Les Écorchés
68 pages
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Description

Les Écorchés
Jesse Devereau
Roman de 224 000 caractères, 38 000 mots, 186 pages en équivalent papier.
2019, Anthonin, nageur professionnel de 24 ans est victime d’une agression en plein Paris. Il est secouru par un homme de dix ans son aîné, Bruce, médecin légiste de profession. Ironie du sort, ce dernier a plutôt l’habitude de s’occuper des morts. Mais ce ne sera pas la seule entorse à son « règlement intérieur » puisqu’il est hétéro et qu'il se découvre une attirance pour le garçon qu’il a sauvé...
2010, une jeune orpheline prénommée Chloé a pour seule préoccupation de changer de sexe. Soutenue par son meilleur ami Gaétan, homo, elle doit combattre les préjugés et franchir les nombreuses étapes pour arriver à ses fins. Elle sera aussi aidée par l’infirmière du collège, une femme qui comptera pour Chloé.
Quels liens unissent Anthonin et Chloé ? Et entre Bruce et Anthonin, l’amour sera au rendez-vous, mais pas celui qu’on attend...
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Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 21 juin 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9791029403675
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les Écorchés
 
 
Jesse Devereau
 
 
Roman
 
 
 
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35
Chapitre 36
Chapitre 37
Chapitre 38
Chapitre 39
Chapitre 40
Chapitre 41
Chapitre 42
Chapitre 43
Chapitre 44
 
 
 
 
Chapitre 1
 
 
Cinquante mètres par vingt d’immensité azur et, au-dessus, la voûte céleste et ses étoiles, des étoiles par millions faisant virevolter et danser leur reflet au milieu des nageurs.
Anthonin avait pris ses habitudes dans cette piscine qui offrait un double avantage, celui de posséder un bassin olympique – c’était le plus important –, mais aussi un toit en velum qui était retiré de juin à septembre. La piscine Georges Hermant se trouvait dans le 19 e arrondissement de Paris, non loin des Buttes-Chaumont, mais aussi de son deux pièces situé de l’autre côté du parc, rue de Meaux. Écolo, le jeune homme aimait l’idée qu’il existât des poumons verts dans Paris, et le parc des Buttes-Chaumont par sa configuration en haricot formait véritablement un poumon. Comme il appréciait la présence de vastes plans d’eau disséminés un peu partout, quand bien même il s’agissait d’eau chlorée. C’était son écosystème, ses repaires, mais aussi ses repères. Car, à ses yeux de nageur professionnel, en dehors de la nature et de l’eau, rien d’autre n’existait et ne trouvait grâce à ses yeux. Oh, il n’était pas fier de dire qu’il n’éprouvait aucun plaisir à côtoyer ses semblables ! Pourtant, tout dans son attitude trahissait une profonde misanthropie.
Ah, si les choses avaient été autrement…
Il trouvait réconfort auprès du clapotis de l’onde qui lui confiait des secrets autrement plus intéressants que les éternels verbiages des humains. Les arbres et les plantes étaient ses amis, les animaux sauvages, sa famille.
Treize, c’était la durée en minutes entre la piscine et son appartement. Mais, en général, il mettait deux fois plus de temps. Rue Manin, il ne pouvait pas faire autrement que pénétrer dans le parc. C’était plus fort que lui, le contourner était au-delà de ses forces. Alors, il empruntait les allées que les topographes nommaient « avenues », un non-sens selon lui : pourquoi toujours vouloir tout ramener au champ lexical citadin ? La nature était une entité à part avec ses spécificités qu’il convenait de respecter. À chaque fois qu’il passait devant les pancartes, il se jurait de revenir, le soir venu, pour venir barrer cette ignominie et la remplacer par le nom qui correspondait le mieux à ses yeux : « Allée ». Mais jamais il n’avait eu le courage de le faire. Le courage ou l’audace. Pourtant, Anthonin était de ceux qui font bouger les lignes, et pas seulement celles de flottaison. Il était impliqué dans quelques associations citoyennes. Et il s’occupait aussi de sa petite vie, ce qui n’était pas une mince affaire !
Il ne s’en sortait pas trop mal.
Anthonin Beauregard était ce qu’on appelait un « beau mec », plutôt grand et finement musclé, un regard fuyant, mais séduisant, des cheveux châtains clairs, presque dorés, une fossette au menton qui lui donnait des airs de chérubin. Et il portait bien son nom : ses jolies prunelles vertes lui conféraient un charme qui troublait garçons et filles. Il était aussi ce qu’on appelait une « étoile montante » dans le milieu de la natation. Certes, il était encore loin d’une sélection pour les Jeux olympiques, mais il se classait souvent dans les dix premiers lors des championnats nationaux. Son prochain challenge, c’était d’accéder aux premières marches du podium, et c’était la raison de sa présence quotidienne dans le bassin olympique de la piscine Georges Hermant.
Et en ce mois de septembre débutant, il venait plus tard qu’à l’accoutumée, en fin de journée. Là encore il y trouvait plusieurs avantages : les lieux étaient moins fréquentés, ce qui plaisait tout particulièrement à l’animal farouche qui sommeillait en lui ; mais surtout la nuit tombant plus vite, il pouvait nager librement le dos crawlé et observer le ciel. Entre chien et loup, tout prenait une autre dimension. L’existence se balançait mollement dans un entre-deux des plus agréables. Pas tout à fait le jour, pas encore la nuit. C’était une transition. Une mue.
Des traînées lumineuses et chatoyantes zébraient un ciel pressé de retrouver la quiétude nocturne. Et chaque fois le spectacle était différent. Ces soirs-là, il était conscient qu’il ne progressait pas, il contemplait, emmagasinait ces images, elles étaient comme un film sur un immense écran projetées rien que pour lui, il ne fallait pas les rater. La tête sous l’eau, les autres mangeaient les kilomètres avec une gourmandise qui ne l’effrayait pas. Lui savourait ce spectacle divin et savoureux. Il mettrait les bouchées doubles en octobre quand on aura remis le velum, quand le noir céleste aura cédé sa place au blanc préautomnal. Il était de ceux qui prenaient leur temps. La performance, cela ne s’acquérait pas en un claquement de doigts, cela se faisait sur la durée, à force de travail et de patience. De même, d’un point de vue idéologique, il aurait préféré que le monde s’orientât vers la décroissance, et non vers cet idéal de croissance mortifère. Cette quête absolue avait ses limites, et on voyait bien que le monde était au bout d’un cycle. Il était confiant, les choses se feraient d’elles-mêmes, l’humanité finirait par se montrer raisonnable, non par volonté, par la force des choses. Par la force de la nature. C’était elle qui dictait sa loi in fine. L’être humain avait voulu la dompter, mais elle ripostait. Les tremblements de terre, les tsunamis, les crues et les inondations, toutes ces catastrophes étaient la preuve qu’il faisait fausse route. Il devrait retrouver le droit chemin avant qu’il ne soit trop tard.
C’était souvent avec toutes ces idées en tête, ses idéaux et ses colères, qu’Anthonin prenait sa douche. La piscine allait fermer d’ici peu. Ce soir-là, il était seul. Il aurait pu ôter son maillot de bain, mais il ne le fit pas. Non par pudeur, mais parce qu’il n’y pensa pas. Il avait encore la tête dans les nuages et les mains savonneuses. Elles s’agitaient de façon convulsive, sans avoir la conscience de quoi que ce fût il se frottait le corps sous l’eau chaude de ce lieu qui avait retrouvé son calme. Tout aurait été parfait s’il n’y avait eu les effluves de produits chimiques qui lui piquaient les narines. Aussi ne traînait-il pas. Il se rinça ses jolis cheveux clairs qui avaient davantage blanchi sous la mousse du shampoing et il la laissa ruisseler sur ses épaules larges, son torse glabre et ferme et sur ses abdos dessinés par l’entraînement quotidien. Son slip de bain bleu marine avait blanchi lui aussi. Une bosse séduisante lui donnait du relief, vertigineuse et harmonieuse, comme des montagnes enneigées. Il passa sa main sous le tissu pour laisser passer l’eau tout en sifflant un air qu’il avait inventé. On aurait pu croire qu’il était d’une méticulosité extrême. Du tout ! S’il repoussait la peau de son gland, c’était juste par réflexe. Un geste répétitif, à l’image de ses allées et venues dans le bassin, tous les jours de la semaine. Une habitude.
Ce fut, évidemment, à ce moment précis qu’entra la femme de ménage, balai espagnol dans une main et saut en plastique dans l’autre. Dans ses pensées, il ne se rendit pas compte de suite de sa présence. Il sifflait toujours, et c’est au moment où il se frotta les testicules afin de retirer la mousse qu’il ouvrit les yeux.
— Ce… Ce n’est pas ce que vous croyez, balbutia-t-il, les yeux écarquillés de gêne.
Anthonin retira si vite sa main de son maillot qu’elle bouscula son contenu : il se trouvait désormais avec le service trois-pièces offert aux yeux de tous, et surtout à ceux de cette femme ! Elle émit un cri aussi angoissant que ceux des films fantastiques que le jeune homme aimait regarder avant de s’enfuir, laissant balai et saut au milieu des douches. Anthonin ferma les yeux. Il prit une grande quantité de l’air, cet air chimique qui le gênait tant, et l’expira lentement.
Pourquoi ce genre de choses n’arrivaient-elles qu’à lui ?
 
 
 
Chapitre 2
 
 
La nuit n’était pas tombée encore, mais dans la forêt, il fallait connaître son chemin pour ne pas se perdre. Chloé le connaissait par cœur. À une centaine de mètres devant elle, quelques lucioles attirèrent son attention. Son imagination était intarissable ! En plein mois de janvier, il n’y en avait pas. C’était de la neige, comme de la poudre, qui avait dû, sur le passage d’un écureuil, être dérangée. Le froid commençait à lui picoter les oreilles, aussi elle sortit de sa doudoune un bonnet de laine bleu qu’elle enfonça sur sa tête. Elle avançait à grands pas. Face à elle, la fin du chemin, l’orée du bois, les souvenirs. Était-elle à ce point masochiste pour traverser cette masse sombre et inhospitalière en cette saison pour finir devant cette austère bâtisse qui l’avait vue grandir ? Non, elle ne l’était pas. Cette maison, c’était la sienne. La seule qu’elle ait connue depuis son entrée à l’internat. L’orphelinat de Sainte-Catherine.
Tenu par des sœurs, le lieu l’avait séquestrée cinq ans durant. Elle y avait passé toute son enfance. Et elle avait souhaité vieillir vite, être adolescente pour enfin fuir cet enfer ! Maintenant qu’elle était sauvée, elle venait le revoir, comme pour le narguer.
Son présent n’était pas enviable pour autant. On pouvait dire que c’était un moindre mal. Dans cet internat, elle n’était pas malheureuse. Mais elle n’était pas heureuse non plus.
Chloé était une survivante.
Quelques lueurs vacillaient aux fenêtres, tels des fan

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