La mort vous remercie d avoir choisi sa compagnie
82 pages
Français

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Description

La mort vous remercie d’avoir choisi sa compagnie
Philippe Cassand
Roman policier de 282 800 caractères, 47 400 mots, 236 pages en équivalent papier.
Ce n’est pas que Xavier, séduisant steward et collectionneur d’amants à travers le monde, soit parano mais là, il commence à se demander si on ne lui en voudrait pas un peu. Jugez donc : d’abord quelqu’un aide un de ses meilleurs amis à faire un vol plané depuis le sixième étage ; ensuite son appartement est méthodiquement mis à sac ; puis un mystérieux motard s’attache au moindre de ses pas avec des intentions mortifères ; enfin, il reçoit depuis plusieurs mois des menaces de mort sous forme de lettres anonymes.
Avec l’aide d’Omar, son meilleur ami, Xavier va devoir fouiller dans son propre passé, partir à la recherche de ses anciens amants et réaliser que sa propre conduite n’a pas toujours été irréprochable. Et si quelqu’un s’était mis en tête de lui faire aujourd’hui payer l’addition ?
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: Éditions Textes Gais

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 mars 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9791029403422
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La mort vous remercie
d’avoir choisi sa compagnie
 
 
Philippe Cassand
 
 
Roman policier
 
 
 
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
 
 
 
 
À tous les Daniel, sauf un.
 
 
 
Chapitre 1
 
 
Le corps défenestré depuis le sixième étage ressemblait à un pantin désarticulé. Une drôle de marionnette humaine au visage contusionné et sanguinolent, les membres tordus dans des configurations impossibles.
Ce spectacle était d’autant plus sinistre que le corps de Jean-Marc Stevenin avait littéralement écrabouillé un chihuahua, chien-chien gominé à sa mémère. Au bout de sa longue laisse pleurnichait une vieille – très vieille – dame au chapeau cloche enfoncé jusqu’aux oreilles.
C’était au pied d’un petit immeuble croquignolet de la rue de Marseille, une rue perpendiculaire au canal Saint-Martin, ce canal aux couleurs verdâtres qui dégageait en toute saison nostalgie et tristesse, même quand un violent soleil éclairait ses écluses. L’homme s’était écrasé devant un vieux magasin avec un rideau de fer et une enseigne d’autrefois. Lettres d’or en relief gravées dans un marbre brillant. Marcel Loubiac, magasin d’éponges . Dans la boutique et même dans les parties communes, il y avait comme une odeur de bocal de soupe de poissons que l’on ouvre.
 
*
* *
 
Jean-Marc Stevenin était le meilleur vendeur de l’agence Projimmo.
Jean-Marc Stevenin avait une parfaite aisance avec les autres, cette aisance naturelle que procure la beauté physique.
La beauté du Diable… Celle qui fait que vous ne ressemblez à personne d’autre, celle que tout le monde envie, même les hommes qui n’ont pas une conscience aiguë de leur apparence ou feignent de ne pas y accorder d’importance.
Jean-Marc Stevenin était très beau. Il avait quarante ans et ses cheveux épais, régulièrement et uniformément poivre et sel, lui donnaient un peps terrible.
Jean-Marc Stevenin était en paix avec lui-même. Tout était en ordre dans sa vie. Organisée, huilée dans tous ses mécanismes, comme une machine de haute technologie : argent, travail, famille, enfants, et les aventures, ces instants transparents, persistants, volés à l’orthodoxie.
Passionné d’immobilier, il lui aurait été impossible d’exercer un autre métier. Déjà, enfant, il pratiquait des transactions immobilières et avait même réussi à vendre la cabane du jardin à sa petite sœur : un prix exorbitant au décimètre carré en argent de poche.
Impensable non plus de ne pas être un géniteur prolifique et ce, dès que possible ; ses talents remarquables de vendeur lui ayant procuré la sécurité matérielle très jeune, à vingt ans, il épousait son amie d’enfance Solange Cambon. Rien à voir avec le grand amour, celui des amours enfantines, du fulgurant et brûlant sentiment des Hauts de Hurlevent , non, même, presque pas de désir pour cette jeune fille fraîche et rousse, à la poitrine pourtant terriblement engageante.
Une simple relation de confiance, charnelle par nécessité. Car Jean-Marc Stevenin avait pour seul et unique but – c’était l’accomplissement de toute une vie – la consommation sans aucune modération des hommes…
Il avait pratiqué toutes les amours, toutes les aventures possibles, tout ce qui était répertorié et imaginable en matière de sexualité et ce, avec toutes les catégories d’hommes que la nature avait créées : blancs, noirs, jeunes, gros, poilus, vieux beaux, rasés sympas, adonis imberbes, grands secs, musclés huilés, laids dotés d’atouts cachés, beaux imbéciles, charmeurs mythomanes, bornés pervers et intellectuels brillants qui s’abandonnent complètement dans les bras virils de ceux qu’ils méprisent et considèrent comme primaires.
Mais l’aventure, si elle pouvait s’incarner dans n’importe qui, ce n’était pas pour autant le premier venu, c’était celui que le destin envoyait au bon moment et qui répondait au besoin de l’instant.
 
*
* *
 
Ce jour-là, Jean-Marc était arrivé le premier à l’agence. Il avait ouvert les locaux et organisé un courant d’air au sein de la chaleur caniculaire de ce mois d’août restée confinée.
Il se rafraîchit aux toilettes et passa ses deux mains mouillées dans ses cheveux. Durs et en brosse, ceux-ci étaient impeccablement alignés. Il se sourit dans la glace et fit une grimace de bellâtre, un clin d’œil comme dans les publicités pour les mousses à raser.
Il retourna à son bureau et parcourut des yeux les post-it jaune et rose fluo que son patron avait apposés sur la presque totalité de la surface de son sous-main. « Urgent », « très urgent » ou « TTU » figuraient sur tous. Il constata avec plaisir que l’agence venait, grâce à lui, de « rentrer » trois appartements superbes dans un immeuble haussmannien appartenant à un vieux noble.
Les bureaux de ses collègues étaient séparés par une cloison dont la moitié supérieure était vitrée, ce qui permettait, de quelque endroit où l’on se trouvât, de surveiller l’ensemble de l’activité de l’agence. Le patron gardait un œil sur tous, et l’intensité du labeur donnait au client la sensation d’être au sein d’une ruche en mouvement perpétuel, où l’on n’était qu’un client parmi d’autres, que la concurrence des acheteurs était rude et qu’en cas de coup de foudre sur un bien, il ne fallait surtout pas laisser passer sa chance.
Jean-Marc Stevenin regarda le boulevard qui commençait à s’animer. Une voiturette verte de la Ville de Paris passa tel un robot martien. Il remarqua l’arrivée du laveur de vitres. Un petit blond moustachu qui semblait totalement nu dans sa salopette en jean. Il avait la peau bronzée et mouchetée de taches de rousseur. Il jeta un coup d’œil insistant à Jean-Marc et passa, subrepticement mais sans ambiguïté, la main sur son entrejambe, puis il s’attela au travail avec ferveur, prenant soin de bander tous ses muscles à chacun de ses gestes.
 
*
* *
 
Hm, très intéressant, murmura l’agent immobilier, c’est la première fois qu’il vient, celui-là… 
Il sentit un début d’érection mais se ravisa. « Jamais, jamais, jamais, ni au bureau, ni à la maison ! »
Tout l’équilibre de sa vie tenait dans ce cloisonnement rigoureux entre les trois passions de sa vie – de fait totalement incompatibles – travail, famille, homosexualité… ou plus exactement appartements, enfants, hommes.
Jean-Marc Stevenin ne referma pas à clef la porte d’entrée de la boutique. Il avait parfois conclu de très belles affaires avec des clients atypiques qui venaient tôt. Il s’en félicita alors qu’il regagnait son bureau pour consulter l’agenda.
Un jeune homme ouvrit résolument la porte de l’agence. Il était vêtu d’un costume gris prince de Galles, d’une chemise blanche comme la robe de la Sainte Vierge et repassée à l’amidon, d’une cravate en soie imprimée, très fantaisie. La serviette de cuir marron, à coup sûr de grande marque et de grand prix, semblait légère et comme un appendice naturel de son corps.
Jean-Marc se leva et vint à sa rencontre, séduit. Il avait l’habitude de se faire une opinion sur les gens au premier regard, à la première impression, détectait en un éclair l’origine sociale probable de l’individu, son poids financier, ses goûts et la plupart du temps… ses mœurs. Il répétait souvent à ses quelques amis gays : « Tu peux me présenter n’importe quel mec, aussi viril soit-il, habillé en prélat ou en commandant de gendarmerie, je te dis avec une marge d’erreur de 1 % s’il est gay ou pas ». Cela irritait parfois ses amis qui souvent côtoyaient des homos non notoires, discrets à leur travail ou dans leur immeuble, sans s’en apercevoir et n’avaient découvert ce penchant que par hasard, dans des lieux qui ne laissaient planer aucun doute.
Jean-Marc fit au jeune homme un sourire charmeur et lui proposa de venir s’asseoir dans son bureau. Il jaugea : « Vingt-cinq, vingt-huit ans, enfance et adolescence en province, HEC ou sciences po, a terminé ses études, exerce depuis deux ans Dieu sait quel poste de marketing dans une grande boîte à la con… Il veut s’acheter un appartement dans Paris car il commence à gagner pas mal sa vie… »
Le début de leur conversation confirma brillamment cette analyse au point que Jean-Marc se rengorgea intérieurement de sa finesse psychologique. Clément Loudehac avait bien vingt-cinq ans, originaire de Bretagne, il était monté à Paris pour faire des études commerciales, sup-de-co, comme on dit. Il bossait dans une grande banque dénationalisée et son ancienneté dans la maison lui permettait d’obtenir des prêts à des taux préférentiels. Il recherchait un deux-pièces de caractère, avec impérativement du parquet, des poutres apparentes, et situé de préférence au dernier étage d’un immeuble avec ascenseur. Clément Loudehac indiqua qu’il éprouvait une aversion extrême pour les nuisances sonores de voisinage. Hors de question de supporter au-dessus de sa tête les tac-tac-tac des talonnettes de pantoufles ou le pom-pom-pom des jeux d’enfants sur le parquet.
Malgré tout le soin apporté à sa tenue, Clément Loudehac avait omis de fermer l’un des boutons nacrés de sa chemise. Jean-Marc scrutait avec délice cette fenêtre ouverte sur l’intimité du jeune homme. Il guettait les mouvements de celui-ci pour apercevoir furtivement un torse émouvant, exceptionnellement poilu.
L’agent immobilier joua nerveusement avec son alliance. Il n’avait pas eu la présence d’esprit de l’enlever. Plus exactement, son infaillible instinct ne lui avait donné, cette fois-ci, aucune certitude. Séduit par le jeune homme à la beauté austère et mâle, il ne put se rendre compte si son propre charme pouvait agir. Jean-Marc se ressaisit et enleva ostensiblement l’anneau doré. Il le posa avec désinvolture dans le tiroir métallique qu’il referma.
— J’ai tout à fait ce qu’il vous faut. C’est une affaire exceptionnelle ! Un coup de fusil, com

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