L ordre des reclus
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L'ordre des reclus , livre ebook

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Description

L’ordre des reclus

Andrej Koymasky

Roman de 311 000 caractères

En rentrant au village, il sentit l’envie de passer à la rivière se cacher dans les fourrés. Ça lui venait comme ça, soudain, sans même qu’il sache pourquoi. Il sentait comme une chaleur dans son bas-ventre.

Il coupa alors à travers la broussaille jusqu’à être en vue de la rivière puis il se dirigea vers « son » endroit. De là il pourrait voir sans être vu quiconque approcherait et à temps pour refermer son pagne. Une fois là, il regarda à l’entour : personne. Il souleva sa tunique, la coinça sous son menton et dénoua son pagne.

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Publié par
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EAN13 9791029400353
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’ordre des reclus
 
 
 
Andrej Koymasky
 
 
 
 
 
 
Traduit par Éric
 
 
 
Chapitre 1 : Les Désirs de Jarvis
 
 
« Abrun Galil fath meron porek jabrilag sofer buroon… » entonna le chœur.
L’Interprète déclama tout de suite :
« Et le troisième jour du neuvième mois de la dixième année, Galil le prophète, l’illuminé, dit : Regarde les épis, chacun porte le même nombre de graines et chacun ondoie dans le vent au même rythme que ses voisins. Regarde les oranges mures, chacune a le même nombre de quartiers et pend comme les autres aux branches de l’oranger. Et vous, peuple craintif, observez et apprenez ce que le Seigneur nous enseigne à travers sa création. »
Jarvis écoutait attentivement. Il savait qu’à la fin les Contrôleurs interrogeraient quelques présents au hasard et il fallait avoir tout compris et retenu, sinon on recevait vingt coups de canne, puis on devait tout réécouter depuis le début, devant tout le monde. Pour sa plus grande honte et face à la colère de sa famille forcée de réécouter toute la citation. Heureusement, il avait une bonne mémoire.
Mais tandis qu’il regardait la flamme vacillante des torches, il se demandait pourquoi on ne pouvait pas étudier la parole du prophète comme tout le reste, confortablement assis sur un banc, avec le texte devant soi. Non, là il fallait rester debout, chaque septième, quatorzième, vingt et unième et vingt-huitième soir du mois, dans la grande salle commune, à écouter pendant trois heures le chant, la lecture et les commentaires et puis, devait-on être interrogé ? Les dix livres qui contiennent la parole du prophète étaient entièrement lus tous les soixante ans. Certains n’entendaient même pas l’histoire complète une seule fois. Est-ce pour cela qu’on dit que l’homme heureux vit soixante ans et sept jours ? Et puis, pourquoi seuls les Servants et les Réunis pouvaient-ils lire à loisir les livres sacrés ?
« Parce qu’il en a toujours été ainsi, » lui répondait-on invariablement. Depuis cinq mille cent vingt-deux ans, quand Dieu a pris le prophète dans ses bras et l’a emmené avec lui pour qu’il prépare l’accueil des serviteurs fidèles.
Il en sera toujours ainsi, pensait le garçon, mais la langue que parlait le prophète n’est pas celle qu’on parle aujourd’hui, puisque maintenant il nous faut un interprète, alors cela au moins a changé. Quand il avait remarqué cela et demandé une explication à son maître, ce dernier, pour toute réponse, l’avait giflé.
Non, Jarvis n’aimait pas les Servants. Ni les Chanteurs à la tunique verte, pleins de mépris, ni les Interprètes à la tunique violette, arrogants, ni les Exégètes à la tunique rouge, pédants, ni les Conseillers à la tunique noire, décevants, ni enfin les Enseignants à la tunique grise, si ennuyeux.
Par contre ceux qui lui plaisaient c’était les Réunis. Il y avait un moutier de Réunis à la sortie du village. Ils étaient de l’ordre des Mystiques, ceux à la tunique jaune et noire. Il aimait leur danse pleine de vie et de joie, leur musique suggestive, le sourire avec lequel ils les accueillaient tous. Il aimait maître Trake qui était toujours si gentil avec lui. Depuis quelques temps, le projet se formait dans son cœur de demander à être accueilli dans leur moutier. Notamment parce qu’il n’avait pas envie de se marier et que, d’ici deux ans, il devrait participer aux fêtes annuelles de la Rencontre. Ses parents avaient déjà commencé à lui demander quelles filles lui plaisaient : aucune. Il les trouvait toutes fades, ennuyeuses et sans le moindre intérêt. « Pourquoi les garçons sont-ils passionnants, pleins de vie et de curiosité et pas les filles ? » Mais à cela non plus il n’avait pu trouver aucune réponse satisfaisante.
La seule façon d’éviter le mariage était de devenir un Réuni. Et les Mystiques lui plaisaient. De l’autre côté du village, il y avait le moutier des Donnés, mais il n’y était jamais allé, bien qu’on les voie souvent au village assister les malades ou aider et soutenir les pauvres.
Non, lui était fasciné par maître Trake et sa joie contagieuse. Et puis, si en général les adultes faisaient grand cas de leur différence d’âge avec les petits, maître Trake lui, bien que du double de son âge, le traitait toujours en égal, avec respect et attention. Oui, il devait dès que possible aller le voir et lui demander quoi faire pour être admis.
La cérémonie terminée, tous se dirigèrent vers la sortie où les Servants choisissaient qui interroger. Il eut de la chance et passa sans que le sort le désigne. Il aurait su répondre, mais il n’avait pas envie d’être soumis au test. Il rejoignit le reste de sa famille et ils rentrèrent à la maison. Il aida sa mère à coucher les petits pendant que son père, avec les plus grands, allait surveiller une dernière fois le bétail. Puis ils se mirent au lit. Il entendit ses sœurs bavarder dans la chambre d’à côté, puis un bruit bien connu : son grand frère, celui qui était fiancé, se masturbait. Il savait que c’était interdit mais parfois il le faisait lui aussi.
Et pourquoi donc était-ce interdit ? C’était plaisant et ça ne faisait de mal à personne. « La semence est faite pour procréer, » avait dit le Prophète, « elle doit être mise en terre fertile et non gâchée ». Mais on ne pouvait pas utiliser toute sa semence pour procréer, si ? Il y a déjà trop d’enfants. En comptant ceux déjà mariés, il avait treize frères et sœurs. Si son père y avait consacré toute sa semence, combien seraient-ils ? Trop, c’est certain. Alors, la semence n’était pas créée uniquement pour engendrer. S’il en était ainsi Dieu nous aurait créés avec moins de semence, non ? S’il en était ainsi, un homme ne ferait l’amour à sa femme qu’une dizaine de fois dans sa vie. Et il savait bien que ses parents faisaient l’amour chaque nuit. Sauf la nuit de l’Ecoute, va savoir pourquoi. S’il collait l’oreille au mur qui le séparait de la chambre des parents, il les entendait faire l’amour, comme il entendait maintenant son frère.
Penser à son père dans l’action et à son frère qui se masturbait, cela l’excita. Et finalement il s’y mit lui aussi. Depuis peu il avait découvert que s’il se frottait les tétons en se masturbant il éprouvait un plaisir plus intense. Son frère le savait-il aussi ? Les quatre plus petits ne le faisaient pas encore : deux n’avaient pas l’âge et n’avaient pas encore été soumis au rite de la maturité, mais les deux autres, si. Sans doute que, comme lui au début, ils ne le faisaient pas au lit mais ailleurs. Lui, avant, il ne le faisait qu’en allant à la rivière, caché dans les buissons.
Il se souvenait bien de la cérémonie de la maturité. On lui avait bandé les yeux, puis on l’avait emmené dans une chambre où il sentait la présence de plusieurs personnes, sans doute tous des Servants, et des mains avaient soulevé sa tunique, dénoué le pagne bleu clair rituel et une main douce avait caressé son membre, le faisant durcir et se dresser, puis l’avait masturbé jusqu’à en faire jaillir la semence. La voix de la Conseillère Pakak avait dit : « Regardez, Servants, il est mature ». Un murmure avait accueilli ses paroles. Il avait alors été porté à la piscine rituelle pour la purification par l’eau, puis autour du foyer rituel pour la purification par le feu et enfin revêtu d’une nouvelle tunique, son pagne était posé sur son épaule et on y voyait bien la tâche sombre et humide de sa semence. Puis il fut rendu à sa famille. C’est le souvenir de cette main sur son sexe qui lui avait donné envie d’éprouver à nouveau cette émotion agréable et ainsi il avait commencé à se masturber. Au début, il suivait presque le même rituel : il se caressait jusqu’à être dur puis le prenait en main et le maniait lentement. Mais plus tard, il était dur avant même les caresses et tout simplement il se masturbait. Il recueillait le sperme dans le pagne pour ne pas laisser de traces sur le lit. Dehors, il n’avait pas le problème…
Pour les filles il n’y avait pas de rite de la maturité : quand leur sang apparaissait pour la première fois, la famille faisait juste une petite fête et étendait dehors un linge rouge avec le nom de la fille. Après la maturité il fallait attendre quatre ans et venait la cérémonie de la Rencontre (celle qu’il voulait éviter) où se formaient les couples qui se marieraient. Les couples formés pouvaient alors faire l’amour à la maison, les jours «non fertiles» du mois, pendant deux ans. Puis on célébrait les noces. Si par malheur un enfant était conçu, sa naissance n’était pas permise. Des lois sévères réglaient toute la vie sexuelle de la communauté. L’adultère, comme les rapports entre adultes de même sexe ou avec des animaux, était puni de mort. L’inceste était puni par la mort du géniteur et cinquante coups de canne, tous les sept jours pendant deux ans, sur la place publique, pour l’enfant. Un rapport sexuel avant la Rencontre menait au même châtiment que l’inceste pour l’enfant. La masturbation c’était cent coups de canne sur la place publique, mais une seule fois. Mais le jeune coupable devait porter pendant un an une casquette portant «Répugnant». Ça arrivait rarement, mais ça arrivait. Et tous devaient se marier, ou se faire Réuni.
Les moutiers de Réunis étaient presque tous masculins. Les quelques féminins étaient formés de femmes stériles ou de veuves. D’ailleurs il y avait plus d’hommes que de femmes et, à les apparier par couples, il était logique qu’il y ait dix moutiers masculins pour un féminin. Les Servants étaient tous mariés, mais ils se mariaient entre eux. On disait que Galil le Prophète, au commencement des temps, avait eu douze fils : l’un avait fondé les Servants, un autre les Réunis et les dix autres, les dix nations. Le chef de tous les Servants, celui de tous les Ordres Réunis et le chef de chaque nation portaient encore le titre honorifique de « Galilam » ce qui dans l’ancienne langue signifiait « né de Galil ». Amgalilam était le chef de tous les Servants, Bergalilam celui de tous les Réunis, et Fie, Gon, Jem, Kur, Sar, Mon, Vis, Tos, Fre, Kun - les c

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