Frères d Italie, tome 3 : Enrico Piccin
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Description

Frères d'Italie, tome 3 : Enrico Piccin

Andrej Koymasky

Roman érotique de 270 000 caractères

« Enrico, physiquement, avait plutôt belle prestance : il était fin, mais fort, grand pour son âge ; il avait une belle toison de cheveux blond foncé, qui ondulaient souplement, et les yeux bleu vert qui, sous certaines lumières, semblaient briller de mille points dorés. Le nez droit, les lèvres souples et sensuelles, mais ni trop charnues ni trop fines et une dentition à faire envie. Le garçon prenait grand soin de son aspect : on lui avait appris à le faire et il y tenait. Et il lui plaisait de regarder ceux qui étaient bien faits. Plus les hommes que les femmes, parce qu'on peut se comparer à un homme, pas à une femme. »

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Informations

Publié par
Date de parution 14 janvier 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9791029400216
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Frères d’Italie
 
Tome 3 : Enrico Piccin
 
 
Andrej Koymasky
 
 
 
 
 
 
Chapitre 1 : Un manuscrit secret
 
 
Edgardo Piccin était fier : son premier-né était un garçon. Il lui donna le nom d'Enrico comme son père, Francesco comme l'Empereur et Gualtiero comme son beau-père. Enrico Francesco Gualtiero Piccin : ça sonnait bien.
Pour son baptême, il donna une grande fête au « Palais Piccin », comme il l'avait rebaptisé après l'avoir acquis de la dernière descendante du marquis de Shwatzke. Un beau petit palais construit par Palladio, même si d'aucuns disaient qu'il n'était que d'un de ses élèves. Mais le notaire Piccin était certain qu'il était de Palladio en personne, il n'en avait pas la preuve formelle, mais rien non plus ne prouvait le contraire. Et la patte du grand architecte, à son avis, était évidente.
Il eut moins de chance avec ses autres enfants : son épouse mit au monde, dans l'ordre, Margherita, Leonardo, Sofia, Gerolamo, Chiara. Mais Leonardo mourut en venant au monde et Gerolamo à l'âge de deux ans. Et Enrico resta l'unique garçon, l'héritier, celui qui perpétuerait le nom. Aussi le Notaire Piccin redirigea-t-il vers lui tous ses soins et toute son attention.
Enrico grandissait, sain et fort, joyeux et vif, intelligent : l'image du fils dont tout père pouvait rêver. Edgardo le faisait étudier à la maison, en lui trouvant les meilleurs pédagogues et enseignants. Le gamin était le centre de gravité de toute la vie domestique.
Quand il eut dix ans, chaque dimanche, après la messe et avant le déjeuner, son père l'emmenait monter à cheval. Pour Enrico, plus que la chevauchée, plus que le précieux temps que son père lui dédiait, ces sorties à cheval représentaient une grande nouveauté, enthousiasmante, parce qu'il sortait enfin de la coquille protectrice du palais familial dans lequel il avait toujours été et il voyait « le monde de dehors ».
Une des premières choses qu'il remarqua fut que tout le monde ne semblait pas vivre à l'abri des problèmes, comme les siens : en traversant un village, il vit pour la première fois, des gens dans la misère, vêtus de haillons, au regard triste. Il demanda à son père qui ils étaient.
— Ce sont des campagnards, mon fils.
— Et pourquoi sont-ils ainsi… ainsi… mal habillés ?
— Parce que ce sont des campagnards, justement.
— Les campagnards doivent s'habiller mal ?
— Non. Ils sont pauvres, ils ont trop d'enfants et pas assez d'argent.
— Et pourquoi sont-ils pauvres ?
— Parce qu'ils ne sont pas ambitieux, Enrico. Et parce qu'ils n'ont pas l'intelligence. Qui est ambitieux et intelligent ne reste pas à la campagne, il fait fortune à la ville. Et puis parce qu'ils ont trop d'enfants, plus qu'ils ne peuvent en entretenir.
— Alors c'est une chance qu'ils soient ainsi, autrement personne ne nous procurerait plus à manger, non ? dit le gamin.
L'homme ne sut que répondre.
Mais Enrico vit aussi qu'il y en avait plusieurs, surtout parmi les enfants, et les jeunes hommes, qui avaient l'œil vif, sans le moindre signe de manque d'intelligence et il se douta que quelque chose dans les explications de son père ne cadrait pas. Il n'osait pas contredire son père, aussi garda-t-il la question pour lui. Mais l'image de ces yeux espiègles, de ces regards intelligents, lui resta longtemps.
Une autre fois il vit de nouveau des gamins, en un autre lieu : ils pataugeaient dans la Brenta, complètement nus, et criaient et en s'éclaboussant joyeusement les uns les autres.
— Pourquoi se baignent-ils sans rien sur eux ? demanda-t-il à son père.
Quand on le faisait se baigner, que ce soit dans la vasque à la maison ou quand il était en villégiature avec sa mère, il devait toujours porter un caleçon de toile.
— Ne les regarde pas, Enrico. Ils sont impudiques. Ils ont grandi libres comme des petits sauvages. Ce ne sont que des campagnards ! dit son père d'un ton brusque, la voix pleine de mépris.
Enrico pensait confusément que ça devait être bien d'être un petit sauvage : les garçons paraissaient s'amuser beaucoup… mais il n'osa rien dire.
Très vite le petit Enrico s'aperçut que les explications, la façon de voir les choses de son père ne paraissait pas toujours logique et par ailleurs elle ne correspondait pas exactement avec celle de ses enseignants. Ou plus précisément, il s'aperçut que tous les adultes avaient des visions différentes des choses, chacun la sienne. Et il se demandait laquelle pouvait être la bonne. Une partie de lui trouvait inconcevable que ce ne soit pas celle de son père, mais par ailleurs, les visions de ses enseignants ne lui semblaient pas non plus pouvoir être erronées.
Longtemps il cultiva en lui ce dilemme. Et il commença à collectionner, dans sa tête, les diverses explications contradictoires qu'il trouvait. Par exemple en ce qui concernait l'Histoire, qui le passionnait. Le professeur d'Histoire, étant un spécialiste, devait en savoir long. Et pourtant son interprétation des faits ne correspondait pas avec celle d'autres adultes, ou du moins pas complètement.
Et un jour il eut une réponse partielle à sa grande question.
Le professeur d'art lui dit : « Vous voyez, Enrico, la valeur d'un artiste réside dans le fait qu'il sait voir la réalité sous divers éclairages, et non pas un seul. Les gens ont tous, plus ou moins, une vision unilatérale de la réalité qu'ils observent : quelque chose d'aussi simple qu'une pomme, par exemple. D'aucuns, à voir une pomme, penseront simplement que c'est un fruit doux. D'autres penseront qu'elle est sphérique, certains encore ne se concentreront que sur sa couleur et ainsi de suite. Rares sont les personnes qui verront vraiment une pomme pour ce qu'elle est, ou mieux encore pour ce qu'elle pourrait être. L'homme est myope. La pomme en fait n'est pas seulement comestible, ronde, verte, jaune ou rouge, un fruit, un bel objet. La pomme c'est aussi Adam et Ève, c'est la pomme de la discorde, c'est Guillaume Tell, c'est Newton, c'est un projectile, un monde, un univers… »
C'est cela, se disait Enrico désormais adolescent, tout le problème est là. Chaque chose peut être vue de mille façons, mais bien des gens n'en retiennent qu'un seul aspect et disent qu'il est tout. Son père, ses autres enseignants, tous plus ou moins, ils sont tous myopes. Et il prit une décision : moi, je ne veux pas être myope.
Aussi commença-t-il à revoir toutes les convictions qu'on lui avait instillées. Le travail ne fut ni simple ni rapide, mais Enrico s'y appliqua avec diligence. Cela produisit en lui un changement visible : il devint plus taciturne, plus pensif. Sa mère s'en aperçut et en fut préoccupée, mais son père dit qu'il n'y avait là rien dont ils aient à se soucier : Enrico était simplement en train de devenir grand. À sa façon, il avait raison. Un autre changement fut moins visible, mais plus profond : désormais Enrico ne tenait plus rien pour évident. Et un jour il se dit : c'est cela, avant chaque conviction, il faudrait toujours ajouter le mot : « peut-être ».
Mais quand il se mit à utiliser ce mot, il s'aperçut qu'eux, les adultes, en étaient extrêmement perturbés, presque paniqués. Comme lorsqu'il dit au curé que, bien sûr, il croyait que « peut-être » Dieu existait. Ou comme lorsque sa mère frisa la crise de nerfs parce qu'il avait dit que « peut-être » il l'aimait bien. Aussi, petit à petit, Enrico comprit qu'il valait mieux utiliser cette parole avec la plus grande parcimonie, quand il parlait avec les autres. Il devait la garder pour lui.
Enrico, physiquement, avait plutôt belle prestance : il était fin, mais fort, grand pour son âge; il avait une belle toison de cheveux blond foncé, qui ondulaient souplement, et les yeux bleu vert qui, sous certaines lumières, semblaient briller de mille points dorés. Le nez droit, les lèvres souples et sensuelles, mais ni trop charnues ni trop fines et une dentition à faire envie. Le garçon prenait grand soin de son aspect : on lui avait appris à le faire et il y tenait. Peut-être avec un peu de narcissisme, il se plaisait. Et il lui plaisait de regarder ceux qui étaient bien faits. Plus les hommes que les femmes, parce qu'on peut se comparer à un homme, pas à une femme. Les femmes sont trop différentes, et pas seulement par leur corps plein de rondeurs et de courbes, mais aussi par leur visage, leurs mains, tout. Non, elles n'avaient pas un corps plaisant, les femmes. Sans parler de leur façon de se comporter, de raisonner ou de parler.
Il se reconnaissait en ceux de son propre sexe, logiquement, et il les admirait. Quand il voyait l'un de ses aînés bien fait, il espérait grandir aussi bien que lui. Oui, il les admirait. D'ailleurs les plus grandes œuvres d'art, les plus belles et les plus célèbres, représentaient surtout le nu masculin, disait-on, parce que dans le nu féminin il n'y a pas la beauté.
Le nu. Qui sait pourquoi le nu est considéré comme grossier. Et pourtant même le Christ sur la croix est représenté presque nu. Et justement, les œuvres d'art : on pouvait regarder et admirer par exemple le « Gaulois mourant » avec tout bien visible, mais on ne devait même pas regarder du coin de l'œil un vrai homme nu… Enrico trouvait ça « incongru » (il venait de s'emparer de ce nouveau mot qui lui semblait fait sur mesure).
Il avait quatorze ans quand il arriva quelque chose de particulier et d'important pour Enrico. En fait, deux événements distincts.
Le premier se passa pendant l'été. Il était en villégiature avec sa famille, les hôtes des Riese, dans leur villa de Zugliano, pas loin de la berge de l'Astico.
Il passait son temps à jouer, à discuter, à lire, à monter à cheval ou à prendre le goûter sur l'herbe. Le Chevalier de Riese était médecin, il avait été un camarade d'étude de son père, au lycée, et ils étaient restés amis. Le Chevalier avait une belle bibliothèque et Enrico s'y enfermait, quand les autres faisaient la sieste, pour regarder des livres. La plupart étaient sur la médecine, mais il y en avait aussi d'art, d'histoire, de voyage, ainsi qu'une bonne sélec

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