Le 21e SEX
76 pages
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Description

Le 21e SEX

Érik Rémès

Roman de 55 500 mots, 326 000 caractères

Le 21e SEX est un roman porno-philosophique, un ouvrage politique qui tache bien les draps, parce qu’à travers la sexualité, et notamment une homosexualité dépravée, toxicomane et juteuse, ce sont tous les rapports de pouvoir qui se mettent en branle dans nos sociétés dépressives et anxiogènes, sur le déclin. Le 21e SEX est tout à la fois un roman gay, une histoire d'amour passionnelle et poétique sur fond de drogues et d'orgies, ainsi qu’un pamphlet sur l'homosexualité et la place qu'elle tient dans la société. Ce récit est écrit sur les marges, pour déconstruire les normes, lutter contre l’hétérocentrisme. Le 21e SEX reste avant tout un roman cru, brut et décomplexé dont le but est de s’en prendre plein le derrière. Encore un livre qu’on va lire d’une main, oui, mais pas seulement.



Érik Rémès, écrivain et sexologue, né en 1964, ancien journaliste à Libération, Nova Mag et Gai Pied, est titulaire de maîtrises en psychologie et en philosophie. Il a publié dix ouvrages dont Je bande donc je suis, Serial fucker, journal d'un barebackeur et le Guide du sexe gay.

Retrouvez tous nos titres sur http://www.textesgais.fr/

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Informations

Publié par
Nombre de lectures 1
EAN13 9791029400889
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le 21 e SEX
 
 
Érik Rémès
 
 
 
 
 
roman
 
 
Vous dites que la société doit intégrer les homosexuels, moi, je dis que les homosexuels doivent désintégrer la société.
Françoise d'Eaubonne
 
 
 
 
 
 
1
 
 
« Mais tu n’as pas honte BerlinTintin ? » Cette question, on n'a pas arrêté de me la poser dès mon plus jeune âge. Ça a commencé par ma mère qui s'énervait lorsque, enfant, je mangeais mes crottes de nez ou planifiais quelque autre bêtise (et Dieu sait que j’en faisais, en tant qu’enfant hyperactif). À l'adolescence, je devais avoir douze ans, la même me demandait, prise d’un accès de folie à la découverte de mon homosexualité, si je n'avais pas «  honte d'être un sale pédé, un enculé  » et patati et patata. Puis, avec le temps, tout s'est emballé : « Mais tu n'as pas honte d'avoir attrapé des MST ? », « Tu n'as pas honte d'être sadomaso, de te prendre des mains dans le derrière et d’être obsédé par le SEX ? », « tu n’as pas honte d’écrire ce que tu écris ? », « tu n’as pas honte de dire la vérité ? » Oulala ! Si j’ai honte de quoi que ce soit ? Je représente le déshonneur de la famille et de la société. Eh bien moi, tout ça, eh bien donc, je n'en ai pas honte du tout. Pour tout dire, j'en suis même fier. Libre. « Pride », dit-il.
 
Février 2007. Je quitte Paris parce que Jérôme a voulu arrêter notre histoire d’amour, passer à autre chose, à une forte amitié. Il a mis des semaines avant de m’annoncer la nouvelle que je redoutais. Cela a été terrible pour moi, un choc, je ne pensais jamais m'en remettre, patatras. Encore une fois, une histoire d'amour qui s'achevait, c'était une catastrophe, la preuve de ma nullité crasse. Pourtant, seul l'amour compte vraiment dans la vie. Le reste est, disons…, inutile.
Alors, je fuis la capitale pour Gran Canaria sur les conseils de mon ami écrivain Pierre Salducci qui y vit depuis trois ans. Il me décrit une île idyllique et sereine, très gay et sexuelle. Je décide de faire comme lui et de recommencer une nouvelle vie au soleil. Banco ! Une existence plus chaude, ensoleillée et insulaire, vivre un printemps perpétuel à l’ombre des fleurs d’hibiscus et de bougainvilliers.
Cinq années de couple avec Jérôme : une histoire commune, des amis, des habitudes, une vie à deux, des instants de complicité. J'ai toujours aimé cet homme, passionnément, et je crois bien que je l'apprécierai sans cesse. Je me suis fait tatouer son prénom à la place du cœur. Nous demeurerons dorénavant comme deux frères. Je veux qu’il reste dans ma famille recomposée.
 
Je quitte la France parce que je n'en peux plus de ce pays coercitif, glacial, dépressif et ennuyeux. Paris ville maudite, Paris ville de flammes, Paris l'apocalypse, Paris la damnée, Paris la pieuvre qui va me tuer, manger, déjecter. Paris le monstre tant aimé.
Je veux vivre libre comme bon me semble. Je n'en peux plus de toute cette hypocrisie, de toute cette haine gratuite, de ces rapports de pouvoir et de soumission.
Plus rien ne me retenait à Paris : je pouvais partir, j'étais libre et fier. Et hop, aux suivants !
 
Je me souviens. Je me souviens des après-midi à marcher au bois de Vincennes avec Jérôme. Je me souviens des cinq années passées avec lui. Je me souviens de l’amour en général et en particulier. Je me souviens comment mes précédentes relations amoureuses ont toutes été des échecs. Je me souviens comment avec Jérôme cela ne s’est pas si mal passé que ça et que j’avais progressé. Je me souviens des galères d’appartement à mon arrivée à Paris, des permanentes nuits de beuveries toxicomanes. Je me souviens ne plus voir mes parents depuis 2002. Je me souviens n’avoir vu ma soeur que trois fois en 30 ans. Je me souviens n’avoir plus de famille. Je me souviens de la mort de mon meilleur ami Patrick La Crevette d’un cancer de l’anus. Comment il s’est retrouvé seul. Je me souviens comment tous ses amis l’ont abandonné, préférant rester à traîner dans le Marais à se biturer la gueule. Je me souviens comment cela m’a dégoûté du milieu gay. Je me souviens comment j’ai réussi lentement à me désintoxiquer de mes mauvaises habitudes.
Je me souviens de mes ex maris, Michel, Christine, Pierre, Jean-Paul (qui s’est suicidé depuis), Bruno. Je me souviens des après-midi au sauna le Riad avec Jérôme ou nous nous passions le gant de crin dans le hammam. Je me souviens des étreintes, des câlins et des engueulades. Je me souviens de Pierre François, de Thierry et Barbara, mes derniers amis. Je me souviens avoir rompu avec toutes mes anciennes connaissances, avoir fait le vide autour de moi. Je me souviens être sorti très très lentement de l’alcool. Je me souviens comment je suis passé de social à asocial. Je me souviens des voyages au Maroc avec Jérôme, de notre grand voyage en Thaïlande, celui à Istanbul, Montréal et les autres. Je me souviens de mon périple d’un mois en Inde en solitaire, c’est à ce moment-là que Jérôme m’a annoncé notre séparation. Je me souviens de l’horreur et du monde qui s’est écroulé après coup. Je me souviens des préparatifs de mon départ pour Gran Canaria, il me fallait bien survivre, des conseils de Pierre Salducci pour m’installer à Playa del Inglés. Je me souviens avoir beaucoup trop parlé parfois, surtout sur le bareback, j’ai fait ce que j’ai pu.
Je me souviens du jour de mon départ qui allait marquer notre vraie séparation, de la tension palpable avec Jérôme dans la voiture, c’était terrible. Je me souviens avoir mis le chat dans sa caisse de voyage. Je me souviens que Jérôme filmait ce jour-là, qu’il allait en faire un petit film que je ne regarderai qu’une fois en pleurant de grosses larmes d’amertume. Je me souviens avoir été à la fois terriblement heureux de partir, de découvrir un nouvel univers et en même temps d’être totalement déchiré de quitter Jérôme. Je me souviens avoir dit à mon appartement parisien que je l’aimais beaucoup. Je me souviens avoir dit en rigolant à Jérôme, sur le chemin qui nous menait à l’aéroport, que j’étais content de le quitter. Je me souviens que cela faisait un mois et demi que j’avais envie de partir, que je ne pensais qu’à ça. Je me souviens de la tête déconfite que je faisais dans la voiture en direction de l’aéroport. Je me souviens avoir dit à Jérôme qu’il s’attachait aux gens puis après les jetait. Je me souviens avoir dit à Jérôme que notre relation allait déboucher sur autre chose, une forte amitié. Je me souviens avoir dit a Jérôme qu’il était bête et que je ne voulais pas qu’il me stresse avec ses commentaires désobligeants. Je me souviens que je mangeais mes crottes de nez dans la voiture : le stress. Je me souviens que ma chatte Milou feulait. Je me souviens des tonnes de bagages que je trimbalais. Je me souviens de ma chatte Milou qui est morte depuis. Je me souviens des amis et des morts qui ont ponctué mon existence. Je me souviens avoir fait semblant de pleurer et de crier devant Jérôme, mais je n’arrivais pas à pleurer. Je me souviens de l’aéroport Charles de Gaulle, de la vraie séparation avec Jérôme, il avait le coeur serré, ses mots ne venaient pas, il avait besoin de se retrouver. Je me souviens avoir décollé pour un nouveau monde et une nouvelle vie.
 
J'arrive à Gran Canaria en pleine période de carnaval. Mon ami Pierre Salducci et son mari Pablo viennent me chercher à l’aéroport (le mariage homosexuel en Espagne a été légalisé en 2005). Moi aussi, dans mes rêves, j’aimerai bien me marier. Le parcours de cette loi ibérique souleva de nombreux conflits, malgré des sondages estimant à 66 % l'appui des Espagnols en faveur du mariage homo. Les autorités catholiques en particulier s'opposèrent à cette loi, craignant un affaiblissement du terme « mariage ». D'autres associations exprimèrent aussi leur préoccupation devant la possibilité que les personnes homosexuelles puissent adopter des mineurs. Des manifestations en faveur et contre cette loi rassemblèrent des centaines de milliers de personnes dans toute l’Espagne.
 
L’île est un choc de sensations. Je ressens déjà les odeurs, cette douce moiteur, et je repense à la Guadeloupe et la Réunion où j’ai vécu mes huit premières années, revivant les mêmes émotions archaïques. La torpeur m'envahit peu à peu : je sens peu à peu mes fonctions vitales ralentir. C'est un flash de souvenirs infantiles qui m'étreint et me submerge. Et toutes ces plantes et ces fleurs magnifiques. Une île de forme arrondie avec un relief montagneux marqué par des paysages remarquables, de montagnes et désertiques. Ici, c'est le règne du sea, SEX ans sun poussé à son apogée.
Je dors chez Pierre et Pablo le premier soir avec ma chatte Milou (qui est paniquée par le déménagement) avant de prendre possession de mon appart en face de la mer, le lendemain. Je l’ai réservé par Internet de France, Pierre l’avait visité. Ici, ce n'est pas comme en Europe, il est très facile de trouver un logement. Pas besoin de fiches de paye faramineuses ni de caution de papa-maman. On signe le bail et hop ! Des tas de petits appartements de deux pièces ou des bungalows sont sur le marché. À foison. Il suffit de répondre à une petite annonce ou de franchir la porte d’une agence immobilière.
 
Pierre et Pablo me font faire un tour du village en bord de mer : c'est un monde irréel, invraisemblable. Playa del Inglés, ce n'est pas la vraie vie, tout est faux, cartons-pâtes. Village sorti de nulle part dans les années 70, à l'architecture plus que discutable, très « seventies on the beach » justement, qui ne compte qu'hôtels, complexes de bungalows et appartements de vacances. Playa del Inglés est artificiel, monde de villégiature décadent. Une sorte de Palavas-les-flots transpédégouinne. Très-très moche. Une Atlantide sodomite qui pourrait bientôt s’effondrer et dont il faut bien profiter. Très populaire, peut-être trop populaire, les gens dans la rue ne sont parfois pas très chic, on est un peu à plouc land.
 
Playa del Inglés est une des meilleures destinations gay européennes avec Sitges, Ibiza et Mykonos. Située dans l'

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