Le naufragé des neiges
75 pages
Français

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Le naufragé des neiges , livre ebook

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Description

Le naufragé des neiges
BJ Valbornhe
Roman de 270 000 caractères, 46 000 mots, 225 pages en équivalent papier.
Un jeune surfer disparu lors d'une équipée en snowboard est retrouvé en hypothermie par Clives guide de haute montagne installé dans un hameau perdu à 2500 m.
Rendu amnésique par l'accident, Clives l'héberge pour l'hiver en attendant que lui revienne la mémoire. Le surfeur sait seulement qu'il est gay, cuisinier et très vite envoûté par le charisme bourru de son sauveteur. Quadra solitaire celui-ci n'a que faire de l'attrait qu'il exerce...


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Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 17 avril 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9791029404030
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le naufragé des neiges
 
 
 
BJ Valbornhe
 
 
 
1. Un garçon perdu dans la neige
2. Sauvé !
3. Voyeurisme
4. Choc post-traumatique
5. Amnésie
6. Non dit
7. Crise nocturne
8. Gênes
9. Par surprise
10. Tope là !
11. Lessives
12. Mémoire
13. Gaspard
14. Ô nuit...
15. Pèlerinage
16. Équivoque
17. Dérapage incontrôlé
18. Chants des loups
19. Complication...
20. Savoir parler aux hommes
21. Aveu, mais trop tard
22. Raide dingue
 
 
 
 
1. Un garçon perdu dans la neige
 
 
La neige avait enfin fini de tomber.
Pour combien de temps, assez pour trouver cet abruti ? s'inquiétait Clives.
La météo locale estimait l'accalmie d'une durée de trois à quatre heures au mieux. Avec un peu de chance, il pourrait tirer parti de cette fenêtre pour localiser l'abruti accidenté, le prendre en charge et peut-être le sauver s'il était encore en vie. L'alerte lui était parvenue par son téléphone satellitaire :
« Skieur monoski haute montagne, dévissé vers la Grand'Combe. Voir si possibilité de secours. »
Encore un abruti, s'était dit Clives.
Il était fin prêt depuis un moment dans l'attente de l'accalmie justement. Il s'était tout de suite mobilisé. La Grand'Combe était son secteur. Il arrivait l'hiver qu'un type de ce genre d'abruti joue les héros et de presque trois mille mètres s'amuse, si on peut dire, à dévaler d'étroits goulets enneigés, raides comme la mort et, à l'occasion l'y trouve justement. L'été il secourait plutôt des randonneurs imprudents, mal chaussés, égarés ou accidentés qu'il fallait ramener à bon port. Clives avait le savoir-faire, le matériel, l'habitude et une solide exaspération contre ces inconscients.
« OK, avait-il répondu, je vois le secteur, je me mets en route, je préviens le musher de préparer ses chiens et le traîneau, qu'il vienne à ma rencontre.
L'abruti... Il soupira. Les gens croyaient qu'il suffisait d'aimer la montagne pour qu'elle les aime et le payaient cher.
Tous ces jeunes types qui se croient plus malins qu'elle et qui pensent en maîtriser les chausse-trapes ! Ils se font déposer sur leur planche à presque trois mille mètres et ils te dévalent des pentes invraisemblablement abruptes pour se donner des frissons !
Il endossa, d'un geste brusque, son sac de secours par dessus sa veste de montagne, cala son épais bonnet sur sa tête, ses lunettes sur le nez, les jumelles autour du cou, enfila ses moufles.
Ensuite ils se la jouent héros et se prennent pour les rois du monde, mais quand ça tourne mal, « allo maman bobo » il faut mobiliser la cavalerie, rien que pour eux, hélicoptères, cordées de guides ou pauvre crétin de secouriste de service...
Aujourd'hui pas de chance, trop de chutes de neige et le jeune, dans les vingt-cinq ans lui avait-on dit, avait passé... ou pas la nuit dans le froid  ! À cette altitude et en cette saison, même bien équipé...
Si l'accalmie tenait bon et surtout durait les trois bonnes heures promises par la station météo, alors il pourrait peut-être trouver le corps et s'il le trouvait, le redescendre.
Il sortit du chalet, chaussa ses skis, un œil sur les hauteurs, un ou deux sursauts sur place pour mettre en route la machine et, fin prêt, Clives attaqua la montée. C'était un grand type au visage buriné d'une jeune quarantaine, carrure d'athlète, cheveux mi-longs d'une couleur indéfinissable... blond vénitien peut-être, yeux verts qui pouvaient être aussi glacés qu'une eau de montagne. Un corps sec, des gestes précis et puissants, un taiseux. Installé depuis dix ans dans ce hameau à deux mille trois cents mètres. Guide estival, photographe estimé faisant paraître des livres d'art, gérant quelques chambres d'hôtes réparties sur trois autres petits chalets, livreur de bois de chauffage... La vie solitaire, il l'avait choisie.
Si les renseignements donnés par la météo se maintenaient, qu'il en aurait pour deux bonnes heures de montée, au mieux. Même chargé d'un corps, du corps de l'abruti, il y arriverait, avec un peu de chance. S'il était encore vivant... Mais les choses peuvent changer très vite en montagne, le gosse s'être égaré et avoir crevé de froid, au sens propre... et lui se trouver piégé dans des bourrasques soudaines ou une coulée de brume tombant des sommets...
Heureusement il connaissait sur le bout des skis cette portion de montagne comme d'ailleurs tout le coin jusqu'aux plus hauts pics. De très belles balades l'été, même si sur cette partie les névés demandaient des précautions. Par contre en hiver la randonnée était périlleuse. La vaste combe dans laquelle venaient s'échouer les failles et les coulées descendant des plus hauts sommets, cette combe uniformément concave n'offrait rien qui puisse permettre de se repérer, un peu de brume qui cacherait les reliefs, une coulée qui effacerait les traces et il y tournerait en rond jusqu'à s'y épuiser de froid. Seuls ses traces et quelques repères pouvaient lui permettre de revenir sur ses pas, et de retrouver le bord de la combe, pour autant qu'il ne reneige pas avant son retour.
C'était quelque part dans les parties hautes de cette combe que devait attendre l'abruti qui s'était cru roi de la montagne, avait sûrement été surpris dans un passage particulièrement étroit et pentu, puis aspiré par une accélération incontrôlable dans la pente. Clives avait oublié son nom.
Zut, il chercha, pour réveiller un type le prénom est souvent utile. Gaspard ! Oui.
Ses compagnons étaient sans nouvelles de lui depuis la veille au soir... il devait avoir fini dans la poudreuse en capilotade, inconscient et vite congelé. Il le retrouverait à moitié démembré, tordu, cassé, tel un pantin désarticulé et sans vie, qu'il pourrait s'il avait de la chance repérer grâce à sa tenue colorée. À moins que cette tenue ait pu, par chance, le protéger de l'hypothermie.
La neige est belle pour monter, poudreuse, mais pas trop molle.
Il pouvait plus sûrement hélas avoir été étouffé, enseveli sous une coulée de neige ou bloqué dans une congère qui se serait formée autour de lui pendant sa chute. Clives comptait sur les traces laissées dans la neige fraîche, des traces que sa vraisemblable roulade devait avoir laissées.
Mais il a neigé depuis... À la vitesse qu'il aura prise dans la pente, il ne pourra s'être arrêté tout de suite.
Pour quoi Clives avait pris l'itinéraire, épuisant, qui le ferait arriver au-dessus de la combe, en un en point d'où il pourrait avoir une vue plongeante sur toute l'étendue en espérant que le gars ne serait pas tombé à l'autre bout. Il devrait avec ses jumelles, spécialement conçues pour repérer les traces de chaleur corporelle, arriver à parer l'éblouissement du à toute cette blancheur ou à l'inverse le brouillage de la brume si par malheur il lui prenait de dévaler des hauteurs.
Imprévisible...
Ça y était, il avait attaqué la grande montée. Il aimait sentir son corps répondre à l'effort qui l'irradiait d'une sorte de jouissance soft, continue. Ensuite le rythme prit, son souffle calé, l'effort calibré, il laisserait son esprit vagabonder.
Il avait prévenu Nadia, en bas, qu'il partait en expédition de recherche. Nadia s'inquiétait, Nadia s'inquiétait trop. Non seulement il ne voulait pas qu'elle s'inquiète, mais il ne voulait surtout pas lui donner d'illusion. Une maîtresse oui, une compagne non. Il faudrait qu'ils éclaircissent la situation la prochaine fois qu'ils se verraient. Ce ne serait pas demain. Vu ce qu'il était tombé et ce qu'il tomberait, le téléphérique était en arrêt jusqu'au printemps. Descendre même en traîneau exigerait quelques journées de beau temps afin de conforter le balisage de la route. Les piques de bois plantées dans le sol au bord abrupt de la chaussée demandaient à être vérifiées. De fortes chutes de neige en abattaient pas mal. Même un traîneau tiré par des chiens pourtant habitués à la voie, pouvait basculer dans une ravine voire carrément sombrer dans un ravin. Il ne la reverrait pas avant des semaines, il avoua qu'il s'en sentait, nonobstant le manque sexuel, plutôt soulagé. Il craignait les complications sentimentales.
Il revint à sa mission.
Pourvu que le petit gars là-haut, l'abruti, soit en vie.
Sylvain le musher devait être en train d'harnacher ses chiens, de sortir le traîneau, il le rejoindrait pour lui prêter main-forte, parti sans doute à une bonne demi-heure derrière lui. Sylvain ne prendrait pas par les hauts comme lui, il se tiendrait en bas de la combe, sur la piste habituelle.
Les chiens, il aimait bien les chiens, en cas de chute de neige ou de brouillard leurs aboiements le guideraient, s'il le fallait ils le retrouveraient. Les chiens de neige étaient une sacrée sécurité. Dommage que l'hiver il ne puisse se faire accompagner de Fitch, son gros Saint-Bernard.
Un peu comme on se fait une « checklist » avant une expédition ou un décollage et qu'on passe en revue les procédures, Clives se remémorait tout cela. Il repassa aussi le matériel qu'il avait dans son sac à dos. Tout ce qu'il fallait. Il avait l'habitude, quand on habite à l'année à deux mille cinq cents mètres d'altitude il y a des automatismes auxquels on ne prête même plus attention, du matériel prêt en permanence et le sac de secours d'urgence en étaient. Il se fit la remarque que ces automatismes, indispensables, pouvaient être dangereux aussi...
La routine...trop de sûreté de soi... C'est pourquoi il faisait toujours cette « revue de détail » en course. S'assurer...
Le téléphone satellitaire grésilla, il avait l'oreillette en place et le micro sous le menton. Le type de garde au centre de secours se lançait dans une explication confuse à propos de l'indisponibilité du dispositif, de la météo, d'une pièce qui devait venir de Chine... Clives coupa. Peu lui importaient ses arguties sans doute destinées à redonner bonne conscience à son interlocuteur. Il avait autre chose à faire qu'écouter la bureaucratie excuser les absurdes effets de la mondialisation. À moins que tout simplement les gars n'en puissent plus, en bas, de secourir des abrutis qui faisai

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