Je reste l unique témoin
376 pages
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Description

Anne a toujours une certaine tristesse au fond des yeux. C’est du moins ce qu’a remarqué l’abbé Fabrice, un prêtre polonais qui vient de temps en temps officier en Suisse. N’hésitant pas lui avouer ses sentiments malgré son sacerdoce, il conduit Anne à se confier, à lui raconter son enfance chaotique. Elle lui dévoile alors ses premières années heureuses en Normandie, son traumatisme à l’âge de cinq ans et sa courte période à Lyon chez ses parents biologiques, puis son long séjour chez pépé et mémé dans un petit village de l’Ain. Tandis que leur relation tend vers une passion de plus en plus dévorante, Anne évoque ses premiers émois sexuels, ses flirts juvéniles qui s’enchaînent, ses différentes aventures avec les hommes. Puis elle rencontre Martin, son futur époux, mais qui ne lui apporte guère plus de satisfaction, et leur mariage se soldera par un divorce au bout de quelque temps. Des expériences somme toute toujours décevantes, jusqu’à Fabrice.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 18 janvier 2018
Nombre de lectures 2
EAN13 9782414165551
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0097€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-16553-7

© Edilivre, 2018
Exergue

Ceci est une fiction, toute ressemblance avec des personnes vivantes serait purement fortuite.
Rencontre
Une sortie de messe comme il en existe beaucoup : les paroissiens serrent la main de leur abbé en lui souhaitant un bon dimanche ou une belle fête, selon les circonstances. Mais cette sortie du dimanche 26 juin 2016 fut spéciale, très spéciale. On fêtait ce jour-là les cinquante ans du chœur paroissial, de l’Unité pastorale Sainte-Anne, le quartet Sainte-Bernadette avait été convié pour orchestrer la cérémonie. Les chants liturgiques, très beaux, s’éternisaient, le prêche de l’abbé Michel, responsable de la paroisse, aussi. Beaucoup de personnes étaient sorties directement après la communion, comme souvent dans ces cas-là, sans attendre la bénédiction du prêtre. Mon mari et moi-même trouvions cette attitude très impolie, voire un manque de respect vis-à-vis de l’officiant. Les personnes pressées n’ont qu’à aller à l’office de dix-sept heures, il y en a tous les samedis soir. Bref, nous avions patienté, ceci d’autant plus que l’abbé Fabrice, prêtre polonais, était de retour, pour trois mois, dans notre Unité, un vrai bonheur car il est très rapide pour « dire la messe ». L’abbé Michel avait eu un petit mot pour lui avant d’officier « Nous avons la joie de recevoir, pour la dixième année, l’abbé Fabrice, qui effectuera des remplacements dans nos paroisses, pendant les vacances et ceci durant trois mois… Nous ne lui en voulons pas de nous avoir battus au foot hier… » La Pologne, la veille, avait battu la Suisse dans le cadre de l’Euro 2016. Rire général. Donc, ce dimanche-là, les abbés Michel et Fabrice concélébraient la messe. Après la bénédiction, les souhaits et remerciements de l’abbé Michel, notre génuflexion à leur passage dans l’allée centrale (marque de respect vis-à-vis de Dieu et de ses représentants), nous sortions, mon mari et moi-même, directement derrière l’abbé Fabrice qui tenait la porte à mon mari, qui lui-même me tenait la porte, mais, au lieu de serrer la main à l’abbé Fabrice, il se dirigea à droite, du côté de l’abbé Michel. Je fus donc la première à serrer la main de l’abbé Fabrice et c’est là que cette sortie de messe ne fut plus tout à fait normale :
– Bon dimanche Monsieur l’abbé, nous sommes heureux de vous revoir.
Son sourire, ma main dans la sienne…
– Merci… J’aimerais vous parler, pouvez-vous m’attendre dans l’église ?
Étonnée, je dis quelques mots à mon mari, puis retournai m’asseoir sur un banc pendant que l’abbé Fabrice continuait de serrer des mains. Quand il eut terminé il passa près de moi en disant :
– Je vais quitter mes habits religieux, je reviens vers vous.
Je me demandais ce qu’il avait à me dire, car, à part quelques poignées de main échangées par an, nous ne nous connaissions pas autrement. Mon cœur battait la chamade. Il revint vers moi tête baissée, se retourna pour une génuflexion, genou à terre, tête inclinée en direction de l’autel. Très peu de gens s’inclinent ainsi hormis les prêtres et encore pas tous. Je lisais en lui soumission et respect. Il se releva, nous nous regardâmes, échangeâmes un sourire. Il s’assit à mon côté, à la place que je lui avais laissée au bord de la nef. Je n’étais qu’interrogation.
– Depuis un an je n’ai pensé qu’à vous, j’avais hâte de vous revoir.
– ???
– Là, je vous ai choquée ?
Dans un souffle :
– Non.
– En fait, je crois que je vous aime.
Directement ! Au bord du vertige :
– Vous êtes prêtre, et… nous ne nous connaissons pas.
– Bien sûr, est-ce que ça empêche quelque chose ?
Sans salive, la gorge sèche :
– Je le crois bien, oui.
– Je ne peux pas me passer de vous revoir.
Je ne pouvais plus répondre, outre mon cœur qui s’emballait de plus en plus, je me liquéfiais, mon esprit tournait à la vitesse Grand V, mes pensées s’entrechoquaient dans ma boîte crânienne. Tout était tellement subit, inattendu, et en même temps tout ce qu’il disait allait de soi. J’étais troublée. Oui, vraiment. Plus que je ne voulais me l’avouer. Son regard à notre poignée de main… Son sourire ! Son accent ! Son visage aux contours parfaits, bronzé de surcroît ! Ses cheveux châtains aux tempes grisonnantes ! Déjà ! Je l’avais vu descendre la nef, jeans, chemise bleue aux manches retroussées, mocassins noirs et chaussettes blanches, un pull bleu roi jeté sur les épaules. Rien ne m’avait échappé… Nous ne nous regardions pas, mon regard attiré par un portrait de la « Vierge et l’enfant », le sien je suppose rivé sur le tabernacle. Mon silence l’inquiéta :
– Vous m’en voulez, n’est-ce pas ?
– Non, pas du tout.
Oh non ! J’étais en pleine confusion. Non, je ne lui en voulais pas. Comment le pourrais-je ? Il était la franchise, la correction même. Un autre m’aurait plaquée contre un mur, ou basculée sur le banc, pour m’embrasser ou je ne sais quoi, lui non. Il parlait calmement, posément, cherchant parfois ses mots par peur de choquer, de blesser ou de tout gâcher. Tout quoi ? Je me secouais intérieurement pour échapper à cette inertie de parole dans laquelle j’étais plongée :
– On peut se revoir là, mais c’est compliqué cette histoire.
– C’est vrai, vous voulez bien ?
– Nous devons surtout parler, c’est trop grave.
– Vous ne m’aimez pas un peu ?
– C’est compliqué, mon Père.
– Fabrice ! Appelez-moi Fabrice. Et vous, quel est votre prénom ?
– Anne.
– J’aime ce prénom.
Il baisa la paume de ma main, la marquant au fer rouge du sceau de ses lèvres. Ma main libre hésita à lui caresser les cheveux. Je ne pouvais oublier la petite croix noire bordée d’or accrochée à son col entrouvert… Il leva les yeux, le regard inquiet, était-il allé trop loin ? Je lui souris en reprenant ma main :
– Mon mari m’attend (dis-je doucement).
– Où est-il ?
– Dans la voiture sur le parc de l’église.
– Qu’allez-vous lui dire ?
– Je crois que pour une fois je vais devoir lui mentir un peu.
– Vous vous dites tout ?
– Si je dois mentir, je me tais. Mais là, il va falloir que je brode un peu. Que je trouve une histoire plausible.
– Je vous crée des ennuis ?
– Pas trop pour le moment.
– Va-t-on se revoir ?
– Oui, bien sûr.
– Merci, merci.
– Il faut que j’y aille maintenant. Je vous laisse mon numéro de natel. À bientôt.
Je lui envoyai un baiser du bout des doigts. Un dernier regard avant de sortir par l’allée latérale afin d’éviter de passer devant lui. Je connaissais trop bien, en moi, cette fulgurance dévastatrice et annonciatrice d’un véritable tsunami. J’angoissais, je plongeais dans l’irréel. Je le vis s’agenouiller, en prière. Je sortis sans me retourner. Un étau comprimait ma poitrine. Une boule étouffait ma gorge. J’inspirais et expirais à plusieurs reprises pour débloquer un état proche du cataclysme. Mon mari m’attendait… Un dernier soupir pour retrouver mon naturel… J’ouvris la portière, m’installai sur le siège passager :
– Tu en as mis du temps !
– Désolée, nous avons discuté et je ne pensais pas qu’il était déjà midi passé.
– Qu’avait-il à te dire ?
– En fait, c’est compliqué… J’ignorais que depuis quelques années il nous observait, assis au fond de l’église, pendant que les autres paroissiens allaient communier…
– Ah bon ?
– Il a trouvé que j’étais en souffrance.
Je brodais, je disais ce qui me passait par la tête.
– Décidément, il n’y a que moi pour ne rien voir…
– Pourquoi ?
– Sissi (notre chatte) a « dit » elle-même à Madame Raymonde (télépathe animalière) qu’elle te trouvait triste. Que des jours tu étais bien et d’autres non…
– Ah oui ! Bizarre, ça ne m’avait pas fait tilt ! On doit se revoir…
– Il est psy ?
J’éclatai d’un rire salvateur :
– Peut-être !
Que la conversation tourne un peu à la rigolade me satisfaisait pleinement, je me détendais petit à petit, mais Il était là, dans mon esprit, très présent. Il m’arrivait fréquemment de penser à deux choses en même temps. Mon médecin un jour m’avait interrompue, alors que prenant des notes je lui exposais un deuxième fait « Je ne suis pas une femme, je ne peux pas faire deux choses à la fois ! »
– Tu es bien silencieuse ! Ça va ?
– Oui, excuse-moi, je me suis évadée.
– Je le vois. Que dirais-tu si on se faisait un resto, tu ne vas pas cuisiner à ces heures ?
– Génial !
De temps en temps mon mari adorait m’offrir un bon restaurant et sa suggestion tombait à pic. Changer d’ambiance ! Voir d’autres têtes ! Papoter, sans aucune méchanceté, sur l’un ou l’autre convive… Très aimant, il était toujours plein de bonnes intentions à mon égard. L’été passé, alors qu’un après-midi nous venions de faire euthanasier notre matou (mon bébé adoré), il me proposa devant mes yeux éteints : « Si on allait se faire un resto ce soir ? » Toujours la merveilleuse idée susceptible de m’arracher un sourire…
J’envoie toujours mes SMS, à mes amies, le soir devant la télé, pendant la pub « ce soir je mets telle ou telle chaîne. Bonne soirée, bisous. ». Son SMS arriva à 22 h 28 min 15 s le 26 juin au soir, mon mari dormait déjà :
« Quand se revoit-on ? Fabrice.
– Je travaille, je termine à 16 heures, rendez-vous demain à 16 h 30 si vous êtes libre.
– OK, merci. Où ?
– À l’église.
– Parfait, je vous embrasse, je pense à vous, bonne nuit.
– Bonne nuit, bisous. »
Lundi 27 juin, 16 h 30. Je garais la voiture devant l’église. La tête sur le volant, j’essayais de calmer mon cœur en émoi, il battait jusque dans ma gorge, « ce malaise » pouvait durer de cinq à trente minutes, à cent cinquante ou cent soixante pulsations. La touffeur ambiante n’arrangeait rien… J’entrai dans l’église fraîche et ombrée. Il était agenouillé, en prière, au deuxième banc, à gauche, sous la tribune. Notre ba

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