Ludovic Taillefer ne prend pas de vacances
67 pages
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Ludovic Taillefer ne prend pas de vacances , livre ebook

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Description

Ludovic Taillefer ne prend pas de vacances
Jean-Paul Tapie
Roman de 265 000 caractères, 46 000 mots, le livre papier fait 174 pages.
Si, Ludovic Taillefer part parfois en vacances !
Mais même dans les endroits les idylliquement gays de la Terre, il ne connaît pas le repos. Sa perspicacité, sa détermination et son savoir-faire sont partout mis à contribution.
À Mykonos, on lui demande de retrouver la trace d'un gigolo indélicat.
À Ibiza, de mettre la main sur une jeune fugueuse.
À Fire Island, de confondre un invité malhonnête.
À Key West et à Saint-Tropez, on ne lui demande rien, mais sa conscience professionnelle est la plus forte.
Grâce à Ludovic Taillefer, le crime et la malhonnêteté ne profitent pas de leurs vacances !



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Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9791029403804
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les enquêtes déroutantes de Ludovic Taillefer
 
 
 
Ludovic Taillefer ne prend pas de vacances
 
 
 
Jean-Paul Tapie
 
 
 
Mykonos
Ibiza
Fire Island
Key West
Saint-Tropez
 
 
 
 
Mykonos
 
 
Georges-Alain m’a fait inviter chez son ami Spiros Katsoupis à Mykonos. Je n’y étais jamais allé. Je ne raffole pas des endroits à la mode où s’entassent les gays. On ne m’a jamais vu non plus à Ibiza, Saint-Tropez ou Sitgès.
Je ne me suis pas pris d’une passion soudaine pour ce genre de lieux. Mais je m’entends bien avec Georges-Alain et pour la première fois depuis plusieurs années, j’ai réussi à prolonger une liaison au-delà de la troisième semaine. Je ne sais pas pourquoi j’en suis d’ordinaire incapable. Je ne suis pas certain que ce soit uniquement de ma faute. Mes amants aussi, je pense, sont responsables de la brièveté de ces relations. Le plus souvent, en fait, ce sont eux qui me rejettent. Bon, ils ne me jettent pas comme un amant Kleenex, mais plus l’on se voit, plus ils semblent redouter de se faire pincer par leur femme, leurs enfants, leur famille, leurs amis, leurs associés, leurs relations, les membres de leur club de golf ou leur partenaire de bridge. C’est fou le nombre de réseaux dans lesquels sont inextricablement engagés les hommes de soixante ans – en tout cas, ceux que je fréquente, qui sont souvent des hommes d’affaires ou des professions libérales. Ce n’est pas que je sois irrésistiblement attiré par les hommes riches, mais j’aime les hommes qui réussissent et s’il y a bien un point commun entre tous mes amants depuis quelques années, c’est leur réussite professionnelle et sociale.
C’était le cas de Georges-Alain qui, alors que le temps des grandes vacances avait enfin sonné, était toujours mon amant. Je mentirais cependant en affirmant que je l’aimais. Je l’aimais bien, qu’est ce que l’on ressent pour quelqu’un une fois que l’on a compris qu’on ne l’aimait pas tout court. Je ne m’ennuyais pas une seule seconde avec lui, il assumait plutôt bien notre liaison et, sans me couvrir de cadeaux onéreux, il se montrait volontiers généreux avec moi.
Sa générosité et sa sérénité n’étaient cependant pas telles qu’il m’avait proposé de l’accompagner à bord de son Falcon 700 quand il s’était rendu à Mykonos. Il m’avait offert le voyage par un vol régulier, en classe Affaires. J’avais quand même mis plus de vingt-quatre heures pour rejoindre l’île de Mykonos depuis Paris à cause d’une correspondance assez longue à Athènes. En fait, j’avais dû y passer la nuit, après m’être entendu dire que le vol sur lequel je devais voyager jusque dans les Cyclades était complet, alors que j’étais censé y avoir une place réservée. L’hôtesse du bureau Aegian Airways à l’aéroport m’avait transféré sur un vol à sept heures le lendemain matin. Comme je protestais mollement, elle avait appelé son chef, qui s’était avéré être un joli garçon de moins de trente ans, avec lequel le courant était instantanément passé. Il s’appelait Adonis et n’était pas loin de mériter amplement son prénom. C’était un beau garçon, brun évidemment, le cheveu bouclé, l’œil vif, les dents éclatantes, le sourire prompt, avec une adorable fossette au menton. Il n’était pas très grand, mais semblait harmonieusement bâti.
J’ai ressenti l’envie de me faire plaindre et je me suis lamenté sur tous les inconvénients que représentait ce changement de plan. Il a tout de suite saisi où je voulais en venir et il m’a dit, dans un anglais impeccable : « Prenez la chose du bon côté ! Si vous ne connaissez pas Athènes – et quelque chose me dit que c’est le cas – vous allez pouvoir profiter de ce fâcheux, mais, convenons-en, minuscule contretemps pour découvrir le charme de sa vie nocturne. Et pour vous le faire découvrir, Aegian Airways vous propose la compagnie d’un guide patenté, en l’occurrence moi ! »
Adonis a fait plus que me faire découvrir la vie nocturne athénienne. Il m’a suggéré, puisque je ne disposais pas d’une réservation d’hôtel, d’accepter son hospitalité. Certes, son logement n’offrait pas le même confort que l’hôtel Grande-Bretagne, mais l’accueil y serait au moins aussi chaleureux, les Grecs étant réputés pour leur talent de recevoir leurs invités, fussent-ils de dernière minute.
Là-dessus, il m’a demandé de patienter encore une heure, le temps pour lui de mener à bien quelques tâches bureaucratiques, et il se ferait un plaisir de me conduire dans sa propre voiture jusqu’à son appartement de Kolonaki.
« Mais si vous préférez aller à l’hôtel, je peux vous faire appeler un taxi… », a-t-il ajouté, l’expression de son visage et le son de sa voix me laissant clairement deviner combien il serait désappointé que j’opte pour cette solution.
« Je vous attends au bar de l’aéroport », lui ai-je dit sur un ton de voix qui promettait plus que de simples retrouvailles devant un verre d’ouzo.
Les ailes de son nez ont palpité, trahissant l’impatience qui le démangeait de me conduire séance tenante chez lui. J’ai pensé que la qualité de son travail risquait de s’en ressentir. En effet, à peine une demi-heure plus tard, il se tenait devant moi dans la cafétéria de l’aéroport, prêt à me conduire vers la folle nuit athénienne. Il avait perché sur sa tête une casquette d’uniforme qui l’aurait aisément fait passer pour le commandant de bord d’un Airbus A320. Je me suis levé et je l’ai suivi.
J’étais nettement plus grand que lui – une bonne quinzaine de centimètres, dirais-je, à vue de nez – et cette disparité entre nos tailles m’a légèrement embarrassé tandis que nous traversions l’aérogare en direction du parking du personnel. Mais une fois dans la voiture, la différence est devenue quasi imperceptible. Adonis a rangé sur le siège arrière sa veste et sa casquette, il a dénoué sa cravate, ouvert les deux premiers boutons de sa chemise, m’offrant une vue de premier choix sur sa poitrine velue dont les poils semblaient être artistiquement tondus. Je pouvais remarquer que ses tétons pointaient déjà sous le coton de sa chemise, comme s’ils avaient senti qu’un festival des sens était sur le point de se produire.
J’ai eu le plus grand mal à ne pas agripper sa cuisse dès que je ne me suis assis à côté de lui. Il a chaussé une paire de Ray-Ban et j’ai eu un bref instant l’impression de me trouver au côté de Tom Cruise pour le tournage d’une scène inédite de Top Gun.
Le trajet m’a paru long, quasi interminable, et j’ai eu le sentiment qu’Adonis partageait mon impatience. Nous nous regardions de temps à autre, quand la voiture était à l’arrêt derrière un autre véhicule, et ce n’était pas l’envie de nous prouver à quel point nous nous désirions qui nous manquait. Mais la présence autour de nous d’autres automobilistes qui n’avaient rien d’autre à faire qu’observer ce qui se passait dans les automobiles voisines nous contraignait à une tenue décente. Du coup, nous avons tacitement décidé d’attendre l’intimité de son appartement avant de constater de facto que le corps de l’autre correspondait bien à ce que nous en attendions. Dans l’ascenseur de son immeuble, la fièvre de nos sens a connu un pic qui s’est manifesté éloquemment au niveau de notre entrejambe. Le regard d’Adonis était fixé sur mon membre tumescent et il ne parvenait pas à l’en arracher. J’ai dû lui demander sur quel étage je devais appuyer afin de faire progresser l’appareil vers le haut.
« Dernier étage », a-t-il murmuré d’une voix rauque qui aurait pu me faire éjaculer dans mon jeans s’il avait proféré ne serait-ce que quelques mots de plus. Nous étions dans un tel état de harassement sensuel quand nous sommes entrés chez lui que nous n’avons pas pu attendre d’être nus dans sa chambre. Dès la porte refermée, nous nous sommes précipités l’un sur l’autre dans l’entrée en poussant des feulements de fauves et moins d’une minute plus tard, nous avons souillé l’un et l’autre, qui son jeans, qui son pantalon d’uniforme. Puis, l’avant-dernier gémissement poussé, chacun s’est appuyé sur le mur derrière lui, fermant les yeux et exhalant un ultime soupir.
J’ignorais encore à quoi allait ressembler la nuit athénienne, mais la soirée était idéalement engagée.
 
C’était un samedi et vers minuit, épuisés par plusieurs coïts successifs, après avoir avalé une salade grecque très opportunément sortie du réfrigérateur, nous avons décidé d’aller boire quelques verres dans le quartier, qui se trouve, avec celui de la Plaka, être l’endroit où l’on s’amuse le soir à Athènes.
J’étais on ne peut plus satisfait de ce contretemps aéronautique. Adonis était le garçon le plus adorable qui se pût imaginer. La découverte de son corps, une fois que nous nous fûmes débarrassés de nos pantalons souillés ainsi que du reste de nos vêtements – en l’occurrence, une chemise pour l’un, un polo pour l’autre, tous deux trempés de transpiration, ainsi que deux boxers qui avaient subi l’essentiel de nos tsunamis intimes respectifs – fut une délicieuse surprise. Adonis avait un corps joliment dessiné, avec des muscles secs que les poils tondus de son torse sculptaient avec beaucoup de talent.
De son côté, il n’avait pas eu l’air d’être trop déçu en découvrant mon gabarit d’un mètre quatre-vingt-dix – quatre-vingt-neuf en fait, mais j’aime bien arrondir les chiffres autant que les angles – pour quasiment un quintal de chair et de muscles. Il s’était jeté sur moi avec une voracité qui m’avait laissé présager un deuxième coït sauvage et violent, à peine moins bref que le premier.
Je ne l’avais pénétré que lors de notre troisième étreinte, que la fatigue naturelle de nos corps après les deux premières avait fait durer un temps agréablement long. Il avait tout de suite été clair, dès les premières caresses, que le rôle le plus actif m’était dévolu, mais je ne saurais, en me souvenant de la frénésie qui s’était emparée de mon jeune partenaire, qualifier sa prestation de passive. Disons que nous nous sommes montrés aussi avides de jouir l’un que l’autre, mais que l’envie d’y parvenir a distribué les rôles comme je l’ai indiqué

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