et du soutien logistique. Sans même m’en douter, pour les cinq années à venir, j’allais devenir la bougie d’allumage d’un honteux, mais lucratif commerce de chair. L’un des plus gros réseaux de traite des C araïbes.
Depuis mon arrivée en République dominicaine, j’étais à la merci de cette brute qui me traitait telle une prisonnière dans un bordel minable des bas quartiers de Sosua. Il était à la fois mon bourreau et mon protecteur. J’étais l’objet chéri dont il tirait profit, sa pute et son esclave sexuelle. Dans ce trou, les profits dépassaient l’entendement. La drogue, on la vendait une fois et c’était fini tandis qu’ici, les femmes rapportaient longtemps.
Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, il était plus facile dans ce pays de vendre une fille qu’un kilo de cocaïne. Plus t’étais nouvelle, moins t’avais d’expérience, plus ça excitait les clients et plus c’était payant.
Le milieu était dur et le fait que je sois à la fois blanche et canadienne, n’a idait en rien mon inclusion au sein de la horde de putasses de cette maison close. Malgré des efforts effrénés, je n’avais jamais su me faire accepter des autres filles. En raison de cela, je n’avais eu d’autre choix que de me cloîtrer au tréfonds d’une solitude quasi totale.
Les souvenirs que j’avais gardés de Sue étaient demeurés, jusque-là, mon unique rapport sain à l’autre. Mon affection pour elle avait été à mon âme un bouclier impénétrable me protégeant de cet univers de perdition. Dans l’épreuve, même séparée d’elle, je savais que nous étions deux à endurer c e supplice. Si le courage de m’en sortir m’avait été donné, il aurait été uniquement motivé par mon désir d’aller la rejoindre. À lui seul, l’espoir de lui déclarer mon amour m’aidait à persévérer.
L’authenticité des derniers moments passés auprès d ’elle m’avait aidée à surmonter le sentiment de colère qui m’habitait lorsque je songeais au fait qu ’ elle ait été l’instigatrice de toute cette mésaventure.
Notre rencontre remontait à l’époque où je venais tout juste de fuguer de chez mes parents, j’avais à peine dix-sept ans. J’avais grandi à Westmount au sein d’une famille bien nantie aux allures parfaites dans laquelle je ne cadrais pas . Ma mère était une avocate réputée en droit matrimonial, mon père ingénieur pour Bombardier et ma sœur, à sa deuxième année à la faculté de médecine de McGill.
*
J’avais fait l a connaissance de Sue à Montréal dans le bar attenant d ’ un petit motel miteux du quartier Hochelaga-Maisonneuve. Vulnérable et sans un sou, c’était là où , pendant trois jours, je m’ étais réfugiée.
De la table où j’étais assise, je l’avais tout de suite remarquée à la manière dont elle avait d’enrouler ses cheveux autour de son doigt en vue d’enjôler le serveur déjà conquis par l’intérêt qu’elle lui portait. Sans doute qu’elle s’était sentie observée puisqu’elle s’était retournée vers moi pour me signifier de la main d’aller la rejoindre au comptoir où elle se tenait légèrement penchée exhibant ainsi sa jolie poitrine. Je me souviens encore du puissant magnétisme par lequel mon corps avait été contraint de s’approcher d’ elle. D e la secousse qui m’avait traversée lorsque je m’étais retrouvée à ses côtés.
Sue m’avait tout de suite séduite par la force de son regard, par son cran et l’assurance qu’elle dégageait. C’était, en fait, la toute première fois q u e j ’étais attirée par une femme et j ’en étais très troublée . Ses longs cheveux noirs brillants zébraient des reflets bleutés au creux de ses reins. Les lignes ainsi que les courbes de son corps étaient d’une parfaite harmonie. Le chemisier blanc qu’elle portait laissait paraître la pointe durcie de ses seins com me deux points de braille que mes doigts auraient voulu lire

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