La doublure
17 pages
Français

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Description

Un corps de rêve, un visage banal…
Lou est devenue doublure : vous ne connaissez pas ses yeux, mais vous avez sûrement vu ses fesses quelque part. Prêtant ses courbes parfaites aux actrices qui n'osent se dévêtir, elle joue, dans les bras d'un inconnu ou d'un comédien célèbre, des scènes d'un érotisme torride.
Mais que se passerait-il si, face à la caméra, elle rencontrait l'homme qui lui donne envie de ne pas simuler ?

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 164
EAN13 9782374532554
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0015€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La doublure
Maude Okyo
Novella
Dans la rue face à une énorme pancarte publicitaire, plus grande qu’une affiche de cinéma, chaussée de lunettes noires qui font très star, même si je ne le suis pas, je regarde mon corps étalé lascivement sur un tissu en satin totalement cheap. La pub est cheap, d’ailleurs. Finalement, elle vante les mérites d’une crème amincissante, première nouvelle. L’image de ce corps artistiquement abandonné donnerait des complexes à n’importe quelle nana normale. Grâce à Photoshop, je semble plus belle que jamais, ma propre mère ne me reconnaîtrait sûrement pas.
Après un coup d’œil à ma montre, je me décide enfin à accélérer le pas et à rejoindre l’hôtel où je suis attendue. Un énième taf qui remplira mon compte en banque, et un peu plus plaisant que celui pour une crème bas de gamme. Mon métier ? Doublure. Je prête mon corps, entier ou tronqué, pour des pubs, des films, à des actrices célèbres… Je double des scènes de sexe, de danse, etc. Un peu tout ce qu’on me propose. Vous n’avez pas remarqué ? Quand on voit un strip-tease de n’importe quelle star de ciné pour l’un de ses films, une bonne partie des déhanchements est cadrée en dessous de la tête. Ne cherchez pas, c’est qu’il y a ma tronche en haut.
Ce drôle de job me fait vivre depuis un moment maintenant. À dix-huit ans, fraîche et naïve, je suis « montée à Paris » pour faire carrière. J’ai couru les castings, je n’y ai récolté que des ampoules et, souvent, un regard ébahi rivé sur mon corps avec une insistance à la limite du glauque… jusqu’à ce qu’on me dévisage. Pas que je sois moche, même pas. Je suis normale. Absolument, désespérément, normale. Rien de surprenant ou d’inoubliable. Donc je reçois des propositions indécentes de directeurs de casting bien décidés à me culbuter dans un coin avant de jeter mon CV, ou un « vous n’avez pas le profil » ennuyé. Eh oui, trop commune pour la plupart des rôles, les agents me zappent cinq minutes après m’avoir vue en somme.
J’ai pensé défiler en lingerie, histoire de mettre du beurre dans les épinards – les pâtes, je suis plutôt pâtes, et oui, c’est dégueulasse de rester si mince en mangeant des pâtes, tout ça sans les vomir illico, mais c’est ainsi. Là encore, chou blanc. Ma tronche, une fois de plus, semblait trop banale. Les directeurs de casting regardaient le book de détail et m’appelaient dans la journée, avant de me renvoyer dépités après un entretien.
Comme je ne suis pas du genre rancunière et, surtout que je sais me montrer pragmatique, je me suis résolue à réviser mes plans. Je devais payer mes factures, point final. Adieu petit et grand écran pour ma pomme, bonjour la célébrité pour mes fesses. Je n’ai pas trouvé l’idée toute seule, je dois l’avouer. Un directeur de casting plus entreprenant que les autres a essayé de me sauter contre mon gré lors d’une « seconde audition ». J’aurais dû me méfier, jamais je n’en avais décroché jusque-là ! J’ai fini par le recadrer en lui carrant mon poing dans la tronche et en lui en allongeant un dernier coup dans les burnes. Juste pour lui apprendre la vie. J’ai beau être blonde et bien foutue – oui, je cherche l’embrouille, je sais – je ne suis pas sans défense ou stupide pour autant. J’allais me casser et le laisser avec son nez en sang quand il m’interpella et s’excusa. De là est née une drôle d’amitié, la dynamique en est en partie bancale, mais elle fonctionne. Depuis, on se maintient entre haine et sympathie avec constance Julian et moi. Et c’est installés devant une Margarita au fond d’un troquet parisien dont je n’ai gardé aucun souvenir, qu’il m’a parlé du monde des « doublures ».
Cela a marché assez vite, sûrement grâce au réseau de Julian. Ce qui m’a aussi permis de lui pardonner son écart d’origine. Je ne suis pas pudique pour un brin et plutôt à l’aise avec mon corps, je m’expose sans souci. En un rien de temps, j’ai fini sur des couvertures de livres érotiques, des pubs en tout genre et, au bout de quelque temps, j’ai servi de doublure à diverses actrices plus ou moins connues. Soit tout entière, quand la ressemblance s’y prêtait, soit « au détail » ; fesses, seins… bizarrement, rarement les chevilles ?

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