L Amant de mon père - Journal romain
49 pages
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L'Amant de mon père - Journal romain , livre ebook

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Description

L’Amant de mon père, journal romain - Roman érotique

Albert Russo

Roman de 34 300 mots, 206 600 caractères,

Après les tribulations vécues dans le premier tome « L’amant de mon père - Journal parisien », Éric Wangermée prend le temps de vivre, de revivre. Changer de ville, changer de pays. Parcourir les ruelles romaines et pouvoir à nouveau laisser un sourire s'accrocher à son visage. Et puis l'impétuosité de s'adonner à la fusion des corps. Il rencontre un trio d’hommes : Sven le Suédois, Ménélik l’Éthiopien et Alfiero le Romain. Son entrée dans ce ménage à trois, qui a trouvé après bien des atermoiements un équilibre entre sentiment amoureux, tolérance et jalousie, va créer bien des remous.

Ce deuxième tome est aussi l’occasion de présenter au lecteur le côté intime de la ville éternelle et de découvrir le charme désuet de la cité balnéaire d’Ostia.

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Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 septembre 2015
Nombre de lectures 1
EAN13 9791029400865
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’Amant de mon père
- Journal romain -
 
 
 
Albert Russo
 
 
 
Roman
 
 
 
 
 
 
Première partie
 
 
Après avoir passé dix-huit mois en prison, accusé d’un double meurtre, celui de Gérard Lemercier, son ancien amant, et fondateur de la prestigieuse maison de couture TL, ainsi que du jeune Frank, le fils de ce dernier, Éric Wangermée fut acquitté en février 2002. Faisant appel, Maître Robin, réussit, en effet, à prouver que son client avait été l’objet d’une sordide machination, ourdie par Maryse Lemercier et l’ami de celle-ci.
La veuve finit par avouer qu’elle avait empoisonné son mari, en faisant accroire que le meurtrier était Éric Wangermée, d’autant plus opportunément que, le lendemain, celui-ci, se trouvait confronté au fils, venu chez lui, et qu’il le tua d’un coup de couteau. Mais la mort de Frank Lemercier n’était pas préméditée. C’était, en fait, le contraire qui était vrai. Le jeune homme, ayant retrouvé les traces d’Éric Wangermée, après avoir découvert, par le pur des hasards, dans le grenier de la maison familiale, une correspondance entre son père et ce dernier, ainsi qu’une vieille photo, fut persuadé par sa mère que l’ancien amant de son mari venait d’empoisonner celui-ci. Fou de rage et de douleur, Frank accepta, le lendemain de cette tragédie, l’invitation d’Éric, lequel était entretemps devenu aussi son amant. Alors qu’ils se trouvaient tous deux dans la cuisine, en train de préparer le dîner, l’homme fut surpris par son jeune hôte, qui tentait de le poignarder avec un couteau à viande. Éric Wangermée réussit à s’emparer du couteau, et par un geste malencontreux, retourna l’arme contre son agresseur, lui sectionnant l’aorte.
 
*
* *
 
Cette année et demi d’incarcération, Éric Wangermée l’avait vécue comme un double calvaire. Il était à la fois hanté par l’assassinat de l’homme qu’il avait aimé, plus que tout autre, et par celui, non moins violent, de Frank, sa dernière et tendre conquête, que, démoniaque tour du sort, il avait lui-même perpétré, par instinct de survie, Frank, dont il ignora, presque jusqu’au bout, qu’il était le fils de son amour de jeunesse. Le fait que ces deux crimes lui fussent imputés, à cause d’une veuve cupide et vengeresse, avec la complicité de son ami, l’avait ébranlé, comme si le sol s’était ouvert sous ses pieds, tellement cette accusation lui semblait absurde. C’est seulement lorsqu’il entra dans sa cellule qu’il se rendit compte de la gravité de l’événement, et qu’il sentit sa dignité humaine lui échapper.
Il n’y avait pas une semaine qu’Éric était rentré chez lui, que quelqu’un sonna à sa porte. Encore très affecté par les événements qui l’avaient endeuillé et par l’injustice dont il avait été l’objet, l’homme, devenu méfiant et irritable, regarda à travers le judas et, voyant qu’il s’agissait d’une jeune femme, demanda, sur un ton presque agressif :
— Qu’est-ce que c’est ?
Karine se présenta :
— J’étais l’amie de Frank, et j’ai absolument besoin de vous parler. Ouvrez-moi, je vous en supplie.
Éric n’avait aucune envie de parler à qui que ce fût, et était résolu de renvoyer l’importune, mais, comme poussé par le souffle d’une voix intérieure, il se ravisa et reçut la jeune fille, non sans une certaine froideur, étonné lui-même de sa rudesse, lui qui était auparavant d’un naturel affable et courtois.
Karine reconnut le quadragénaire, aux cheveux poivre et sel, encore svelte et séduisant, malgré ses traits tirés, ses habits flottants – il avait dû perdre au moins quinze kilos –, et ses yeux d’un bleu-gris délavé, pour l’avoir aperçu à travers la vitre embuée d’une brasserie, tandis qu’elle espionnait Frank, durant les escapades de son petit ami.
À l’évidence, Éric ne connaissait pas la jeune fille, car il ne l’avait jamais officiellement rencontrée. Il savait, bien sûr, qu’elle existait, Frank ne lui ayant pas caché cette relation. Mais là, maintenant, après tout ce qui lui était arrivé, il ressentait comme une morsure au cœur, et il ne fit même pas l’effort de lui sourire, ni même de lui offrir quelque chose à boire. Non, il ne croyait pas être devenu insensible ou inhumain, mais engourdi, dans ses artères et, par conséquent, dans ses réactions, comme s’il revenait d’un pays à l’hiver éternel, où chaque geste prend un temps infini pour s’accomplir, et dont on épargne l’effort, lorsqu’il ne s’agit pas de survie. Cela obéissait sans doute aux règles de la relativité. Il n’éprouvait même plus de haine envers la mère de Frank et son ami, qui avaient tout fait pour qu’il soit accusé de ce double homicide. À leur tour, ils venaient d’être punis par la loi, et allaient purger une très longue peine, méritée celle-là. Mais peut-on jamais guérir d’une injustice qui vous a marqué autant dans la chair que dans l’esprit ? On lui avait bien proposé l’aide d’un psychanalyste. Il refusa net cette option. À quoi cela servirait-il de raconter sa peine et sa rancœur à un étranger ? Pour lui démontrer quoi ? Que le monde s’était trompé à son sujet, et qu’il n’avait pas les moyens de le regretter ? Car il s’agissait bien de cela. Ses collègues de bureau l’avaient déserté, les deux personnes qu’il croyait amies, s’étaient elles aussi défilées, par honte de rester associées à un homme que la justice et les médias avait mis au ban avec fracas. Bien qu’il pût réintégrer sa firme, il demanda qu’on le mute à un autre poste, afin de ne pas devoir faire face, jour après jour, à ces visages refermés sur eux-mêmes qui, par leur attitude, même inconsciente, continuaient de l’accuser. Il ne suffisait pas que Paris eût à présent un maire ouvertement homosexuel, ni que la Gay Pride soit devenue un événement presque banal. Beaucoup de gens, beaucoup trop de gens pensaient encore, dans leur for intérieur que les gays étaient des déviants sexuels. Sinon aurait-on encore besoin de parader dans les villes pour affirmer sa différence, souvent d’une manière excessive ? Pire que ce politicien dont on avait proclamé au grand jour l’orientation sexuelle, on avait jeté Éric en pâture aux bien-pensants de tous bords. Ne l’avait-on pas accusé de s’être vengé de son amant dans des circonstances louches, « une affaire glauque et sordide qui n’est pas inhabituelle de certains milieux gays hard », comme l’avait titré un journaliste, et un autre de renchérir que, « non content d’avoir tué le père, dans un accès de jalousie, l’homme s’en était aussi pris au fils, un tout jeune garçon, pour assouvir ses besoins pervers », insinuant par là qu’il était pédophile, alors que Frank avait plus de vingt ans ?
C’était avec le poids de ce tissu de mensonges et de calomnies, ressemblant aux fissures d’une vitrine de joaillier, qu’un coup de revolver n’avait pas réussi à faire voler en éclats, qu’Éric entendit les paroles de la jeune fille. Ces mots, débités à perte de haleine, lui paraissaient aussi vains que futiles, car il restait sourd aux émotions de cette étrangère. Quelque chose en lui refusait de percevoir la souffrance des autres. Il se sentait trop brisé pour s’ouvrir à quiconque. À un moment donné, il s’aperçut des larmes qui ourlèrent les yeux de la jeune fille et lui offrit un mouchoir en papier. Puis, une suite de mots lui parvint, qu’elle répéta, le visage maintenant légèrement tuméfié :
— Je vous demande pardon, mille fois pardon, d’avoir pu croire que vous étiez cet odieux personnage, décrié par la presse.
Tout ce qu’elle avait prononcé auparavant semblait s’être évaporé, se cristallisant dans cette phrase. Avait-elle mentionné Frank, la mère de ce dernier, ou même Gérard ? Il ne s’en souvenait pas, ou plutôt, il ne voulait plus en entendre parler. Il aurait préféré les rayer de sa mémoire. Et voilà que cette pimbêche venait s’excuser.
— Mais je ne vous en veux pas, Mademoiselle, s’entendit-il répondre, sèchement, comment le pourrais-je, alors que je ne vous connais même pas ?
Le regard de la jeune fille, encore tout empreint de mortification, s’attarda soudain sur un cadre en argent posé sur le rebord du cache-radiateur, près de la fenêtre du séjour. Il s’agissait d’un portrait à la sanguine, représentant deux jeunes hommes dans la vingtaine, de profil, et ils se fixaient, l’ébauche d’un sourire, à la fois complice et énigmatique. Karine réprima un cri, car elle reconnut les deux personnages, malgré leur grande jeunesse. Il n’y avait pas de doute, les traits ne mentaient pas, ces deux garçons, qui semblaient à peine sortis de l’adolescence, ne pouvaient être qu’Éric Wangermée et le père de Frank. Elle dévisagea son hôte, le temps d’un éclair, comme pour écarter un ultime soupçon. Oui, c’était bien eux. Elle allait commenter le portrait, lorsque, en une rapide enjambée, le quadragénaire rejoignit la fenêtre, prit le cadre et, d’un geste brusque, le rangea dans un tiroir du buffet tout proche.
— Il n’y a plus aucune raison de garder ce genre de souvenir, s’exclama-t-il, comme un reproche, qu’il s’adressait à lui-même. J’aurais dû m’en débarrasser dès mon retour, mais j’avais d’autres priorités, voyez-vous.
Puis, se retournant vers la jeune fille, encore un peu plus abasourdie, il lui dit, presque péremptoire :
— Maintenant, si vous voulez bien m’excuser, j’ai toute une vie à reconstruire.
Il l’accompagna à la porte, quand, tout à coup, Karine se jeta à son cou, secouée d’un long sanglot d’animal blessé.
— Je vous en prie, ne me chassez pas ! éructa-t-elle. Il ne me reste plus que vous, sur cette terre, en dehors de mes parents, qui ait connu Frank, et qui l’ait tellement aimé, autant que moi.
Éric Wangermée frissonna d’un sentiment, où la pitié et le dégoût se mêlaient. Pourquoi le sort continuait-il de s’acharner sur lui, en poussant sur son chemin cette fille, dont les émotions ne l’intéressaient guère ? Il avait vraiment d’autres chats à fouetter, et cette expression lui sauta aux yeux comme étant plus qu’appropriée en la circonstance. En effet, il ne se sentait plus rien de commun avec la race humaine, et l’idée lui était venue l’autre jour d’adopter un petit sia

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