Le détail qui fait l homme
42 pages
Français

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Le détail qui fait l'homme , livre ebook

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Description

Le détail qui fait l’homme
Jean-Louis Rech
Roman de 147 000 caractères, 26 000 mots, 122 pages en équivalent papier.
Luc adore jouer les langues de pute quand Agnès lui prête son oreille. Elle est sa complice de la salle de gym, un cadre merveilleux pour la faune qu’on y croise.
Yeux bleus tellement parfait de peau, de corps et dans le choix de ses vêtements toujours nets et ajustés que c’est presque trop.
Un jeune rugbyman, aussi, ces derniers temps, doux et monumental, au comportement chaleureux qui fait fondre tout le monde.
Stéphane, La coiffeuse, à la fois chauve et velu, franche folle assumée.
D’autres encore mais surtout les profs.
Et Maxime en particulier. Le modèle absolu, l’objet de toutes les attentions.
Et Luc adore ajouter au tableau, pour Agnès, le portrait de leurs cibles dans leur état de nature tels qu’elle ne peut pas les croiser dans les vestiaires, elle.
Tout ça c’est du fantasme joyeux mais, par accident, le rugbyman entre dans le concret et ça surprend. C’est la fête, l’enchantement lubrique. Seulement la folle du logis trottine toujours beaucoup chez Luc. Pourquoi ne pas chercher encore mieux quand c’est déjà parfait ? Il se projette. Trop sans doute. Gaffe à la chute.
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: Éditions Textes Gais

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9791029403583
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le détail qui fait l’homme
 
 
 
 
 
Jean-Louis Rech
 
 
 
 
 
L’amour a toujours été pour moi la plus grande des affaires ou plutôt la seule.
Stendhal
 
Il suffit que j’ouvre les yeux et que je regarde pour commencer à me sentir guéri d’un mal dont je ne savais pas que je souffrais.
Russell Banks
 
 
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35
Chapitre 36
Chapitre 37
Chapitre 38
Chapitre 39
Chapitre 40
Chapitre 41
Chapitre 42
Chapitre 43
Chapitre 44
Chapitre 45
Chapitre 46
 
 
 
 
Chapitre 1
 
 
La première fois que je l'ai remarqué, à la salle de gym, j'étais installé au bar de l'accueil. Perché devant mon café, je pérorais pour Agnès, ma complice, qui attendait de ma bouche de langue de pute avérée la formule assassine concernant l'une ou l'autre de nos comparses. À condition qu'elle soit à bonne distance, bien sûr. Quelques autres oreilles bienveillantes restaient à portée. Cet environnement me stimulait.
Il sortait des vestiaires en jean et T-shirt, souriait chaleureusement, souhaitait bonne journée à la compagnie qu'il quittait. Je n'ai vu que ce sourire sympa et surtout le biceps qui bousculait la manche courte. J'ai lâché :
— Si celui-là me flanque une baffe, j’en perds trois dents.
Agnès a ri, bien sûr, comme d’habitude. J'avais parlé. Alors j'ai continué sur Robocop, l'ex-épouse d'un chirurgien esthétique qui s'était entraîné sur elle et qui l’avait lâchée pour d’autres peaux vierges à tailler. D’un âge plus que canonique, elle pense être encore une affaire bien que la gravitation ait poursuivi son œuvre. Elle harcèle tous les mâles présents dans la salle de musculation, histoire de ne pas laisser sa féminité se rouiller. Même moi. Le côté parfaitement lisse de mon désintérêt a fini par la rebuter.
Après quelques vacheries sans inspiration particulière, je suis revenu au sortant. Apparemment pas un nouveau. Rugbyman savaient certaines, et des plus agréables, chaleureux avec toutes. Et moi qui l'avais raté dans les vestiaires… je m'en voulais.
Le lendemain, je l'ai encore raté dans les vestiaires. Quand je buvais le café, il était déjà tout au fond de la salle à remuer de la fonte. Mais il est venu remplir sa gourde au distributeur qui, sur le comptoir, offre un certain nombre de possibilités et là je n'ai vu que ses mains, celle qui tenait la gourde et l'autre, sur le poussoir au-dessus. Son avant-bras un rien velu, ses doigts pas très longs vu sa taille, mais costauds. J'ai aimé le naturel de leurs mouvements. Naturel et sobriété.
Puis c'est dans la rue que je l'ai revu.
À pied, je n'habite pas à plus de cinq minutes de la salle de gym. Et là, ça j'en suis sûr ! c'est d'abord le chien que j'ai remarqué. Un jeune chien tout fou, heureux dans les jambes de son maître vers lequel il levait sans cesse la tête comme pour chercher à deviner ce qui pourrait lui plaire, vite entravé dans une laisse qu'il avait oubliée. C'est comme ça que mon regard a glissé le long des jambes du maître. Des jambes gainées dans un jean. Un jean dont j'ai aussitôt admiré la résistance tant il était distendu par la puissance musculaire qui le mettait à l'épreuve. Pas un de ces jeans préblanchis aux mollets, aux cuisses et aux fesses pour faire de chacun une statue grecque tant qu'on le voit de loin. Celui-ci avait blanchi sous le harnais. Il avait du mérite à ne pas lâcher aux coutures. Ce n'était pas un jean slim, adhésif, dans lequel on se glisse au prix d'un bel effort et qui vous moule comme un gant. Un jean tout à fait normal, le bleu de base, mais comblé jusqu'à l'overdose par le corps qui l’emplissait. Alors bien sûr ça a fait tilt ! avant que mes yeux n'aient escaladé jusqu'à la tête. Ces cuisses féroces qui frottaient à l'entrejambe, ce cul plein… J'ai pensé à lui et c'est alors seulement que j'ai levé les yeux et reconnu la tignasse noire sous la casquette. Quand il a tourné à l’angle, j’ai retrouvé la barbe aussi drue. J'ai senti mon cœur battre comme à la fête. C'était bien lui. Et j'aimais qu'il ait ce genre de chien. J’aimais surtout qu’il ne le domine pas plus que l’élan de ses cheveux joyeusement hirsutes, juste contraints par la casquette. La joie du chien dans ses jambes ne déclenchait aucun ordre cinglant. Il le regardait seulement vivre avec un sourire amusé et le dégageait de sa laisse quand finalement elle le coinçait.
Négligeant l'ascenseur, j'ai grimpé mes escaliers, joyeux comme un cabri. Pourquoi joyeux ? Aucune idée.
En tout cas, c'est à partir de là que j'ai commencé à l'avoir souvent en tête. Toujours souriant. C'est cet air de naturelle bienveillance, de naturel tout court qui m'obsédait. Quoique ce ne soit pas le bon mot. Non, j'étais juste sensible à ce naturel dont j'ai toujours été incapable. Du moins est-ce comme ça que j'ai commencé à beaucoup penser à lui.
 
 
 
Chapitre 2
 
 
Il faut dire que la plupart des mecs se débrouillent sur les machines des salles de musculation qui sont dans l'alignement de l'accueil. Moi, je ne fréquente que les cours qui se tiennent dans une tout autre partie des bâtiments de cette ancienne usine désaffectée. Le problème c'est que je suis presque seul avec des femmes. Ça me fait de belles complicités ou une inépuisable source de railleries, mais peu de mâles auxquels accrocher ma paupière, sauf Maxime, bien sûr, quand c’est lui le prof.
Mais nous avons quand même fini par nous retrouver dans les vestiaires. J’y étais seul après un cours. J'avais eu le temps de me doucher et presque de me rhabiller quand il est entré. Souriant, bien sûr, et la main tendue pour serrer la mienne. Pas chaleureux comme le mec qui se soucie de plaire, chaleureux comme un homme heureux, épanoui et qui voit le monde à son image. Comment ne pas en être emballé ?
Je regrettais d’autant plus de n'avoir pas traîné sous la douche et pris du retard, qu'ayant sorti son sac du casier pour le poser sur le bout de banc que j'avais libéré d'un geste franc en virant la moitié de mes effets par terre, il préparait sa serviette et le gel douche avant de faire passer le T-shirt par-dessus sa tête. Alors en ramassant mon sac et mes affaires, j'ai attaqué :
— J'ai vu que vous avez un jeune chien tout fou ! J'adore les boxers.
Pile ! J'étais tombé sur un enthousiaste.
— Un bouledogue ! Ce n’est pas un boxer, c'est un bouledogue. Mais tout jeune, effectivement. C'est vrai qu'ils sont attachants…
Mais pourquoi avais-je lancé du « vous » à ma première attaque ! Je dis « tu » à tout le monde, tout le monde dit « tu » à la salle de gym, et là, je le plaçais d'office à l'écart avec mon « vous » ! Je n'arrive jamais à dire « tu » quand c'est grave ! Je veux dire quand je suis intimidé et que ça me touche. Mais même mal parti, c'était parti. Et je parlais chien avec enthousiasme, et il m'écoutait en continuant à se préparer pour la douche.
J'étais rhabillé, mon sac prêt, mais je pouvais rester devant lui pour finir ma phrase. Il ne me lâchait ni des yeux ni du sourire quand je racontais mes souvenirs du boxer d'un oncle qu'on faisait courir sur la place, avec mon cousin, après le marché, quand les employés de la mairie nettoyaient l'espace à grandes eaux. C'était il y a des années. On était ados. Mais je voyais bien qu'il suivait le film et que j'aurais pu broder encore. Seulement il était juste en slip. J'ai salué et lui ai tourné le dos quand il a crocheté ses pouces sous l'étoffe, prêt à se flanquer à poil sans façon. J'ai pas osé traîner. J'ai eu peur que malgré moi mon regard glisse et me trahisse. Ou que je rougisse. Je suis quand même sorti d’un pas joyeux, le cœur gonflé, avec dans l'oreille la chaleur de sa voix qui répondait à mon salut.
Et pourtant j'avais tellement voulu ne rien laisser perdre de ce moment tranquille où il s'exposait sans façon que je n'avais finalement rien vu, sinon une impression agréable de puissance calme.
Bref, en gros, ça allait.
 
 
 
Chapitre 3
 
 
Puis je suis retombé sur lui et le chien, dans la petite rue en face où je passe pour aller au centre-ville à pied. C'est une rue étroite, en sens unique. J'ai d'abord vu une voiture arrêtée au milieu. Mais avant de m'emballer mentalement sur l'incivilité de mes congénères, je l'ai vu ouvrir l'arrière pour en faire descendre le chien qui bondissait tout fou et s’engouffrait par une porte qu'il avait ouverte avant de s'apprêter à remonter dans la voiture dont le moteur ronronnait. Mais là j'étais tout près et il m'a vu.
Arrêt, sourire ouvert, main tendue. C'était reparti. Seulement cette fois il m’intimidait. Sans casquette, mais avec des lunettes de correction et une veste bleue qui lui allait d'ailleurs très bien. La veste, je veux dire. Alors évidemment ce changement me perturbait. J'ai juste lâché :
— Vous habitez là ?
— Oui, j'habite là.
— Alors nous sommes voisins. Je vis dans l'immeuble, là-bas.
Heureusement qu'il est parti. J'étais si perturbé qu'il l'aurait forcément remarqué. Du coup, je n'ai même pas lu ce qui était écrit sur la voiture. Un truc d'entreprise. Je n'ai même pas su voir laquelle. Après coup, bien sûr…
Moi j'en étais resté à ce qu'on m'avait dit : rugbyman. Il avait le format et ce format, je connaissais. Il y en avait d'autres qui venaient, périodiquement, des gens de l'équipe locale aux fins de mois largement assurées. Mais pourquoi n'avais-je pas été foutu de lire ce qui était écrit sur les portes de la voiture et répété sur le hayon arrière !
Décidément, cet homme me perturbait. À m'en dégoûter de moi-même ! Et à le dégoûter, peut-être…
 
 
 
Chapitre 4
 
 
Dimanche. Premier tour des él

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