Le cercle de l'étoile rouge

Susie Norman

Description

"Depuis trois cents ans, le contrôle de la magie était uniquement réservé aux hommes, jusqu’à l’arrivée de ma mère, dix-huit ans auparavant. Fille de Solar, le plus puissant des Sept mages, Sana avait imposé ses convictions d’égalité entre hommes et femmes. "

Née de parents protecteurs et attentionnés, Espérance a grandi avec la pensée que, comme eux, elle rencontrerait le grand amour à l’âge adulte.

Mais au Temple de Kadhrass, l’égalité et la liberté tant désirées par sa mère demeurent un combat quotidien où les sentiments n'ont pas leur place.

Lorsque son amie magicienne est assassinée dans d’étranges circonstances, l’enquête menée par Espérance lui révélera le véritable visage de certains habitants.

Au milieu de ce monde chaotique où les règles ne sont pas toujours respectées, Espérance pourra-t-elle trouver cette âme sœur dont elle rêve tant ?

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Informations

• Publié par: editions-encre-de-lune
• Date de parution: 22 mai 2023
• Nombre de lectures: 2
• EAN13: 9782494619395
• Langue: Français

Extrait

Susie Norman
 
 
LE
ERCLE
DE
L’ÉTOILE
R UGE
© 2023. © Susie Norman, Éditions Encre de Lune. 
Tous droits réservés. 
Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelques procédés que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit, est illicite et constitue une contrefaçon, aux termes de l’article L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Crédit photo : © adobestock
ISBN Numérique : 9782494619395
Broché : 9782494619401
Relié : 9782494619418
Éditions Encre de Lune, 21, rue Gimbert, 35580 Guignen
Courriel : [e-mail] 
Site internet : www.https://editions_encre_de_lune
Cet ouvrage est une fiction. Toute ressemblance avec des personnes ou des institutions existantes ou ayant existé serait totalement fortuite.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
À toutes les Espérance qui rêvent du grand amour
 
 
"Il n’y a rien de plus précieux en ce monde que le sentiment d’exister pour quelqu’un."  Victor Hugo
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
CHAPITRE 1 : RUBY
 
Une langue râpeuse étala sa bave sur ma joue endormie. Le souffle chaud de l’haleine canine souleva l’une de mes mèches et la rabattit sur mon nez, ce qui me fit éternuer.
— Ruby ! Dis à ton chien d’arrêter de me lécher !
J’entendis mon amie pouffer de rire. Le soleil perçait à peine à travers les épais rideaux. Dans la pénombre, j’aperçus une silhouette s’approcher de mon lit et s’emparer du monstre poilu qui agitait frénétiquement sa queue. Ruby s’approcha de mon oreille pour me susurrer :
— Debout Espérance ! C’est l’heure de se lever !
— On est jour de Mercure, râlai-je en rabattant la couverture sur ma tête, notre seul jour de repos ! Tu veux ma mort ?
— C’est un jour spécial, aujourd’hui !
Mon cerveau encore embrumé tenta de rassembler ses esprits : premier jour de Mercure de la troisième lune. C’était l’instant tant attendu de l’Épreuve pour les apprentis en âge de devenir vétérans. Le Temple était régi par des règles strictes : après une formation de plusieurs années au sein d’un coven de sept sorciers, les apprentis adultes étaient présentés devant les Mages pour un rituel de création. Les plus puissants étaient autorisés à rester vivre au Temple. Les plus faibles en étaient chassés.
Plus que tout autre examen, celui qui attendait mon amie Ruby aujourd’hui était inédit. En effet, depuis trois cents ans, le contrôle de la magie était uniquement réservé aux hommes, jusqu’à l’arrivée de ma mère, dix-huit ans auparavant. Fille de Solar, le plus puissant des Sept mages, Sana avait imposé ses convictions d’égalité entre hommes et femmes en créant le premier coven féminin du Temple. Et Ruby avait été sa toute première élève. C’est avec émotion qu’elle la présentait aujourd’hui à l’Épreuve. Elles en étaient toutes les deux très fières.
De cinq ans mon aînée, je n’avais jamais jalousé l’affection que ma mère lui portait. Ruby s’était toujours comportée avec moi comme une grande sœur bienveillante et attentionnée. Elle avait guidé mes premiers apprentissages en magie et prenait souvent ma défense face aux exigences maternelles.
J’acceptai finalement mon sort et m’assis sur le bord du lit. Je partageais ce dortoir avec les six autres filles du coven de Sana. Mon grand-père, Solar, m’avait depuis longtemps réservé une chambre individuelle à l’étage des maîtres, l’ancienne chambre de ma mère, mais, tant que ma formation n’était pas terminée, je ne voulais pas avoir de traitement de faveur et préférais rester avec les autres apprenties.
Notre pièce se situait tout au bout du palier et on ne pouvait y accéder qu’avec un détecteur d’empreintes sur la porte, ce qui empêchait les apprentis garçons de s’y introduire. C’était une salle rectangulaire plutôt confortable, avec sept grands lits, autant de coffres, une belle cheminée, et de ravissants tapis au sol.
— C’est pas fini votre raffut ?
Sous la couverture du lit voisin du mien, une forme se mouva. Il s’agissait de Mira, notre cadette. Elle n’avait que dix ans. Elle était la fille de Fleur, la domestique de ma mère, et de Xérios, l’un des vétérans, également meilleur ami de Sana. Des cinq enfants du couple, Mira était la seule à démontrer un certain talent pour la magie. Elle avait les cheveux châtains de son père et la petite taille de sa mère. Je la considérais comme un membre de la famille, une petite cousine attachante.
— Oh, aller Mira ! Tu as déjà bien assez dormi ! À ton âge, je me levais tôt pour profiter de la vie ! Et puis, j’espère que vous avez bien rangé votre robe pour la cérémonie ?
À l’évocation du mot «  robe  », notre cadette se leva brusquement, tout excitée. Il faut dire que ma mère avait mis le paquet pour que nous soyons toutes les sept présentables, voir même «  inoubliables  ». Depuis plus d’un mois, Fleur nous avait cousu des tenues assorties pour la cérémonie. Mira ouvrit le rideau derrière elle et le soleil printanier inonda la pièce. Elle se dirigea vers son coffre pour en sortir son vêtement et le pendre afin de le défroisser.
Neige, le chien de Ruby, et sa première création, s’agita devant notre état d’excitation et aboya, ce qui réveilla les quatre autres filles encore endormies.
— Ruby ! Par pitié, fais taire ton chien ! se plaignit la douce et blonde Annika.
— Les filles, arrêtez de râler ! Vous savez à quel point ce jour est important pour moi ! Et puis, que je sois choisie pour être une vétérante, ou que l’on me renvoie à Kadhrass, dans les deux cas, c’était ma dernière nuit ici, avec vous. Dès demain, Sana me trouvera une remplaçante. Vous serez enfin débarrassée de moi. Alors, je compte bien profiter de cette dernière matinée avec vous !
Annika se leva alors et serra la belle métisse dans ses bras. Ruby avait la peau hâlée propre aux descendantes du mage Kaxas, et de longs cheveux noirs bouclés. Je l’avais toujours trouvé magnifique, tout comme sa grande sœur «  tante Rosadriah  », l’amie d’enfance de ma mère. Elles arboraient toutes les deux le bracelet argenté de leur lignée.
Le mien était bicolore : j’appartenais à la fois à la lignée noire de Solar, par ma mère, et à la bleue de mon père, le mage Yacius. Annika, quant à elle, portait le bracelet vert des descendantes du mage Demien. Elle était grande et filiforme, et avait de longs cheveux fins. Elle était âgée de quinze ans.
— Tu vas beaucoup nous manquer ici, Ruby, chuchota Mira qui s’était rapprochée du câlin collectif.
— Et si on se faisait toutes belles ? proposa Shyla.
Shyla n’était pas la fille d’un mage. Elle était née à Kadhrass. C’était lors d’un rituel de création que ma mère Sana avait découvert son potentiel alors qu’elle avait à peine huit ans. Aujourd’hui, elle en avait dix-huit et était la prochaine sur la liste à préparer l’Épreuve. Après dix ans passés au Temple, elle continuait de s’émerveiller devant toutes les richesses auxquelles elle n’aurait jamais pensé avoir accès dans la pauvreté de son enfance ; pourtant elle avait conservé son côté sauvage et rebelle. En d’autres termes, c’était elle qui ressemblait le plus à ma mère.
À l’extrémité de la pièce, Estrella se leva pour nous rejoindre. Elle était la fille du vétéran Crevan. Ma mère ne portait pas vraiment cet homme dans son cœur, et je n’avais jamais vraiment su ce qu’il s’était passé entre eux ; pourtant, lorsqu’il avait engrossé l’une des domestiques et que sa fille avait révélé un talent certain pour la magie, Sana avait pris Estrella sous son aile. Crevan, bien trop content de se débarrasser de la gamine, ne s’y était pas opposé. Estrella était toujours d’humeur maussade, ses longs cheveux noirs pendant sur son visage à la peau blanche qui lui donnait un air maladif.
— Je ne vois pas pourquoi on devrait se faire «  belles  » nous aussi, c’est surtout toi que les autres regarderont, Ruby.
— Tu plaisantes ? s’indigna Shyla. À travers Ruby, c’est tout le coven de Sana qui est jugé aujourd’hui ! Si elle réussit, nous profiterons toutes de sa notoriété.
— Merci, je n’ai pas du tout la pression maintenant …
Je la serrai à mon tour contre moi.
— Peu importe la décision qui sera prise aujourd’hui ma belle, nous, nous serons toujours fières de toi.
— Et si on déjeunait d’abord ? lança Saphir de l’autre bout de la salle.
Saphir était, elle aussi, la fille d’un vétéran, lui-même fils de Fogan. Comme elle n’était pas la descendante directe du mage, elle ne portait pas de bracelet, mais son grand-père suivait tout de même avec attention ses progrès. Du haut de ses douze ans, elle avait toujours été une fillette gourmande et rondouillarde, aimant profiter de la magie pour assouvir son appétit insatiable. Sa remarque provoqua l’hilarité générale.
— D’accord Saphir, si tu veux commencer par le petit déjeuner, allons-y ! conclut la reine de la journée.
 
Mon arrivée au réfectoire était réglée comme du papier à musique. À cette heure matinale de jour de Mercure, peu d’apprentis étaient présents. Mes compagnes se dirigèrent directement vers la table où nous avions l’habitude de nous installer, à côté de celle de ma mère. Pour ma part, je ne commençais jamais la journée sans saluer mon père. Contrairement aux autres mages, Yacius était un parent aimant et affectueux. Il était facilement reconnaissable avec ses longs cheveux blancs dont deux mèches étaient rassemblées à l’arrière par une tresse. Je n’étais peut-être pas très objective, mais c’était certainement lui le plus beau des Mages. Il était déjà présent, assis sur l’estrade réservée aux Sept.
— Bonjour maître Yacius. Maître Solar. Maître Kaxas.
— Bonjour Espérance, me répondit mon géniteur en me couvrant d’un sourire aimant. Tu as bien dormi ? C’est un grand jour pour ton amie Ruby aujourd’hui.
— Effectivement. Nous sommes toutes très impatientes !
— Profitez bien de votre matinée de r