Le Malamour
131 pages
Français

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Description

Le Malamour
Alec Nortan
Roman de 392 000 caractères, 69 000 mots, 326 pages en équivalent papier.
Depuis toujours, Abe vit un amour par procuration avec Kelly, son idéal masculin, bien que le seul lien avec l’objet de son affection soit le poster du dernier film de l’acteur, accroché dans sa chambre.
Physiquement, Stephen est l’exact opposé de la star de cinéma. Pourtant, lorsqu’Abe le rencontre, quelque chose se passe qui l’incite à reconsidérer ses sentiments.
Stephen entraîne Abe dans une découverte de sexe effréné : sex-clubs, séances masochistes... Abe n'arrive pas à définir leur relation. Jusqu’au jour où Kelly débarque en chair et en os dans la vie de Abe, qui découvre enfin les joies d’une véritable relation amoureuse, simple et épanouissante.
Entre un amour destructeur et un amour tendre et entier, Abe devra faire un choix qui s’avère moins facile qu’il n’y paraît.


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: Éditions Textes Gais


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 04 avril 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9791029402708
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le Malamour
 
 
Alec Nortan
 
 
 
Première partie
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Deuxième partie
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Troisième partie
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
 
 
 
 
Première partie
 
 
 
Chapitre 1
 
 
Abe garda les yeux fermés. Il se refusait à les ouvrir. Les moindres détails du visage de Kelly étaient gravés dans sa mémoire : de longs cheveux châtain foncé attachés par un catogan, une barbe de trois jours soigneusement entretenue, un nez parfaitement droit, des lèvres fines et des yeux… Ses yeux… Le marron de ses iris était cerclé d’une couronne verte étincelante. Abe aurait pu les regarder pendant des heures.
Il était légèrement plus petit qu’Abe, ce qui était parfait, avec un corps presque imberbe. Il était plutôt fin, mais sans une once de gras, ses muscles étaient dessinés. Il était parfait, et Abe ne trouvait rien qui mérite d’être changé.
Sa main glissa le long de la verge dure d’Abe.
Lentement vers le haut, jusqu’au bout sensible.
Lentement vers le bas jusqu’à la base cernée de poils.
Lentement vers le haut.
Un doigt joua avec la fente, tout au sommet de son gland, envoyant une irritante vague de plaisir à travers tout son être. Il joua avec la goutte de sperme qui s’en échappa, déclenchant une nouvelle vague de plaisir si intense qu’elle en était presque insupportable. Il fallut à Abe toute sa volonté pour ne pas jouir à l’instant même, pour faire perdurer cette torture orgasmique encore un peu. La fine peau qui couvrait le gland était si sensible qu’elle en était presque douloureuse, mais il voulait que cette douleur dure une éternité, jusqu’à ce que son cœur explose de délice.
Abe pouvait quasiment sentir la bouche s’approcher, la langue prête à lécher le précieux liquide. Cette simple idée lui fit perdre tout contrôle. Le premier spasme fut si violent qu’il arqua le dos et qu’il poussa un cri puissant. Le second spasme le fit sombrer dans un océan de jouissance.
De longues giclées de sperme s’étalèrent sur son torse.
Lorsque les spasmes s’arrêtèrent, le souffle court, Abe ouvrit les yeux. De sa main libre, celle qui ne tenait pas sa verge qui mollissait doucement, il attrapa les mouchoirs en papier posés sur la table de nuit, à côté de son lit, et s’essuya. Il s’assit ensuite sur le rebord du lit. Face à lui, accolé au mur, se trouvait un poster de Kelly Hugh, presque en taille réelle, son regard vert intense fixé sur lui. Au-dessus de sa tête, le titre du film, Police Défectueuse , s’étalait en lettre couleur métal.
Abe se leva et s’éloigna, un peu honteux de lui-même, comme après chaque relation imaginaire qu’il avait avec Kelly. Cela faisait des années qu’il en était amoureux, même s’il savait que le bout de ses doigts ne caresserait jamais rien de plus que ce torse en papier glacé.
 
*
* *
 
— Hé, Abe ! Tu veux venir avec nous ? On va prendre un verre chez Stacy.
Abe leva les yeux de son écran d’ordinateur. Melv, Gerry et Tessa, la seule fille de leur petite start-up, l’attendaient près de l’ascenseur. Ils se connaissaient tous depuis la maternelle, et avaient créé leur entreprise de programmation après l’université. Rien de flashy ni de cool. Ils avaient créé un logiciel de gestion efficace que les entreprises locales, assurées d’un service personnalisé et d’une réactivité immédiate, avaient acheté, et leur petite entreprise était lancée. Ils auraient pu employer d’autres personnes, mais ils préféraient garder leur clientèle restreinte, mais fidèle, et une taille humaine.
Stacy était un bar proche de leurs bureaux dans lequel ils se rendaient parfois pour boire quelques bières et mater les serveuses légèrement vêtues. Tessa n’était pas la dernière à s’y rendre. Elle n’avait jamais fait grand secret de ses préférences sexuelles ; au contraire, elle avait embarrassé Abe plus d’une fois en annonçant à brûle-pourpoint à de parfaits étrangers qu’elle était lesbienne. Abe suspectait même qu’elle le faisait pour le plaisir sadique de le faire rougir.
— Merci, mais il faut vraiment que je finisse de coder cette fonction ce soir. Amusez-vous !
Il les salua de la main. Ils entrèrent dans l’ascenseur et disparurent lorsque les portes se refermèrent.
Abe s’étira et se pencha en arrière sur sa chaise, le regard fixé sur le plafond blanc. Il appréciait ses amis, mais ils ne le comprendraient jamais vraiment. Ils ne comprendraient jamais qu’il était tombé amoureux d’un homme qu’il ne rencontrerait jamais. Ils ne comprendraient jamais que pour Abe, le sexe avec un autre homme que Kelly était inimaginable. En fait, même sortir avec un autre homme était sans aucun intérêt, et même impensable. Il aurait l’impression de tromper la star de cinéma, et ce n’était pas son genre. Il était amoureux, et il vivait une relation exclusive.
Même s’il la vivait seul.
 
*
* *
 
Quand Abe se décida enfin à rentrer chez lui, il était presque minuit. Il aurait pu s’arrêter avant, et revenir le lendemain matin pour finir, mais la dernière fois que l’un de ses amis et associés avait remarqué qu’il était revenu travailler un dimanche, ils s’étaient tous unis contre lui et avaient tout tenté pour lui trouver un petit ami – et une vie. Il avait survécu à trois mois de fêtes, de sorties en couples, de soirées arrosées et même d’inscriptions sur des sites de rencontre avant qu’ils abandonnent enfin et décident qu’il était irrécupérable. Depuis ce jour, Abe évitait soigneusement de retourner travailler au bureau les dimanches, de peur d’avoir à revivre tout cela encore une fois. À la place, il s’était acheté sans leur dire un portable, et travaillait de chez lui.
Ça ne le dérangeait pas. Il aimait coder, rechercher des optimisations du programme, débusquer les bugs. Et puis il lui était plus facile d’interagir avec des zéros et des uns qu’avec des personnes. Après tout, la seule version de Kelly dont il approcherait jamais était faite de zéros et de uns gravés sur un disque Blu-ray.
Il avançait sur les trottoirs des rues vides, en fredonnant un air sans queue ni tête. La nuit de début d’automne était encore tiède, et il savourait sa promenade. Il tourna à droite sur la rue Richmond. Un peu plus loin devant lui, plusieurs hommes étaient regroupés sur le trottoir, parlant et riant. Même aussi tard, il y avait toujours quelques clients qui fumaient ou discutaient devant l’entrée du club gay.
Abe n’y était jamais entré. Pourquoi faire ? Ce n’était pas là qu’il allait rencontrer Kelly.
Il s’apprêtait à traverser la rue comme à son habitude lorsque son regard croisa par hasard celui de l’un des hommes qui discutaient. Cet échange ne dura qu’une fraction de seconde avant que ce dernier tourne la tête et disparaisse dans le club, mais il suffit pour qu’Abe s’arrête net. Il regarda la porte se refermer. Il ne pouvait pas vraiment dire à quoi ressemblait l’homme, mais quelque chose en lui avait secoué Abe jusqu’aux tréfonds de son âme. Il se sentait à la fois stressé et euphorique.
Et curieux.
Il n’avait jamais rien vécu de tel jusque-là.
Il réalisa que les hommes l’observaient. L’un d’entre eux, petit et maigre, avec des cheveux noirs et un jean tellement serré qu’il en était presque transparent, le fixait comme s’il allait se précipiter sur lui et le frapper. Abe ne savait pas combien de temps il était resté là, à regarder cette porte bêtement, sans bouger, mais ça faisait certainement suffisamment longtemps pour passer pour un pervers ou un homophobe. Il détourna les yeux et traversa la rue avant de s’éloigner sur la rue des Cerisiers.
 
*
* *
 
Le lendemain matin, Abe se réveilla de bonne heure et fatigué, non pas parce qu’il avait peu dormi, il ne dormait jamais plus de six ou sept heures, mais à cause des rêves qu’il avait faits. Toute la nuit, il avait rêvé que quelqu’un l’observait, mais où qu’il regarde, il ne parvenait jamais à trouver qui. Il avait beau se tourner et se retourner, essayer de trouver l’origine ce regard qu’il sentait posé sur lui, cette personne lui échappait toujours. Il tentait de s’échapper, mais il n’échappait jamais à cette sensation d’être observé. À son réveil, il fut soulagé d’être libéré de ce rêve et de se retrouver à nouveau dans sa chambre où les seuls yeux qui l’observaient étaient ceux de Kelly.
Ils lui étaient si familiers. Il en connaissait les moindres paillettes de marron doré ou de vert glorieux. Il en connaissait la forme, légèrement étirée, en amande. Ses cheveux foncés étaient de la même couleur que ceux d’Abe, mais ils étaient tellement plus beaux… Même les quelques cheveux prématurément blancs ne faisaient qu’ajouter aux charmes de l’acteur.
Abe se leva et alla dans la seule autre pièce de son petit appartement. Il ouvrit son ordinateur portable et l’alluma. Comme dans ses rêves, il se sentit observé, même si cette fois il n’eut aucune difficulté à en trouver la raison : le regard de Kelly posé sur lui qui l’empêchait de se concentrer sur son travail. Il se releva pour fermer la porte de sa chambre, mais malgré cela, le sentiment désagréable que quelqu’un le regardait perdura. Incapable d’y échapper, il referma son ordinateur, et ramassa son sac de sport qui l’attendait dans un coin. La piscine était toujours l’endroit idéal pour se changer les idées et oublier ce qui le taraudait.
Vingt minutes plus tard, il plongea dans l’eau chlorée et oublia tout. Il avait la ligne entière pour lui tout seul, et n’avait pas à s’occuper d’autres nageurs.
Quand il nageait le crawl, il sentait l’eau glisser sur sa peau. Il regardait le fond du bassin, teinté du bleu de l’eau, avec la ligne noire qu’il suivait. L’eau le portait et étouffait tous les sons, et c’était comme s’il volait dans un ciel vide, comme s’il était seul au monde.
Il commença doucement, pour s’échauffer, tirant puis poussant l’eau d’un bras puis de l’autre tandis qu’il

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