Les amours masculines de nos grands hommes
417 pages
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Les amours masculines de nos grands hommes , livre ebook

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Description

<p>Où l'on apprend avec stupeur que certaines des plus belles pages d'amour de la littérature s'adressaient en fait à des hommes... Que les plus grands rois de notre Histoire n'avaient cure de leurs épouses sauf à fin de lignée à perpétuer...</p>
Classées par ordre chronologique, voici 66 notices établissant les portraits de certains grands hommes de l'Histoire et de la littérature et révélant aux lecteurs les non-dits à leur propos, leur propre autocensure ou la censure de l'Histoire à leur égard, enfin, levant le voile pour révéler à tous qu'ils étaient... homosexuels (ou bisexuels).


C'est un travail estimable que Michel Larivière a réalisé avec cet ouvrage. Son introduction retrace une brève histoire de l'homosexualité depuis l'Antiquité. S'ensuivent les notices, rédigées d'une plume fluide, avec du style, du suspens même, le tout étayé de recherches tout à fait impressionnantes, dans une ambiance à mi-chemin entre Lagarde & Michard pour le côté docte, et Gala ou Point de vue pour le côté croustillant.


A notre époque de relents d'homophobie les plus délétères, fournir des révélations à la lumière de documents inédits, permettre de réfuter des idées fausses ou préconçues, des mensonges par omission, combattre les efforts de ceux qui continuent à censurer l'homosexualité dans l'histoire, tel est le but de cet ouvrage.





Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 24 juillet 2014
Nombre de lectures 186
EAN13 9782364904385
Langue Français
Poids de l'ouvrage 7 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0120€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

MICHELLARIVIÈRE
Les Amours masculines de nos grands hommes
La Musardine
Sous la direction de Sophie Rongiéras
© Éditions La Musardine, 2014 122, rue du CheminVert – 75011 Paris www.lamusardine.com ISBN de l’édition papier : 9782842717605 ISBN du numérique PDF : 9782364904385
À ma fille Sophie Soulez Larivière
Du même auteur :
Les Amours masculines, l’homosexualité dans la littérature. Préface de Dominique Fernandez, Éd. Lieu Commun, 1984.
Àpoil et à plume. Éd. Régine Deforges, 1988.
Le Dictionnaire des homosexuels et bisexuels célèbres. Préface de Pierre Bergé, dessins de Jean Cocteau. Éd. Delétraz, 1997.
Pour tout l’amour des hommes. Anthologie. Préface de Bertrand PoirotDelpech. Éd. Delétraz, 1998.
Note : Les citations sont référencées en bas de page, et les sources en fin de chapitre.
Avantpropos
DansLe Banquetde Platon, Zeus veut punir les andro gynes qui possédaient les caractéristiques des deux sexes et s’étaient rendus coupables de se mesurer aux dieux. Il coupe en deux ces créatures rebelles pour les affaiblir sans les détruire. Dès lors, chaque moitié passera sa vie à rechercher son complément. Chaque moitié d’homme va courir après son autre moitié d’homme. Chaque moitié de femme se précipite sur sa moitié de femme. L’homosexualité mascu 1 line et féminine est ainsi justifiée. Le mythe rejoint la réalité scientifique, comme l’explique 2 fort bien Élisabeth Badinter : l’embryon durant les premières semaines possède les deux sexes. Ce n’est qu’après une lutte entre les chromosomes que le masculin l’emporte sur le féminin, raison pour laquelle l’homme conserve les tétons qui sont des seins avortés. Ces précisions morphologiques m’amènent à rappeler la différence essentielle entre androgyne et hermaphro dite. L’hermaphrodite d’origine mythique (le marbre du Louvre) possède les attributs des deux sexes, à la différence de l’androgyne (du grecandrogynos) qui signifie homme femme, possédant les caractéristiques des deux sexes sans être pourvu des deux organes. L’hermaphrodisme est anatomique, l’androgynie plus psychique que corporelle. L’androgyne est pourvu d’un sexe masculin en contradic tion avec son corps. Shakespeare s’en désoledans son sonnetxiiidédié à Henry Wriothesley (probablement son protecteur, le comte de Southampton) : «Tu fus d’abord créé pour être femme, mais la nature délira, et par une addi tion me frustra de toi, en t’ajoutant une chose dont je n’ai que faire.»
1. Mon étude porte sur l’homosexualité et la bisexualité masculines, je laisse à une consœur histo rienne le soin de traiter du lesbianisme et de la bisexualité féminine. 2.X Y, de l’identité masculine, O. Jacob, 1993.
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Aux origines, l’amour est une fonction physiologique, comme le fait de respirer ou de se nourrir, qui n’est pas affectée par la moindre valeur morale et – pour certaines civi lisations – n’a aucun lien avec la procréation. L’orgasme, dépourvu de finalité créatrice, possède une signification magique. La paternité est comprise comme un de ces effets magiques nullement automatique mais bien hasardeux. Comme l’homme ne voit aucun lien direct entre l’acte sexuel et la procréation, peu importe le sexe du partenaire, puisque l’amour n’a qu’un seul but : le plaisir. Le comportement homosexuel est partie intégrante de la culture collective, tout homme est obligé de s’y conformer. Le seul principe est la dominance du mâle sur ses parte naires des deux sexes. Lorsque l’amour hétérosexuel appa raît comme le seul agent de procréation, l’amour homosexuel se trouve marginalisé, mais il est cependant si profondé ment entré dans les mœurs que de nombreuses civilisations héritent cette pratique. Les historiens sont d’une étonnante discrétion sur les initiations pédérastiques qui sont institutionnalisées parmi les tribus indoeuropéennes, particulièrement chez les Kiman et les Marind. Dès les premiers signes de la puberté, le jeune garçon est enlevé à sa mère, confié au grandpère qui, pour faire de lui un homme, le sodomise et lui fait téter son pénis, afin – selon la croyance – de procurer à ce jeune corps le sperme dont il a besoin pour devenir un mâle, un chasseur. Si le grandpère est mort, c’est au père que revient l’obligation de cette pratique. Si le garçon est orphelin, c’est l’oncle maternel qui assurera cette initiation qui durera environ trois ans, le temps que le garçon dépasse le stade de la puberté. L’initiateur était donc bisexuel, sans le savoir. Lors de la cérémonie finale d’initiation, tous les jeunes garçons costumés, coiffés et peints rituellement sont amenés dans une clairière. Après la danse, tous les hommes présents sodomisent pour la première et la dernière fois les garçons avec lesquels ils n’ont pas de parenté. Après cette orgie, le garçon est devenu homme et chasseur. Quelques
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années plus tard il prendra femme et, à son tour, deviendra un jour l’initiateur d’un jeune garçon. Dans la tribu des Sambia en PapouasieNouvelle Guinée, l’initiation est différente. Les Sambia séparent les garçons de leur mère dès l’âge de 7 ans, et les obligent à faire des fellations à tous les hommes de la tribu, en ayant soin de bien avaler le sperme qui remplace le lait maternel. Il est strictement interdit d’inverser les rôles, les hommes ne doivent jamais sucer un jeune garçon. Le jeune homme nouvellement initié doit prendre rapidement femme. La masturbation est condamnée pour gaspillage, le rituel de la voie anale ou de la voie orale est le seul qui préserve le sperme précieux. Religion et homosexualité vivent en bonne harmonie dans les premières civilisations : les livres sacrés de l’Inde évoquent le culte rendu au dieu Shiva dans son temple, non par la prière mais par l’accouplement sacré. Dans ce « sacrifice de sperme » il n’y a entre l’homosexualité et l’hé térosexualité qu’une différence de rite, et l’accouplement homosexuel, puisqu’il ne procrée pas, est considéré comme un hommage aux dieux plus gratuit et désintéressé. Les sculptures du temple de Chapri en Inde Centrale montrent 1 la fellation rituelle d’un moine sur un visiteur. C’est évidemment dans l’Antiquité grécolatine que nous trouvons l’apologie la plus constante et la plus complaisante de la pédérastie, sans la moindre censure. Les Anciens parlent sans retenue du désir qu’ils ressentent pour le sexe semblable au leur, et chantent librement les plaisirs de cet amour. Le clivage entre hétéro et homosexualité est un concept absolument inexistant dans les civilisations antérieures au christianisme : les Grecs de l’Âge d’Or sont bisexuels sans en avoir défini le concept. La pédérastie n’est pas une tolé rance, mais une véritable institution avec ses règles, ses principes de bonne conduite, comme dans leBataillon Sacréde Thèbes, formation militaire composée de couples
1.L’Érotisme divinisé, A. Daniélou, BuchetChastel, p. 93.
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d’amants. Dans un couple, le plus âgé doit être viril, actif et accessoirement barbu, le plus jeune féminin, passif et impérativement imberbe. La pédérastie se justifie par un rapport bénéfique entre l’éraste, adulte actif et l’éromèneadolescent passif. L’enlèvement et l’initiation du jeune garçon par son amant, hérités des plus anciennes coutumes crétoises, sont remplacés en Grèce par un rituel plus civilisé : le passage en douceur de l’âge tendre à l’âge viril par l’éducation des sens et de l’esprit. La pédérastie antique n’a rien de commun avec ce que nous appelons aujourd’hui homosexualité. Pour les Grecs, la pédérastie n’est qu’une étape dans la vie de l’homme. L’érastequi continue à préférer les garçons à sa femme ne s’oppose ni aux principes ni aux valeurs de la société : il ne fait que privilégier l’une de ces valeurs pour suivre le goût où sa nature l’entraîne. Homère dansl’Iliadeet dans lesHymnes,Pindare dansLes Olympiques, Lucien dansLe Dialogue des dieuxévoquent sans aucune censure l’enlèvement du beau Ganymède par Zeus afin d’en faire son amant. Ce n’est e qu’auxixsiècle que des exégètes pudibonds transformeront l’amant en échanson. Dans la mythologie, les Grecs, en se dotant de dieux et de héros pédérastes, cherchent à se façonner des modèles à leur propre image, sans aucune réserve ni censure. En revanche, ils témoignent une certaine réprobation enversl’éromène, qui, devenu adulte, refuserait l’évolution du mécanisme et resterait un amant passif au lieu de devenir unéraste. Avant l’anathème de Moïse : «Si un homme couche avec un homme, comme on couche avec une femme, ils ont fait tous deux une chose abominable, ils seront punis de mort et leur 1 sang retombera sur eux.au sens où nous» L’homosexualité, l’entendons maintenant, subissait déjà des interdits dans la Grèce antique. Si la pédophilie est tolérée avec un esclave, elle est en revanche très sévèrement châtiée lorsqu’il s’agit d’un fils de citoyen.
1.Lévitique, chap. 20.
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Autre tabou : le couple d’hommes du même âge, actif et passif à tour de rôle, est très critiqué, parce qu’il heurte le principe de hiérarchie. L’adulte doit être actif, le jeune ne peut être que passif. Aristophane chez les Grecs, Juvénal et Martial chez les Latins raillent avec férocité les hommes adultes qui demeurent passifs. L’anathème lancé par Moïse pouvait s’expliquer par la nécessité absolue pour le peuple Hébreu de croître et de se multiplier. C’est pour les mêmes raisons que les chrétiens, dès le début de notre ère, reprendront l’anathème par la voix de saint Paul. Cette condamnation s’inscrira dans les principes du christianisme, et particulièrement dans ceux de la religion catholique, qui pour limiter la sexualité à la seule procréation instituera le sacrement du mariage et inventera le péché d’homosexualité. Constantin, le premier empereur chrétien, applique à la loi civile les principes de sa nouvelle religion : il punit de mort tout acte homosexuel, même entre adultes consen tants. Cette loi, renouvelée par ses successeurs Valentin, Théodose et Justinien, va pendant plus de mille ans être la cause de plusieurs dizaines de milliers d’exécutions capi tales. Complètement à l’écart de la civilisation judéochré tienne et de ses anathèmes, culture et religion chinoise et japonaise intègrent la pédérastie comme une norme. Les empereurs de la dynastie Han (206 avant J.C.9 après J.C.) possèdent des harems de garçons, un témoignage littéraire en fait foi : avant de se lever pour donner une audience, AiTi, le dernier empereur de cette dynastie, plutôt que de réveiller son amant Tong Hsien qui s’était endormi sur son bras, préfère couper la manche de son vêtement. De là est née l’expression «l’amour de la manche coupée» que l’on retrouve dans la littérature chinoise. L’homosexualité et la prostitution masculine perdurent librement en Chine durant des siècles. Nous en avons la preuve par les lois promulguées durant la dynastie Song (9601280) qui réglementent la prostitution et interdisent l’enlèvement de jeunes garçons. Ces lois seront renforcées
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